Chapitre onze

  - Qu'est ce qu'il se passe au juste ? C'est quoi cette rumeur, je suis certaine que le messager était venu nous dire que je pouvais aller sur le flanc avant droit.

Le matelas du lit de Lucas s'affaissa sous mon poids, la chambre attribuée à notre escouade était certes miteuse, mais suffisante pour y passer quelques nuits. Les deux lits superposés étaient pratiquement collés l'un à l'autre de par la petite superficie de la pièce et la petite fenêtre couverte de lierre empêchait la lumière lunaire de filtrer ce qui était assez désagréable. Chris alluma une bougie qui se mit à danser à travers l'obscurité pour éclaircir son visage tendu par ses profondes réflexions.

- C'est la question que l'on se pose aussi, c'est une rumeur qui circule depuis que nous sommes rentrés.

- Et donc, je suppose que Livai n'a pas été prévenus comme l'avait annoncé George.

- C'est bien ça le problème, ce qui veut dire que si jamais tu avais été en difficulté, personne ne serait venu à ton secours puisqu'ils n'étaient pas au courant ! grogna Zack tout en donnant un coup de poing sur la pauvre table de chevet près de l'autre lit.

Suite au choc, le vase tangua dans un bruit aiguë, une main ferme vint s'en saisir avant que le récipient vide ne se brise sur le sol déjà assez abimé par le temps.

- T'es pas obligé de tout casser, relax mec, elle va bien, c'est pas comme si elle s'était fait bouffée par un titan, c'est plutôt eux qui ont pris cher.

Le brun lança un regard noir à Lucas suite à sa réflexion qui malgré tout, avait pu détendre l'atmosphère.

- Chris, tu as l'air pensif, autant cette situation me tracasse aussi mais il se peut que ce soit un problème de communication, fis-je.

- Justement, c'est ce que j'avais pensé aussi mais ça n'était jamais arrivé auparavant, surtout que George est un excellent messager, il ne s'est jamais trompé.

Le profond regard bleuté du plus calme de l'équipe contemplait longuement le mur d'en face, rendant, de nouveau, l'atmosphère plus lourde. J'échangeai un coup d'œil tout de même assez déconcerté à Lucas qui se contentait d'astiquer le vase avec le bout de sa manche comme si il ne voulait pas s'immiscer dans le silence qu'avait produit Chris.

- Donc on est tous d'accord pour dire que ça n'est pas un hasard si la communication à merdé seulement de notre coté, c'est hyper dangereux, on veut notre mort ou quoi ?

Rompant le silence, Zack s'était relevé, sa mâchoire totalement contracté semblait trembler de colère et ses mots nous transpercèrent avec une telle force qu'ils nous firent trembler comme si un danger pendait juste au dessus de nous. Il était vrai que nous nous étions fait quelques ennemis au sein du bataillon lors de la création de l'escouade mais je trouvais quand même cela tiré par les cheveux de penser qu'ils voulaient notre mort.

- Si ça se trouve c'est juste un petit malentendu, après tout ça peut arriver et puis tout va bien, aucun de nous n'est gravement blessé et cela m'a même permit de ramener en vie toute une escouade, essayai-je de dédramatiser.

Je ne pouvais croire que quelqu'un nous menaçait, ça n'avait pas de sens, qui pourrait bien s'embêter à essayer de mettre des bâtons dans les roues a une équipe fraichement formé ?

- On est pas dans le monde des bisounours, tu es la mieux placée pour le savoir, un problème de communication au sein du bataillon avec une formation ça existe pas !

- Non mais par contre, une mutinerie oui, coupa Chris, je comprend ton irritation Zack, mais cesses d'hurler comme ça, les portes et les murs ont des oreilles ici.

Nous n'étions pas dans mon bureau au QG, ici, les cloisons étaient vielles et fines, n'importe qui pouvait surprendre notre discussion. Tous les éléments mit en avant par Chris et Zack parlaient d'eux même, honnêtement, je n'avais pas la force de faire face, de nouveaux, à des problèmes.

- Ecoutez, je sais pas vous, mais moi je suis crevé, j'ai juste envie de me laver et de partir me coucher, la journée à été longue.

