Un petit garçon pleure à chaudes larmes, blotti dans son lit, semblant effrayé par la chambre qui lui est inconnue, mais aussi par le regard décontenancé d'une dame penchée sur lui.

Il ne la connait pas, cet endroit lui fait peur et surtout, il manque quelqu'un à ses côtés. Elle n'est plus là. Elle a disparu et il ne comprend pas pourquoi, il ne sait pas si elle va bien, s'il la reverra bientôt.

Où est-elle ?

La dame n'ose pas le toucher, à peine poser son regard sur son corps recroquevillé. Elle ne sait pas quoi lui dire pour le rassurer, pour apaiser son chagrin.

Impuissante, elle recule doucement vers le couloir, les yeux humides toujours braqués sur le petit enfant en souffrance. Comme hier et avant-hier, le même scénario se répète et elle finit par se demander s'ils ont pris la bonne décision.

Dépitée, elle rejoint son mari dans le salon. Il lève des yeux graves sur elle, car il devine son désarroi.

La dame reste silencieuse et immobile, debout à quelques mètres du divan. Elle aimerait comprendre, trouver une solution, savoir où chercher les réponses. Son impuissance la désole, la peur la paralyse, son incompétence la bouleverse.

-Tu crois que nous avons pris la bonne décision ? demande-t-elle soudain à son mari.

-Je le pense.

-Tu crois qu'Émile va s'habituer à nous, qu'il va un jour nous aimer ?

-Oui, j'en suis certain. Laisse-lui du temps... il a juste besoin de temps.

-J'ai tellement peur qu'il ne nous accepte jamais. Il réclame quelqu'un, mais je ne sais pas qui. Sa maman, tu crois ?

-Je l'ignore. Nous n'avons pas le droit de consulter son dossier. Nous ne saurons jamais rien de son passé.

-J'aimerais tellement qu'il comprenne que nous lui voulons du bien.

-Il va le comprendre. Nous deviendrons peu à peu sa nouvelle famille.

-Je l'espère.

Elle finit par sourire tristement.

L'enfant vient de cesser de pleurer, peut-être s'est-il endormi, épuisé par son chagrin ?