Chapitre Neuf

  Le vent frais fouettant contre la peau, le soleil semblait hésiter entre l'éclaircie et l'abandon face aux nuages. Chaque seconde donnait des ailes à Lagos pour accélérer. J'avais peur, un énorme noeud au fond de l'estomac me nouait la gorge face aux potentielles remontées acides, et pourtant, la seule chose qui m'empêchait de vomir mes tripes était la profonde détermination et  l'assurance dont j'avais fait preuve il y a quelques minutes. Pour le moment, les arbres passaient à une vitesse folle autour de moi et si je ne savais déjà que mon étalon était rapide, j'aurais pu penser que l'on volait à toute vitesse pour sauver des frères d'armes. La fuite n'était pas une option, ça allait de soit, les titans risquaient de se précipiter vers le cortège si personne ne les stoppait ou du moins les occupait pour un bon moment. Pour vu qu'il y ai encore des survivants, leurs chevaux avaient déjà du prendre la fuite et le temps qu'ils les rappellent, ça serait déjà trop tard, les titans étaient rapides quand il s'agissait de proies. C'était bien ce qui les rendait dangereux. Filant à toute vitesse, nous prîmes une petite allée entourée d'arbres à fin d'éviter le petit village abandonné et dépourvu d'une quelconque vie.

C'est la que je les vis, à l'angle d'un grand sapin, des titans surplombaient de toute leur hauteur un groupe de soldats. La scène captivante m'en donna des frissons si bien qu'en tirant sur les reines, Lagos s'arrêta net. Même si il était évident que les chevaux pouvaient ressentir les émotions des gens autour d'eux, j'étais certaine qu'à ce moment là, je n'étais pas la seule à être effrayée. Coincés entre les murs rocheux et raides d'une paroi, les sept titans formaient une barrière infranchissable autour d'eux. Les câbles de l'équipement tridimensionnel se repercutaient violemment contre la surface caillouteuse de la falaise et il était impensable de tenter le diable en passant le groupe de géants qui se goinfraient des autres camarades des prisonniers. C'était maintenant eux cinq, debout en face de l'ennemie qu'ils attendaient leur fin, leurs regards totalement dénués d'espoir donnaient cette impression que leurs corps n'étaient désormais plus que des coquilles vides.

Que pouvais-je faire ? Une simple diversersion ne fonctionnerait pas, ma seule présence n'était pas assez appétissante. C'était comme les loups, mieux valait attaquer et manger les moutons plutôt que le chien qui doit les protéger. Un cris de frayeur me ramena à la réalité, l'un d'eux allait se faire tuer, l'énorme main encore tâchée de sang se rapprochait lentement mais sûrement d'un blondinet. Reculant désespérément, son dos ne tarda pas à entrer en contact contre les roches, il n'avait plus aucun échappatoire, c'était mort. La détermination d'antan revint en force, m'emplissant d'assurance, je gonflai ma poitrine et relevai la tête. Lagos s'élança avec toute la vitesse dont il pouvait faire preuve comme si dans un moment aussi tragique, l'adrénaline nous donnait une force et une vitesse incommensurable. De plus près, la taille des titans était encore plus impressionnante même pour le plus petit qui semblait mesurer sept mètres.

Accroupis tant bien que mal sur la selle en cuir marroné de l'étalon, bras croisés et mains tenant fermement les poignées de mes lames en acier, je savais qu'il fallait que je saute dans quelques secondes. Néanmoins, mes jambes ne semblaient pas vouloir me propulser, le titan n'était plus qu'à quelques mètres et j'aurai facilement pu m'y accrocher grâce aux grapins de l'équipement. Une impulsion suivie d'un henissement me fit sauter au plus haut tandis que de chaque côté de mes hanches, les longs câbles d'aciers s'élancèrent. Je vis tout au ralentis, la nuque du géant se rapprocher, sa tête se tourner vers moi avec dans sa bouche encore un bras ensanglantée de sa dernière victime, les nouveaux regards d'admiration et d'espoir tandis que je tranchait d'un coup sec le bout de chair de l'ennemi. Le corps tomba lourdement au sol et si les autres ne s'était pas poussés, ils auraient fini écrasés, je fahis basculer en avant sous le choc de la masse corporel contre le sol couvert d'herbe.

