L'enfant au masque blanc
Il était une fois, un enfant qui avait peur des regards.
Il avait maintes fois subi le harcèlement scolaire, des situations de rejet social qui le brisaient petit à petit.
En CP (école française), un garçon s'amusait à faire tomber ses affaires par terre, voire même de le faire tomber de sa chaise sous les rires de la classe et de cette prof indifférente qui le punissait lui en le forçant à aller au coin alors qu'il n'avait rien fait.
Pourquoi ?
Il ne savais pas bien parler français et ne pouvait pas se défendre. On pensait de cet enfant, qu'il était muet.
En CE1 et CE2 (école japonaise), des filles se moquaient de lui parce qu'il était hafu et qu'il était différent, le traitant de "gorille", se moquant de ses cernes, de son apparence, l'humiliant dans les vestiaires avant les cours de sport, et la prof qui défendaient les harceleuses en disant que "les filles ne font pas de mal"
Pourquoi ?
Il ne savait pas se défendre en japonais, parlait peu et elles en profitaient pour l'harceler.
En CM1 et CM2 (école française), il avait eu la chance de tomber sur de bonnes personnes , mais avait du mal de se faire des amis a cause de sa timidité.
En 6ème et 5ème, des petites humiliations pas très méchantes et un début de harcèlement qui avait duré une semaine mais qui s'était vite fait arrêter, parce que pour la première fois il avait cherché de l'aide auprès des filles de la classe qui pourraient le défendre, et qui l'ont défendu heureusement. Mais il était toujours difficile pour lui de se faire des amis, parce qu'il se sentait en décalage et différent des autres.
En 4ème, 3ème, seconde (Lycée français international de Tokyo) c'étaient les meilleurs années de sa scolarité. Pas de harcèlement malgré une mauvaise estime de soi qui était là depuis plusieurs années, mais c'était la première fois que des personnes s'intéressaient à lui pour devenir ses amies, sans jugement, sans artifice. Trois bonnes années.
Mais le bonheur est éphémère...
En première, pas de harcèlement scolaire non plus, mais un sentiment de solitude insoutenable...il se sentait invisible et inutile...ses amies lui manquaient énormément. Il était impossible de les voir car 9000km les séparaient, et il se sentait rejeté par les autres, comme ça a souvent été le cas pendant ses années de primaire, et le début du collège. Introversion qui l'empêchait de s'ouvrir aux autres.
En terminale,il retrouvait ses amies. Il était de nouveau heureux malgré des rechutes du à son mal être ancré en lui. Une année tranquille mais une phobie sociale et scolaire déjà présente qui s'accentue avec la pression du bac qu'il obtient avec une mention malgré tout.
Le pire de toute son existence arriva l'année suivante...
En première année de licence de biologie, il subit racisme et discrimination dans la ville et la fac pendant une année entière. Des regards (ceux qu'il redoutait le plus) s'abattant sur lui tels des missiles du à ses origines, son métissage, du matin au soir, dans les rues, les magasins...il ne se sentait en sécurité qu'à la maison. Il était seul à la fac, il se cachait derrière son visage neutre ne trahissant aucune émotion. Il n'avait jamais été autant brisé. Il commençait à se détester, haïr son reflet dans la glace, toujours en questionnement sur son identité et son utilité sur cette terre où apparemment on le voyait comme un monstre.
Cette année qui l'avait brisé profondément, c'était l'année dernière (2023-2024), une période assez récente...
Depuis, cet enfant qui avait grandi dans une mauvaise atmosphère, l'esprit toujours troublé par ces années de harcèlement, de rabaissage, portait un masque blanc couvrant une partie de son visage,pour se protéger de ces regards qu'il ne pouvait plus supporter, ces regards tels des couteaux transperçant son cœur fragile, ces regards marqués par le dégoût, le mépris qui l'avaient suivis toutes ces années.
Cet enfant a 20 ans aujourd'hui.
Il n'a plus confiance en lui,
Il se déteste,
Il est parano,
Il se cache derrière une façade,
Il ne veut plus sympathiser avec les autres,
Il est asocial,
Il a du mal à faire confiance aux autres (des exceptions existent),
Il est possessif sans le vouloir,
Il se sent en décalage par rapport aux jeunes de sa génération,
Il est souvent en questionnement sur son apparence.
Cela ne se voit pas forcément, mais il n'arrive pas à tourner la page.
Tant de questionnement, ...
L'écriture n'est pas suffisante pour se décharger, de ce poids, alléger son cœur gonflé, trop lourd. Il ne s'est jamais vraiment confié sur ses tracas et ça le pèse toujours...
Cet enfant n'a jamais réellement demandé de l'aide
Par peur des jugements et parce que c'est si difficile...
Cet enfant c'est moi...
10/12/2024
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