Chapitre 42 › Une chambre en désordre

Installés à une terrasse, nous rattrapons ces dernières vingt-quatre heures perdues. Vincent a commandé un Perrier citron. Le fait qu'il puisse boire quelque chose qui me rappelle l'odeur de sa peau me plaît.

— J'ai pas fermé l'œil de la nuit, déclare-t-il.
    Ces mots me font sourire.
    — Moi de même.
    — C'était infernal. Je voulais t'envoyer des messages, mais je pensais que tu dormais.
    Mes lèvres autour de la paille, je sirote doucement mon diabolo violette. Je hausse les épaules, puis rétorque :
    — Au final, on aurait pu passer la nuit à discuter ou à s'appeler.
    Il pouffe.
    — La nuit aurait été plus agréable.

En public, nous évitons tout contact qui pourrait trahir notre relation. Néanmoins, les yeux ne mentent pas et la façon dont nous nous fixons ne fait qu'accroître mes pulsations cardiaques.

— Est-ce que..., commencé-je timidement.
    J'humidifie mes lèvres par un coup de langue, puis atténue ma voix pour reprendre ma demande :
    — Tu as raconté tes vacances à ta mère ?
    Est-ce que ta mère est au courant pour nous ?
    — Vite fait. Dans les grandes lignes.
    Il baisse les yeux. Je ne peux pas lui en vouloir, puisque j'ai fait la même chose.
    — D'accord. C'était juste par curiosité.
    — Et toi ?

Mon attention se reporte sur lui, surpris par sa question alors qu'il sait que, mis à part lui, je n'ai jamais développé une attirance pour quelqu'un du même sexe que moi.

— Je n'ai rien dit.
    — Tu penses le faire ?
    Je réfléchis un instant, puis réponds avec hésitation.
    — Aucune idée. Chez-moi, nous n'avons jamais abordé ce sujet. Mes parents n'apprécieraient sûrement pas.
    — Et Adeline ?
    — J'ai des craintes. Je ne suis pas prêt.
    — Je comprends. J'ai jamais réussi à aborder le sujet non plus.

Je hoche à peine la tête en guise d'acceptation. Un coude sur l'accoudoir de la chaise, mes doigts caressent doucement mes lèvres. Je saisis mon téléphone posé sur la table et envoie un message à son numéro pour lui glisser en toute discrétion que j'ai envie de l'embrasser.

Son téléphone vibre. Il consulte la notification d'un coup d'œil et un sourire s'empare de son visage, je jurerais apercevoir ses pommettes s'empourprer tandis que je mords la paille entre mes dents sans le quitter du regard.

Il humecte sa bouche et s'enquiert :

— Il y a quelqu'un chez toi, là ?
    Mon ventre se tord aussitôt, car l'idée qui lui traverse l'esprit s'insinue dans le mien.
    — On va bientôt le savoir.

Mon dos s'enfonce dans la chaise alors que je me dépêche d'appeler Nonna. La sonnerie retentit à plusieurs reprises. Le temps qu'elle mette ses lunettes afin de vérifier où se trouve le bouton pour décrocher.

— Allô, tesoro ? È la Nonna ! (C'est Nonna !)
    Je marche dans son jeu :
    — Oh, vraiment ? Lo so, Nonna ! (Je sais, Nonna !)
    — Arrête de te moquer de moi ! Qu'est-ce qu'il y a ? Dépêche-toi, je suis en pleine partie de bridge avec Lucette et je gagne !
Un ricanement m'échappe, mais je ne la fais pas attendre plus longtemps.

    Mes sourcils se froncent légèrement, je cherche mes mots en italien, une langue que je ne parle qu'avec elle.

— Dis-moi, mamma è in casa ? (Maman est à la maison ?)
    Je lève mon regard vers Vincent, qui me scrute. Il est vrai qu'il ne m'a jamais entendu parler italien en dehors de quelques termes par-ci, par-là.
    — Non, au travail, elle va rentrer tard. Perché ? (Pourquoi ?)
    — Et toi, tu es chez Lucette ou vous êtes à la maison ?
    — Tu poses beaucoup de questions  ! s'agace-t-elle. Je suis chez elle, perché ?
    Je mens rarement à ma Nonna, cependant, je me console en me disant que, cette fois, c'est pour la bonne cause : la mienne, en l'occurrence.
    — OK. Prenditi il tuo tempo, j'ai des choses à préparer pour la fac. J'aimerais être au calme. (Prends ton temps)

Adeline raccroche après m'avoir envoyé l'un de ses baisers audibles.

J'aurais très bien pu lui expliquer que j'invitais un ami à la maison, mais, la connaissant, elle aurait bloqué sa journée afin de cuisiner et de faire goûter toutes les spécialités italiennes à mon soi-disant camarade.

