Chapitre 12
Nous sommes dans sa cuisine et, comme promis, il prépare ses fameuses coquillettes. Je ne peux m'empêcher de rire en le voyant si concentré devant un plat aussi basique.
— Tu te moques de moi ? me dit-il en voyant ma mine amusée.
— Pas du tout, je pensais juste que ton histoire de coquillettes n'était qu'une plaisanterie.
Il rigole et me pointe à l'aide de sa spatule.
— Malheureusement, j'ai beaucoup de talents, mais la cuisine n'en fait pas partie !
Son regard rempli de sous-entendu me fait rougir instantanément en repensant à ce qu'il s'est passé, il y a quelques minutes à peine.
Nous mangeons côte à côte sur l'îlot et la soirée est agréable. Je lui confirme que ses coquillettes sont les meilleures de la région. Après ça, il allume son rétroprojecteur et nous nous pelotonnons sur le canapé, devant une comédie musicale. Visiblement, il veut marquer des points.
Je le vois grogner à chaque fois qu'un des protagonistes sort une phrase clichée et je dois dire que je me délecte plus de ses réactions que du film lui-même. Je me suis gardée de lui dire que je l'avais déjà vu et revu quand il m'a fièrement annoncé le programme. Il est déjà tard quand le générique de fin défile et il me propose timidement de rester chez lui.
— Juste dormir, promis, rajoute-t-il en voyant mon hésitation.
J'acquiesce en le prévenant que je dois toutefois rentrer tôt pour passer la journée avec ma mère, avant de sortir avec mes amis. Voyant son air envieux, je cherche à en savoir plus sur sa vie sociale.
— Tu ne sors jamais, toi ?
— J'ai un peu honte de le dire, mais on ne peut pas dire que les amis soient nombreux dans ma vie.
Je le regarde, étonnée et l'invite à poursuivre d'une caresse sur le bras.
— Quand on est le fils Wes, on comprend vite que les gens sont plus intéressés par le statut social que par la personne en elle-même. J'ai donc fait le tri et il semble qu'il ne reste plus grand monde.
Je ne peux m'empêcher d'être attristée par son aveu. Mes amis font partie intégrante de ma vie. Ils sont présents quand on a des coups durs, mais aussi pour partager les moments de joie. Je voudrais lui proposer de venir avec nous demain, mais j'ai peur que mes amis ne l'accueillent pas bien et qu'il se sente encore plus mal après ça. J'adore mes amis, mais ils manquent parfois de tact. Je ne voudrais pas que cette expérience vire au cauchemar.
Nous montons l'étage et il m'invite à entrer dans sa chambre. Seth se dirige vers sa commode et en ressort un t-shirt qu'il me tend. Je m'enferme dans la salle de bain et me change après avoir pris une douche. Après ça, je le rejoins sous les draps et nous nous endormons dans les bras l'un de l'autre. Son corps vient se coller au mien et je dois bien avouer que la sensation est vraiment agréable.
Je ne dirais pas que je suis amoureuse de Seth, ce serait bien trop tôt. Mais une profonde affection naît chez moi. Je me sens bien à ses côtés. Il est prévenant, amusant, doux et bien loin de l'apparence qu'il dégage. C'est rapidement que je m'endors dans ses bras, bercée par sa respiration.
Le lendemain, il me dépose après m'avoir préparé un petit déjeuner : œufs trop cuits et tartines cramées. En effet, la cuisine ne fait pas partie de ses talents.
J'arrive à la maison un peu après neuf heures et maman est déjà levée. Elle est sur le canapé, une tasse de café à la main.
— Bonjour Maman ! la salué-je d'une voix un peu trop enjouée.
Merde. Elle va se douter de quelque chose.
— Je suppose que tu as passé une bonne soirée, me dit-elle taquine.
Je rougis aussitôt et m'enfuis dans la cuisine pour éviter un interrogatoire gênant. Heureusement, elle n'insiste pas et la matinée se passe de façon plutôt normale.
Après avoir pris une bonne douche, nous décidons d'aller faire les boutiques. La journée est agréable et passer du temps ensemble nous fait du bien à toutes les deux. Je lui parle un peu de Seth et de sa façon d'être, ce qui amuse ma mère. Elle me parle de son poste d'infirmière. Depuis le départ de papa, j'ai peur qu'elle ne se noie dans le travail. Mais elle semble sereine et presque heureuse, ce qui me rassure. Après être rentrées, maman va se préparer pour partir à l'hôpital.
