Chap 15 : pdv Auréa (présent)

   Mon père n'avait jamais voulu de moi.

C'est étrange de vous le confier, de mettre des mots sur ce rejet et pourtant, la vie m'avait prouvée que je ne m'étais pas trompée.

Papa, tu n'as jamais voulu de moi.

Mon père s'était littéralement enfui quand il avait compris que j'étais handicapée. Si j'avais été un bébé « normal », il serait peut-être resté. En fait, je ne savais pas trop. Je ne faisais que supposer. 

Pas de chance pour moi, je n'étais pas née comme les autres petites filles de la terre. Cela avait suffi à le faire déguerpir. Il m'avait laissé tomber et du même coup, il avait lâchement abandonné ma maman.

C'était dur à avouer, mais il ne m'avait jamais aimée. J'en étais certaine. On avait beau me dire le contraire, je savais qu'il ne m'aimait pas. Ses actes l'avaient prouvé. Sinon, il serait resté avec nous, pas vrai ?

Maman s'était retrouvée toute seule à cause de mon handicap. Même si elle me répétait sans cesse que ce n'était pas de ma faute, je n'arrivais pas à le croire. J'essayais, mais c'était impossible. Je savais pertinemment que c'était faux.

Mon père était parti à cause de moi. Point à ligne.

C'était sûrement pour cela que j'avais directement été connectée à madame Edwige lorsque je l'avais rencontrée pour la première fois à la maison de retraite. Elle aussi avait été abandonnée. Ses parents n'avaient pas voulu d'elle tout comme mon père n'avait pas voulu de moi.

Depuis, je n'avais jamais cru que quelqu'un puisse m'aimer vraiment. À part maman, bien sûr. Et madame Edwige.

Nell était censée être ma meilleure amie et pourtant, parfois, je doutais de son attachement. Je redoutais toujours qu'elle m'oublie ou qu'elle m'abandonne.

Depuis mon plus jeune âge, je n'avais jamais cru aux belles histoires d'amour ou d'amitié. Les contes pour enfants n'avaient pas été écrits pour moi. Ils étaient pour les autres, ceux qui étaient nés avec deux jambes fonctionnelles. 

Fallait vraiment être naïve pour croire en toutes ces belles histoires.

Fallait vraiment être débile. 

Le pays des merveilles n'existait pas. 

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