Chap 73: pdv Auréa (présent)
C'était trop lourd à porter, trop dur à encaisser.
J'avais encore reçu un mot, cette fois écrit avec un bic rose. La couleur me laissa perplexe. Aaron aurait-il été capable de choisir du rose pour brouiller les pistes ? Dans le but de me faire croire que c'était une fille qui m'écrivait les messages? Non, cela ne pouvait pas être lui. Toujours si prévenant avec moi, serait-il capable d'écrire des mots aussi méchants et humiliants ?
Je ne pouvais pas le croire.
Quelquefois, Aaron avait eu des comportements étranges, mais de là à me blesser de la sorte, ce n'était pas logique. Il savait très bien que j'avais été harcelée dans mon ancienne école. Il connaissait mon secret.
Je me mis à trembler, ignorant Capucine qui ne savait pas comment réagir face à tous ces horribles messages. C'était injuste. Les larmes dévalaient sur mes joues. Je n'en pouvais plus. J'avais juste envie de fuir cet endroit étouffant.
C'était la honte.
Plus personne ne voudrait me parler. J'allais de nouveau me retrouver toute seule. Mais je n'avais pas la force de chercher le coupable ni de me défendre. Cela pouvait être n'importe qui dans l'établissement.
Je restai plantée là devant mon casier, impuissante. Capucine s'accroupit soudain face à moi et serra très fort mes deux mains dans les siennes.
-Regarde-moi !
Elle me serra très fort contre elle sans me demander mon avis, ignorant tous ceux qui passaient près de nous et qui ne comprenaient rien à notre manège. On avait l'air de deux folles, mais cela lui était égal.
-Auréa ! Regarde-moi ! répéta-t-elle.
Je levai les yeux vers elle, sortant enfin de ma torpeur.
-Je suis là ! Tu entends ce que je dis ? Je suis là ! Je ne te laisserai jamais.
Je hochai la tête, essuyant mes larmes avec la manche de mon pull.
-Je suis désolée. On va arranger ça. Je te le promets.
Son sourire m'apaisa. Je me mis à respirer plus calmement.
-Merci Capucine. Tu es une vraie amie, soufflai-je alors qu'elle restait accroupie à côté de moi.
Elle ne me laissait pas tomber. Elle se moquait des messages. Cela ne la faisait pas fuir. Sa sincérité me toucha.
-Tu le penses vraiment ? dit-elle, émue.
-Bien sûr.
Capucine me sourit puis je lui demandai :
-Tu crois que ça va s'arrêter ?
-J'en suis sûre ! J'ai relu les derniers mots et je pense que je reconnais l'écriture, surtout le dernier message.
-C'est vrai ? Tu crois que cela pourrait être Aaron ?
-Aaron !? Impossible. Il ne ferait jamais ça.
-Qui alors ?
-Il n'y a pas beaucoup de filles qui écrivent avec un bic rose à paillettes. Je pense que c'est Sibylle.
Sibylle.
Sibylle avait dix-sept ans. Avant, elle passait tout son temps avec Aaron. C'était Capucine qui me l'avait raconté. Lorsque j'avais débarqué dans l'établissement, Aaron ne lui avait plus prêté attention, allant même jusqu'à la nier.
Sibylle était plutôt du genre à attirer l'attention. Auburn, elle avait de longs cheveux soyeux qui lui tombaient jusqu'aux hanches. Elle était jolie comme un cœur, athlétique, douée en toutes les matières et surtout, elle avait l'habitude d'être mise en avant. Quelque chose en elle captait tous les regards.
Elle était marrante aussi et elle avait toujours des idées que vous rêviez d'avoir avant elle. Sibylle avait l'audace de tester une nouvelle coupe avant les autres. Souvent, elle osait assortir des couleurs de vêtements avant que cela ne devienne tendance. Si une pièce de théâtre se préparait, vous pouviez être certain que Sibylle allait décrocher le premier rôle tant convoité. Elle savait chanter et danser en même temps, sans même paraître essoufflée. Parfois, j'avais l'impression qu'elle était la réincarnation de Gabriella des films « High School Musical ».
Était-ce possible qu'une fille comme Sibylle existe dans la vie réelle ?
-Tu as sûrement dû lui piquer la vedette ! Elle doit t'en vouloir à mort.
-Moi, lui piquer la vedette ? N'importe quoi !
-Aaron te suit partout comme un toutou. Il est dingue de toi.
-Mais regarde-la par rapport à moi. Y a pas photo, quand même ?
-Auréa, tu es jolie, toi aussi. Tu ne dois pas la laisser te rabaisser.
-C'est débile de se disputer pour ça. Je ne voulais pas lui faire de la peine ni lui piquer son ami.
-C'est une vraie gamine pour agir comme elle le fait à dix-sept ans.
-J'ai vraiment l'impression d'être à l'école primaire avec cette histoire de petits mots dans mon casier.
-On va aller la voir maintenant.
-Pour lui dire quoi ?
-Je ne sais pas trop. Mais il faut qu'elle arrête, un point c'est tout.
-Je ne sais pas trop.
-Je ne lui laisserai pas le choix. Viens Auréa, on va lui parler.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top