Je n'avais pas vu de mes propres yeux les dégâts faits par Aaron dans la supérette. Tout ce que j'avais compris c'était qu'il fallait fuir. Capucine m'avait hurlé de partir le plus vite possible avant l'arrivée de la police.

-Quoi ? La police ? Mais que s'est-il passé ?

Personne ne m'avait répondu, mais j'avais entendu des cris et vu des trucs volés à travers la vitre. Aaron avait fracassé le magasin avec un parapluie.

Effrayés et paniqués, Capucine et Son Goku s'étaient enfuis chacun de leur côté. Aaron aussi était parti sans se préoccuper de mon sort. Il avait saccagé ce magasin pour ensuite s'enfuir comme un voleur.

Étions-nous complices de son comportement ? Allions-nous avoir des problèmes ?

Moi, je restai plantée devant le magasin, toute seule à fixer le bâtiment et à penser à cette stupide rampe d'accès.

Aaron avait voulu me défendre, me protéger, mais avec lui, tout tournait toujours au cauchemar. Je savais qu'il souhaitait bien agir, mais ses choix n'étaient jamais les bons.

Je sursautai lorsque le propriétaire sortit du magasin, encore sous le choc, à la recherche d'un peu d'air frais.

Il frotta son visage tout pâle avec ses deux mains puis tourna sur lui-même. C'est alors qu'il croisa mon regard.

-C'est un vrai malade, ton copain ! dit-il brusquement.

-Je suis désolée, monsieur, vraiment désolée.

-Tu devrais rentrer chez toi.

-Je sais.

Je continuai à le fixer, tristement.

-Et surtout, tu ne devrais plus traîner avec un taré pareil.

J'acquiesçai à contrecoeur:

-Il n'est pas taré, vous savez. 

-Regarde l'état de mon magasin !

-Vous allez porter plainte contre lui ?

-Je ne sais pas ... je devrais ... je vais d'abord rentrer chez moi puis je prendrai une décision.

-Encore désolée, monsieur.

-Au fait ... c'est plutôt moi qui te dois des excuses, lâcha-t-il soudainement.

-Pourquoi ?

-Pour les marches... il a raison sur un point, il devrait y avoir une rampe d'accès. Je suis sincèrement désolé, jeune fille.

Pour toute réponse, je lui souris sombrement.

Le mal était fait.