4. tu connais déjà la réponse
Hellloooo!
J'espère que vous avez passé une bonne semaine !
Voici la suite de Poem, j'espère que vous aimerez , je me suis éclaté à l'écrire <3
Je vous souhaite une bonne lecture ! Et comme d'habitude, on se retrouve en bas.
***********༄***********
Je reste figé devant l'échiquier, comme si le monde avait soudain cessé de tourner.
Le calme de la salle contraste avec les émotions qui se déchaînent en moi. Il y a de la déception, bien sûr, mais c'est le besoin de comprendre qui domine et me consume tout entier, à la manière d'un feu que rien ne peut éteindre.
Jungkook m'a battu sans effort. Pourtant, il n'a jamais cherché à me rabaisser. Il aurait pu, mais il a choisi de ne pas le faire. Et c'est cette absence de mépris qui me désarçonne.
Ce n'était pas qu'un jeu, je crois ; c'était une épreuve.
Un test. Un rite de passage.
Je suis presque certain qu'il espérait que le jeu soit moins facile, et trouver un adversaire capable de le faire tomber.
Mais j'ai échoué...
— Eh ben, c'était une belle partie ! On a tous retenu notre souffle, s'exclame Jin qui se trouve désormais juste à côté de moi, posant une main sur mon épaule comme s'il tentait de me consoler de ma défaite.
Je ne l'ai même pas entendu approcher. Lorsque je relève la tête, ce n'est pourtant pas lui que je fixe. C'est Jungkook. Il est en train de récupérer son sac qui traîne près d'une chaise pour le lancer négligemment sur son dos.
— Tu pars déjà ? lui demande Jin. Il reste encore quarante minutes.
— J'ai à faire.
La manière dont Jungkook prononce cette phrase est comme une porte qui se ferme. Personne n'ose le retenir. Personne ne rétorque quoi que ce soit. Et lorsque mes yeux se détachent de sa silhouette pour se poser sur Jin, je remarque que ce dernier ne semble pas étonné.
— Ok, pas de souci. La semaine prochaine, tu resteras ?
— On verra.
Jungkook s'apprête à partir. Je le vois à sa jambe qui a amorcé un mouvement vers l'avant. Et je ne sais pas ce qui me prend, mais soudain, je me lève. Je me lève d'un coup, faisant même racler ma chaise.
— Attends !
C'est sorti tout seul et je n'ai pas reconnu ma propre voix. J'aurais dû me taire. Bordel, mais pourquoi j'ai fait ça ?
Jungkook s'arrête et lentement, se tourne vers moi. Je crois distinguer de l'étonnement déformer ses traits. C'est infime, juste un léger haussement de sourcil, mais c'est suffisant pour que je comprenne que j'ai attiré son attention.
Évidemment, il n'y a pas que lui qui m'observe ; tout le monde a désormais les yeux rivés sur moi. Je peine à respirer et déglutis comme si j'avalais des bouts de verre.
— Je... j'aimerais rejouer.
La neutralité sur le visage de Jungkook est désarmante, et c'est Jin qui prend la parole.
— Oh ? Une revanche ?
J'inspire, puis hoche la tête. Mais Jungkook ne dit rien.
Et son silence prend plus de place que n'importe quelle réponse. Je sens mes mains devenir moites, et une vague de chaleur grimpe jusqu'à mes oreilles. Le poids de ses yeux, cette absence de mots... tout ça m'écrase un peu plus à chaque seconde.
Je voudrais une réponse. Un signe qui me montrerait qu'il accepte ou qu'il refuse. Mais tout ce que j'obtiens, c'est ce regard indéchiffrable qui me trouble au point de m'en retourner l'estomac.
Je ne sais pas combien de temps nous restons ainsi à nous fixer, tous les deux. Quelques secondes, peut-être plus. Ça me semble pourtant durer une éternité.
— Je dois y aller, annonce-t-il finalement d'une voix calme, avant de tourner les talons.
Ses pas résonnent sur le sol, et chaque écho marque un point final à cette conversation qui, en réalité, n'en était même pas une. Moi, je reste planté au milieu de la salle, mes bras tombant mollement le long de mon corps, le souffle court. Jin me jette un regard compatissant.
Le bruit ambiant revient progressivement, le monde autour de moi reprend vie, mais je suis ailleurs. Une lourdeur s'installe dans ma poitrine, un mélange d'amertume et de regret.
Pourquoi est-ce que ça m'atteint autant ?
Il n'a pas jugé nécessaire de répondre. Et c'est peut-être ça qui me ronge le plus : ce silence. Cette non-réaction qui résonne plus fort que n'importe quel mot qu'il aurait pu formuler.
Jin soupire doucement à côté de moi, me ramenant brusquement à la réalité. Je sens mon cœur se serrer, et un sentiment de honte m'envahit alors. Ce moment de vulnérabilité me paralyse.
Jungkook ouvre la porte et s'en va sans un regard en arrière. Sa décision est claire : il n'y a pas de place pour une revanche. Pas de place pour moi dans son monde à lui.
— Je... je voulais juste...
Le reste des mots ne parvient pas à franchir le seuil de mes lèvres. Je ne sais même pas quoi dire, en réalité.
— Jungkook est comme ça, m'annonce Jin d'une voix douce. Le prends pas personnellement.
