Sur la feuille, tu m'avais promis

La fille de la feuille a de nouvelles questions en tête. Elle se souvient du début. D'avant qu'elle ne soit brisée, trahie et qu'elle ne comprenne rien. Sauf que même avant, elle ne comprenait pas. Elle en avait entendu des phrases, avant. 

Des phrases comme : "tu avais promis de jouer avec moi."

Ou: "Tu avais promis de me revenir..."

Ou même, elle se souvient vaguement de ça, elle en avait prononcé une: 

"Tu avais promis de ne pas me trahir."

Sauf que c'était avant. Elle avait été trahie. Mais elle se souvient, elle a joué avec son petit frère. Mais à qui avait-elle promis de revenir ? Était-elle seulement partie ? Elle n'a pas le souvenir d'être un jour partie quelque part. Elle a un trou. 

Puis elle comprend. Il y a des promesses faites pour être tenues, se sont de belles, de douces, d'apaisantes, d'heureuses, promesses. Puis il y a celles qui sont faites pour être brisées, se sont les douloureuses, celles qui font très mal, celle qui ne partent pas, celles dont on ne se remet jamais, celles qui rendent les promesses tenues encore plus belles. Enfin il y a les promesses qui sont dans l'ombre, celles qu'on ne comprend pas, celles qui sont étranges, celles qu'on ne comprend qu'au dernier moment, celles qui peuvent être réalisées comme brisées. 

La fille regarde sa feuille. Il a des mots. Quatre pour être précise :  

TRAHISON, toi ou moi. 

Elle veut en écrire d'autre. Elle a longtemps réfléchit. Maintenant elle a comprit les promesses. Alors elle écrit sur sa belle feuille des mots qui ne lui rendront pas son éclat immaculé souillé par la trahison ni son doute causé par les questions. 

Elle écrit des mots qui lui parlent. Des mots qui donnent du sens à la feuille.  

Elle écrit des mots qui apaisent sa douleur et celle de la feuille qui n'est plus très blanche maintenant. 

Elle écrit : j'ai compris. 

Elle pose son crayon et le regarde. Un jour peut-être, quand la feuille serait pleine, elle serait pleine également. Un jour peut-être. Elle a comprit : pour qu'elle se souvienne, il faut qu'elle comprenne. Et elle a comprit : elle avait promis et quelqu'un lui avait promis. 

Dans sa tête les premiers mots depuis le vide résonnent. Ils lui font mal et bizarre. Elle préfère quand ils sont juste écrits sur la feuille. Penser est trop douloureux. 

Les mots de sa tête sont : Tu avais promis. J'avais promis. Mais que s'est-il passé, après ?  

Après, il a eut la guerre. Après il y a eut la vie brisée. Après elle a écrit sur la feuille. Après il y a eut ce mot qui l'a hantée. Après elle s'est posé des questions. Après elle a comprit. 

Mais encore après, après, après, là-bas, plus tard dans le futur, que s'est-il passé ? Que se passera-t-il ? 

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