«𝐽𝑒 𝑡𝑒 𝑟𝑒𝑡𝑜𝑢𝑟𝑛𝑒 𝑙𝑎 𝑞𝑢𝑒𝑠𝑡𝑖𝑜𝑛»
À raison ou à tort, sur ce deuxième trajet de la soirée, toujours agrippé au corps de son incroyable pilote, Katsuki se sent extraordinairement apaisé, léger comme le vent qui se fend sur leur passage.
Son cœur flotte dans sa poitrine, aussi libre que la myriade de papillons qui colonisent son ventre au même instant.
Les mots d'Izuku un peu plus tôt, s'ils l'ont inquiété et rendu nerveux au premier abord, lui ont surtout permis, finalement, de le cerner un peu mieux.
Bien qu'il ait mis de côté le tact et la délicatesse pour lui reprocher son obsession pour leur différence d'âge, il l'a vu porter de l'attention à ses remarques, et prendre ses volontés en considération.
Il n'avait pas besoin de plus.
Katsuki ne demande aucune promesse, n'impose aucune précipitation et n'exige même pas la garantie, à terme, d'un engagement amoureux.
Il reste conscient de l'éventualité que ça ne fonctionne pas, entre eux.
Rien de prédit que l'attirance qu'ils ressentent aujourd'hui évoluera vers de vrais sentiments profonds et sincères.
Tout ce qu'il attend d'Izuku, c'est qu'il accepte de le voir autrement qu'à travers son âge, et envisage leur relation en mettant les chiffres de côté.
Pour la suite, il sait qu'il ne reste plus qu'à laisser le temps et l'alchimie faire leur travail.
Et ça lui convient comme ça.
Ça lui conviendra aussi longtemps qu'Izuku évoluera sur la même longueur d'onde que lui.
Alors, sur ce second trajet de la soirée, il resserre plus sereinement la prise de ses bras autour de l'abdomen d'Izuku, nouand ses mains contre son nombril tandis que son torse s'appuie sur son dos.
La nuit désormais tombée, le phare de la deux roues tranche l'obscurité à son passage, tandis que le rugissement du moteur agite le paysage endormi.
À la lumière de quelques réverbères alors qu'ils traversent la ville de leur destination, Katsuki distingue les maisons silencieuses et les rares enseignes encore éclairées le long des trottoirs en même temps qu'il sourit derrière sa visière, la poitrine pétillant du plaisir de se sentir aussi proche d'Izuku.
Enfin, atteignant l'entrée d'une petite maison parmi les autres, Izuku franchit la limite sans portail de la propriété, avant d'arrêter sa moto juste devant la porte d'un garage fermé.
Ici, Izuku l'invite à descendre et, en relevant la visière, lui tend un petit trousseau de clés, désignant l'une d'entre elle entre ses doigts.
_ Tu veux bien ouvrir pour moi s'il te plaît ?
Levant à son tour sa visière, Katsuki acquiesce avant de s'avancer à la lumière du phare central.
Puis, se penchant pour apercevoir la petite serrure sous la poignée noire de la porte sectionnelle, il déverrouille le passage.
Enfin, levant les bras pour accompagner le mouvement de l'ouverture, il s'écarte du chemin pour laisser passer la moto, qu'Izuku vient garer dans la pièce sobre, à côté d'une simple citadine grise qui semble voir le jour bien moins souvent que la deux roues.
Puis, alors qu'il coupe le moteur, le silence soudain résonne entre les épais murs de briques.
Dans le calme, Izuku cale son véhicule sur la béquille centrale avant de retirer totalement son casque et ses gants, attendant que Katsuki en fasse de même pour ranger l'ensemble des équipements dans l'unique meuble des lieux.
Et, une fois la lumière du phare disparue, ils ne leur reste plus qu'une quasi obscurité pour s'orienter jusqu'à la sortie du garage.
S'aidant alors du flash de son téléphone pour ne pas s'entraver dans quelque obstacle, Katsuki se laisse guider jusqu'à la porte d'entrée de la petite maison au crépis clair.
Une habitation relativement simple en soi, qui a toute fois la chance de ne pas être mitoyenne, se dessinant sur un seul niveau et entourée d'un terrain néanmoins sans délimitation.
Passant la clé dans la serrure, Izuku lui ouvre son intimité avant d'allumer la lumière en pressant le premier interrupteur venu.
_ Ne fais pas trop attention, s'excuse Izuku dans un rire gêné. Hanta et Eijiro sont passés hier soir, et j'ai pas eu le courage de ranger quand ils sont partis à une heure et demi.
Le visage marqué d'un frêle sourire moqueur, Katsuki dévisage la pièce principale un tantinet en désordre, décorée de boîtes de pizzas, de bouteilles de bière et d'un peu de vaisselle sale.