Je hoche la tête sans vraiment comprendre ce que ça signifie, les yeux fixés sur la porte par laquelle Jungkook vient de disparaître. Mais ce que me dit Jin n'est pas une consolation, pas vraiment. C'est comme s'il venait simplement de me confirmer que je n'étais même pas digne d'une explication.
Je m'assois de nouveau, le corps trop lourd, et fixe à l'échiquier. Les pièces sont restées exactement là où nous les avons laissées. Tout est figé. Comme cette partie.
Comme mon esprit.
***
Yoongi et moi marchons côte à côte, et le silence qui nous entoure me fait presque mal aux tympans. Seul le bruit régulier de nos pas sur le trottoir remplit le vide que cette soirée a creusé en moi.
Nous approchons de l'entrée du métro, et je descends les marches sans vraiment faire attention à ce qui m'entoure. Je me sens détaché de tout. Les lumières blanches des couloirs me paraissent trop vives, presque agressives et je plisse les paupières le temps de m'habituer à cet éclairage artificiel. Yoongi me suit de près. Il ne dit rien, mais je sais qu'il a remarqué mon malaise.
Il le remarque toujours.
Le métro arrive rapidement, et nous montons dans une rame presque vide. Je m'installe près de la fenêtre, laissant mes yeux se perdre dans mon reflet sur la vitre. Mon visage me paraît déformé, distordu par la lumière froide des néons, et mes traits sont tirés. J'ai la tête d'un mec à qui on vient d'infliger une défaite écrasante.
Je soupire et détourne le regard, incapable de supporter ce que je vois.
Parce que je ne me reconnais pas.
Yoongi s'assoit à côté de moi, silencieux. Je sens sa présence, mais je n'ai pas envie de parler. Je suis encore piégé dans cette boucle mentale me ramenant sans cesse à la partie d'échecs avec Jungkook et à cette demande de revanche laissée en suspens. C'est comme si quelque chose était resté inachevé. Cette sensation me ronge de l'intérieur.
Le métro démarre. Les lumières des stations défilent à toute vitesse, mais moi, je reste immobile. Entre nous, le silence est lourd, et je sens que Yoongi attend quelque chose. Peut-être que je parle, que je lui partage ce qui se passe dans ma tête. Mais je n'ai pas les mots. Je ne sais même pas par où commencer. Il n'a rien dit au club, et je sais qu'il s'est retenu.
Mais je sais aussi qu'il a besoin de laisser s'exprimer le fond de sa pensée.
— Putain, j'en étais sûr.
Je lève les yeux vers lui.
— De quoi tu parles ?
Il croise les bras, sa voix prenant un ton un peu plus sec.
— Jungkook. La façon dont il t'a ignoré quand tu lui as demandé une revanche. Je savais qu'il allait pas répondre cet enfoiré. Ça me fout en rogne.
Je baisse les yeux.
— Peut-être qu'il voulait juste partir. Il avait l'air pressé.
Yoongi laisse échapper un rire amer.
— C'est pas une excuse. Ça t'a fait chier, sa manière de te laisser comme ça, sans rien dire, pas vrai ?
Je serre les dents, essayant de retenir la vague de frustration qui monte en moi. Oui, ça m'a fait mal. Plus que je l'aurais voulu. Mais entendre Yoongi le dire tout haut rend ça encore plus réel et douloureux.
— Peut-être, je murmure.
Yoongi secoue la tête, visiblement agacé.
— Il te devait une réponse. C'est pas compliqué de dire "non" ou "peut-être plus tard". Mais te laisser là, devant tout le monde... C'est un truc de lâche.
Je l'observe, surpris par l'intensité de ses mots. Yoongi n'a jamais caché qu'il n'aimait pas Jungkook, mais là, c'est différent. C'est comme si ce qui s'était passé au club avait renforcé sa haine.
— Pourquoi ça t'énerve tant ? j'ose, d'une petite voix.
— Il t'a ignoré comme si t'existais même pas, et ça, ça s'appelle du mépris ! Me dis pas que tu vas te laisser faire ?
Je garde le silence, fixant mes mains posées sur mes genoux. Ses mots sont directs, tranchants, et ils me frappent parce qu'ils sont vrais. Ce n'est pas seulement le manque de réponse de Jungkook qui me fait mal. C'est ce vide, cette absence totale de considération.
Comme si je n'étais rien.
J'ai honte. Yoongi a raison, et c'est ça le pire. J'aurais dû réagir différemment. J'aurais dû dire quelque chose de plus fort, insister... mais je n'ai rien fait. J'ai juste laissé ce silence s'installer, et maintenant il me hante.
Je hausse les épaules, incapable de formuler une réponse satisfaisante.
— Je sais pas, j'articule enfin, la voix un peu éteinte. Peut-être que je suis juste pas à la hauteur.
— Arrête. Ce n'est pas une question d'être à la hauteur ou pas. Tu méritais une réponse, point. T'as pas à te sentir mal parce que ce mec est trop imbu de lui-même pour te traiter correctement.
Je ne sais pas quoi dire. Les mots de Yoongi tournent en boucle dans ma tête, mais je n'arrive pas à les faire descendre jusqu'à mon cœur. C'est comme si une partie de moi refusait d'accepter cette vérité.