Un court silence durant lequel les deux nouveaux inspecteurs en herbes s'échangèrent des regards indescriptibles de par la pénombre dans laquelle était plongée la pièce et Zack prenait déjà une inspirations pour renchérir . Trois coups successif et creux résonnèrent entre les quatre murs non espacés de plus de cinq mètres laissant en suspend le début de phrase de mon équipier. Profitant de l'occasion pour échapper à cette discussion fatiguant, je m'empressai de répondre par un "oui entrez" clair et audible. Dans un grincement, la porte s'ouvrit, des yeux perçants avec un petit grain de beauté en dessous nous fixaient amicalement. Il s'agissait là du garçon de l'équipe dont j'avais volé au secours quelques heures auparavant.

- Navré de vous déranger, je passe juste informer le caporal que le majors Erwin souhaite vous voir.

Cet homme était des plus agréable à regarder mais ce qu'il venait d'annoncer avait servit à me refroidir, moi qui voulais éviter de mettre encore plus les pieds dans le plat ce soir là, c'était plus compliqué que prévu. Soufflant, je me levai péniblement pour m'avancer jusqu'à la porte.

- Merci de m'en avoir fait part...., lui dis-je en l'invitant à me donner son prénom.

- Klay, je m'appelle Klay. Inutile de me remercier, après ce que vous avez fait pour nous, aller jusqu'à prendre l'initiative vous même, c'est admirable.

Ce qu'il ne fallait pas évoquer venait de tomber tel une mouche sur la table dont on méprise la venue.

- La permission nous avait été donnée déjà, intervient Zack, puis justement, si elle t'as sauvé les miches, t'es pas obligé de nous mettre sur le dos quelque chose qui fait le tour du bataillon ! 

Cette fois ci, trois regards me pesaient sur la nuque, la venue de l'homme au pas de la porte avait même donné envie à Lucas de se rallier aux deux autres. Je craignais la réaction de mon interlocuteur mais étonnamment, avec un plus grand calme, il étira un doux sourire tout en se courbant en avant, ses cheveux mi longs et foncés tombèrent devant ses pupilles azurés. Immédiatement, je ne pus m'empêcher d'avoir une pensé que je devais garder pour moi " putain ce qu'il est sexy ".

- Pardonnez moi, je ne fais que répéter ce que tout le monde raconte, j'imagine que le discours du majors dans une heure servira donc à dissiper ce malentendu. Mes amis m'attendent, veuillez m'excuser et je vous remercie une fois de plus de tous nous avoir sauvé la vie.

Sur ce, il se redressa pour nous tourner le dos et s'engager dans le long couloir sombre, sa silhouette disparu à l'angle d'un passage adjacent.

- Je rêve ou ce type t'as fait les yeux doux ? 

- Ah bon ? demandai-je en me tournant vers Lucas.

- Nan vas y laisses tomber, je l'aime pas, il parle comme un bourge, il est pas net.

- Moi aussi je le trouve louche, approuva Zack en hochant la tête.

J'haussai un sourcil devant l'attitude des deux garçons qui ressemblaient fortement à celle d'enfants qui faisaient une scène à leur amie parce qu'un autre venait lui parler. Klay me paraissait totalement honnête et d'une grande gentillesse.

- Vous mettez la charrue avant les bœufs tous les deux, rien ne prouve qu'il à quelque chose à voir avec tout ça. Sa vie à été en danger au même titre que ses compagnons, si il complotait, je ne pense pas qu'il se serait mis dans une situation aussi suicidaire.

Voir que Chris semblait faire un plus de discernement que les deux autres me soulageais un peu plus, rien d'étonnant venant de lui, c'est un homme très réfléchis. Rien que le fait qu'il trouve que tout ce qu'il se passe en ce moment était louche servait à me mettre le doute.

- Je rêve ou vous êtes tous en train de prendre cette affaire trop à cœur, a vous entendre, on dirait que le monde entier est contre nous. Ecoutez, je comprend votre inquiétude mais on ne peut pas soupçonner tout le monde pour un petit problème de communication, on va pas en faire une affaire d'état. Ecoutez, j'y vais et on verra bien ce qu'Erwin dira, on en reparlera après.

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