Gêné, Izuku passe une main dans ses cheveux avant de s'atteler rapidement à ranger la table du salon pour faire place nette.
Et, profitant de ce moment de creux, l'invité prend le temps d'observer les lieux.
A quelques pas de la grande table, une cuisine ouverte délimitée par un comptoir fixé au mur révèle un large plan de travail et du mobilier encastré.
À l'opposée, de l'autre côté de cette même table, un espace de vie jouit d'un grand canapé noir à méridienne, en face d'une télévision, elle même posée sur un meuble plus décoratif que pratique.
Le tout, éclairé en journée par deux belles fenêtres et une baie vitrée, ressemble à un joli cocon accueillant.
En face de lui, Katsuki jette un œil au couloir, y devinant la présence de quatre pièces supplémentaires.
_ Je suis là. revient Izuku après avoir fini son petit rangement. Est-ce que tu veux boire quelque chose ?
_ Juste un verre d'eau.
Puis, curieux et en confiance, Katsuki se déplace calmement dans la pièce pendant qu'Izuku repart vers la cuisine.
Quelque peu fatigué par leur soirée malgré tout, il vient prendre place sans gêne sur la méridienne du canapé, étendant ses jambes devant lui et son bras sur l'accoudoir.
Un sourire nait sur son visage quand il porte son regard sur le bracelet à son poignet, celui qu'Izuku lui a offert un peu plus tôt, et dont la simple présence suffit à faire battre son cœur un peu plus fort dans sa poitrine.
Jamais il ne s'est senti à ce point touché par un bijou, mais celui ci ..
Le regarder suffit à relancer les sensations sur sa peau quand celle d'Izuku le frôlait, la vibration intense de la petite bulle éclatant dans son estomac, cette chaleur grisante dévorant son corps à mesure que le parfum d'Izuku envahissait son esprit.
Le simple fait de le savoir là, noué à son poignet, suffit à générer de nouveaux frissons le long de son dos et de sa nuque.
Au retour d'Izuku, déposant le grand verre d'eau sur la table basse, celui ci s'installe à son tour sur l'autre pan du canapé, étalant aussi ses jambes tout en maintenant son dos contre l'accoudoir.
Ainsi, à la fois éloignés et côte à côte, ils s'observent mutuellement une petite seconde, jusqu'à ce qu'un sourire nerveux fende le visage de Katsuki, qui détourne alors le regard en premier.
Fixant désormais la télévision éteinte, il attend que son hôte brise le silence pour adoucir l'atmosphère.
_ Maintenant que j'y pense, lance ainsi Izuku, Denki a déjà parlé quelques fois de ses amis quand il s'incrustait en soirée chez Eiji, et il me semble avoir déjà entendu ton nom deux ou trois fois avant qu'on se rencontre.
_ Et qu'est ce qu'il disait comme conneries ? se crispe Katsuki, tournant à nouveau son attention vers lui.
_ Comme conneries ? De mémoire, il n'a jamais rien dit de mauvais. Il racontait juste ce que vous faisiez ensemble entre les cours, des trucs du genre ..
_ Il vous a pas dit que j'étais un con ?
_ Pourquoi veux-tu qu'il ait dit ça ?
Haussant une épaule, Katsuki grimace légèrement pour lui même, songeant qu'il doit pourtant s'agir du premier adjectif pour le qualifier.
_ Parce que c'est vrai ?
_ Ah bon ? T'es sûr de toi ?
_ Ils disent tout le temps que je fais la gueule et que je passe mon temps à râler.
_ Ah ? Visiblement ça les empêche pas de t'apprécier, puisqu'ils sont toujours avec toi.
_ Bah je sais pas comment ils font. À leur place, je me supporterai pas..
Surpris par sa réplique, Izuku laisse échapper un rire fin d'entre ses lèvres, avant de rectifier sa posture pour trouver une position plus confortable.
_ C'est ta personnalité, et ils l'acceptent parce qu'ils t'apprécient comme tu es. C'est le principe d'une amitié.
_ Mouais ..
_ Tu n'avais pas d'autres amis avant d'arriver à Yuei ?
_ Pas vraiment, soupire Katsuki. Les gens ont souvent tendance à me saouler, j'aime pas qu'on me colle, qu'on me questionne, alors forcément après plus personne essaie de me parler.
_ Sauf eux, on dirait ?
Pensif, Katsuki peine à retenir le sourire en coin qui se dessine à la commissure de ses lèvres, repensant malgré lui à la manière dont il s'est fait embarquer dans ce petit groupe de bras cassés.
_ Faut croire. Ou alors c'est parce qu'ils sont tous un peu bizarres aussi .. on doit se compléter ou une connerie du genre.
_ Je crois qu'on est tous un peu bizarres à notre manière.
_ Je trouve pas que tu sois bizarre. affirme Katsuki en arquant un sourcil.