— Il te teste, continue Yoongi, le regard sombre. C'est clair qu'il te teste. Il veut voir jusqu'où tu vas aller, si tu vas te laisser écraser ou si tu vas te relever.
Je l'observe longuement. Il est sérieux, je le constate à son visage fermé et à ses sourcils froncés.
— Et qu'est-ce que je suis censé faire ?
Il prend un instant avant de répondre.
— Tu te relèves, Tae. Tu vas pas lui laisser la satisfaction de penser qu'il t'a blessé. S'il veut jouer à ça, tu joues aussi. Mais c'est toi qui décides des règles.
Je plisse les paupières.
— Mais... je comprends pas, tu m'as dit de ne pas le laisser m'approcher. Tu m'as fait promettre de ne pas lui parler.
— Ouais, c'est ce que j'ai dit, admet-il après avoir soupiré, ses yeux fuyant les miens. Parce que je les connais, les mecs comme lui. Ils se croient au-dessus des autres. Ils pensent pouvoir manipuler et jouer avec les gens sans jamais se salir les mains.
Je sais qu'il vient de comprendre la contradiction de son discours. En début de semaine il me mettait en garde, et ce soir, il m'incite à me jeter dans la gueule du loup.
— Fais comme tu veux, Tae J'ai pas à te faire promettre quoi que ce soit, j'ai eu tort de te demander ça. Tu es grand, et tu sais te défendre, j'ai confiance en toi. Si tu te sens capable de t'imposer, alors fais-le. Mais fais attention, c'est tout. Jungkook est pas... il est pas comme les autres. Tu crois vraiment que ce silence, c'était anodin ? Non. Il t'évalue, il veut voir comment tu vas réagir, et il s'en fiche de te faire du mal ou pas. Je voulais juste te protéger de ça.
Je reste silencieux un moment, essayant de comprendre la logique de Yoongi. Il a toujours eu une méfiance naturelle envers les gens, surtout ceux qui semblent difficiles à cerner. Mais là, il me semble que c'est plus personnel.
— Pourquoi tu le détestes autant ?
À sa façon de plisser les lèvres, je devine que ma question l'a touchée plus profondément que prévu. Pendant quelques secondes, il ne dit rien.
— C'est pas que je le déteste, finit-il par avouer. C'est que je vois en lui des trucs que tu vois pas. Il traite les gens comme des pions. Il te balance dans une situation, et il regarde si tu vas t'écrouler ou non. Et ça, ça me rend dingue. Parce que je ne veux pas que tu sois un de ses pions, Tae.
Yoongi n'est pas du genre à parler ouvertement de ses inquiétudes. S'il le fait maintenant, c'est que quelque chose le travaille sérieusement.
— Il se prend pour qui, sérieux ? lâche-t-il. Il pense qu'il est intouchable, qu'il n'a rien à prouver ? Mais c'est faux. Je vais te dire le fond de ma pensée...
Il se penche un peu vers moi, et sa voix devient plus ferme.
— Jungkook t'a snobé parce qu'il sait que si tu t'accroches, tu peux le battre. C'est pas parce qu'il était pressé ou je sais pas quoi. C'est parce qu'il veut garder l'ascendant sur toi. Parce qu'il a la trouille de perdre. Il veut te déstabiliser.
— Tu crois ?
— J'en suis sûr.
Le métro ralentit, et Yoongi se lève avant moi, ses yeux rivés dans les miens.
— Écoute, reprend-il, si tu veux cette revanche, va la chercher. Ne laisse pas ce mec te marcher sur les pieds. Parce que sinon...
Je me lève, et lorsque nous arrivons à notre station et que les portes s'ouvrent, je suis Yoongi hors de la rame.
— Sinon il va penser qu'il a gagné.
***
Il y a des silences qui parlent plus fort que n'importe quel mot. Qui laissent leur empreinte et qui vous poursuivent comme un monstre affamé.
Le silence de Jungkook après sa victoire en est un. Et il résonne encore dans mon esprit, même deux jours après.
Les silences ont toujours une façon mystérieuse de s'imposer. Ils peuvent se remplir de nos insécurités, exposer nos failles, et c'est dans ce vide-là que je me suis vu échouer.
Les mots, eux, sont trompeurs. Ils ne révèlent pas toujours l'authenticité des émotions cachées. Ils peuvent flatter, manipuler ou masquer, créant parfois des illusions qui nous éloignent de toute lucidité. Dans cette danse de phrases et de beaux discours, il arrive qu'on en oublie ce qui se camoufle sous le vernis.
Mais un silence... un vrai silence, lui, ne ment jamais.
Et le silence fait peur parce qu'il crie la vérité.
Il est impossible à esquiver, et c'est pour ça qu'il est si perturbant. Ce n'est pas ce que Jungkook n'a pas dit qui me hante, c'est ce qu'il voulait que je comprenne sans avoir besoin de le formuler.
Et je n'ai toujours pas compris.
Pourquoi a-t-il eu l'air déçu, alors qu'il a gagné ?
Je crois que ce n'est pas la victoire qui l'intéressait. Et même si j'ai confiance en Yoongi, je crois que sa rancœur envers Jungkook fausse son jugement. Je ne suis pas un pion, ni un cobaye.
— Tae ?
