Depuis cet épisode, une ombre planait continuellement sur son visage. 

Jamais plus elle n'eut un sourire. Jamais. La guerre transforme tout le monde, elle le savait. La guerre l'avait transformée. Mais pas en bien. Elle ne pouvait reprendre le contrôle, reconstruire ce qui avait été détruit. 

Jamais plus l'esquisse d'un sourire ne vint éclairer son visage. Pas même pour ceux qu'elle aimait. Jamais. 

Elle ne pouvait plus. Cela lui était impossible. 

Elle ouvrit les yeux. 

En face d'elle, il y avait une feuille. Une feuille d'un beau blanc immaculé. La blancheur qui n'a jamais connu de pêchés, la blancheur divine. Une blancheur parfaite, qu'elle allait casser, briser. Avec un stylo.

Des lignes se tracèrent sur la feuille. 

Un mot est formé. 

Une lueur d'espoir s'est éteinte. 

Une vie paisible s'est achevée. 

Sur la feuille, elle a écrit un mot. Un seul mot. Le seul auquel elle pouvait penser. 

Ce mot qui hante les histoires. 

Ce mot qui a bafoué la paix du papier. 

Ce mot qui a bafoué sa paix. 

Quel est ce mot? 

Elle le connait. Elle l'a écrit. Elle le lit. Elle le hait. Il la submerge. Elle l'entoure. 

Il est partout sur la feuille à présent. 

TRAHISON.