La méchante reine
Cette reine se nommera Odinéra. Elle est bien plus classique que la précédente mais... comment ne pas la mentionner ? Elle est l'exact opposé à la première reine que je vous ai présentée.
Odinéra n'a rien à voir avec les deux reines précédentes. Loin de se demander ce qu'elle devait faire, ce qu'elle était, Odinéra savait tout. Ou du moins l'essentiel.
Elle savait qu'elle avait un royaume, elle savait qu'elle le connaissait bien, très bien même, et elle savait qu'elle en était fière. Elle savait très bien de quoi, de qui elle était souveraine.
Elle avait aussi, et c'était sans doute cela le plus important, pourquoi elle était reine.
Odinéra posa ses mains sur le rebord de sa fenêtre. Une vaste étendue sans âme s'étendait devant elle. Les sujets de la reine Odinéra allaient et venaient sous sa fenêtre dans un sombre balais pour la contenter.
Mais elle n'était pas satisfaite. Pas vraiment. Pas encore.
Tous lui étaient fidèles. Tous la vénéraient car ils savaient – pensaient savoir - de quoi elle était capable.
Son royaume était noir. Son royaume était sombre, lugubre, inhospitalier, effrayant, froid, rude. Son royaume était son image. Elle l'avait façonné pour qu'il soit comme elle. Macabre.
Ce n'était pas pour rien qu'elle se faisait appeler la reine noire.
Mais elle n'était pas satisfaite.
Tout allait trop bien. Tout était trop calme. Aurait-elle gagné contre la lumière ? Elle en doutait. Il y aurait toujours un combat. Il y aurait toujours des gens pour revendiquer des libertés qu'ils ne méritaient pas, qui n'existaient que dans leurs esprits. Des hommes, des femmes, des enfants.
Elle leva les yeux vers ciel et ses longs ongles s'enfoncèrent dans le bois de sa fenêtre. Ils n'étaient tous que des idéalistes. Ce combat elle serait heureuse de le mener à son terme. Elle serait heureuse de triompher une seconde fois ou de perdre en laissant son emprunte fatale sur le monde. Elle voulait la guerre, la désolation.
Elle en avait besoin. C'était l'essence même de sa magie, de son pouvoir, de la tyrannie qu'elle avait installé.
Sans cela... elle ne serai plus rien. Plus qu'une femme ordinaire avec une pensée ordinaire et une vie ordinaire.
La reine Odinéra claqua son talon contre le sol.
Jamais elle n'accepterait cela. Si des gens voulaient la détrôner, qu'ils essayent au prix de leurs vies misérables.
Un serviteur toqua à la porte, la franchit quand sa reine lui en donna la permission et s'inclina en baissant bien les yeux. Il avait peur de croiser le regard sombre et enflammé à la fois de la souveraine. Cette dernière eut un sourire malveillant. Elle aimait ça. Cette peur, elle s'en délectait chaque jour.
« Qu'as-tu donc à m'annoncer ? s'informa-t-elle, glaciale. »
Il se plia encore plus bas et elle sourit davantage.
« Que ma reine me pardonne, s'affola-t-il, mais... il y a des soulèvements... les paysan, les nobles, il déglutit avec peine, ils bloquent les avancées des défilés. Les gens ne veulent plus parader en souvenir de... vous-savez quoi. »
La reine Odinéra sentit une grande joie mauvais monter en elle. Cette chaleur, c'était celle des combats à venir, des morts, des deuils à venir. D'un chaos prometteur. De son chaos prometteur.
Pourtant, elle se força à afficher son profil froid, distant, mécontent.
Elle saisit son spectre et en caressa doucement l'extrémité. Elle voulait jouer un peu avec ce pauvre homme terrifié.
Elle s'avança vers lui et lui remonta le menton à l'aide de son spectre. Ainsi, il fut forcé de croiser la furie faussement contrariée de son regard.
« Allons, dit-elle d'une voix doucereuse, pas de sous entendu entre nous. Dites-moi donc quel est ce « vous-savez-quoi » ? »
En vérité elle savait très bien. Mais elle voulait qu'il le dise. Que la panique le paralyse. Pour ainsi dire, elle voulait animé sa journée.
Le messager se mit à se tordre nerveusement les mains. Ses yeux s'agrandirent sous l'effet de la peur.
Mais, il était un sujet. Et un sujet ne désobéit jamais.
« Ils refusent de se souvenir de la mort de l'ancienne reine. Ils ne veulent pas, plus, le fêter, dit-il courageusement.
- Oh. Dommage. »
Odinéra afficha sur son visage une tristesse feinte et – elle le savait - peu convaincante.
« Ils n'ont pas leur mot à dire, siffla-t-elle. Va, et dit leur qu'ils ont une chance d'éviter la guerre. qu'il peut y avoir un compromis. »
L'espoir fou alluma le regard du pauvre messager.
Qu'il était bon de laisser les gens croire qu'une paix était envisageable. Il serait mort avant d'avoir put franchir les portes du palais. La guerre déchirerait à nouveau le peule. Elle avait gagné. Une fois de plus.
La reine sourit de nouveau. Elle se contempla dans le miroir.
Oui, elle aimait être elle. Oui elle était horrible. Mais non elle ne tenterait pas de changer. Elle porterait son nom jusqu'à sa mort. Sa mort viendrait, bientôt elle le savait. Mais pour la tuer, il ne suffisait pas de l'empêcher de respirer. Non, il fallait l'oublier. Mais comme elle ne voulait pas que cela arrive et que se soit trop simple, elle prit son spectre et traça dans le mur.
Qu'ici soit le palais de la reine Odinéra, la Méchante reine, pour toujours et à jamais.
Ce type de reine est également très répandu, comme celui de la reine heureuse. Elles sent l'exact opposé. J'espère que ça vous as plus!
Si vous avez des idées de mot je vous écoute
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