Je voulais me rattraper, je voulais lui prouver que je m'étais énervé contre madame Héloïse pour la défendre. C'était tellement injuste que cette femme impolie s'en prenne à elle. Auréa devait comprendre pourquoi je tenais tant à la protéger.

Mais je compris aussitôt que si Auréa était partie, c'était que ma réaction l'avait effrayée.

Avais-je été agressif ou menaçant pour en venir à la faire fuir ? Pourquoi n'arrivais-je plus à me maitriser comme avant ?

Devais-je revoir la décision que j'avais prise quelques jours plus tôt ? Avais-je commis une erreur irrattrapable ?

Elle comprendrait. J'en étais certain. Elle devait comprendre. Je ne l'avais fait que pour elle.

Une heure après, je me postai devant sa porte. Je savais que sa mère ne devait pas être là à cette heure-ci. Tant pis si madame Edwige me dégageait de chez elle. Elle avait un sacré caractère, mais je n'avais peur de personne. Il n'y avait qu'Auréa qui comptait. Je voulais la voir et tout lui expliquer.

Tu comprendras. Tu es la seule à pouvoir me comprendre.

-Auréa ? criai-je du trottoir. Pardonne-moi !

Dix minutes plus tard, Auréa ouvrit la porte. Madame Edwige était dans le salon et me fixait froidement, mais elle laissa Auréa me parler, elle n'intervint pas. Auréa n'était plus une petite fille, elle pouvait quand même discuter avec son voisin.

-Je voulais m'excuser, répétai-je face à Auréa qui me fixait en silence.

-C'est oublié. N'en parlons plus, répondit-elle sans conviction.

Elle me mentait, ce n'était pas oublié. C'était gravé en elle. Mes cris, ma colère, la violence de l'altercation. J'étais certain qu'elle se refaisait le film à l'instant même où nous nous contemplions. Je frémis intérieurement.

En scrutant ses yeux foncés, j'eus la confirmation que j'avais eu une réaction plus virulente que je ne le pensais. Son regard me glaça sur place.

-Regarde ce que j'ai pour toi.

Je brandis une canne fièrement.

-Qu'est-ce que c'est ?

-Un cadeau !

-Je ne comprends pas.

-C'est la canne de madame Héloïse !

Auréa parut horrifiée.

-Quoi ? T'es sérieux ?

-Bien sûr que je suis sérieux.

-Non, mais je rêve.

Silence.

-Dis-moi que c'est une blague !

-Je t'assure que c'est bien la canne de madame Héloïse.

-Tu es dingue ou quoi ?

-Je lui ai piqué tout à l'heure. Elle se rendait chez son médecin. Je me suis glissé dans la salle d'attente. Par chance, elle venait de l'oublier lorsque le médecin est venu la chercher. Je lui ai pris sans me faire voir. Elle l'aura bien mérité.

Auréa resta bouche bée. Puis, elle commença à crier. Je ne l'avais jamais vue se mettre en colère.

-Mais c'est cruel ! Tu ne peux pas faire ça !

-Cruel ? Tu rigoles ! C'est elle, la folle. Elle ne devait pas s'en prendre à toi. Elle l'a bien cherché.

-Tu te rends compte de ce que tu as fait ? C'est très grave !

-Ce n'est pas si grave que ça. Tu exagères toujours.

-Non, je n'exagère pas.

-Avec toi, je fais tout de travers. Rien n'est jamais assez bien.

-Aaron, c'est comme si tu m'avais volé mon fauteuil roulant. Ça revient au même. Tu comprends ce que je te dis ?

-Je ...

-Madame Héloïse a besoin de sa canne pour marcher.

Soudain, je percutai. J'avais été le plus minable des amis. Je la fixai tout penaud. Elle avait raison et son regard furieux dirigé sur moi me fit comprendre que je n'avais fait qu'empirer mon cas.

-Je vais lui ramener tout à l'heure. Je te le promets.

-Vas-y, maintenant !

-Mais elle va savoir que c'est moi ? Je ne ...

-Peu importe ! Tu dois assumer !

-Mais ...

-Et tu devras t'excuser aussi !

-Mais Auréa ...

-Il n'y a pas de « mais » Aaron. 

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Hehe j'espère que vous avez apprécié ce chapitre surprenant ?

Bientôt la suite. 

Bonne lecture sur Wattpad.