- Partez un peu plus loin, appelez vos chevaux et retrouvez le groupe un peu plus au sud !

Restant figés, je me demandais si ma voix leur avait été parvenue malgré le cri d'un titan à la gauche et la fumé qui se dégageait du cadavre. D'un seul coup, ils se mirent tous à courir vers la gauche pour essayer de passer entre les jambes du plus grand titans qui me dévisageait longuement pendant que ses congénères commençaient déjà à essayer de les rattraper. Par chance, trois semblaient alignés alors en plantant les câbles sur celui au plus loin, je pus facilement leur trancher la nuque, me réceptionnant souplement sur le sol, je constatai que mes lames étaient dorénavant utilisables. Ancrées dans le sol, j'appuyai sur la gâchette pour qu'elles se détachent des manches et les remplaçai habilement par des nouvelles.

- Shin ! cria le blondinet.

Aussitôt, je tournai la tête avec l'intention de regarder ce qu'il se passait mais au lieu de voir les soldats du bataillon, un mollet entra dans mon champ de vision. Le plus grand se tenait face à moi, la tête levé, son sourire carnassier était glaçant. Son regard fou me fixait encore plus intensément que plus tôt et du coin de l'œil, le petit titan de sept mètres semblait avoir coincé un homme à la carrure imposante contre un arbre. J'étais mal, d'un instant à l'autre, il pouvait le tuer et le passage m'était bloqué pour aller l'aider. Alors que je pensais plutôt qu'il tenterait de m'attraper avec sa main, c'est son pied qui bougea et je ne pus l'éviter. Le choc se fit sur tout le côté gauche, je me sentis quitter le sol sur quelques mètres avant de retomber lourdement suivi de quelques roulades pour amortir la chute. La douleur sur le flanc gauche m'élançait, un liquide glissait jusqu'à mes lèvres parce que mon nez était entré en contact avec le sol terreux. Encore allongée, les pas du titans résonnaient dans la terre si bien qu'il était facile de prévoir la distance qui nous séparait.

- Foutu titan, grognai-je en me relevant doucement.

Dans la chute, les lames s'étaient légèrement émoussées alors qu'elles venaient fraîchement d'être remplacées. Je venais de me faire avoir par un pauvre être très grand dépourvu de cerveau valide et cannibale, la honte, de plus, le coup me faisait assez mal si bien que le seul fait de me tenir droite me procurait une grande douleur. Mâchoire contracté sous la colère, je m'élançai hargneusement en direction de mon opposant dans une attaque frontale, câbles ancrés dans son cou, le gaz me propulsa à grande vitesse dans la gueule du loup. Celui ci avait ouvert la bouche en grand espérant pouvoir la refermer sur mon frêle corps, à la place, je vins passer mes lames de chaque côté de ses joues. Un crac résonnait, la partie basse, le mandibule se décrocha rendant incapable d'utilisation de sa bouche le titan. La fumée s'en dégageait, la guérison était déjà en marche, posée sur l'épaule, je ne pris pas plus de temps à lui trancher vivement la nuque. Le sang éclaboussa mes vêtements au même moment où j'évitait la grande main de mon adversaire qui tentait encore de m'attraper juste avant que je ne le tue.

Aussitôt, je me précipitai à l'endroit où j'avais vu le plus petit titan, mes pas rapides frolaient l'herbe en enlevant parfois quelques motes de terre. Le vent s'engouffrait dans mes cheveux, le rapprochement avec le géant était plus rapide que ce que je pensais, à peine quelques secondes, c'est à ce moment là que je remarquai, en tournant la tête, que de petite étincelles bleues m'entouraient mais cela ne dura qu'un instant. Tel un guépards, je sautai sur ma cible, un mouvement de bras et Shin, l'homme à la carrure incroyable, était libéré in-extremis des griffes du titan de sept mètres.

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Alors ? Que pensez vous du style d'écriture à la première personne du singulier ?

Je sais qu'il n'y a pas beaucoup de dialogue mais dans le prochain chapitre il y en aura plus promis.

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