C'est ça le problème, avec les silences. Ils laissent trop de place à l'interprétation. Et moi, dans cet espace, je perds mes repères. J'aurais préféré que Jungkook m'humilie. Ça aurait été plus simple. Mais au lieu de ça, il a laissé ce vide entre nous, un vide dans lequel je suis tombé, sans savoir comment m'en sortir.
— Allô la Terre !
La voix de Yoongi me ramène brusquement à la réalité. Je cligne des yeux, me redressant légèrement sur la banquette du taxi. La nuit défile derrière la vitre, et mon regard se perd sur le visage de mon meilleur ami.
— Tae, tu rêves ou quoi ?
Il me sonde avec cette expression amusée qu'il prend toujours quand il sent que je me perds trop loin dans les méandres de mes pensées.
— Désolé... je réfléchissais.
— À quoi ?
Je marque un temps, avant de soupirer.
— Rien d'important.
Yoongi fronce les sourcils, mais il ne pose pas plus de questions. Il se contente de me fixer un moment avant de détourner les yeux vers la route.
— On arrive bientôt chez Jin. Enfin, chez les parents de Jin. On n'aurait jamais tous tenu dans son petit appart'. Et comme ses darons sont pas là, il a décidé d'organiser sa soirée chez eux, c'est plus grand.
— On sera combien ?
Il hausse une épaule.
— Je sais pas, une quarantaine ? Peut-être plus vu le nombre de gens à qui Jin à proposé de venir.
Une quarantaine ? Ça fait beaucoup. Un nœud un peu étrange me tord le ventre et je pose ma main contre mon sweat pour tenter de calmer la montée de stress qui s'empare de moi.
Ça va aller. Il n'y a aucune raison pour que ça se passe mal.
Le taxi finit par tourner dans une rue résidentielle où les maisons sont plus grandes et plus espacées. L'endroit est calme, presque paisible. Une ambiance à des années-lumière de la fête que j'imagine derrière les murs de la maison de Jin.
Après quelques minutes, nous arrivons enfin devant une grande bâtisse blanche, éclairée de l'intérieur. Je peux entendre la musique résonner, même à travers les fenêtres fermées de la voiture.
Yoongi paye le taxi, et sort le premier. Je prends une grande inspiration, avant de l'imiter. La nuit est fraîche, et pendant une seconde, je ferme les yeux pour savourer ce petit moment de calme avant la tempête.
— Prêt ? me demande Yoongi.
— Prêt.
Derrière lui se dresse une maison illuminée de toutes parts, laissant deviner la fête déjà bien entamée. Le contraste entre le calme de la rue et l'énergie débordante à l'intérieur me frappe soudain, me faisant osciller entre excitation et appréhension. Mon cœur bat un peu plus vite.
Yoongi, comme toujours, s'élance sans hésiter, et je le suis de près. Dès que nous franchissons la porte, l'ambiance nous enveloppe. La chaleur, le bruit, l'odeur des boissons et des parfums, tout ça me rappelle instantanément d'autres soirées auxquelles j'ai déjà assisté. C'est cependant la première fois qu'il y a autant de monde; et je dois bien avouer être un peu stressé.
Jin nous aperçoit rapidement et vient à notre rencontre, un large sourire étirant ses lèvres.
— Ah, vous voilà ! Je commençais à me demander si vous n'alliez pas boycotter ma soirée, plaisante-t-il avant de nous tendre des gobelets déjà remplis.
Je souris faiblement en prenant le verre en plastique, tentant de me fondre dans l'atmosphère. Autour de moi, les gens parlent, rient et s'amusent, comme si tout était parfaitement en place. Moi, je me sens encore un peu à part. Il va me falloir du temps pour m'habituer.
Mais ça va aller.
— On voulait se faire désirer, ricane Yoongi.
Jin se met à rire, et je les observe tour à tour. L'ambiance est agréable. Mais Jin ne s'attarde pas. Absorbé par l'énergie de la soirée, le voilà qui s'excuse et disparaît déjà vers un autre groupe, nous laissant seuls, Yoongi et moi, au milieu de l'entrée.
— Viens, je vais te présenter des gens, me lance mon meilleur ami en m'adressant un coup de menton vers ce que je devine être le salon.
Il avance dans la foule, et je me calque sur ses pas en me faufilant entre les corps. Lorsqu'il finit par s'arrêter près d'un petit groupe installé autour d'une table basse où sont entassés des verres à moitié vides et des bouteilles en tout genre, les visages que je découvre me confirment que de l'alcool circule, et que le verre que m'a tendu Jin ne contient certainement pas de la grenadine.
— Tae, je te présente Sungmin, Nari et Kyungsoo. Ils sont en cours avec moi. Les gars, voici Taehyung.
Sungmin, un type aux cheveux un peu ébouriffés et au sourire éclatant, tend sa main vers moi. Je la serre timidement.
— Salut ! Ravi de te rencontrer, Taehyung.
Nari me fait un signe de la tête, tandis que Kyungsoo me salue d'un ton jovial.
— On est contents de te voir ici, me lance ce dernier par-dessus la musique. Yoongi nous a beaucoup parlé de toi.
