chapitre 6 ✔️

La journée s'annonce radieuse aujourd'hui.
Le soleil est déjà levé quand je sors de mon lit.
Maman n'est pas là aujourd'hui, elle doit encore régler quelques détails pour mes funérailles. Ça fait bizarre d'assister à la préparation des ses propres funérailles, mais bon, il le faut bien.
Mon programme du jour et aussi beau que cette belle matinée.
Mais j'aimerais la passer avec Henry si possible, je crois que je deviens accro à ce gars.
Je prends mon téléphone, puis l'appelle.

- salut Henry, comment vas-tu ?

- salut Joanna, je vais bien, quoi de neuf ?

- tu as quelque chose de prévu aujourd'hui ?

- passer la journée à jouer à des jeux vidéo, pourquoi ?

- j'aimerais aller à la plage, mais je n'y suis jamais allée, j'aurais voulu que tu m'accompagnes

- la plage ?

- mais tu n'es pas obligé, c'est juste que j'avais quelque chose d'important à te dire

- non, c'est pas que je ne veux pas y aller, mais vu que tu as quelque chose d'important à me dire, je vais annuler ma journée

- merci beaucoup

- pas de souci, je passe te chercher dans 1 heure

- à plus

Durant l'heure avant l'arrivée d'Henry, je m'habille et prépare un pic nique.
Puis comme prévu Henry vient me chercher dans sa voiture.

- merci d'être venu, malgré ta journée relaxe

- ça me fait plaisir, ça fait un bail que je ne suis pas venu ici

- moi c'est ma première fois, je suis toute excitée

- c'est bizarre qu'il y ait tant de choses que tu n'as pas encore faites

- je sais, c'est la raison pour laquelle je voulais te parler aujourd'hui, mais plus tard, je veux profiter du soleil

Nous nous prélassons sur le sable, quand soudain un ballon atterrit sur mon visage.
Je touche mon nez et vois du sang qui en coule.

- Joanna, tout va bien ?

Henry a l'air paniqué, mais c'est après un petit moment que je comprends ce qu'il vient de se passer.
Dans les minutes qui suivent, un groupe de 4 personnes se trouvent au dessus de moi.

- qu'est-ce qui vient de se passer ?

- on est vraiment désolé, c'est notre ballon qui t'a atterri dessus

- c'est pas grave, j'ai une trousse de secours dans mon sac

Je fouille dans mon sac et sors la trousse de premiers secours.
À force de regarder les infirmières le faire pendant des années, je crois qu'on peut dire que je suis une pro du bandage.

- vous voulez jouer avec nous ?

- vous jouez à quoi, demandé-je en rangeant la trousse dans mon sac

- au beach-volley

- c'est quoi le beach-volley ?

- tu ne connais pas ? Viens on va t'apprendre

Ils me tirent vers le terrain avant que je n'aies le temps de comprendre ce qui se passe.
Henry aussi est là, nous devons jouer à 3 contre 3 avec l'équipe de Henry.
Je ne sais pas pourquoi, mais c'est maintenant que je remarque le corps assez musclé d'Henry, il doit passer beaucoup de temps en salle ou c'est tout simplement naturel.
Je sens une émotion me submerger, je sens qu'il fait un peu plus chaud.

- tout va bien Joanna ? S'inquiète Henry

- Ouais, juste un coup de chaud

- pense à boire de l'eau

- Merci

Après m'avoir expliqué les règles du jeu, nous nous mettons à jouer.
Je suis plus nulle que je ne l'aurais cru, je n'arrête pas de bouffer du sable à chaque minute et Henry a mal à la gorge à force de rire autant.

- arrêtez de vous moquer de moi

- on dirait que tu as deux pieds gauche

Enfin de compte, c'est l'équipe d'Henry qui remporte le match.
Le temps passe plus vite que je ne l'aurais cru, les autres nous disent au revoir.
Le soleil commence à se coucher et je ne peux pas m'empêcher d'être émerveillée par ce beau spectacle.

- tu veux qu'on aille sur la falaise, la vue y est plus belle

- avec plaisir

Nous commençons notre ascension jusqu'à la falaise et là je reste sans voix.

- merci pour cette journée, j'ai passé un super moment

- moi aussi, je n'aurai jamais cru voir quelqu'un aussi nulle au beach-volley

- c'était pas ma faute, il y avait trop de sable

- la bonne excuse, mais je me suis quand même amusé

Je sais que c'est le moment parfait pour lui parler de ma maladie, mais je sais pas ce qu'il va en penser.

