18

Le lendemain matin, des éclats de voix viennent perturber mon sommeil. Je me redresse sur mon lit et il me faut plusieurs secondes pour remémorer où je me trouve. Dans ma nouvelle chambre.

Le petit réveil, posé sur la table de nuit, m'indique qu'il est déjà midi. Je suis étonné que Felipe ne soit pas venu me réveiller pour que je lui prépare son petit déjeuner.

Je me lève de mon lit et remonte les stores de ma chambre. Le soleil est à son beau fixe et annonce une belle journée.

Je file ensuite sur la douche puis m'habille d'une longue robe blanche. Je coiffe rapidement mes cheveux puis me pose sur mon lit.

J'entend toujours les deux vois qui m'ont réveillé. Je reconnais facilement celle de felipe mais je ne met aucun visage sur la seconde. Ces deux personnes sont en train de se disputer mais je ne parvient pas à entendre tout ce qu'ils se disent.

Je me décide à descendre dans la cuisine. Il faut que je mange quelque chose.

Lorsque j'arrive à la dernière marche des escaliers, je peut distinguer trois personnes au salon. Felipe, Juan et un autre homme. Ne voulant pas me faire remarquer, je m'installe sur la marche et écoute leurs conversation qui se déroule en espagnol.

Juan ignore les deux hommes, il est concentré sur la télé. D'après ce que je comprend, Felipe reproche à l'homme d'avoir fait de sa maison un squat, pendant son absence, sans lui avoir demandé la permission. J'ai du mal à comprendre le reste de leur conversation car ils parlent beaucoup trop vite.

Au bout d'un moment, Juan quitte le salon. Dès qu'il me voit, il me fait les gros yeux et s'approche de moi.

_ Je te conseille de monter là haut, me dit-il, Felipe est énervé et s'il te voit, il te fera ta fête.

J'ai du mal à me dire qu'il a quinze ans. C'est pas possible, pour moi il fait beaucoup plus jeune. Mais je vais devoir m'y faire et ne pas trop le prendre pour un gamin.

_ Pourquoi Felipe est énervé même? De toute façon, ça ne change pas de d'habitude hyn.

À ce même moment, Felipe et l'homme, avec qui il se disputait, sortent du salon. Les yeux de se derniers se posent sur moi et à ses yeux gris et son visage familier, je déduit qu'il s'agit d'Enrique, leur frère.

Honnêtement, j'ai envie de me cacher. Il me fait vraiment peur, beaucoup plus que Felipe. Il est grand et large. La carrure de felipe, c'est du pipi à côté de lui. Ses bras sont tellement gros que j'ai l'impression que les manches de son pull vont exploser. Contrairement à Felipe, il n'est pas très attirant. Effrayant, est le mot juste pour le qualifier. Il a une bonne partie du visage balafré et son regard n'inspire aucune confiance. Face à lui, Felipe est un ange.

Il a les cheveux aussi noir que ceux de ses frères, mais les siens sont beaucoup plus long. Ils sont ondulés et lui arrivent jusqu'aux épaules.

Les gars, il a des plus beaux cheveux que moi j'ai limite envie de les lui arracher. Mais je n'en aurai pas le courage. M'approcher de lui, n'est pas dans mes cordes.

Après m'avoir dévisagé de longues secondes, il finit par demander quelques chose à Felipe. Mais au lieu de répondre à sa question, Felipe vire Enrique de la maison. Je suis surprise de voir qu'il lui obéit sans protester. Si j'avais le physique d'Enrique, je lui aurais mit un coup de pression et il aurai fermé sa bouche comme un pd.

Felipe se tourne vers moi, mais avant qu'il ne me dise quoi que soit, je part dans la cuisine. J'ai faim et si je doit affronter Felipe, autant le faire le ventre plein.

Sur la table, se trouvent deux cartons de pizzas. Les trois parts restantes sont encore chaudes et je n'hésite pas a me les approprier.

Juan me rejoint dans la cuisine et s'installe face à moi.

_ Felipe est remonté contre toi, m'annonce-t-il calmement.

