Je contemplai Auréa qui était restée toute seule sur le trottoir et cette vision me perturba fortement. Je restai prostré face à elle, choqué de la voir malheureuse tout à coup.

-Auréa... je suis désolé ! Je n'ai même pas réalisé que ...

-Laisse tomber, Aaron. C'est pas grave, j'ai l'habitude.

Je perçus un tremblement dans sa voix, comme une cassure, mais le mal était fait. Elle se força à me sourire, mais je savais qu'au fond, elle était blessée d'être restée toute seule dehors. Elle se retenait de fondre en larmes, j'en étais certain. Je connaissais ce regard sombre.

Je restai immobile face à elle, à la regarder sans trouver les mots pour la réconforter. Je n'avais pas su la protéger ni lui épargner cette peine supplémentaire.

Ce type avait tout gâché en quelques instants. Il avait gâché ce moment magique par sa négligence.

-Mais Auréa ... je ...

-Choisissez pour moi. Je vous attends ici. Ce n'est pas grave, je t'assure.

-Non, je reste avec toi.

-Merci Aaron, tu es toujours si gentil avec moi, mais laisse tomber.

Tu es toujours si gentil avec moi.

Ces mots m'électrisèrent. C'était la première fois qu'elle me le disait tout en me regardant droit dans les yeux.

Je fixai mon amie, ressentant sa peine violemment, mais ne pouvant rien y faire. Elle ne pouvait pas être comme n'importe quelle adolescente de seize ans.

C'était injuste.

C'était révoltant.

À cet instant, je sentis la colère monter en moi. Mais il était déjà trop tard. Je le savais qu'il était déjà trop tard.

Je n'arriverais pas à la contrôler, même si je le souhaitais.

Un tourbillon de fureur s'était déjà emparé de moi.