Chap 91: pdv Aaron (présent)

   Le lendemain, j'étais retourné à l'école sans savoir ce qu'il allait m'arriver. Je n'avais rien expliqué à mes parents, mais je devinai d'avance que ce n'était qu'une question d'heures, bientôt je serais confronter à mes agissements.

Quelqu'un viendrait me voir pour comprendre pourquoi j'avais détruit cette supérette. Je devrais m'expliquer. Je devrais mettre des mots sur cette folie qui s'emparait de moi.

Ce matin, je venais de décider que je dirais la vérité. Je déballerais tout, même ce que mes parents cherchaient à tout prix à cacher. Je serais honnête et juste. Je demanderais pardon pour mes erreurs.

En silence, j'avais bu un chocolat chaud et mangé un croissant, mon petit déjeuner préféré. Je m'étais fait plaisir, car avec étonnement, j'avais l'impression que ce serait le dernier petit déjeuner que je pourrais prendre en toute tranquillité. J'avais fixé le visage de mes parents dans mon esprit, comme si c'était la dernière fois que je les verrais.

En mangeant mon croissant, j'eus une pensée pour les ordonnances planquées dans mes bouquins.

Je repensai au premier jour où j'avais vu Auréa. Je revis cette malice qui brillait dans ses yeux et cela me bouleversa. Même si elle m'avait balancé hier aux policiers, cela m'était égal ? Je ne pourrais jamais lui en vouloir. Je l'aimais de tout mon cœur.

Que ferais-je sans elle ? Avais-je tout gâché ? Je me demandai pourquoi cette fille m'avait autant changé ?

Pourquoi elle et pas une autre ?

Je m'étais aussi rappelé ce premier jour où nous avions traversé la cour de l'école côte à côte. Cela avait été magique. J'aurais tout donné pour revenir en arrière.

Sous la pluie, fièrement à ses côtés.

À mon arrivée à l'école, je me rendis à mon casier sans croiser aucun de mes amis. Je cherchai du regard Auréa ou Son Goku, mais ils n'étaient pas encore arrivés.

Je me sentis brusquement très seul. Quelque chose de grave s'était passé hier et c'était comme si je l'avais rêvé. Personne n'avait l'air au courant.

Était-ce un cauchemar ou la réalité ?

Soudain, Capucine apparut à quelques mètres de moi. Elle me fixa mal à l'aise, certainement perturbée par notre aventure d'hier. Son regard inquiet me remit les pieds sur terre.

Ce n'était définitivement pas un cauchemar, la réalité venait de me rattraper avec violence.

J'avais bien saccagé un magasin et la peur dans les yeux de Capucine confirmait que je n'avais pas cassé que ça, même les amitiés qui comptaient le plus pour moi venaient peut-être de se briser.

Finalement, elle s'approcha de moi timidement :

-Tu crois qu'on va avoir des problèmes ? demanda-t-elle soucieuse.

-Je ne sais pas. Moi, je vais sûrement en avoir.

-Mais qu'est-ce qui t'a pris ?

-J'étais en colère contre ce type, mais je vais aller m'excuser. Je vais tout arranger.

-Tu dois arrêter de réagir comme ça. Tu dois te faire aider.

-Je sais.

-Depuis l'histoire de la canne, je croyais que tu avais compris la leçon.

-Je dois rester calme, mais je n'y arrive pas. Je crois que je vais aller me dénoncer à la police après les cours.

-Sibylle avait peut-être raison, tout compte fait, souffla Capucine.

Ces mots électrisèrent mon corps. Que venait faire Sybille dans cette histoire ?

-De quoi tu parles ? demandai-je aussitôt.

Stupéfaite, Capucine leva les yeux sur moi. Elle venait de lâcher quelque chose qu'elle aurait dû garder pour elle.

-Capucine, de quoi tu parles ? répétai-je, sentant de nouveau la colère monter en moi.

-Ce n'est pas important. Laisse tomber.

-Sibylle a raison sur quoi ? De quoi se mêle-t-elle celle-là ?

Capucine commença à trembler, mais cela ne m'arrêta pas. Je voulais qu'elle lâche le morceau. Je voulais savoir. Le reste m'importait peu.

-Capucine ! répétai-je en posant les mains sur ses épaules. Je la secouai légèrement pour la pousser à avouer son secret. Le stratagème fonctionna.

-Elle a dit à Auréa de se méfier de toi.

-Quoi ? Mais elle est malade, cette fille !

-Je te jure qu'on ne l'a pas crue. C'est une mytho, tout le monde le sait.

-Depuis quand Auréa est amie avec Sibylle ?

-Depuis cette histoire de mots.

Silence.

-Quelle histoire de mots ?

Capucine se figea sur place, se rappelant qu'Auréa lui avait fait promettre de ne rien me raconter, mais il était trop tard.

-Capucine ! De quoi tu parles ? Raconte ! m'exclamai-je sur un ton catégorique.

Quelques élèves nous dévisagèrent, mais cela m'était égal. Tant pis si j'avais l'air du taré de l'école, je voulais désespérément savoir.

Je devais savoir.

-De quoi tu parles ?

-Sibylle mettait des mots dans le casier d'Auréa.

-Quel genre de mots ? Je ne comprends rien à ce que tu racontes.

-C'était des insultes ... je... je ne sais plus trop ... des menaces.

-J'hallucine ! Sybille a osé faire ça à Auréa ? Je vais lui régler son compte à celle-là, hurlai-je en frappant de la main mon casier.

Le bruit me glaça le sang, il me rappela le son qu'avait fait mon ordinateur lorsque je l'avais fracassé sur le sol. Je sus que je perdais les pédales une fois de plus, mais à cet instant, plus rien n'avait d'importance à part Auréa.

Protéger Auréa. Il n'y avait que ça qui comptait. Protéger Auréa.

Pétrifiée sur place, Capucine se mit à sangloter.

-Aaron, promets-moi de ne rien faire ! Aaron ?!

Capucine avait beau crier derrière moi de toutes ses forces, je ne l'écoutais déjà plus.

Je n'avais plus qu'une idée en tête : trouver Sibylle. 

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