Chap 47 : pdv Aaron (présent)
J'avais malheureusement bien compris que la maman et la grand-mère d'Auréa ne souhaitaient plus me voir traîner dans le jardin. Nos discussions en tête à tête sous les arbres n'étaient plus qu'un lointain souvenir.
Cela m'avait profondément contrarié, car Auréa suivait à la lettre les recommandations de sa mère. Même lorsque celle-ci était absente, j'avais beau l'appeler, lui souffler à l'école que nous pouvions nous voir en cachette, elle refusait sans ciller. J'étais mal tombé. Auréa était une jeune fille honnête et droite. Elle ne désobéirait pas à sa maman chérie ni à sa chère madame Edwige. Je devais accepter cette facette de sa personnalité. Je réalisai que son intégrité me plaisait beaucoup. Cette fille était hors du commun. J'aimais son honnêteté. J'avais la certitude que je pourrais toujours compter sur elle.
J'avais malheureusement remarqué que, depuis quelque temps, elle se méfiait de moi. Elle ne se confiait plus comme au début et gardait ses distances. Le matin, elle se précipitait vers Capucine. Elles s'entendaient à merveille. Je ne pouvais pas lutter contre leur connivence.
En fait, Auréa avait réalisé son rêve. Elle l'avait enfin trouvée sa meilleure amie dans sa nouvelle école. Ce n'était pas moi qu'elle avait choisi. Ce ne serait jamais moi et je devais me faire une raison. C'était flagrant. Son amitié avec Capucine me faisait vraiment de la peine, mais je ne savais rien y changer.
Allait-elle m'oublier, me laisser tomber ?
Un soir, après les cours, je remarquai Auréa partir seule sur le trottoir. Je fus surpris, car cela n'arrivait jamais. D'habitude, sa mère venait la chercher à la sortie de l'école.
Auréa rentrait-elle toute seule chez elle ?
Je me mis à galoper sur le trottoir pour la rattraper. Elle sursauta lorsque je surgis devant elle, essoufflé et tout transpirant.
-Aaron ? Mais qu'est-ce que tu fabriques ?
Elle se mit à rire, sans pouvoir se retenir.
-Tu es tout rouge !
-Tu rentres chez toi toute seule ? demandai-je entre deux respirations saccadées.
Auréa se tut aussitôt. Je sentis qu'elle était intimidée par ma présence, qu'elle ne savait pas trop comment réagir. Elle ne s'attendait pas du tout à me voir.
-Maman est de garde à la maison de retraite. Comme il fait beau, j'ai proposé de rentrer chez moi toute seule.
-Je viens avec toi.
-Je n'ai pas besoin d'un baby-sitter. Je sais très bien rentrer chez moi comme n'importe quelle autre adolescente.
-Je le sais très bien, mais j'avais envie de te parler.
-Et moi ? Tu m'as demandé si j'en avais envie ? répondit-elle sur la défensive.
Auréa se mit à avancer plus vite sur le trottoir, anxieuse. Je la perturbais, mais je ne parvenais pas à accepter ce fait. Je voulais la raccompagner, lui expliquer qu'elle ne devait pas avoir peur de moi, que jamais je ne lui ferais aucun mal.
Je ressentis aussi qu'elle était tiraillée par divers sentiments. Elle avait l'air d'avoir envie que je la raccompagne même si elle n'osait pas me le confier.
Dans son élan, elle faillit heurter madame Héloïse qui marchait régulièrement dans le quartier à l'aide d'une canne. La vieille dame était la terreur du coin, toujours à rouspéter sur tout le monde. Elle criait sur les jeunes qui jouaient au foot dans la rue, sur les gamins en skateboard et sur les trottinettes électriques. Tout l'insupportait. Le volumineux fauteuil roulant d'Auréa la mit aussitôt en colère.
La dame brandit sa canne vers mon amie, tout en la menaçant. Elle faillit la toucher avec sa béquille.
Je fus horrifié par ce spectacle. Auréa était au bord des larmes, pétrifiée par les cris de la dame hystérique.
Soudain, Auréa me fixa intensément et je devinai qu'elle réclamait mon aide. Si elle avait besoin de moi, je serais son sauveur.
Je m'avançai vers la dame âgée pour lui dire de partir et de laisser tranquille ma voisine. La colère monta en moi tel un geyser, mais je parvins à la contenir. Je devais me contrôler, je ne pouvais pas effrayer celle que j'essayais de rassurer. J'avais conscience que je n'avais pas droit à l'erreur avec Auréa et sa famille de concierges.
D'un seul coup, la dame se figea sur place puis déguerpit. Elle avait l'air effrayée alors que franchement, j'étais resté relativement calme. Elle était à deux doigts de trébucher tellement elle s'encourait.
-Elle ne reviendra pas t'ennuyer ! m'exclamai-je fièrement tout en pivotant sur moi-même pour découvrir la réaction d'Auréa.
-Auréa ?
Je tournai sur moi-même, cherchant des yeux mon amie.
-Auréaaaa ?
Auréa n'était plus là.
Qu'avais-je fait ?
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