Je m'incline, et après ces rapides présentations, les discussions reprennent. Ils parlent de tout et de rien, surtout de la rentrée, des cours, des concerts auxquels ils ont assisté pendant les vacances, et des séries qu'ils ont binge-watchées. J'écoute en silence, assis sur le tapis, absorbant tout sans vraiment participer.
Ça fait du bien, parfois, de juste écouter.
Les heures passent. Yoongi m'a présenté à d'autres gens, et je me suis laissé un peu porté sans trop m'impliquer. La plupart du temps, sauf lorsqu'on me parlait, je suis resté silencieux.
Et puis j'ai bu, aussi. Un peu. Ce n'est pas dans mes habitudes, mais poussé par l'élan collectif, j'ai décidé de goûter ce que Jin m'a donné. Je ne sais pas bien identifier le contenu de mon gobelet, mais le goût sucré a fait passer l'amertume de l'alcool, et sans m'en rendre compte, j'ai déjà vidé mon verre.
Après avoir prévenu Yoongi, je me lève pour aller à la cuisine afin de me resservir, les bouteilles sur la table étant désormais vides. Mais à peine ai-je traversé le hall que je percute un corps. Immédiatement, je m'excuse.
— Ah tiens, salut !
Lorsque je relève les yeux vers la voix qui vient de s'adresser à moi, je découvre Namjoon et sa carrure imposante. À ses côtés se trouve un garçon que je ne connais pas.
— Taehyung, je te présente Kai, un ami.
Je tourne le regard vers l'inconnu qui m'observe en souriant discrètement. Il a une allure élancée et athlétique, et ses cheveux bruns, mi-longs, sont attachés en un petit bun derrière sa tête. Il porte un col roulé noir parfaitement ajusté à sa silhouette, et sans attendre, il me salue d'un signe de main.
— Enchanté Taehyung. Tu passes une bonne soirée ?
Je hoche la tête. Kai me sourit.
— Namjoon m'a dit que tu étais un passionné de littérature ? Si j'avais été dans votre fac, j'aurais très certainement rejoint votre club.
— Ah, s'exclame Namjoon. Je t'ai déjà dit que tu pouvais y venir même si tu n'étais pas inscrit. Personne n'en saurait rien, et ça me ferait plaisir.
— J'y penserai alors.
En prononçant ces mots, Kai me fixe d'une manière singulière. Mais je ne m'en sens pas gêné. Il a l'air gentil.
— Excusez-moi, je reviens, nous annonce Namjoon en se dirigeant vers Jin qui se trouve à quelques mètres de là.
— Tu veux boire quelque chose ? me propose Kai en remarquant mon gobelet vide que je triture entre mes doigts depuis tout à l'heure.
J'accepte, et ensemble nous nous dirigeons vers la cuisine, là où la musique se fait moins forte. Quelques personnes se trouvent là, mais leur présence discrète ne me met pas mal à l'aise. Kai avance avec aisance à travers la petite foule, s'arrêtant devant le frigo qu'il finit par ouvrir.
— Il y a des bières, tu en veux ?
Je secoue la tête.
— J'aime pas trop ça...
Il en attrape une pour lui et cherche du regard sur le plan de travail. Il trouve quelques bouteilles encore pleines.
— Vodka-pomme ?
— Oui, mais pas trop de vodka, s'il te plaît.
Il acquiesce avec un sourire et verse soigneusement ma boisson. Quand il me tend mon verre, nos doigts se frôlent brièvement, ce qui me fait un peu rougir. Je me demande pourquoi ce simple contact m'a fait cet effet. Je prends une gorgée pour me donner une contenance, espérant calmer ce léger trouble.
Kai s'adosse au plan de travail, les yeux posés sur moi. Il me fixe avec un intérêt que je ne comprends pas complètement, mais qui ne me dérange pas. C'est plutôt le contraire, en vérité. Il y a quelque chose de bienveillant dans la manière dont il m'observe.
— Donc tu aimes lire, prononce-t-il enfin.
— Oui, j'adore ça.
Kai esquisse un sourire. Il semble intrigué.
— Je viens de finir un livre de Haruki Murakami, partage-t-il, ses yeux pétillant légèrement. Kafka sur le rivage. Tu l'as lu ?
Je hoche doucement la tête, un peu plus à l'aise maintenant qu'on parle de littérature. Murakami... Ce nom réveille en moi des souvenirs de nuits tardives passées à dévorer ses récits étranges et oniriques.
— Oui, je l'ai lu. C'est un livre fascinant. Le mélange de réalité et de surréalisme, l'impression de rêver éveillé en suivant les personnages... C'est comme si on traversait plusieurs dimensions à la fois.
Kai semble ravi par ma réponse.
— Exactement, acquiesce-t-il avant de boire une gorgée. C'est ce que j'adore chez lui. Il te pousse à réfléchir autrement, à accepter que le monde ne soit peut-être pas aussi rationnel qu'on le pense.
Je hoche la tête, comprenant parfaitement ce qu'il veut dire. J'ai ressenti la même chose en lisant Kafka sur le rivage. Le sentiment d'être suspendu entre deux réalités, entre le conscient et l'inconscient.
— C'est un peu comme si ses personnages vivaient dans un rêve, je réponds. Ils ne comprennent pas toujours ce qui leur arrive, mais ils continuent d'avancer, comme s'ils étaient guidés par quelque chose d'invisible.
