Le bruit insupportable du réveil vient me tirer de mon doux sommeil.
Je suis tellement contente aujourd'hui, que ça ne me dérange pas du tout.
Je me change, attrape ma liste, puis rejoins Maman dans la salle à manger.

— bonjour Maman !

Maman est vraiment la meilleure, elle a tellement investi pour ma santé.
À la naissance, j'étais déjà atteinte de cette maladie incurable
Mon père lui a pris ses jambes à son cou.
Je me souviens des paroles que maman a prononcées un jour sans savoir que j'étais là « à quoi bon prendre soin d'une chose qui ne tiendra pas plus de 5 ans »
Maman et lui ce sont quittés sur ses derniers mots.
Je lui en veux énormément d'avoir abandonné Maman dans cette situation difficile, il nous a lâchement abandonnées.
Maman a dû se donner corps et âme dans son travail pour pouvoir subvenir à mes dépenses médicales
On peut même dire que je vis comme une princesse mais c'est en partie grâce à ça que Maman est devenu aussi protectrice envers moi, comment lui en vouloir ?
Ce que je sais de la vie de mon père, c'est qu'il est devenu PDG d'une entreprise et qu'il s'est marié et a deux enfants.

— waouh, je ne t'ai jamais vue aussi rayonnante, tu es magnifique

— tu sais ce qu'on dit, telle mère telle fille

— j'ai vraiment passé l'âge de penser à ce genre de chose

— n'importe quoi, tu est encore dans la trentaine

— oublie ça, mange avant que ça ne refroidisse

C'est avec le sourire aux lèvres, que je mange le petit-déjeuner que m'a soigneusement préparé Maman.
Ça change vraiment de la nourriture sans goût de l'hôpital.

— tu sais que ta fugue va me créer des problèmes ?

— je sais... Désolée

— rien que de voir ce magnifique sourire sur tes lèvres me fait tenir le coup, je suis prête à affronter la colère du Dr Stone

— il doit être dans tous ses états

— c'est vrai, il n'arrête pas de m'appeler depuis ce matin... Bref, c'est quoi la première chose sur ta liste ?

— ça va te sembler banal, mais j'aimerais pour commencer, faire une longue balade, puis aller dans ce café qui sert de délicieux gâteaux, j'en rêve depuis des années

— ah oui, Mille délices, tu vas adorer

— j'en ai tellement entendu parler... Bon j'y vais, dis au Dr Stone que je suis vraiment navrée, je l'aime bien tu sais, il a toujours été gentil avec moi

— ne t'inquiète pas pour ça, je suis sûr qu'il comprendra la situation... tu as pris tes injections de 19 h

— Ouais, à plus !

— bonne journée et fais attention

Avant de sortir de la maison, je me regarde une dernière fois dans le miroir qui se trouve dans l'entrée.
Mes cheveux bruns coiffés en queue de cheval laissent voir mon visage.
La couleur vert olive de mes yeux est terne et ma peau est toute pâle.
Ma robe jaune fleurie marque bien ma taille, et mes baskets blanches viennent parfaire mon look, on m'a toujours dit que je ressemblais comme deux gouttes d'eau à ma mère, je suis heureuse de savoir que je n'ai aucun trait de cet homme qui se disait être mon père.
Je me souris une dernière fois, puis je sors de la maison en direction de nulle part, mais peu importe, je sais que je vais apprécier la balade, de plus, je ne connais la ville que par des photos.

J'ai toujours voulu connaître cette sensation de liberté, de faire ce que je veux, de sortir avec des amis comme les jeunes de mon âge.
Mais je sais que je n'ai jamais été comme les gens de mon âge.
Je n'ai jamais eu d'amis, à part ceux que j'ai rencontré lors de mes séjours à l'hôpital.
Je n'ai jamais eu le droit de sortir, pas plus loin que le jardin.
Je n'ai jamais connu la joie d'aller à l'école, Maman me faisait cours à domicile, elle m'a appris les bases.

Après des heures de marche, à admirer tout ce que je trouve sur mon chemin, je finis par faire une pause dans un parc.
Ça fait du bien de faire une pause de temps à autre, faire ces choses simples de la vie.
Je regarde des enfants jouer sous ce magnifique soleil d'été.

