Chapitre 2
"NightCall" de London Grammar
Angélia
Installée à côté de ma sœur et avec notre mère en face de nous, nous sommes en route pour la demeure de la famille Clavy dans une voiture à cheval. Cela fait maintenant une vingtaine de minutes que nous sommes partis de chez nous d'après l'heure qu'indique la montre à gousset de mon père que je garde toujours précieusement dans la poche de ma longue cape pourpre. Etant en mars, le temps commence à s'adoucir même si une légère brise fraîche se fait toujours ressentir dehors. Nous portons toutes les trois des tenues provenant de Madame Mausant. Notre coutière a fait un travail formidable. Ma robe couleur bleu nuit est magnifique avec son encolure tout en dentelle et sa grande jupe et mes pieds sont recouverts de bottines à talon et à lacets.
— Regardez les filles, nous voyons la maison des Clavy, s'exclama notre mère, le regard tourné vers la vitre de la voiture.
— Elle est splendide, renchérit ma sœur.
Adélaïde a raison. Leur maison est absolument magnifique. Bien que nous n'ayons jamais eu à nous plaindre notamment en raison de la place haute de notre famille dans l'aristocratie française, les Clavy ont toujours énormément de richesse. Les ancêtres du Comte de Clavy étaient des proches de Napoléon Ier. Leur maison, que j'aperçois au loin, ressemblait presque à un château miniature. Elle s'élevait sur plusieurs étages et était construite de pierres blanches. Un magnifique et immense jardin s'étendait sur le devant de la maison.
J'entends le bruit des sabots des chevaux faiblir, signe que nous sommes arrivées. La porte de la voiture s'ouvre sur un homme d'une quarantaine d'années qui doit sûrement être leur valet. Ma mère, ma sœur et moi descendons de notre voiture et sommes tout de suite accueillies par la Comtesse de Clavy :
— Marguerite, je suis si heureuse de vous revoir. Cela fait si longtemps que nous ne nous sommes pas vues.
— Moi aussi ma chère Joséphine, je suis contente de vous voir. Voici mes filles, Adélaïde et Angélia.
La Comtesse nous salue et nous faisons de même en retour.
— Rentrons mesdames, il est presque dix-neuf heures, le dîner va bientôt être servi, nous informe Joséphine.
Nous montons alors l'escalier qui mène à la porte d'entrée de la maison et suivons la comtesse à travers les différentes pièces de sa maison. Nous arrivons à une table très joliment dressée où sont déjà assis deux hommes. Je reconnais Arthur, assis à gauche du Comte de Clavy, quant à lui situé en bout de table. Adélaïde n'avait pas menti, Arthur est un très bel homme avec des cheveux blonds assez courts et un regard bleu splendide. Son visage a gardé des traits juvéniles, lui conférant un air sympathique. Vêtu d'un costume trois pièce noir, il se lève pour venir nous accueillir :
— Bienvenue mesdames .
Alors que ma sœur et Mère n'ont droit qu'à un sourire de sa part, Arthur prend ma main et l'embrasse.
— Ravie de vous revoir Angélia, murmure-t-il avec un regard libidineux qui me met mal à l'aise.
Je m'empresse de retirer ma main de la sienne et lui accorde qu'un léger sourire de politesse.
La comtesse nous invite à nous assoir. Adélaïde s'assoit à côté de moi et me chuchote discrètement :
— Il est encore plus beau que dans mes souvenirs.
Ne voulant pas la contredire, je m'astiens de répondre et porte mon regard sur le Comte. Agé d'une cinquantaine d'années, Edouard de Clavy se révèle être un homme assez étrange. Avec ses cheveux blonds clairsemés de cheveux plus clairs et un regard inquisiteur et autoritaire, il paraît effrayant.
Deux domestiques arrivent pour nous servir les plats qui défilent les uns après les autres. Mère discute avec la Comtesse et Adélaïde converse avec Arthur, en faisant tournoyer ses cheveux bruns autour de son doigt.
Son mari ne serait pas content de la voir user de ses charmes avec l'un des fils Clavy...
— Votre second fils n'a pas pu venir ce soir ? demande ma sœur.
Le comte et la Comtesse se lancent un regard discret comme si cette question les mettait mal à l'aise mais le Comte finit tout de même de répondre à ma sœur :
— Non, Alexandre est souffrant, il n'a pas pu nous honorer de sa présence mais il m'a demandé que vous l'excusiez de son absence.
— Oh comme c'est malheureux, j'aurais tant aimé le revoir, cela doit faire plus de quinze que je ne l'ai pas vu, renchérit Mère.
Alexandre de Clavy est l'aîné des deux frères. Je ne l'ai jamais vraiment connu. Il est vrai que je jouais avec Arthur étant petite mais étant plus âgé que moi de dix ans, Alexandre était déjà adolescent.
***
Après ce diner qui fût assez long et le regard lubrique d'Arthur sur moi pendant la quasi-totalité du repas, la famille Clavy nous emmène dans son petit salon avec ses moulures dorées et ses fauteuils de style Louis XVI. Chacun s'assoit sur un fauteuil et les conversations recommencent. Je ne mêle pas à leurs conversations, parler de frivolités et des derniers potins des alentours ne m'intéressent. Voyant que personne ne me prête vraiment attention, je décide de me lever et de quitter le salon.
Je passe par un long couloir où sont affichés au mur des tableaux des ancêtres de la famille et ouvre une porte qui me mène tout droit vers le jardin de la maison. Je descends quelques marches et me voilà les pieds dans l'herbe.
Je continue de marcher dans le jardin, éclairée par la faible lumière de la lune. Je contourne la bâtisse et aperçois au loin une maison plus petite mais semblable tout de même à celle principale. Je m'approche de cette bâtisse et suis surprise de voir de la lumière à travers l'une des fenêtres de la maison. Attirée par cette lumière, je décide de me rapprocher de cette maison afin de voir qui se cache dans cette maison excentrée.
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