Un matin, je décidai d'approcher Auréa, sachant pertinemment qu'elle faisait tout pour m'éviter.

Je restai à quelques mètres d'elle sans oser bouger. J'étais comme collé au sol, paralysé par l'appréhension. 

Me détestes-tu ?

-Je peux te parler deux minutes ? demandai-je d'une voix anormalement calme.

Surprise, elle me dévisagea, hésitante. Capucine lui souffla à l'oreille :

-Ne sois pas trop dure avec lui. Je le connais depuis la maternelle. Il mérite que tu l'écoutes.

-Tu veux me dire quoi ? demanda Auréa.

-Je voulais te demander pardon.

-Ce n'est pas à moi que tu dois demander pardon. C'est à madame Héloïse.

-Je sais. Je me suis déjà excusé auprès d'elle, mais je voudrais que tu me pardonnes aussi. C'est toi qui es vraiment importante.

Méfiante, elle me fixa de longues secondes sans répondre puis mon air penaud eut l'air de l'attendrir.

-D'accord. C'est oublié.

-Tu es sûre ?

-Certaine, dit-elle en me souriant. Elle avait l'air sincère.

Je lui souris aussi, tout heureux puis je tournai les talons pour ne pas avoir l'air de trop la coller. Je traversai le couloir, un large sourire sur le visage. J'étais soulagé.

Elle ne s'était même pas rendue compte de mon mensonge. Je n'avais pas encore demandé pardon à madame Héloïse. Je comptais le faire, j'étais sincère avec Auréa, mais je ne savais quand ce serait faisable. 

La canne, je l'avais lâchement jetée dans l'herbe, devant le cabinet médical. J'avais eu trop honte pour assumer, pour affronter cette femme irascible. Probablement sénile, madame Héloïse croira sûrement l'avoir oubliée là.

Je savais que cette histoire ne tenait pas la route, mais cela m'était égal. Ce n'était plus mon problème. 

De toute façon, une situation pareille ne se reproduirait pas. Je n'agirais plus jamais sous la colère, j'arriverais à me maîtriser.

J'étais motivé par le sourire éblouissant d'Auréa.