Simetierre
En ce moment, je participe à un concours d'écriture dans le cadre de la sortie du film Simetierre, adapté du roman de Stephen King. Et comme cela faisait longtemps que je n'avais rien publié ici, j'ai décidé de vous faire découvrir les deux textes écrits pour l'occasion.
Voici le premier texte:
Un crissement métallique résonna à mes oreilles et me sortit de mon demi-sommeil. Les lettres magnétiques avaient repris leur danse sur la porte du frigidaire. Encore.
Un mois! Un mois déjà que je ne dormais plus que d'un œil. Un mois que j'avais emménagé. Et depuis, je ne cessais de ressentir ces présences. Effrayantes, obsédantes. Dès mon arrivée, j'avais été accueilli par des bruits semblables à des sanglots d'enfant. "C'est la tuyauterie qui grince" m'avait-on assuré. Mais une autre présence s'était faite sentir dès le lendemain. Et puis il y avait eu cette voix de femme à peine audible. Elle murmurait ses paroles dans une langue que je ne connaissais pas, que je ne comprenais pas. Je me mis très vite à penser à voix haute, dans cette maison où le silence n'était jamais bon signe. Chaque fois que je passais le seuil, une chape de plomb venait peser sur ma poitrine. Ma respiration hachée ne suffisait jamais à m'oxygéner et mes premiers pas dans l'entrée se faisaient toujours dans un état second, proche de l'inconscience.
Une force invisible me poussa vers la cuisine. Les aimants du frigo avaient cessé leur sinistre ballet. Les deux alphabets s'étaient combinés. Ils formaient désormais un mot: kirkjugarður. Aucune idée de sa signification. Mais la présence féminine était de retour. Sa voix désincarnée et caverneuse répétait en boucle ce mot étrange. Je fermais les yeux pour tenter d'échapper à la folie qui me gagnait.
Sans que je m'en rende compte, mes pieds m'avaient conduit à l'extérieur, dans cette forêt qui ceinturait la maison. À seulement quelques mètres de la bâtisse se dressait un panneau que je n'avais encore jamais remarqué. Comme hypnotisé, je m'avançais vers lui. Il restait quelques écailles de peinture, vestiges des mots qui y furent un jour écrits. Aucune lettre ne restait. Pourtant je savais ce que ce panneau désignait. Un cimetière!
Le brouillard épais m'enveloppait. Et j'entendis la voix de femme murmurer "Bienvenu au kirkjugarður."
Et voilà le deuxième:
Le chemin de terre était détrempé par l'orage. En arrivant en vue de la maison en rondins, la pluie redoubla d'intensité. L'autoradio se mit à grésiller puis se tut.
Avec le poids des cartons, mes pieds s'enfonçaient dans la boue. Une odeur âcre montait des murs et de la forêt alentour. Une fois tous les cartons rentrés, je m'octroyais une pause. Assis sur les marches du porche, je contemplais le paysage. La nature sauvage me rendait nerveux. Sûrement la fatigue du voyage.
Une main sur mon bras me réveilla en sursaut. Pourtant il n'y avait personne. Je me levai et rentrai. Toutes mes affaires avaient été déballées et rangées. Tout était nettoyé. Sauf la cuisine où un sac de farine éventré gisait sur le sol. Dans la poudre blanche, un doigt invisible traçait les mots: Bienvenu, nouveau gardien des tombes. Des tombes! J'avais oublié que sous mes pieds gisait un ancien cimetière.
Guidé par l'être dépourvu de corps, je découvris une porte dérobée menant à un débarras. Des vêtements, meubles et bibelots de toutes les époques s'y entassaient. Le fantôme envoya valser un vieux vaisselier.
Le courant d'air qui pénétra dans la pièce ma glaça jusqu'aux os. Il apporta avec lui des relents nauséabonds de corps en décomposition. L'odeur de la mort. C'était la seule façon de décrire ce que je sentis. Je réprimais un haut-le-cœur et m'enfonçais en ce lieu où les vivants ne sont plus maîtres de rien. Des centaines de croix se dressaient dans la pénombre. Elles s'offraient à mes yeux telle une armée en ordre de bataille. Et rien. Jamais rien ne m'effraya plus que ces sculptures de bois et de pierre parfaitement alignées.
- Tu es courageux. D'habitude ils ne tiennent même pas une nuit.
Cette voix caverneuse semblait venir de nulle-part et de partout à la fois. Elle résonnait et se mélangeait à son propre écho. Le bruit devenait si insupportable que je me bouchai les oreilles. Cette torture sonore se termina en un rire suraigu qui me déchira les tympans.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top