_ Hein? Mais pourquoi? Je lui ai rien fait!

_ Des fois, je ne cherche pas à le comprendre, répond-t-il.

Je ne comprend pas pourquoi Juan me dit ça. Je n'ai rien fait à Felipe. Certes je lui ai en quelques sortes foutu un vent mais ce n'est pas une raison pour s'énerver.

Ça m'a coupé l'appétit. Il va s'en prendre à moi alors que je n'ai rien fait et ça m'énerve.

Juan me regarde tristement en gardant le silence. Il se sert un verre d'eau et c'est ce moment là que Felipe choisit pour pénétrer dans la cuisine.

Comme Juan me l'a dit, il est énervé. Je me demande ce qu'il me réserve. Des coups de ceintures? Des giffles? Un viole? Ou même les trois?

À mon grand étonnement, il se contente de m'ordonner de faire le ménage dans chacune des pièces de la maison. Juan s'empresse de lui dire si leur femme de ménage ne va pas tardé à arriver, mais Felipe chasse ses paroles d'un signe de main.

_ À quoi bon appeler Palma alors que j'ai déjà une boniche? s'adresse froidement Felipe a sont frère.

Juan ne lui répond pas mais lui lance un regard réprobateur.

_ Tu sait à quoi t'attendre si à mon retour la maison n'est pas propre.

Après un dernier regard noir en mon honneur, il quitte la cusine puis claque la porte d'entrée. Je soupire d'énervement.

Dans l'évier, il y a un t'as de vaisselle à faire et je doute qu'il y ait un lave vaisselles ici. Je n'ai pas la tête à faire le ménage mais je n'ai pas vraiment le choix.

_ Si je comprend bien, commence Juan, Felipe te prend pour son esclave?

Je hoche simplement la tête. Esclave c'est le bon mot!

_ C'est un idiot. On a une femme de ménage, ce n'est pas à toi de faire les corvées.

_ Pourtant ça fait sept mois qu'il me force à le faire.

_ C'est bien ce que je dit, Felipe est un idiot.

_ Hum.

Je ne prend pas la peine de finir ma part de pizza. Je n'ai plus faim. Je me dirige vers le lavabo pour commencer la vaisselle, mais Juan me devance.

_ Je m'en occupe, me dit-il en souriant.

_ C'est pas à toi de le faire.

_ Ni à toi.

Je me contente alors de le remercier. Je débarrasse la table et la nettoie. Je passe ensuite le balais pendant que Juan range la vaisselle.

_ Ça t'arrive de sourire? me demande-t-il soudainement.

_ Je n'ai aucune raison de le faire, lui dis-je sans prendre la peine de me tourner vers lui.

_ Ce que tu vie n'est pas facile, personne ne peut le nier. Mais essaye de sourire. D'être un minimum heureuse. Montre à Felipe que tu va bien et que ce qu'il te fait ne t'affecte pas.

Il est con ou quoi? Comment je pourrai être heureuse? Je suis battu et violé comme une moins que rien et je devrais être heureuse? N'importe quoi!

_ De toute manière, si il croit que je vais bien, il me fera souffrir davantage.

Duarant quelque secondes, il ne dit rien. Je l'entend ouvrir et fermer les différents meubles de la cusine.

_ Ok je suis d'accord avec toi, mais arrête de te bouffer la vie Syra. Vie.

_ Hum ouais.

C'est gentil de sa part d'essayer de me remonter le morale mais ça ne sert à rien. Comment vivre alors que je n'ai plus de vie? Je ne peut même pas faire ce que je veut. Je vie sous le contrôle d'un homme et ça c'est n'est pas une vie.

¤

_ Aie!

J'ouvre les yeux et apporte ma main à ma joue. Je tombe sur le visage, sans expression, de Felipe. Ce connard m'a giflé alors que je dormais!

_ Mais il est où ton putain de problèmes Felipe? je lui cris dessus.

Mais pourquoi? Pourquoi je lui ai crié dessus? Avec le temps, j'ai bien appris que je devais encaisser ses coups sans rien dire. Donc pourquoi j'ai ouvert ma gueule?

