Dans le couloir, Son Goku m'interpella. 

Cela m'énerva, car je n'avais pas du tout la tête à lui parler. J'essayais de suivre Auréa, mais il tira sur la manche de mon pull brusquement. Je voyais qu'il était perturbé par mon attitude.

Il me scruta longuement en silence et son regard me dérangea. Il me connaissait depuis si longtemps que rien ne lui échappait. Parfois, cela me contrariait qu'il lise si facilement en moi. Je ne pouvais rien lui cacher.

-Aaron ! Je peux te parler deux minutes ?

-Quoi ? Tu ne vois pas que ...

Son Goku fronça les sourcils, contrarié.

-Tu as réalisé que Sibylle t'attendait tout à l'heure ?

-Et alors ?

-Cela fait des mois que tu la suis partout comme un toutou et tu me demandes : et alors ?

-Depuis quand je dois lui rendre des comptes ?

-C'est ta meilleure amie quand même.

-Sans plus.

-Tu te moques de moi ?

-Ça te pose vraiment un problème que je n'ai pas dit bonjour à Sibylle ?

-Tu sais Aaron, je t'ai connu accro aux jeux vidéo, accro aux voitures téléguidées, accro à notre prof d'histoire de deuxième secondaire, accro à l'autre type dans son bus en Alaska, accro à Sibylle ... maintenant, c'est au tour d'Auréa ? C'est ça ?

Je le dévisageai, vexé.

-T'es sérieux ? demandai-je énervé.

Pour qui se prenait-il à me juger comme ça ? Avec Auréa, c'était différent, c'était unique, mais je ne parvenais pas à lui expliquer mon ressenti. Je tournai les talons sans rien lui dire de plus.

Il pouvait toujours causer. Parfois, il m'énervait avec son air mature et ses réflexions réfléchies.

Il ne comprenait rien à rien.