Chap 60 : pdv Auréa (présent)

   Avant, je pleurais quasi tous les soirs dans mon lit, quand personne ne pouvait me voir ou m'entendre. Parfois, je cachais ma tête sous les draps pour ne pas être surprise par maman.

Je pleurais parce que je me sentais seule, parce que je ne comprenais pas pourquoi mon père m'avait rejetée, je sanglotais aussi pour tout ce que je n'étais pas capable de faire à cause de mon handicap. Souvent, j'étais inondée par mes émotions qui me submergeaient telles des vagues puissantes.

Parfois, je réentendais les moqueries dans ma tête et celles-ci raisonnaient en moi violemment sans que je parvienne à la repousser, à les réduire au silence. Ça tournait en boucle sans que je ne puisse rien faire.

J'avais alors envie de me boucher les oreilles pour ne plus rien entendre, mais les phrases étaient emprisonnées dans mon esprit. Je ne pouvais pas y échapper. Les larmes coulaient alors toutes seules sur mes joues, car je ne parvenais pas à trouver l'énergie de me battre contre la bêtise humaine. Penser à tout ça me lessivait.

Souvent, je m'en voulais de pleurer toute seule comme une pauvre malheureuse, mais cela ne changeait rien. Les larmes étaient incontrôlables. Parfois, il était impossible de les stopper, de les contenir.

Quand Edwige était rentrée dans ma vie, les crises de pleurs s'étaient espacées. Mon moral s'était amélioré grâce à elle et à tout ce qu'elle m'avait raconté sur son passé. Elle avait beaucoup souffert, tout comme moi. Elle avait été très seule dans sa vie, comme moi et maman. Elle pouvait vraiment nous comprendre. Personne n'avait su se mettre à ma place comme elle avait été capable de le faire.

Quelques années plus tard, Aaron était apparu dans ma vie et j'avais cessé totalement de pleurer. Plus une larme, plus le moral à plat ni de batterie déchargée.

J'avais toujours envie de sourire grâce à lui.

Le soir, je ne pensais plus à mon handicap ni à ma solitude. J'espérais retrouver mes amis à l'école, le lendemain.

Aaron, Capucine, Son Goku et Anaïs.

Je pensais aussi aux messages que j'allais envoyer à Nell, à nos futurs fous rires et à nos confidences.

Visualiser leurs visages me donnait envie de rire bêtement, de m'endormir pour être très vite le matin afin de les revoir le plus rapidement possible.

Je venais de comprendre que je ne voyais plus la vie de la même façon depuis qu'Aaron avait levé les yeux sur moi, depuis qu'il m'avait attendu sous la pluie le jour de la rentrée.

Ce fut un jour de pluie et pourtant, ce fut le plus beau jour de ma vie.

Il avait su me rendre visible, me rendre réelle.

Je me sentais importante et attendue quelque part. Aaron avait été capable de me rendre heureuse.

Peu importait cette histoire de canne et son comportement atypique, je n'arriverais jamais à lui tourner le dos.

Jamais.







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