— Le mois prochain, je ne devrais pas faire beaucoup de gardes le week-end. On en profitera pour faire des choses ensemble, d'accord ? me dit-elle en voyant mon air déçu quand il est l'heure pour elle d'y aller.
J'acquiesce et la prends dans mes bras avant de lui souhaiter bon courage.
Je cours dans ma chambre et vais me doucher. Quand je sors, je reçois un message de Lucas me prévenant qu'il passera me prendre dans une heure. Je repose mon téléphone et trouve un jean, un t-shirt blanc et mes converses. Ma tenue est accompagnée d'un petit perfecto noir. Ce soir, c'est casual, pas de chichis. Une soirée sympa entre potes, à boire des bières, dans un bar karaoké.
Comme promis, Lucas arrive une heure plus tard, me signalant son arrivée par son habituel coup de klaxon. Je m'empresse de sortir et monte dans sa voiture.
— Salut ma belle ! On passe prendre Iris, ça ne te dérange pas ?
— Iris ? répété-je surprise.
— Ma copine, précise-t-il, gêné. Elle est gentille, tu verras. En tout cas, elle n'est pas comme Sarah.
Je ris devant son air exaspéré.
— En même temps, personne ne peut être pire que Sarah.
Nous rigolons et je suis contente que notre dernière dispute ne flotte plus dans l'air. Nous passons prendre sa copine qui n'habite pas très loin de chez moi. C'est une petite blonde aux grands yeux verts. Elle est effectivement très sympa et semble parfaite pour Lucas.
Nous arrivons vingt minutes plus tard au bar choisi par la troupe, un bar karaoké où on a nos petites habitudes. Nous sortons de la voiture avant de nous diriger vers l'entrée.
Le bar est bondé et nous trouvons difficilement notre tablée. Après avoir joué des coudes nous retrouvons enfin le groupe qui, au vu des verres qui jonchent la table, en est déjà à sa deuxième tournée.
— Dylan ! m'exclamé-je en voyant notre ami.
— Tu es venue, ma belle ! se réjouit-il en enlevant sa casquette avant de m'embrasser.
— Je n'aurais raté ça pour rien au monde !
La bande est déjà au complet. Nous sommes les derniers arrivants. Il y a déjà Julia, Mike et le reste du groupe des Pixels, puis d'autres amis que je ne vois pas souvent.
— Bah dis donc, Max ! Tu viens plus aux soirées, me lance Mike, en imitant le célèbre duo du S.A.V.
Je ris devant cette imitation plus que moyenne et n'ai pas le temps de répondre que Julia s'incruste dans la conversation.
— Elle est pas mal occupée en ce moment, répond-elle en mimant des guillemets.
Lucas se tourne vers moi, étonné. Je lui adresse un sourire crispé. Pitié, faites que ce ne soit pas la dispute 2.0.
— Comment ça, occupée ? m'interroge Lucas.
— Il se pourrait que je n'aie pas écouté tes conseils, me contenté-je de répondre.
Il réfléchit, puis change d'expression quand il comprend ce que j'insinue.
— T'es sûre de toi ? me demande-t-il, inquiet.
— Non, et toi ? lui dis-je en soupirant et en regardant dans la direction d'Iris.
— Non, c'est vrai, consent-il.
Il m'adresse alors un sourire amusé et je sais que le pire a été évité. Mon téléphone bipe à ce moment-là et je le sors de mon sac.
[ Wes : Tu passes une bonne soirée ?]
Je me mords la lèvre en regardant son message. J'hésite à lui répondre. Dois-je lui dire que je m'ennuie pour ne pas le faire râler ?
Je croise le regard de Lucas qui m'observe, un sourcil arqué.
— Il me demande juste si je passe une bonne soirée, lui dis-je, agacée.
— Pourquoi tu ne l'invites pas ? me demande-t-il surpris.
— Pour que vous lui fassiez subir un interrogatoire ? Non, merci.
— Promis Max, je le laisserai tranquille, me dit-il visiblement vexé.
Je le regarde, hésitante.
— Allez Max, dis-lui de venir, s'exclame le reste de la troupe en cœur.
J'hésite et en même temps, j'ai tellement envie de l'avoir avec moi.
— Ne me le faites pas regretter !