- venons-en à ce que je voulais te dire

- vas-y

- tu vas peut-être m'éviter quand je te dirais ce qu'il m'arrive, tu es sûr que tu veux tout entendre ?

- j'espère juste que tu ne va pas me demander de t'aider à cacher un corps, je suis pas très doué pour ce genre de chose

- bien sûr que non, même si c'est pas trop loin de ce que je vais te dire

- ne t'inquiète, je vais pas prendre mes jambes à mon cou

- quand je suis venue au monde, j'étais atteinte d'une tumeur assez étrange. Les médecins étaient indécis sur ce que j'avais, mais ils étaient sûrs d'une chose, plus le temps passait, plus mon système immunitaire se retournait contre moi. Ils estimaient ma durée de vie à 5 ans, mais comme si le ciel voulait encore que je reste, je suis toujours en vie. Mon père lui a pris ses jambes à son cou, il trouvait que c'était une trop grande responsabilité pour lui, alors c'est ma mère qui s'est occupé de moi. Toute ma vie s'est limitée à l'hôpital et la maison. Mais il y a quelques jours les médecins ont fait des examens et les résultats sont unanimes. Mon corps ne semble plus vouloir fonctionner, c'est comme s'il va s'autodétruire dans 8 jours. Je suis désolée que tu l'apprennes maintenant, il ne me restait plus que 14 jours quand je t'ai rencontré. J'ai fais une liste de choses que j'aimerais faire et que je n'ai pas pu faire depuis le début, à partir d'aujourd'hui il ne me reste plus que 8 jours à vivre.

Après ma déclaration, il n'y a rien d'autre que le bruit des vague qui vont et viennent sous le pied de la falaise.
Ça commence à devenir un peu gênant et je ne sais pas quoi dire.

- tu m'en veux ?

- je sais pas quoi penser de tout cela, on devrait rentrer.

Il commence à descendre la falaise et je le rejoins en courant presque, c'est fou comme il a de longues jambes.
Le trajet de retour est long et silencieux.
Je regarde l'heure et vois qu'il est 19 h 04, il est l'heure de prendre mes injections, je ne peux pas aller dans les toilettes vu que je suis dans la même voiture que lui, mais vu qu'il est au courant de tout et qu'il me fait la tête, ça peut aller.

Je sors mes piqûres de mon sac et commence à m'injecter les doses.
Henry me lance des regardes durant tout le processus, mais ne dit rien.
Arrivés devant chez moi, je ne sais vraiment pas quoi dire, je n'ai pas envie qu'on se laisse sur cette mauvaise fin.

- tu me fais la tête ?

- non

- alors, qu'est-ce qu'il te prend tout d'un coup. Si tu as de la pitié pour moi, ça n'en vaut vraiment pas la peine, j'ai accepté mon sort dès l'instant où je l'ai su, j'ai pas besoin de la pitié de qui que ce soit. Je voulais juste que tu ne m'en veuilles pas si un jour tu venais chez moi et qu'on te disait que je suis morte

- bonne nuit Joanna

Il me tourne le dos et je descends furieuse de la voiture.
J'entre en trombe dans la maison et jette mon panier par terre.
Maman qui était dans la cuisine court pour voir si tout va bien.

- qu'est-ce qu'il y a ma chérie ?

- c'est Henry, il m'en veut parce que je vais mourir, c'est pas de ma faute si je dois mourir ! Pourquoi a-t-il fallu que je le rencontre maintenant ?!

Je ne peux pas retenir les larmes qui commencent à couler le long de mes joues.
Maman me serre dans ses bras en me caressant doucement la tête.

- je suis tellement désolée

- c'est pas de ma faute si je dois mourir, j'aurais aimé faire tellement de choses dans ma vie, avoir un mari des enfants, une vie que certains ont et ne s'en rendent même pas compte. Ils sont trop occupés à se chamailler ou à courir entre le travail et la maison, sans jamais avoir le temps de profiter des choses simples de la vie. Il y a des personnes qui ne sauront jamais que même vivre dans la rue est une chance. Car il y a des personnes qui sont dans des morgues et eux n'ont plus la chance de faire ce qu'ils font... Maman, je sais plus ce que je raconte, je veux juste m'endormir et oublier tout ceci

- allez viens, je te conduis à ta chambre

Avec l'aide de Maman, j'arrive dans ma chambre, mais il me faut un bain avant de dormir, je dois enlever tout ce sel.
Après cela, je m'endors, avec l'espérance que tout ceci n'est qu'un horrible cauchemar.

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