Chapitre 6
"Eyes don't lie" de Isabel Rosa
Alexandre
A cheval, je m'avançais tranquillement dans la forêt pour rejoindre la rivière quand j'ai soudainement entendu les pleurs étouffés d'une femme.
Et quand j'ai vu Angélia plaquée face à un arbre par mon frère et essayant de se débattre, j'ai cru que j'allais commettre un meurtre. Elle sanglotait et avait son jupon relevé au niveau de sa taille tandis que mon ignoble frère avait ses mains sur son corps.
Sans hésiter une seule seconde, je me suis jeté sur Arthur pour l'empêcher d'aller plus loin. Très rapidement, il est tombé à terre sous mes coups.
— Ecoute moi bien sale merde, tu n'as pas intérêt à reposer une seule fois tes mains sur Angélia, sinon c'est la mort qui viendra te chercher, l'ai-je menacé, tout en arrêtant de la frapper.
Personne n'avait le droit de toucher une femme sans son consentement.
Et surtout pas une femme aussi innocente et magnifique qu'Angélia.
Sans rien dire, il s'est relevé tant bien que mal et a réussi à rejoindre son cheval non sans me lancer un regard noir plein de menaces avant de s'engouffrer dans la forêt.
Comme si un gringalet comme lui allait me faire peur.
A présent, bien que son agresseur soit parti, je remarque qu'Angélia est toujours roulée en boule parterre près de l'arbre et que son corps est parcouru de spasmes, surement dus au traumatisme de son agression.
Je m'approche doucement d'elle et m'accroupis à ses côtés.
— Angélia, vous m'entendez ? lui demandé-je d'une voix calme pour ne pas l'effrayer.
Elle relève faiblement la tête et plonge ses yeux voilés de larmes dans les miens. Son regard triste me transperce et provoque en moi des sensations jusque-là inconnues.
Je voulais la protéger, que plus personne ne lui fasse de mal comme on venait de lui en faire.
Je ne connaissais que trop bien les traumatismes que pouvait laisser une agression sexuelle.
Je la voulais dans ma vie, alors que cela ne faisait que deux jours que je la connaissais.
T'es complétement stupide Alexandre, une femme comme elle ne voudra jamais d'un homme torturé et laid comme toi.
Angélia se redresse et s'asseye contre l'arbre. Elle prend ma main dans la sienne, ses doigts fins glissent dans les miens et sa tête vient se loger dans le creux de mon cou, sans que je m'y attende. Sa main est tellement petite comparée à la mienne.
Alors que les contacts sont d'habitude des choses que je déteste, sentir le doux parfum fleuri de ses cheveux et la douceur de sa peau contre la mienne m'apaise.
— Mer...merci Alexandre, vous êtes mon héros, me dit-elle d'une voix chevrotante.
— Vous n'avez pas à remercier Angélia. J'ai fait ce que toute personne aurait fait dans cette situation, et puis vous savez, je n'ai rien d'un héros, lui réponds-je en caressant légèrement sa main de mon pouce.
Son visage se tourne dans ma direction et elle me regarde d'un air curieux.
— Pourquoi vous dites cela ? bien sûr que si vous êtes un héros, vous n'avez pas hésiter une seconde à me sauver. Regardez le nombre de femmes qui se font agresser dans les ruelles sombres sous les yeux des passants sans que personne n'agisse.
Je ne réponds rien ; si elle savait tout ce que j'avais subi, elle ne me verrait plus comme son héros mais comme un moins que rien.
C'est alors que j'aperçois que sa robe et ses cheveux sont humides.
— Vous étiez venue vous baigner dans la rivière ? lui demandé-je.
— Oui, mais visiblement, je n'aurais pas dû, et vous ? murmure Angélia.
— Oui, j'adore venir ici, c'est si calme, c'est un peu comme mon jardin secret, lui confié-je.
Un léger sourire étire ses lèvres et elle me répond :
— Je comprends que vous aimiez cet endroit, on se croirait au paradis avec le chant des oiseaux et cette eau couleur turquoise.
Je suis content de revoir cet éclat joyeux dans ses yeux.
Angélia se lève et se dirige vers la rivière. Dos à moi, je laisse mon regard glisser vers la courbure de ses hanches et sur ses cheveux blonds mouillés qui descendent dans son dos. Elle se retourne et me lance un sourire éclatant.
Mince ! elle a dû voir que je la regardais. Mes joues rougissent légèrement.
Elle vient de se faire agresser, et moi, tout ce que je trouve à faire c'est de regarder son corps, quel con !
— Vous venez vous baigner avec moi ? me demande-t-elle innocemment.
J'aimerais tellement, mais il est hors de question qu'elle voit les cicatrices de mon dos.
— Non, lui réponds-je sèchement.
Sans me demander la raison de mon refus, elle se retourne, visiblement peinée.
Je ne voulais pas lui parler sur ce ton, je m'en veux. Mais elle ne devait pas voir mon corps, jamais.
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