Kai me regarde intensément, visiblement captivé par notre échange.
— C'est ça qui me plaît tant chez Murakami, m'avoue-t-il. Cette idée que si la vie semble absurde, il y a toujours cette part de mystère qui nous pousse à continuer, à chercher des réponses, même si elles ne sont pas toujours très claires.
Il y a quelque chose dans sa manière de parler, un mélange de passion et de sincérité, qui me touche. Je me rends compte que cette conversation va bien au-delà des mots échangés. C'est comme si, à travers nos discussions sur la littérature, nous nous comprenions.
Je ne me souviens pas de la dernière fois où j'ai parlé aussi librement de ces sujets avec quelqu'un, surtout avec un inconnu rencontré lors d'une soirée. Et pourtant, avec Kai, tout semble couler naturellement.
Nous continuons à discuter, nos voix se mêlant aux échos lointains de la fête qui bat son plein dans le reste de la maison. Mais ici, dans cette petite cuisine, j'ai l'impression qu'il n'y a plus que nous deux.
— C'est rare de trouver quelqu'un avec qui parler de ce genre de choses, m'annonce Kai après un moment de silence. La plupart des gens ne s'y intéressent pas vraiment.
Je souris timidement. Je ressens la même chose. Cette soirée, qui avait commencé avec une certaine appréhension, a pris une tournure totalement inattendue.
— Oui... c'est agréable.
Je crois que je me sens bien, et le silence qui suit n'est pas gênant. Au contraire, il semble pesé et apprécié, comme un moment suspendu que ni Kai ni moi ne voulons briser.
Je jette un coup d'œil vers lui. Il est toujours adossé au plan de travail, un léger sourire flottant sur ses lèvres. Une chaleur tranquille émane de lui. C'est drôle, parce que je suis venu à cette soirée avec l'intention de rester en retrait, de simplement observer les autres sans vraiment m'impliquer. Mais maintenant, me voilà plongé dans une conversation avec quelqu'un que je viens à peine de rencontrer.
C'est inhabituel pour moi. Je ne me confie pas si facilement, encore moins à des inconnus. Pourtant, avec Kai, je ressens quelque chose de différent. Peut-être que c'est sa manière de m'écouter, ou la façon dont il parle avec passion de sujets qui m'intéressent profondément. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais ça me fait du bien.
Il finit par briser le silence, d'une voix douce, ses yeux ancrés dans les miens.
— Je suis vraiment content de t'avoir rencontré ce soir.
Je ris doucement, un peu surpris par sa franchise.
— Moi aussi. Je ne m'attendais pas à avoir ce genre de conversation, j'avoue, en esquissant un sourire timide.
— Les meilleures conversations sont souvent celles qu'on n'attend pas, tu ne crois pas ?
Il a raison. Tout ça semble si naturel. Comme si, d'une certaine manière, cette rencontre devait arriver. Le genre de moment qui échappe à toute logique, je suppose.
— Peut-être, dis-je en haussant les épaules. Mais ce n'est pas seulement la conversation... C'est toi aussi.
Je me rends compte de ce que je viens de dire, et je sens immédiatement mes joues chauffer. Je détourne le regard, espérant qu'il n'a pas remarqué ma gêne, mais je sais bien que c'est le cas. Je l'entends rire doucement, et je me sens encore plus embarrassé.
— Merci, répond-il après un instant.
Il rit, mais ne semble pas se moquer de moi. C'est apaisant.
Je prends une nouvelle gorgée de ma boisson, cherchant à apaiser les battements rapides de mon cœur. Je ne sais pas vraiment ce que je ressens en cet instant. Tout est flou, mais agréable, presque réconfortant.
— Tu as toujours été comme ça ? je demande soudain, un peu hésitant. Aussi ouvert avec les gens, je veux dire ?
— Non, pas vraiment. C'est venu avec le temps. Au début, j'étais comme toi, un peu réservé. Mais la vie est plus intéressante quand tu la partages avec les autres, non ? Même si ça fait un peu peur parfois.
Je hoche la tête, pensif. Ça fait peur de s'ouvrir, de laisser quelqu'un entrer dans son monde, même pour un instant. Mais quand ça arrive, c'est souvent ces moments-là qui marquent le plus.
Le temps se suspend, et après quelques secondes de silence, Kai finit par jeter un coup d'œil derrière moi, vers le reste de la fête, comme si quelque chose avait capté son intérêt. Je vois dans son regard une hésitation, comme s'il se demandait s'il devait rester là ou céder à l'appel de l'agitation au loin.
— J'ai adoré discuter avec toi Taehyung, je dois juste faire un truc et je reviens, ok ?
Je hoche la tête, même si une petite part de moi regrette déjà qu'il s'éloigne. Il pose une main légère sur mon épaule en passant à côté de moi, un geste rapide, mais qui laisse une trace étrange, un mélange de chaleur et de vide une fois qu'il disparaît dans la foule. Je reste là un instant, seul dans la cuisine, avant de prendre une dernière gorgée de ma boisson que je finis par reposer sur le plan de travail.
Je ne me sens plus vraiment à ma place ici, à cet endroit où, il y a quelques minutes encore, je me sentais bien. Maintenant, tout semble différent. Je me surprends à guetter l'ombre de Kai, à espérer qu'il revienne rapidement.
