07
S Y R A
Voilà plusieurs secondes que ces deux hommes nous font longer un long couloir.
Nous marchons les unes derrière les autres. L'homme tatoué au visage se trouve en début de file, tandis que le second homme est derrière nous.
Le couloir est peu éclairé, ce qui n'est pas très rassurant. Nous passons devant de nombreuses portes, sans jamais nous arrêter. Une odeur de tabas trône dans l'air est c'est fort désagréable. Je ne sais pas où nous allons et j'appréhende beaucoup.
Je me sent sale. Je ne me suis pas douché depuis vingt-quatre heures et j'ai le ressentiment de ne pas sentir très bon. La faim n'améliore en rien mon cas. Mon estomac, tout comme celui des autre femmes, ne cesse de gronder. Mais le plus insoutenable dans tout ça, c'est mon envie d'aller au toilette. Si je ne vide pas ma vessie elle risque d'exploser. Lorsque nous étions enfermé dans cette cave, certaines femmes ne se genaient pas pour uriner, au regard de tous. Pour moi, c'était au delà de mes forces.
Aïsse est agrippé à mon poignet et me lance un petite regard. Elle est apeuré, je le vois très bien.
Et dire qu'elle a seulement dix ans...
L'homme tatoué s'arrête enfin devant une porte et d'un signe de main, il nous ordonne de nous arreter aussi. Alors qu'il s'apprête à ouvrir la porte, celle-ci s'ouvre en grinçant.
Je n'ai pas le temps d'observer la personne qui y sort que je sent Aïsse trembler. Sa main est à présent moite et je peut lire de la peur sur son visage. Elle était déjà effrayé mais là, elle l'est encore plus.
Je m'agenouille devant elle et lui essuie ses larmes.
_ Calme toi ma chérie, ça va aller, tenté-je de la rassurer.
_ C'est lui Syra, me murmure-t-elle a l'oreille. Il sappele Moussa....et il est venut me chercher à l'école....après il....il m'a mit son mouchoir sur le nez...et...et...et....je me suis réveillé ici. C'est de la faute!
En entendant Aïsse prononcer le nom de Moussa, la colère me submerge. C'est lui qui nous a amené jusqu'ici. Il a oser faire ça a une petite fille! Faire ça à moi!
Je me redresse pour lui faire face. Il ne tarde pas à me remarquer et soupire. Nos regards se croisent et au bout de quelques seconds, il finit par baisser les yeux.
T'as raison baisse les yeux connard!
Je lui faisais confiance et lui m'embarque dans ce délire.
J'aurai du écouter ma paranoïa. Dès le début je savais que notre rencontre n'était pas un hasard mais je les laissé me persuader que ça l'était. Je suis vraiment conne. Tout ce qu'il ma raconté n'était que pur mensonge. Comment je n'ai pas pu le comprendre? L'histoire avec sa soeur n'était qu'une ruse pour que j'ai confiance en lui. Il s'est bien foutu de moi.
Je me retient pour ne pas me jeter sur lui. Il s'approche d'un des deux hommes et s'adresse à lui après m'avoir lancé un petit regard.
_ Le chef m'a dit d'en récupérer une.
_ Mes ordres sont de ramener la machandise au chef, repond l'homme tatoué. Pas de t'en confier une! Si tu veux te vider, y a de la gonzesse là haut.
Pardon! Mais de quelle marchandise parle-t-il?
En regardant les femmes se trouvant autour de moi, je comprend que c'est nous la marchandise dont il parle.
C'est alors que je commence à réellement comprendre la situation. Si nous sommes la marchandise, cela signifie que nous allons être vendu...
Je pensais que ce genre de chose ne se passait qu'à la télé, mais au point où j'en suis je pourrais croire à tout.
Je me bat contre moi même pour ne pas verser une seule larme. Non je doit rester forte. Pleurer ne va rien m'apporter.
Le regard de Moussa croise le mien et je lui lance des éclairs à travers le mien. C'est réellement une ordure. Comment peut-il être dans ce genre de magouille? C'est inhumain.
Il m'a fait croire qu'il vendait de la drogue mais la vérité est beaucoup plus pire. Enlever des femmes pour les revendre...
Les femmes se trouvant à mes côtés, ne semblent pas avoir compris l'ampleur de la situation. Aucunes d'elles ne réagit. Elles se contentent de rester immobile et de verser des larmes silencieuses.