_ Oh ? Pourtant tu me laisses m'approcher de toi ?
Soudain gêné, pris à son propre piège, Katsuki détourne le visage pour ne pas se faire surprendre en train de rougir, contractant en même temps ses épaules comme un réflexe de défense.
C'est vrai qu'il le laisse faire, et même carrément que c'est lui qui le cherche ..
Mais avec lui, tout est si différent ...
_ Je collectionne les bouchons de stylos. reprend Izuku comme pour s'expliquer. Dans mon bureau au travail j'en ai tout un tiroir rempli, pour la plupart je les ai même volés à des collègues. Et mes trombones sont rangés en chaîne géante. Pourtant je suis bordélique dans l'âme, j'en fous partout tout le temps.
_ Les bouchons de stylos ? ricane Katsuki en plissant le front. Mais pourquoi faire ?
_ Va savoir ! Si ça se trouve je leur trouverai une utilité un jour.
Amusé, Katsuki s'imagine le bureau d'Izuku rempli de bouchons de stylos jusqu'en haut des fenêtres, à n'en plus pouvoir ouvrir la porte, et l'idée le fait rire autant que cette étrange collection l'intrigue.
_ Dans ma chambre, tout est rangé au millimètre près. retoque t-il alors. Je ne supporte pas que quoi que ce soit dépasse.
_ Oh, maniaque ? Tu risques de te sentir dépaysé si tu reviens ici. J'ai fait l'effort de ranger hier quand les garçons sont arrivés, mais en temps normal, cet appartement ressemble davantage à un poulailler.
_ Je t'imaginais pas bordélique.
_ Je ne t'imaginais pas maniaque non plus. lui sourit Izuku en fixant son regard dans le sien.
_ Parce que je suis jeune ? interroge Katsuki comme une accusation.
_ Je te retourne la question.
D'abord pris de court, il lui faut quelques secondes pour comprendre où il veut en venir.
Et finalement, il n'a pas vraiment tort.
Katsuki aussi s'était fait une certaine vision de lui basée sur l'image qu'il a des "adultes" accomplis.
Ordonnés, tout le temps sérieux et bien organisés dans leur quotidien.
En définitive, lui aussi se bourre de préjugés sans même s'en rendre compte.
_ Joker. tranche t-il après un instant de réflexion.
Semblant se moquer gentiment, Izuku ricane de l'expression bredouille sur son visage, avant de s'affaler un peu plus dans son assise.
_ Quand mon père est parti, il fallait faire attention à tout. La nourriture, l'argent, les vêtements, ne jamais rien gaspiller ni abîmer, parce qu'on ne pouvait rien racheter. Alors quand j'ai trouvé une situation plus confortable qui me permettait de ne plus être sans cesse sur le qui vive de tout, je crois que je me suis un peu trop relâché.
C'est vrai aussi, Katsuki peine à s'imaginer un Izuku enfant, voire même adolescent, encore plus avec la description qu'il fait de lui même.
Cet homme a t'il vraiment, à un moment dans sa vie, était le gamin timide et débraillé que l'on fuyait dans la cours de récréation ?
Réellement ?
_ Ranger ma chambre jusqu'à la perfection était mon moyen à moi de m'échapper quand ma mère avait trop bu. Je m'enfermais dedans pour ne pas la voir dans cet état, et j'ai trouvé que ça pour occuper mon esprit. Et c'est resté dans mes habitudes même après son sevrage.
_ Toutes nos facettes et nos obsessions proviennent systématiquement de l'enfance qu'on a vécu .. confirme Izuku en soupirant. Et c'est très difficile à rattraper à partir de l'adolescence. C'est pour ça qu'il me tient à cœur de permettre à des enfants de s'en sortir avant qu'il ne soit trop tard.
_ Tu dois voir des trucs horribles des fois, non ?
Hochant simplement la tête, semblant rebuté à l'idée de développer le sujet, Izuku se contente de se taire pendant quelques secondes, laissant à Katsuki tout le loisir de l'observer sous cet angle là.
Quasiment allongé, la tête sur trois coussins et le corps étendu legerement sur son flanc, cette position fait ressortir la courbe de ses hanches et les contours de ses cuisses dans son pantalon.
Avec une vue pareille, il pourrait bien se retrouver hypnotisé à tout jamais, les yeux bloqués dans cette direction et la bouche entrouverte.
Mais surtout, la fatigue de cette soirée lui tombe dessus comme une enclume, tandis qu'il s'affaisse davantage contre le dossier du canapé.
S'installant le plus confortablement possible, il se sent papillonner des cils en même temps que sa vision devient inexorablement de plus en plus floue.
_ Je te laisse m'approcher parce que c'est différent avec toi, souffle t-il tout en se sentant sombrer sans pouvoir se retenir. Je suis attiré vers toi, tu me fais agir encore plus bizarrement que d'habitude.