Je vérifie rapidement les horaires des transports sur Internet avant de reporter mon attention sur Vincent, qui attend patiemment ma réponse.

— Dépêche-toi de finir ton verre, il y a un bus qui arrive dans quinze minutes pour aller chez moi.

Je n'ai jamais vu quelqu'un boire aussi vite que lui.

***

Ça me fait quelque chose de vagabonder dans les rues de mon quartier en compagnie de Vincent. Nos mains se frôlent, je sens ses doigts tenter de saisir timidement les miens. Il me tarde de pouvoir le toucher comme bon me semble, alors je presse le pas jusqu'à ma porte d'entrée. Je m'apprête à l'ouvrir quand une crainte me prend aux tripes.

Je fais face à Vincent et m'exprime faiblement, afin de souligner un détail :

— Je n'ai jamais emmené quelqu'un dans ton genre chez moi, et encore moins dans ma chambre.
    Son expression devient confuse.
    — De mon genre ?
    Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à le lui dire clairement ?
    Je secoue la tête, embarrassé.
    — Désolé, je m'exprime mal. Je veux dire que... Clémence n'est jamais venue ici.
    Son silence et sa mine contrariée me poussent à éclaircir mes propos :
    — Je n'ai jamais amené quelqu'un avec qui je sors ici, précisé-je.
    — Oh, je vois. Je comprends. On n'est pas obligé, c'est comme tu veux.
    — Si, si. Je voulais juste que tu le saches.

Je mords l'intérieur de ma joue et me décide à nous faire entrer malgré la peur qui subsiste dans mon ventre. Mes mains se joignent par timidité, je n'ai aucune idée de ce qu'il faut faire ou dire dans ce genre de moments.

Pris de court, je me rabats sur une formule banale :

— Voilà, c'est chez moi.

Les yeux de Vincent se posent sur tous les détails de l'entrée ouverte sur la cuisine. Il glisse ses mains dans les poches de son short gris à la matière cotonneuse et m'interroge en relevant le menton :

— Y a quoi, là-bas ?
    Je me tourne un instant afin de vérifier ce qu'il me montre.
    — Ça mène au salon et à la chambre de Nonna. Au jardin, aussi. Et au bureau de ma mère.
    — Et ta chambre, où est-ce qu'elle est ?
    — À l'étage. Là où il y a la chambre de ma mère et la salle de bains.
    Il termine d'inspecter, puis pose un verdict :
    — C'est joli.
    Il me provoque un rictus, la situation est à la fois stressante et agréable. Je n'arrive pas à jauger vers laquelle de ces deux émotions la balance penche.
    — Suis-moi, lui ordonné-je, montant la première marche.

Il s'exécute sans attendre et nous gravissons les escaliers dont le bois craque sous nos pas. Je suis terrorisé à l'idée que quelqu'un nous surprenne ensemble dans la maison, mais à la fois excité qu'il soit là. Ça me semble irréel de le voir dans mon lieu de vie. Dans le petit couloir de l'étage, je lui indique du doigt les différentes pièces. Vient le tour de ma chambre quand l'une de mes mains se pose sur la poignée de la porte.

Mais, avant de l'ouvrir, je me retourne un instant vers lui et chuchote :

— Je te préviens, tu n'as pas intérêt à te moquer de quoi que ce soit.
    Il rit avant de se plaindre d'un timbre taquin, murmurant, lui aussi :
    — Rhô ! Tu m'enlèves tout le plaisir de la visite.
    — Désolé, mais je commence à te connaître.
    — Pourquoi on chuchote ? demande-t-il.

L'expression de ma confusion quant à cette remarque nous entraîne dans un rire discret. Vincent paraît plus grand que d'habitude, peut-être parce que ma chambre est sous le toit et que le plafond est donc moins haut qu'au rez-de-chaussée. Enfin, je me décide à ouvrir et avance jusqu'à une commode blanche face à moi. Des cahiers de cours et une bougie traînent sur le meuble, aux côtés d'une fausse plante poussiéreuse et de tee-shirts qui débordent des tiroirs.

Lorsque je me retourne, j'avise un Vincent un peu perdu. Il ne sait pas où poser les yeux entre mon bureau où dessins et croquis se battent pour une place, mon lit – face à l'office – aux draps gris que je n'ai pas refais ce matin, ou encore la table de chevet où trônent une pile de livres à lire et des pense-bêtes de toutes sortes de couleurs. Il prête même attention aux diverses affiches, notes papier et photos exposées sur un mur. Pendant ce temps, je m'assieds sur ma chaise de bureau et m'amuse à la faire pivoter de droite à gauche à l'aide de mes pieds.