Je presse la main d'Aïsse, qui semble s'être calmé, pour lui montrer que je suis là pour elle.
Va-t-elle suporter ce qu'il l'attend? J'en doute fort! Elle me paraît si sensible. Cette histoire va la briser, j'en suis certaine.
_ Commence pas à me les casser Paul, reprend Moussa. Je sais même pas pourquoi je t'ai demandé ton avis en fait.
Moussa bouscule le fameux Paul et je le vois s'avancer en ma direction.
Il m'attrape le bras mais je résiste et ne bouge pas d'un poil. Aïsse s'est faufilé derrière moi.
_ Arrête tes gamineries et vient avec moi, m'ordonne Moussa .
Ah maintenant ça me donne des ordres? Il est vraiment borné celui-là. Pourquoi veut-il que je le suive déjà!
D'abord il m'enlève. Et la prochaine étape c'est quoi? M'enfermer quelque part et me violer?
C'est en pensant au viol que la panique m'envahit réellement.
Nous allons être vendu. Et nos acheteurs ne vont sûrement pas vouloirs jouer aux cartes avec nous... Ils abuserons de nous, c'est une évidence. À cette pensée, mes larmes se mettent à couler sur mes joues.
Je ne mérite pas ça. Aïsse non plus. Ni toutes ces femmes. Aucune femme d'ailleurs. Personne ne le mérite!
Comment des êtres humains peuvent vendre d'autre être humains? Qu'est ce que leur parents ont manqué dans leur éducation pour qu'ils en arrivent la?
Je me sent basculer dans les airs et tomber dans des bras musclés, mais je ne réagit pas. Je suis bien trop sous le choque pour le faire.
Des vieux pervers vont abuser de moi! Ce n'est pas ceux à quoi j'aspirais. Je m'imaginais finir mes études et devenir juge pour enfant et non une femme violer!
Tout cela est de la faute de Moussa. Il a briser ma vie.
Mes larmes coulent toujours à flots et je ne fait rien pour y remédier.
Au loin j'entend des sanglots et une voix crier après moi : Aïsse. Mais je ne réagit toujours pas. Le choc est bien trop violant pour moi.
À un certain moment, je sent qu'on me redépose par terre. Je me laisse glisser contre un mur et craque complètement.
J'enfouis ma tête sur mes genoux.
Est-ce que je vais pouvoir revoir mes parents un jour? Ma mère ne va pas s'en remettre de mon absence. Rien que cette pensé me rend malade. Et les filles : Amel et Mariam. Ce sont les soeurs que je n'ai jamais eu et je ne veut pas me séparer d'elle. J'étais heureuse ; j'avais des parents qui m'aimaient, deux soeurs toujours là pour moi et voila qu'on me force a me séparer de tous ceux que j'aime.
La colère s'empare subitement de moi. Je me relève avec hâte du mur et marche en direction de Moussa qui se trouve juste en face de moi.
_ POURQUOI, lui dis-je. POURQUOI TU M'A FAIT ÇA MOUSSA? DÈS LE DÉBUT T'AVAIS PRÉVU LE COUP, C'EST ÇA? JE SUIS UN OBJET POUR QU'ON ME VENDE? MAIS QU'EST CE QUE T'AS À LA PLACE DU COEUR TOI? C'EST PAS POSSIBLE D'ÊTRE AUSSI INHUMAIN QUE TOI ET TOUT CEUX QUI TRAVAIL DANS CE TRAFIC! Y A DES ENFANTS PUTAIN! DES PETITES FILLES DE DIX ANS! TU T'EN REND COMPTE MOUSSA! ELLES ONT DIX ANS PUTAIN! ET TU LEUR FAIT ÇA! ET CES MÈRES DE FOYER! TU PENSE À ELLES? QU'EST CE QUE VONT DEVENIR LEUR ENFANTS SANS ELLES? UN ENFANT N'EST RIEN SANS SA MÈRE!
Lorsque je termine ma phrase je suis à bout de souffle et mon visage est inondé de larmes. Mon doigt est pointé sur le visage de Moussa et je constate qu'il est coincé entre le mur et moi. Sans que je ne puisse la contrôler, ma main s'abat violement sur la joue. Et prise d'un élan de folie, je lui saute dessus. Entre des claques, des coups sur le torse, des coups de pieds, je me defoule sur lui.
