Ce matin-là, la mer était plus que calme. Le pêcheur partit dans son bateau. Sur la mer d'huile il partit loin de son village. Cela faisait deux semaines que la pêche était mauvaise et qu'il ramenait tout juste assez pour subsister.

Au large l'eau commença à onduler. Puis les vagues devinrent de plus en plus hautes. Le bleu du ciel vira au gris foncé, puis au noir. Les rayons du soleil n'arrivaient plus jusqu'au bateau du pêcheur. Les gouttes de pluie s'écrasaient sur le pont du navire.

Au village le soleil brillait, le ciel était bleu, sans un seul nuage. Personne ne se doutait qu'au large la tempête faisait rage. Une seule personne était inquiète. L'inquiétude la rongeait comme à chaque fois que son compagnon partait en mer.

Une vague plus grande que les autres s'abattit sur le bateau et le renversa. Le jeune pêcheur remonta à la surface. Mais la mer était déchaînée et il ne parvint pas à maintenir sa tête hors de l'eau. Il sombra peu à peu, chaque vague le submergeant un peu plus. Malgré ses efforts désespérés il ne put revenir à l'air libre, l'eau commença à s'insinuer en lui. Et le jeune homme perdit lentement connaissance.

Lorsqu'il ouvrit les yeux, la mer avait disparu. Il était étendu sur la plage, non loin de son village. Il rentra chez lui et en chemin il croisa certains de ses amis. Étrangement aucun d'eux ne lui rendit son salut. Tous, au village, semblaient ne pas le voir. Même sa compagne l'ignorait. Le soir elle ne réagit pas lorsqu'il vint se coucher à ses côtés.

Intrigué le jeune homme se jura de comprendre. Il suivit sa femme toute la journée du lendemain. Rien d'inhabituel! Jusqu'à ce qu'elle rejoigne un autre homme. Quelle ne fut pas la surprise du pêcheur lorsqu'il reconnut son frère. Son propre frère qui serrait sa femme dans ses bras! Main dans la main, les deux jeunes gens se dirigeaient vers le cimetière du village. Drôle d'endroit pour une promenade romantique! Ils s'étaient arrêtés devant une tombe.

Le jeune homme attendit qu'ils repartent pour s'approcher. C'était une tombe toute simple. Il lut le nom gravé sur la pierre. Comment était-ce possible? Les lettres inscrites sur la stèle formaient son nom. Son propre nom!

Alors il comprit. Ce n'était pas lui qui était revenu, seulement une sorte de fantôme. L'homme qu'il avait été s'était noyé le jour de la tempête.