Je crois que je me suis endormie, le soleil est presque couché quand je me réveille.
Je dois me dépêcher de trouver ce café avant qu'il ne fasse nuit noire.
Je demande mon chemin à plusieurs personnes.
Mais j'y suis enfin.

Je commande un cappuccino et une part de gâteau au chocolat.
La décoration du café est tout simplement charmante, ça donne l'impression d'être à la maison.
Je regarde par la fenêtre et vois des personnes qui se pressent de rentrer, la vie est tellement courte quand on y pense.
Il est 18 h 50, dans 10 minutes il sera temps de faire mon injection quotidienne.

Je suis tellement perdue dans mes pensées que je ne vois pas qu'il y a quelqu'un qui vient de s'asseoir sur la chaise en face de moi.
C'est un garçon qui a à peu près le même âge que moi.
Il affiche un sourire en me regardant, ce qui met en évidence ses fossettes, il a les cheveux châtains et des yeux marron clair, il a un style assez cool décontracté, je me demande ce qu'il fiche là, il y a encore des places libres.
Je suis pas trop habituée à faire la conversation, donc je ne sais pas vraiment quoi dire.

— salut, je peux m'asseoir, c'est toujours ici que je m'assois quand je viens

— salut, vu que tu es déjà assis, je vais pas te demander de changer de place

Lui aussi a commandé une part de gâteau au chocolat.
Il me lance des regards interrogateurs, et je sais pas vraiment quoi en penser.

— tu veux me demander quelque chose ?

— désolé, c'est juste que tu m'as l'air un peu tendue

— à bon ? C'est la première fois que venir ici

— tu es nouvelle ? Ou tu es là pour les vacances ?

— non, c'est juste que je n'ai pas eu le temps de venir

— moi c'est Henry

— enchantée, moi c'est... Joanna

Je regarde ma montre et vois qu'il est 19 h, je me retire dans les toilettes pour faire mon injection.
Après cela je reviens et trouve Henry encore à table.

— bon, c'était sympa de te parler, mais je crois qu'il est temps pour moi de rentrer

— on fait un bout du chemin ensemble si tu veux ?

— ça me va

Nous marchons ensemble, l'air est un peu frais pour moi et j'ai les épaules qui tremblent.
J'ai pensé à tout sauf à une veste.

— j'aurais aimé te donner ma veste, mais je n'en ai pas

— merci quand même

— je peux te prendre par les épaules si tu veux

Je le regarde avec un air perplexe.

— ça peut paraître bizarre pour quelqu'un que tu viens de rencontrer, ou peut-être que ton petit ami est du genre jaloux

— mon quoi ?

— petit ami, ou tu n'en as pas ?

— bien sûr que non, qui voudrait d'une fille qui a un pied dans la tombe, dis-je d'une voix inaudible

— tu peux répéter, je n'ai pas bien entendu

— non laisse tomber, j'étais juste dans mes pensées

Nous marchons pendant plus de 30 min avant d'arriver devant ma maison.
C'est là que je remarque que Henry et moi sommes toujours ensemble.

— tu habites dans ce quartier ?

— en fait...

Il regarde ailleurs d'un air gêné, ses joues prennent une teinte rosée que je peux apercevoir malgré le noir.

— crache le morceau

— on devait se séparer depuis notre sortie du café, mais j'ai voulu te tenir compagnie c'est tout

— vraiment, je sais pas quoi dire, c'est vraiment gentil de ta part

— tout le plaisir était pour moi

— au revoir Henry, merci pour tout

Je me dirige rapidement vers le portail, je me retourne une dernière fois pour voir s'il est toujours là, et je le trouve en train de me regarder.
Je lui souris avant de rentrer, c'est sûrement la première et la dernière fois que je parle à un mec aussi canon, c'est pas bon pour mon corps.

Je trouve Maman endormie devant la télé, elle est tellement mignonne, elle mérite tellement mieux qu'une fille malade.
Je prends une couverture dans sa chambre pour la lui mettre, je n'aimerais pas quelle attrape froid.
Après l'avoir embrassée sur le front, je monte à ma chambre.

J'ai passé une superbe journée, demain est un nouveau jour.
Plus que 14 jours.

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Salut, juste pour avoir vos conseils sur ce chapitre 2.