— Je pensais que tu étais quelqu'un de beaucoup plus organisé, énonce-t-il d'un ton moqueur, malgré ma précédente mise en garde.
    Je lui tire la langue, faussement agacé par sa remarque.
    — C'est parce qu'ici, personne ne va venir fouiner, alors je me fatigue moins à cacher les choses.
    Vincent joint les mains dans son dos.
    — Donc, tu as tendance à cacher qui tu es ?
    Il s'approche de ma bibliothèque. Je ne m'en étonne pas, elle contraste avec le reste de ma chambre.
    — Un petit peu. Je suis convaincu que tout le monde fait ça.
    — Comment tu peux en être si sûr ?
    — Je ne sais pas, c'est comme un instinct de survie.

Il se penche pour regarder les étagères où mes ouvrages sont parfaitement rangés par couleurs. Je me sens intimidé par son intérêt pour mes livres et préfère détourner le regard en tournoyant sur ma chaise.

Un court silence s'installe, j'entendrais presque le bois des poutres craquer, jusqu'à ce qu'il demande :

— Et avec moi, tu te caches ?

Il coupe cet aparté en posant sa main sur le dossier de mon siège et le tourne jusqu'à ce que je me retrouve face à lui. Mes yeux se lèvent vers son regard perçant qui me pousse à me confesser :

— Avec toi, j'ai plutôt l'impression de me découvrir.
    Un rictus se dessine à la commissure de ses lèvres.
    Avec confiance, il m'enjoint :
    — Bien. Maintenant que nous sommes seuls, il y a une chose que j'aimerais savoir.
    — Laquelle ?
    — Ça fait quelques minutes que je suis là. Alors, pourquoi est-ce que tu ne m'as toujours pas embrassé ?

J'ai du mal à déglutir, contrairement à lui, je ne sais pas faire ce genre de choses spontanément. Ma bouche s'ouvre, mais ma voix, elle, n'émet aucun son.

Vincent s'accroupit sans me lâcher des yeux et ses mains habiles glissent sur mes cuisses. Elles remontent le long de mon jean et j'ai un mouvement de recul avec ma chaise, qui vient buter contre le bureau. Je me lève et Vincent se redresse. Son faciès porte un air hardi, comme s'il pouvait lire en moi, malgré que je me sois précipité vers la première issue dès ce contact intime.

Voulant passer à autre chose, je tente d'adopter un air naturel, seulement, je bégaye :

— A... alors, comment trouves-tu ma chambre ?
    Il hausse une épaule et esquisse un sourire charmeur.
    — Celui qui y vit est plutôt pas mal.

Ses mots me procurent un frisson qui me frappe l'échine. Je m'éloigne de lui de quelques pas, intimidé par son charisme. D'un bras, il me tire contre lui et m'empêche d'aller plus loin. Calmement, il prononce ces quelques mots qui me font chuter instantanément dans ses bras :

— Embrasse-moi, Allan.

À peine finit-il sa phrase que ma bouche épouse la sienne. Un contact qui m'électrise aussitôt, d'autant plus que ses doigts agrippent les boucles de mes cheveux qui tombent dans ma nuque. Je m'aventure à saisir le tee-shirt qu'il porte, comme s'il allait me lâcher à tout moment alors que je refuse cette éventualité. Ses baisers m'ont tant manqué que je ne peux m'empêcher de l'embrasser à plusieurs reprises.

Ma timidité s'évapore. Plus nous nous rapprochons, plus mon corps désire se lier au sien. J'ai l'envie insatiable de le dévorer. Je me laisse aller au plaisir de sentir les courbes de sa bouche, de frissonner sous l'humidité de sa langue qui caresse la mienne. La fièvre s'empare progressivement de mon être. Pendant une seconde, je me demande à quel moment l'ambiance a pu basculer ainsi. Quand ai-je soudain désiré qu'il me retire mes vêtements et qu'il me touche ? Cette pensée m'effraie, je n'ai jamais ressenti ça avant.

Ma tête se met à tourner. Je mets subitement fin à notre baiser en m'écartant et porte une main contre mon front chaud.

— Eh, est-ce que ça va ? s'inquiète-t-il.
    — Oui, j'ai... ça doit être un vertige. C'était bizarre.

Mes doigts passent sur mon visage, la sensation de tournis se stabilise. J'inspire un grand coup et me centre sur Vincent, qui caresse délicatement mon dos et m'invite à m'asseoir au bord de mon lit.

Embarrassé par la tournure des événements, je m'excuse :

— Désolé, je n'ai aucune idée de ce qu'il s'est passé.
    — Comment tu te sens ?
    — Beaucoup mieux. On était en train de s'embrasser et, tout à coup, j'ai eu une bouffée de chaleur, puis un vertige. Enfin bref, sans doute une montée de stress trop forte.
    Il dépose un baiser sur mon front comme pour me faire taire et affirme :
    — Ce n'était pas du stress.
    Il sourit, contrairement à moi qui me renfrogne.
    — Qu'est-ce que c'était, alors ?
    — Oh, rien de bien méchant. Ton corps manifeste ses envies sexuelles, c'est tout.
    Je me braque aussitôt et grimace à ces mots qui réchauffent mes pommettes.
    Gêné, je m'emporte quelque peu :
    — Qu... quoi ? Non ! C'est faux !
    Vincent rit.
    — Ben alors, Morelli, murmure-t-il proche de mon visage, pourquoi tu rougis ?