En un claquement de doigt, sa ceinture se retrouve dans sa main et s'abat sur mon ventre. Je pousse un cris de douleur et apporte mes mains sur mon ventre.

_ Que t'ai-je dis Syra?

Je ne peux lui répondre. La douleur est bien trop forte pour que je puisse parler. Je n'ai pas le temps de m'en remettre que Felipe me donne un nouveau coup de ceinture.

S'en ai trop pour moi. Les larmes qui refusaient de couler depuis des semaines, s'échappent de mes yeux.

Le sourire qu'a Felipe aux lèvres est tout sauf rassurant. Il monte sur le lit et s'installe à califourchon sur moi. Je tente de fuir son regard, mais il attrape mon visage et me force à le regarder.

_ Je n'aime pas voir tes larmes couler querida.

Il les essuie à l'aide de ses pouces et embrasse chaque centimètres de mon visage. Il finit par m'installer sur ses genoux et me bercer.

Cet homme, c'est un grand malade! Il dit qu'il n'aime pas me voir pleurer mais c'est de sa faute si je pleure! Et ça lui fait plaisir! Il aime me voir pleurer! Inutile de mentir!

Du dégoût, de la haine, de la révolte, de l'impuissance, voilà ce que je ressent. J'en ai marre sérieusement. Qu'est ce que j'ai fait pour mériter ça? Hein! Pourquoi moi? Pourquoi tu me fait ça Felipe? Comment tu peut prendre du plaisir à me faire souffrir? Qu'est-ce qui cloche dans ta tête?

_ Qu'est ce que je t'ai dit Syra? demande-t-il en continuant de me bercer.

Voyant que je n'ai pas envie de lui répondre, il serre brutalement ma mâchoire. Dès qu'il la relâche, je m'empresse de lui répondre pour qu'il ne recommence plus.

_ Je...je sais pas Felipe, je lui répond d'une petite voix.

Il attrape mes cheveux de sa main droite et tire ma tête en arrière. Je me bat pour ne pas lâcher de cris de douleur.

_ Lorsque je rentre à la maison, commence-t-il, je veut que le repas soit prêt!

_ Mais...Mais...

Il tire mes cheveux, m'arrachant un cris et me faisant taire.

_ Chut, dit-il en me coupant la parole. Tu m'a désobéit Syra. Il ne faut pas s'étonner d'être punit après.

_ Mais j'ai...je dormais.

Son regard se fait plus menaçant.

_ Et je t'ai autorisé à dormir moi?

J'ai presque envie de rire. Maintenant il va m'interdir de dormir? Ça devient de plus en plus grave là.

_ Maintenant, reprend Felipe, tu vas descendre dans la cuisine et préparer à manger. Je reçoit des amis et quel hôte je serais, si je ne leur proposé pas à manger?

J'en ai tellement marre de cette situation que je n'ai même pas la force de l'insulter mentalement. Je me lève des genoux de felipe et me dirige vers la porte de ma chambre.

_ Syra!

Je me fige et relâche la poignée de la porte. Qu'est ce qu'il me veut encore?

_ Oui? dis-je sans me retourner.

_ Retourne toi et approche toi de moi.

Je soupire et pivote en sa direction. Je m'avance jusqu'au pied du lit, mais il m'ordonne de me positionner juste devant lui. Chose que je fait.

_ Embrasse moi, dit-il.

_ Pardon?

_ Tu m'as très bien compris.

Il attrape sa ceinture et joue avec la sangle, comme pour me montrer ce qui m'attend si je ne l'obeit pas.

Mais pourquoi il me demande ça? Il m'a embrassé des tas de fois sans mon consentement et aujourd'hui il m'ordonne de le faire. Ce serait quoi la prochaine fois ?

Il pousse un soupire d'impatience et me regarde avec insistance. J'ai envie de l'étriper !

Je prend une grande inspiration et pose mes lèvres sur les siennes. Je les laisse ainsi durant quelques secondes puis finis par les séparer des siennes. Avant que je ne puisse me retourner pour quitter ma chambre, Felipe m'attrape fermement le bras.