Je rédige mon message et sa réponse ne se fait pas attendre.
[ Wes : J'arrive ! C'est où ?]
Je ris en voyant sa rapidité pour répondre et lui envoie l'adresse du bar.
Une trentaine de minutes plus tard, il nous rejoint et je constate que nous sommes assortis. Heureusement, il ne détonne pas. Il m'embrasse rapidement et salue, un peu gêné, le reste de la bande. Mes amis l'accueillent chaleureusement et nous nous assoyons.
Je dois dire que la soirée ne commence pas vraiment bien. Seth est tendu comme un arc et les seuls sourires qu'il arrive à faire sont crispés et complètement faux. Je m'approche de lui pour lui chuchoter à l'oreille.
— Tu devrais te détendre, on dirait que tu vas les mordre ou t'enfuir en courant, au choix.
Il approche sa main de son cou pour desserrer une cravate, qu'il n'a pas.
— Je ne suis pas vraiment habitué, m'avoue-t-il.
Je le regarde, attendrie, et lui embrasse la joue.
— Une bière ? lui proposé-je.
— Pitié, oui !
Deux heures plus tard, Seth est complètement ivre et semble s'entendre avec tout le monde, y compris Lucas, ce qui me soulage. Les garçons l'entraînent sur la scène et, alors que je pense qu'il va se dégonfler, il attrape le micro et joue le jeu. Ils se mettent tous à raper sur The message de Grandmaster flash. La scène est hilarante et je ne lui connaissais pas des talents de rappeur.
Le reste de la soirée, il est renommé MC Wes, ce qu'il semble apprécier. Dylan a fait des pieds et des mains pour récupérer sa casquette que Seth n'a pas quittée, toujours dans la peau du personnage. Cette soirée est vraiment très amusante et je suis vraiment heureuse que mes amis l'apprécient autant.
Quand il est l'heure de rentrer, Lucas nous dépose chez moi. Il est hors de question que Seth prenne la route dans cet état-là. Lucas m'aide à le sortir de la voiture et me lance un regard inquiet.
— Tu veux que je t'aide à le monter jusque dans ta chambre ?
Je lui souris, confiante.
— Je vais y arriver, ne t'inquiète pas.
Il m'embrasse la joue et tapote l'épaule de Seth. Je parviens difficilement à le porter jusqu'à la porte. Je l'adosse au mur et cherche mes clés dans mon sac. Il reprend complètement vie à ce moment-là. Seth me regarde, interloqué, puis me sourit de toutes ses dents.
— Toi, me dit-il en se tenant au mur et en me pointant du doigt, j'ai su que je tomberai amoureux de toi dès que je t'ai vue.
Je le regarde, bouche bée, et arrête de respirer. Mes mains ont cessé de chercher les clés. Ai-je bien entendu ? Je secoue finalement la tête. Il est juste complètement saoul et ne sait pas ce qu'il dit. Je décide de lui répondre par une plaisanterie.
— Je l'ai senti oui, quand tu m'as traitée d'idiote.
Il me regarde, choqué.
— Ça, c'était la deuxième fois, m'avoue-t-il.
— La deuxième fois ? répété-je perplexe.
— Oui. La première fois c'était lors de ton audition à l'école. J'y prenais des photos. Je t'ai vu danser et je me suis dit « Waouh ! je pourrais tomber amoureux d'une fille comme elle ».
Je ris bêtement, même niaisement, n'ayons pas peur des mots, et trouve enfin les clés. Mon cœur fait la danse de la joie et je me dis que peut-être que mes sentiments sont partagés. J'ouvre la porte et lui fais une révérence.
— Après vous, MC Wes.
— Don't push me cause I'm clause to the edge, I'm trying not to loose my head.
J'ai eu droit à ce refrain la moitié de la nuit. J'ai bien cru qu'il ne s'arrêterait jamais.
Le lendemain, il est déjà parti quand je me réveille. Une note a été posée sur le coussin. C'est la première fois que je vois son écriture et je dois dire qu'elle est très élégante.
« Je suis désolé pour hier, j'espère que je n'ai pas dit ou fait des bêtises. J'avais des affaires à régler. Je t'appelle dans la journée. Seth. »
Je soupire en voyant son message. Est-ce qu'il m'a dit une bêtise ? Ma tête s'enfonce dans le coussin avec frustration.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top