Cependant au bout de quelques secondes, il finit par se dégager assez facilement et me repousse.
_ Ok! Je mérite des coups, mais faut pas abuser aussi.
Je le fusile du regard me remet a sangloter.
_ Pourquoi? Pourquoi tu m'a fait ça Moussa? Je t'appréciais et toi tu me fait ca, lui murmure-je.
Il soupire et marche lentement jusqu'au lit trônant au mileu de la pièce. Il s'y installe et tapote la place vide à côté de lui.
_ Vient t'assoire, me dit-il calmement.
Il crois réellement que je vais m'installer à côté de lui après ce qu'il m'a fait?
Je marche à reculons et plaque mon dos contre la porte de la pièce, pour lui montrer ma réticence.
Il soupire tandis que je sèche mes larmes à l'aide de la manche de mon pull. J'ai craqué une fois. Je ne le ferais pas une deuxième fois. Je suis plus forte que ça et je vais affronter la situation la tête haute. Je n'ai jamais été faible et ce n'est pas aujourd'hui que ca va changer. Je l'espère en tout cas.
_ Explique toi, lui ordonné-je d'une voix remplie d'assurance.
Il se gratte nerveusement la barbe et regarde ses chaussures.
_ J'avais pas eu le choix Syra...
_ On a toujours le choix dans la vie! Il faut simplement accepter d'assumer les conséquences! Vous les mecs vous êtes si fier d'avoir des couilles, EH BAH PORTEZ LES PUTAIN!
Il ne dit rien durant quelques secondes et joue nerveusement avec ses mains.
_ On m'a pas laissé le choix Syra, dit-il, wAllah!
Je le regarde avec du dégoût. Ce n'est pas un homme, il n'assume rien. D'ailleurs ce qu'il fait n'ai digne d'aucun homme.
_ Mon boss me tient pas les couilles, reprend-il. Il sait où est ma soeur...
_ MAIS ARRÊTE PUTAIN, m'emporté-je. ARRÊTES AVEC T'ES MENSONGES! TA SOEUR ELLE EXISTE MÊME PAS! T'ES QU'UN MYTHO, TU M'AS MENTIT SUR TOUT!
Un nouveau silence s'installe et j'en profite pour retrouver mon calme. Voyant que je suis prête à l'écouter, Moussa reprend la parole.
Il m'explique alors qu'il a bel et bien une soeur et qu'elle a été vendu, il y a trois ans, par l'homme pour qui il travail. Je pourrais vous paraître ignoble, mais sur le coup je n'en ai rien à faire du sort de sa soeur.
Selon lui, il m'a autant mentit que dit la vérité. Moi ce que je retient c'est qu'il m'a mentit et trahit. Le reste je m'en fou.
_ Mais pourquoi moi Moussa? Je me suis attaché à toi, j'avais confiance en toi... et toi, dès le début t'avais prévu de me vendre!
_ J'AVAIS PAS LE CHOIX PUTAIN, s'enerve-t-il. C'EST MON BOSS QUI T'AS CHOSIT!
_ MAIS SI ÇA N'AVAIS PAS ÉTÉ MOI, ÇA AURAIT ÉTÉ QUELQU'UN D'AUTRE, m'enervé-je à mon tour. ET C'EST PAREIL MOUSSA!
Il me dégoûte fortement. Comment il peut nous infliger ça? On a fait la même chose à sa soeur et au lieu de faire en sorte que ça ne se reproduire plus, il enlève d'autre femmes... C'est comme s'il vendait ses soeur et ses tantes pour moi. C'est inhumain.
Il se lève du lit et fait les cent pas autour de la pièce.
_ Oui, mais il t'as choisis toi Syra!
_ Et pourquoi moi? C'est qui ton boss? Il me veut quoi? Pourquoi il a choisi moi?
_ Crois pas que t'es le centre du monde, non plus, dit-il froidement. C'est lui qui repère les filles l'intéressant...après c'est à nous d'entrer dans vos vies. On doit tout connaître de vous et on doit s'assurer que vous n'avez pas d'attache...
Ah parce que moi je n'ai pas d'attaches? Et mes parents c'est quoi ? Amel et Mariam? Je fait de mon mieux pour ne pas m'emporter une nouvelle fois.