_ Je t'ai dit de m'embrasser!

_ Mais c'est ce que je vient de faire.

_ Non! Tu as juste posé tes lèvres sur les miennes, s'exclame-t-il en commençant à perdre patience. Embrasse moi sinon tu le regrettera!

Je reste planté devant lui à le regarder avec incrédulité. Il lance légèrement la sangle de sa ceinture sur mon bras. La seconde est beaucoup plus brutal. Avant qu'il ne le refasse une troisième fois, je l'embrasse comme il me l'a demandé. Je tente de mettre rapidement fin à ce baiser, mais il maintient mon visage immobile, me forçant à continuer de l'embrasser.

Lorsqu'il libère enfin mon visage de son emprise, je m'éloigne immédiatement de lui et quitte ma chambre. Je l'entend rire et dire que nous allons travailler ça. Je l'envoi chier mentalement.

Je m'enferme dans la salle de bain de l'étage et laisse mes larmes couler. Au bout de deux minutes, je me sent vide. Je me ressaisis vite. Il faut que j'arrête de craquer! Ça va me servire à rien.

Je me passe de l'eau froide sur le visage et l'essuie à l'aide d'une serviette. Comme Juan me la dit, je vais arrêter de me bouffer la vie. Je vais subir, mais ne plus montrer. Du moins, je vais essayer.

Lorsque je descend l'escalier pour rejoindre la cuisine, Felipe est installé sur le canapé du salon avec cinq autre homme. Je n'y prête pas attention et m'enferme dans la cusine.

Je ne me prend pas la tête. Je prépare du riz au curry avec des crevettes. En moins de trente minutes, c'est prêt.

Alors que j'éteint la plaque de cuisson,  j'entend la porte s'ouvrir. Pensant qu'il s'agit de Felipe, je ne prend pas la peine de me retourner. Cependant, c'est une tout autre voix que j'entend.

_ ¿ Eres la chica de Felipe ?

Je me retourne pour mettre un visage sur cette voix. Je tombe nez à nez avec Enrique. Il est juste face à moi et j'ai envie de m'enterrer. Il fait vraiement peur. Pour le regarder, je dois limite me tordre le cou alors que je suis plutôt grande de taille.

Mais je prend sur moi pour ne rien montrer. J'en ai marre d'être faible et de subir. Je reste droite et lui lance un regard aussi noir que celui qu'il m'adresse

_ ¿ Hablas espaňol ?

Pourquoi il vient parler avec moi même? Je doit déjà supporter l'enfoiré qu'est Felipe et c'est suffisant.

Je suis tenter de lui dire que je ne parle pas espagnol, mais ce serait une erreur car ça voudrait dire que j'ai compris ce qu'il m'a dit. Je me contente donc de hocher la tete et à ce moment là Felipe franchit la porte de la cuisine, les sourcils froncés.

Je crois que je n'ai jamais été aussi contente de le voir malgré le regard noir qu'il me lance. Il dit a son frère de quitter la cusiine et il le fait sant rien dire. Ça me surprend encore qu'Enrique obeisse ainsi à felipe. Vu son physique, il pourrait lui imposer ses règles facilement mais il n'a pas l'air d'effrayer Felipe.

_ Plus jamais je veut te voir seule avec Enrique, dit Felipe. S'il est à la maison et que je ne suis pas là, tu reste dans ta chambre!

Je ne cherche pas à comprende et hoche la tête.

_ Si tu veut tout savoir, reprend Felipe, il est pire que moi!

Pire que felipe? Je ne pensais pas que ça existait. Ça ne me rassure pas du tout. Je vais devoir vivre entre deux hommes plus aussi dangereux les uns que les autres et c'est très peu réconfortant.

Dès que Felipe me l'autorise, je remonte dans ma chambre. Je suis surprise de voir Walid au salon, auprès des amis de Felipe. Ça me rappele la promesse qu'il m'a faite et qu'il n'a pas tenu. Quel mitho!

A suivre...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top