Mais les minutes passent, et il n'y a toujours aucune trace de lui.
Je finis par sortir de la cuisine, traversant la foule dense à la recherche de son visage. Je scrute chaque coin, chaque groupe de personnes, mais il n'est nulle part. Je m'arrête un instant dans le salon, mes yeux balayant la pièce. Namjoon est là, entouré de quelques amis, mais Kai n'est pas avec lui. Où a-t-il bien pu aller ?
Je sors du salon et monte à l'étage. Le couloir est plongé dans une semi-obscurité, et la lumière tamisée créée des ombres qui dansent le long des murs. Je m'avance doucement, hésitant, avant d'ouvrir une porte au hasard.
J'allume la lumière. La chambre est vide, et le silence qui y règne lorsque je referme derrière moi me fait du bien. J'observe autour de moi. Un lit double, des tables de chevet, une grande armoire... ça doit être la chambre des parents de Jin. Un peu intimidé d'avoir pénétré cette pièce sans y avoir été invité, je chasse ma gêne en me disant que je ne resterai pas longtemps.
Parler de littérature m'a donné envie de lire. Et socialiser, même si c'était agréable, a vidé ma jauge d'énergie. J'avance jusqu'au lit sur lequel je m'assoie, avant de retirer mon sac en bandoulière et d'en sortir mon exemplaire d'Orgueil et Préjugés.
Les minutes passent. Je ne les vois pas s'écouler, totalement absorbé par ma lecture. J'en suis au moment où monsieur Darcy déclare enfin ses sentiments à Elizabeth Bennet, lorsque la porte s'ouvre. Je sursaute et me tourne vivement.
Bordel.
Non. Non non non. Ce n'est pas possible...
— Ah, tiens tiens.
Immédiatement, mon souffle s'accélère et mon cœur se comprime.
Pas lui. Il n'était pas censé être là ce soir...
Jungkook m'observe un instant en arquant un sourcil, un sourire désinvolte sur les lèvres.
— Ne me dis pas que tu es en train de lire ?
Je lève le menton, soudain en proie à une colère sourde. Je n'ai pas aimé le ton qu'il a employé.
— Très bien, je ne le dirai pas alors.
— Orgueil et Préjugés, hm ?
Il jette un coup d'œil à mon livre, et son sourire s'élargit, un mélange de moquerie et de défi. Par réflexe, je cache mon ouvrage contre mon torse. J'ai l'impression qu'il l'a souillé de son regard. Mon cœur bat trop fort.
Il bat beaucoup trop fort.
Je ne lui réponds pas et me lève en replaçant mon sac sur mon épaule, prêt à m'en aller. Mais il se tient devant la porte et m'empêche malgré lui de passer, me dévisageant avec cette arrogance qui me hérisse le poil.
Le voir ici me rappelle ma défaite de jeudi, au club d'échec, de son silence, aussi, qui me revient comme une gifle en plein visage. Je fronce les sourcils et peine à respirer.
Et ce qu'il prononce ensuite achève de m'irriter.
— Lire c'est pour ceux qui ne savent pas affronter la réalité.
Mon sang ne fait qu'un tour et alors qu'il s'approche d'un pas, moi je recule. Il m'impressionne. Bien sûr qu'il m'impressionne. Même s'il m'énerve, même si je déteste à quel point il m'affecte et que j'ai envie de lui dire le fond de ma pensée, il me domine si aisément en taille et en charisme que ce n'est pas un pas en arrière que je fais, mais deux. Ou trois.
Mon dos heurte l'armoire. Et en le voyant s'approcher plus encore, mes doigts se crispent sur mon livre. Qu'est-ce qu'il veut ? Qu'est-ce qu'il cherche ? Me ridiculiser ? Pourtant il n'y a personne devant qui se pavaner de sa petite victoire sur moi. Personne à qui montrer à quel point je suis paralysé par sa simplement présence. Alors quoi ?
— C'est faux, j'articule après avoir dégluti. Ce n'est pas parce que j'aime lire que je n'affronte pas la réalité.
— Ah vraiment ? Alors tu m'expliques pourquoi tu te trouves tout seul ici alors qu'en bas tout le monde fait la fête ?
— C'est pas... je...
Il s'approche trop. Et je sais que c'est pour me provoquer. Est-ce qu'il me teste vraiment, comme l'a dit Yoongi ? Est-ce qu'il m'analyse ? Est-ce qu'il essaye de me pousser à bout pour voir si je vais m'écrouler ou l'affronter ?
Je fronce les sourcils.
« S'il veut jouer à ça, tu joues aussi. Mais c'est toi qui décides des règles. »
C'est moi qui fixe les règles. Pourtant, j'ai beau me répéter cette phrase en boucle, à l'instant où Jungkook pose ses mains de part et d'autre de mon visage contre les portes de l'armoire, je ne peux me retenir de trembler. Mon souffle se coupe quand je le vois esquisser un rictus amusé.
— J'avais besoin de... de m'isoler un peu c'est tout, j'ose.
— Évidemment.
Il est trop proche. Si proche que je peux sentir son parfum s'infiltrer dans mes narines. Si proches que je peux voir le grain de beauté sur son nez. Si proche que la chaleur de son corps atteint presque le mien.