_ Lorsqu'il m'a dit de me rapprocher de toi, j'ai pas hésité une seconde. Mais j'avais pas prévu de tomber sur une fille bien Syra. D'habitude, c'est toujours des filles provocantes, sans cerveau. Je...j'aurai voulu t'éloigner de tout cette merde mais mon boss t'avais déjà repérer, je pouvais rien faire. Je te jure. Et vu que t'étais déjà dans la merde, je me suis dit que je pourrai voir en toi une allié.
Sa dernière phrase me fait pousser un rire nerveux. Est-il assez con pour penser que je deviendrai son allié? Il m'a trahit putain! On va me vendre et il pense que je ferais quoi que ce soit pour lui! Il a du oublier que si je suis dans cette merde, comme il l'a dit, c'est de sa faute!
_ Mais toi t'as du gombos dans ta cervelle de malien ou quoi? C'est à cause de toi que je suis ici! Tu peut rêver, tu verras pas d'allié en moi.
Il soupire avant de s'avancer vers moi. Il s'arrête à seulement quelques pas de moi.
_ J'ai besoin de toi Syra...
_ Mais dans l'histoire c'est moi qui ai besoin d'aide! Fait mois sortir d'ici Moussa, s'il te plait! Et Aïsse aussi. Elle peut pas être vendu Moussa. C'est qu'un enfant.
Je capte ses yeux et lui attrape son visage à l'aide de mes deux mains. Je le force à me regarder dans les yeux. Je doit jouer toutes mes cartes, si je veut m'en sortir.
_ J'ai besoin de toi. Sauve nous de cette enfer.
Dans son regard je peut lire toute sorte d'émotion : tristesse, regrets, et même de la détermination.
Il soupire bruyamment et s'éloigne brusquement de moi. Je soupire à mon tour et le regarde faire à nouveau les cent pas.
J'aurai très bien pu profiter de cet instant pour emprunter la porte derrière moi, mais ce serait inutile. Je ne sais pas où nous sommes et en traversant les couloirs de ce lieux, j'ai pu constater qu'il y avait des hommes partout et quand je dit partout, c'est vraiment partout.
Et visiblement, je ne peut pas compter sur l'aide de Moussa. Moi qui pensée que c'était un homme digne de confiance. Mais en même temps je ne peut en vouloir qu'à moi même. J'ai fait confiance à un homme qui est entré étrangement dans ma vie. Je le connaissais depuis un mois et je me suis confié à lui comme si c'était mon meilleur ami.
_ Tu peut pas t'en aller Syra, me dit-il subitement. Quoi qu'il arrive tu va être vendu. Et à l'heure qu'il est ton amie doit déjà avoir été expédié.
Je m'autorise à verser une larme pour Aïsse. Rien qu'une. J'espère qu'un jour, elle va pouvoir s'en sortir. Nous allons vivre les pires atrocités du monde et je doute que quelqu'un viendra à notre aide. Je ne serai même pas la pour elle...elle aura personne...tout comme moi d'ailleurs.
D'un pas tremblant, je m'avance vers Moussa et me plante devant lui.
_ Pourquoi tu m'a emmené dans cette pièce si ce n'est pas pour me sauver?
_ Je voulais te parler à l'abris des oreilles et te demander un service.
Je lui lance un regard mauvais et lui articule :
_ Va te faire foutre sal con! Jamais, je dit bien JA-MAIS, je te rendrais le moindre service! Et j'espère que ta soeur, elle souffre bien là où elle est!
Il soutient mon regard quelques secondes puis me contourne. Il se place devant la porte et avant de l'ouvrir, il me fait face.
_ Va te doucher, tu pu. Tu trouvera des vêtement propres dans la salle de bain. Et dans trente minutes ont part. Prépare toi psychologiquement ma belle, l'homme à qui tu es réservé est un véritable sadique.
Et il s'en va, me laissant seule et sous le choc dans cette chambre. Jamais il ne m'avais parlé ainsi. Son regard était tellement mauvais, comme s'il avait hâte que je vive l'enfer. Jamais je n'aurais pu penser qu'il me ferai subir ça. Signe que je suis naïve et que je n'aurai pas du accorder ma confiance aussi facilement.
A suivre ...
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