Sans qu'il ne le voit vraiment, Izuku lutte pour ne pas céder au poid de ses paupières lui aussi, gigotant imperceptiblement ses chevilles comme pour se donner de la force.
_ Je suis soulagée d'entendre ça .. ça veut dire que je ne suis pas le seul à être déboussolé dans cette histoire. parvient-il à lui répondre.
Écrasé par la lourdeur de ses muscles qui se détendent un à un contre son gré, Katsuki sourit tandis que son estomac se rempli d'un bourdonnement semblable à l'agitation d'un millier d'abeilles autour de leur ruche.
Les mots à moitié ensomeillés d'Izuku résonnent dans ses tympans, se répétant à l'image d'une bénédiction divine, terminant de bercer son corps et son esprit.
Enveloppé dans ce cocon agréable, il ne se sent pas partir, et pourtant, il s'endort comme une masse, plongeant dans un rêve profond et délicat dont il ne se souviendra peut être pas.
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Un sursaut le réveille subitement, comme un rappel d'urgence de son corps lui signifiant qu'il ne devrait pas se trouver endormi ici et maintenant.
Vaseux et les yeux encore piquants, il fouille sa poche en panique pour en sortir son téléphone, allumant l'écran de ce dernier pour constater qu'il affiche désormais cinq heure trente cinq du matin.
Portant son poing fermé à sa bouche en pensant à la soufflante que sa mère va lui passer, il se redresse pour détailler la pièce.
Sous la lumière qui est restée allumée, il trouve son hôte, confortablement en train de rêver à l'autre bout du canapé.
Les cheveux un peu en pagaille, les bras croisés sous la pile de coussin, Izuku dort comme un véritable ange, et l'apaisement qui se lit sur ses joues détendues fait oublier à Katsuki les conséquences qui, pourtant, ne tarderont pas à lui tomber dessus.
Ils sont tombés comme deux mouches hier soir, et même s'il s'agissait d'un accident, se trouver dans cette situation avec lui le grise sévèrement.
Néanmoins, ce qui le travaille le plus actuellement, c'est une terrible envie de pisser qui lui tire sur l'abdomen.
Alors, doucement pour ne pas réveiller le dormeur, il s'échappe du canapé et entreprend de partir à la découverte du couloir pour y dénicher les toilettes.
Ouvrant une première porte, qui se trouve être davantage un bureau-cellier-fourre tout, il trouve la bonne pièce à la deuxième tentative.
Encore une minute de plus et sa vessie aurait imposée...
Puis, quand il quitte la pièce, soucieux de ne pas faire trop de bruit, il se stoppe néanmoins dans ses pas en gagnant à nouveau le salon.
Sur le canapé, Izuku semble s'être réveillé à son tour, assis et le visage planté dans ses mains, il se frotte vigoureusement les yeux comme s'il venait de dormir pendant six mois.
Ses cheveux longs et complètement défaits par sa nuit retombent sur ses doigts en son front en même temps qu'il baille de tout son être.
_ Je suis désolé, lance t-il en premier en retirant ses mains de son visage. Tu ne vas pas avoir de problèmes avec tes parents ?
Souriant devant cette scène un peu trop adorable pour lui, Katsuki prend une large inspiration avant de grimacer.
_ Je pense que ma mère va me faire une esclandre, j'aurai de la chance si je finis pas au cachot jusqu'à lundi matin. Mais c'est pas grave. Moi aussi je me suis endormi.
Enfin, s'étirant en long et en large, Izuku trouve la force de se relever pour marcher jusqu'à son frigo.
En sortant une bouteille de jus de fruit, il le secoue dans sa main pour interpeller Katsuki.
_ Tu veux manger quelque chose avant de partir ?
_ Hmm.. j'ai super faim ouais !
_ Installe toi. l'invite t-il alors en ouvrant tous ses placards, dévoilant de quoi nourrir trois familles nombreuses rien qu'avec ses réserves dédiées au petit déjeuner. Ça t'embête si je te ramène en voiture ? Je suis dans le brouillard, c'est pas prudent de prendre la moto comme ça.
_ Non non. assure Katsuki, qui désormais bave autant sur la silhouette de son hôte que sur la nourriture qu'il étale sur la table.
Il risque d'avoir du mal à calmer la furie de sa mère à son retour, mais s'il s'agit du prix à payer pour prendre un petit déjeuner avec un Izuku à moitié endormi, alors il veut bien se sacrifier, et plutôt deux fois qu'une.
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Hey !
Ça y est, l'épisode sortie du vendredi soir est terminé !
Mais pour l'histoire, il reste encore plein de choses à venir 😁
J'espère que ce chapitre vous a plu, et en attendant le prochain, des bisous bisous 😘
Prenez soin de vous ❤️🦩
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