— Tu devrais lire, ça te... ça te rendrait peut-être plus aimable.
C'est sorti si vite et si faiblement que je ne réalise même pas ce que je viens de prononcer. Et je pense un instant qu'il va s'énerver, mais contrairement à toute attente, il lâche un rire muet.
— Ouh, le chaton sort les griffes. Si tu mettais autant d'ardeur à t'entraîner aux échecs qu'à défendre tes livres, tu aurais peut-être pu me battre jeudi dernier.
— Et toi tu devrais porter un casque quand tu fais de la moto.
C'est tout ce que j'ai trouvé à rétorquer. Et c'est nul. Terriblement nul. Mais il me perturbe tant que je n'ai pas su quoi dire d'autre. Il me sonde, longuement. Avant de murmurer, dents serrées :
— J'ai aucune leçon à recevoir de quelqu'un qui s'enferme tout seul dans une piaule pendant une soirée pour lire Orgueil et Préjugés.
On s'observe, et ni lui ni moi ne détournons les yeux. Je ne veux pas lui laisser croire qu'il a gagné. Je n'ai pas envie d'entrer dans son jeu. Je n'ai pas envie de lui donner la satisfaction de constater à quel point ses mots m'ont blessés. Alors j'inspire en grand, pour contenir ma rage, et décide de changer de sujet.
Parce qu'une question me taraude, et que j'ai besoin d'une réponse. J'ouvre la bouche, hésite, puis j'ose enfin :
— Pourquoi... ?
Il plisse les sourcils et penche la tête.
— Pourquoi je ne t'ai pas répondu jeudi, c'est ça ?
Je hoche lentement la tête. Comment a-t-il su de quoi je parlais ?
— Ça me semble pourtant évident.
— Ça l'est pas...
Ses yeux sondent entre les miens.
— Je te pensais plus intelligent que ça, Taehyung. Au fond, tu connais déjà la réponse.
Sa voix grave et la façon dont il vient de prononcer mon prénom me collent un frisson monstrueux. Il a l'air si calme, comparé à moi, que je ne peux m'empêcher de me demander si c'est réellement le cas. Il semble réfléchir à quelque chose qui m'échappe.
— Ah ! Tu es là, je te cherch... Oh. Pardon. Je dérange ?
Je sursaute. Cette voix...
Jungkook tourne la tête vers Kai qui vient de pénétrer dans la pièce, et je profite qu'il retire ses mains de l'armoire pour m'éloigner de lui de quelques pas.
— Oui je... je m'étais isolé un peu pour lire, je réponds, les joues empourprées.
Bordel, il a tout vu. Il a forcément dû s'imaginer des trucs. J'ai honte. J'ai tellement honte.
— C'est pas à toi qu'il parle.
Je tourne vivement la tête vers Jungkook qui vient de prononcer ces mots avec une froideur déconcertante. Il fixe Kai, et fourre ses mains dans les poches de son pantalon. Je jongle entre eux, sans comprendre. Kai se gratte la nuque et se met à sourire.
— C'est juste que j'ai ce que tu m'as demandé, alors...
— Ok. Mais pas ici. Viens.
Et comme ça, sans prévenir, Jungkook s'en va. Kai m'adresse un regard désolé, et lui emboîte rapidement le pas. Il vient de se passer quoi, là ?
Je lâche un soupir sonore, et mes yeux fixent la porte. Kai connait Jungkook. Et je ne peux m'empêcher de me demander de quoi ils parlaient. Et surtout... surtout... les mots de Jungkook me reviennent en tête.
« Au fond, tu connais déjà la réponse. »
Peut-être qu'elle est juste là. Dans ma tête, depuis le début. J'ai simplement évité de l'envisager comme une réalité. Parce que comme je le disais, les silences laissent trop de place aux doutes. Si Jungkook m'a laissé dans le flou, il y a deux jours, c'est pour que je décrypte de moi-même ses intentions cachées.
Et je sais. Je sais maintenant.
Puisqu'il n'a pas refusé, c'est qu'il a accepté.
Cependant une question demeure : lorsque viendra le moment de jouer à nouveau une partie contre lui, je me demande si je serai en mesure de l'affronter.
Si je saurais jouer au jeu dangereux dans lequel je me sens lentement glisser...
... et imposer mes règles, comme Yoongi me l'a conseillé.
***********༄***********
Ah ! Enfin une vraie conversation entre le Taekook !
Jusqu'ici, je ne sais pas si vous l'aviez remarqué, mais ils ne s'étaient jamais réellement adressé la parole aussi directement.
Et puis il y a l'introduction d'un nouveau personnage, Kai. Vous pensez quoi de lui pour le moment ?
De manière générale, avez-vous aimé le chapitre ? **
Des théories sur le lien entre Kai et Jungkook ? Sur ce "j'ai ce que tu m'as demandé" ?
J'ai terriblement hâte d'avoir vos retours.
Aussi, on a dépassé les 6k de vues, c'est juste fou, merci du fond du cœur. Vraiment, vous n'imaginez pas comme ça me touche TT Poem a bientôt 1 mois, et c'est juste dingue de voir les vues augmenter de plus en plus, vous êtes les meilleurs **
Je vous dis à samedi prochain, 19h <3-
Des bisous.
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