Mon cœur tambourine dans ma poitrine, à tel point que je l'entends résonner dans mes tympans. Je fronce mes sourcils afin de marquer mon désaccord quant à cette théorie et détourne aussitôt le regard.

— Tu sais, reprend-il, il n'y a pas que notre esprit qui peut être doté d'une conscience. Parfois, notre corps sait des choses avant même que nous en prenions conscience.
    Il a dû sentir mon corps me trahir bien avant que je ne m'en rende compte. Je reste silencieux, méditant sur ce qu'il vient de me dire.
    — Alors, ça voudrait dire que mon corps et ma tête seraient en conflit ?
    — Oui, en quelque sorte.
    Il se redresse et plie une de ses jambes en calant son pied sous l'autre.
    — Le sexe, c'est propre à chacun, explique-t-il. Nous ne sommes pas tous stimulés par les mêmes choses. Ça peut être des mots, une odeur, un contact physique et bien d'autres possibilités infinies.

    Je l'écoute attentivement, un peu désorienté par cette première expérience. Néanmoins, le fait qu'il puisse parler avec ses mains comme un Italien me fait doucement sourire.

    — Tu vois où je veux en venir ?
    Je hoche la tête et le questionne :
    — Est-ce que ça fait cet effet à chaque fois ?
    — Pas toujours. Là, c'est particulier. Nous sommes dans ta chambre, tu n'as jamais accueilli de petit ami ici, nous sommes seuls... Et, j'avoue, je t'ai pris au dépourvu pour que tu m'embrasses.
    J'exagère l'arrondissement de mes yeux pour caricaturer sa dernière phrase.
    — À qui le dis-tu...
    — Maintenant, il te suffit de trouver ce qui a déclenché cette ébullition dans ton corps, conclut-il.

Une moue se forme sur mes lèvres et mes mains se glissent entre mes cuisses que je resserre l'une contre l'autre.

Timidement, je passe aux aveux :

— C'est sans doute ridicule, mais je crois que c'est lorsque nos langues prennent contact. Cette histoire de salive a dû me monter à la tête, c'est devenu significatif à mes yeux.

Mes mains viennent rapidement dissimuler mon visage, courbant mon dos au point où mon front frôle mes genoux. Vincent éclate de rire de me voir aussi prude et vient déposer une main sur ma nuque où il balaye mon épiderme de son pouce abîmé.

— Ne sois pas si timide ! Moi aussi, ça m'arrive de ne pas avoir le contrôle sur mon corps.
    Je me redresse, rassuré par ses propos. Intrigué par ce qui peut stimuler le corps de Vincent, j'ose demande de but en blanc :
    — Qu'est-ce qui te provoque cet effet ?
    Ses mains s'appuient sur le matelas derrière lui. Il marque un silence, comme incertain de vouloir se confier.
    Dans le doute, je précise :
    — Ne te sens pas obligé de me le dire si tu n'en as pas envie.
    — En fait, je cherche une manière délicate de le dire. Mais je trouve pas.
    — Alors dis-le franchement.
    — Comme tu voudras ! Dès qu'on s'embrasse, je bande.
    Mes yeux s'écarquillent de surprise. Je me précipite à plaquer une main contre sa bouche afin de le faire taire.
    Sans attendre, je conteste sa révélation :
    — Tais-toi ! Qu'est-ce qui te prend de dire une chose pareille !

    Vincent s'esclaffe à tel point que les larmes lui montent aux yeux. Il place une main sur son ventre tandis que je détache la mienne pour le laisser reprendre son souffle.

    — Tu m'as demandé ! Je n'ai fait que répondre à ta question.
    — Je ne pensais pas que ce serait aussi explicite !
    — T'es beaucoup trop mignon, Allan, tu le sais ?
    Je roule des yeux et soupire. La chaleur qui émane de mes joues est si vive qu'elle en devient désagréable.
    — Ça m'apprendra, marmonné-je. Les adultes avaient raison ; la curiosité est un vilain défaut.
    Doucement, il se penche jusqu'à ce que sa bouche atteigne mon oreille et y murmure :
    — Tu aurais préféré que je dise « érection » ?
    — Rha ! T'es qu'un idiot, Belvio !

Je le pousse jusqu'à ce que le haut de son corps tombe entre mes draps défaits. Son rire prend toute la place dans la pièce.
Le tableau est si beau qu'il me semble surréaliste.

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