L'envoyé du diable
Il n'y a pas que les reines qui inspirent différentes histoires. Prenons par exemple les Chevaliers. C'est également un terme bien vaste et tout aussi, si ce n'est plus, intrigant et passionnant. Combien d'histoires sont possibles avec ce mot « chevalier » ? Beaucoup.
Et je vais vous en présenter quelques unes.
Commençons par un chevalier nommé Ganewit.
A l'époque du Moyen-Age, il y a eu bien des légendes concernant les braves chevaliers. Ils étaient toujours décris comme forts, braves, nobles de cœur et d'âme et choyés par les rois de ces époques. Rares étaient les chevaliers sans roi et les roi sans chevaliers. Devenir chevalier était un but noble qu'on atteignait avec ardeur et bonté.
Mais...
Il y a toujours des exceptions. Comme celle de Ganewit.
Cet homme vivait aux temps forts de la Chevalerie. Dans un monde où il aurait pu se faire une place. A une époque où il aurait pu devenir riche, respecté et connu de tous. Mais parfois le destin fait fi de nos espérances. Et c'est ce qui s'est passé pour cet homme.
Là, dans la brume, au sommet d'une montagne à peine éclairée par les rayons de la lune, sur son destrier, Ganewit regardait l'horizon. Non pas l'horizon. Il regardait ce palais, au loin. Ce palais où il aurait dû être, où il aurait dû vivre et mourir. Mais non. Il n'était pas dans ce formidable palais. Il n'était pas assis autour d'une table avec d'autres braves soldats pour discuter des combats à venir. Il ne serait jamais sur le champs de bataille avec d'autres hommes comme lui. Non, il était là, dans le froid, dans la nuit.
Le vent se mit à souffler plus fort. Si fort qu'il se sentit presque osciller sur son cheval. Mais il était bon cavalier et ce n'était pas le vent qui allait le déstabiliser.
Il serra les mollets pour faire avancer son cheval.
Il descendit la montagne comme une ombre ignorée de tous. Mais... il passerait les villages comme un envoyé du diable. Il serait craint et cela lui irait très bien. Il n'avait plus le cœur à penser aux belles aspirations de la jeunesse. Le temps l'avait endurci. Le temps lui avait fait comprendre que parfois, on ne pouvait pas être ce qu'on désirait le plus au monde. Lui ne serait jamais un homme de bien, jamais un défenseur d'une terre sainte ou non. Il ne serait jamais rien de cela.
Mais ce n'était pas pour autant qu'il était prêt à laisser tomber sa vie.
Oui, Ganewit avait encore un espoir, un but, une quête, une revendication avant de se retirer totalement du monde.
Il avait eu tout le temps d'y songer en arpentant les plaines, les collines, les montagnes. Il avait eu le temps de comprendre que son destin n'était pas d'être un chevalier ordinaire ignoré de tous. Non, son destin à lui était bien plus haut, bien plus attractif. Il s'y plongeait chaque jour, chaque nuit.
Il voulait qu'on se souvienne de lui. Mais non pas comme de l'ombre de la montagne. Non pas comme ça. Pas non plus comme le chevalier sans fief. Non, il ne voulait pas de cela, pas de cette misère et de cette pitié.
Il voulait, il désirait ardemment même, qu'on parle de lui comme d'un esprit vengeur. Son destin était d'être l'esprit vengeur qui punirait les injustices, qui punirait les hommes trop ambitieux, trop confiants, assis trop confortablement sur leur trône. Même les plus grands seigneurs ne pourraient échapper à son épée quand il déciderait de frapper. Car il frapperait. Et il frapperait juste. Il frapperait là, dans la brume, dans la nuit, dans son élément. Dans cette noirceur qu'était devenu son monde. Sa cible tomberait au sol et, avant qu'on ne puisse crier au secours, il aurait déjà disparu sur son destrier noir. Un spectre venu prendre les vies. Un envoyé du diable.
Ganewit hanterait ces mythes qu'étaient les malédictions. On parlerait de lui avec peur. Quand on le verrait, ce cavalier solitaire en noir qui ne parle jamais, on tremblerait. Il n'aurait pas besoin d'avoir de nom pour se faire connaître. Les hommes lui en inventeraient un. Ils se feraient peur eux-même.
Quand il entrerait dans un village, il y prendrait ce qu'il voulait, ce dont ils avait besoin.
Il serait maître de son destin et de celui des autres.
Sur ces pensées, il arriva au bas de sa montagne.
Elle était si haute qu'elle disparaissait dans les nuages. Elle était aussi haute qui ses aspirations et aussi noble dans la peur qu'elle inspirait qu'elle était comme Ganewit.
Alors, il lança son cheval au galop. Il traversa la plaine. Il s'arrêta au sommet de la colline, non loin du palais et de ses murailles.
Il vit les gardes pointer leur doigts sur lui. Il les entendit murmurer.
Il se tourna une dernière fois vers sa montagne qui lui criait de suivre ce chemin qui était le sien. Il inspira profondément cet air vivifiant avant de se lancer dans sa mission.
L'envoyé du diable, c'était lui et personne d'autre.
Les seigneurs l'avaient créé, les démons l'avaient inspiré, la nuit l'avait décidé. Il était là désormais. Seul le temps pourrait l'arracher au monde.
Ganewit dégaina son épée, prêt à faire sa première victime.
Il prononça son premier vœux d'envoyé du diable en regardant le ciel étoilé :
"Je suis arrivé par la montagne. Je suis arrivé dans la nuit. Moi, Ganewit, je jure devant la noirceur que j'accomplirais ma mission avec brio. Je jure devant dieu et son opposé des ténèbres que je ne transgresserais pas leurs lois. Je jure devant la mort, de m'en retourner vers la montagne dans la nuit quand le moment sera venu."
Il mit pieds à terre, prêt à accomplir son destin. Pour toujours et à jamais. Pas de fin heureuse dans ce conte. Juste une fin incroyable et chacun est libre de lui attribuer l'adjectif qui lui convient.
Noir.
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