Men Written by Women
Sur cette page, ma plume parle des hommes écrits par des femmes et des hommes écrits par eux-mêmes.
" Let your hair down and don't let him in
This is your space
This your place without any men "
— deryk
À la fin de l'une de mes aventures de cœur, ma meilleure amie m'a dit qu'elle ne faisait pas confiance aux hommes qui s'écrivaient d'eux-mêmes. Qu'elle n'aimait pas l'idée qu'ils me déçoivent, parce que j'étais importante pour elle.
Je lui ai répondu que le dénouement de notre épopée était prévisible. Que le garçon en question ne pouvait s'attacher dans une relation profonde sans d'abord vaincre ses démons et qu'il en avait à coup sûr après le parcours de combattant qu'il avait eu à emprunter. Que je pensais que c'était quelqu'un de bien, même si on avait eu à rendre les armes. Qu'il avait eu le courage d'essayer. Que, comme je lui avais déjà dit à lui, je lui souhaitais le meilleur, vraiment, parce que je crois sincèrement qu'il mérite de souffler après les batailles qu'il a eues à mener. De trouver la paix, le genre de paix qui dure dans le temps.
Ça m'a fait penser à une phrase que je lis fréquemment sur les réseaux sociaux littéraires où je suis : « les hommes écrits par les femmes, c'est mieux. »
Ou plus globalement, j'entends souvent les autres lecteurs s'écrire entre eux que les gens dans la vraie vie sont décevants.
Alors, j'ai avancé à mon amie mon idée de texte, un énième sujet sur lequel je voulais prendre la plume : les humains réels sont-ils plus décevants que les personnages de fiction de mes romans ?
J'ai réfléchi et en quelques instants à peine, la réponse s'est imposée à moi comme une évidence : la plupart des gens ne sont pas décevants quand on les aime pour ce qu'ils sont plutôt que pour ce qu'ils ont à offrir.
Le garçon ne m'a pas déçue, parce que je n'aimais pas la ponctualité de ses messages, l'éventualité du couple que l'on aurait pu former, du chemin qu'il aurait pu parcourir à mes côtés, de ce qu'il aurait pu continuer de faire pour moi dans l'avenir. J'aimais la douceur et l'innocence dans son regard et dans ses mots. J'aimais ses passions pour les arts, le dessin au crayon, la lecture, la musique. J'aimais sa haine pour les conversations superficielles et son amour pour celles sur les atomes, la mort, le sexe, la magie, l'intellect, le sens de la vie, les galaxies, les mensonges racontés, les défauts, les odeurs préférées, l'enfance, les insécurités et les peurs. J'aimais nos souvenirs, notre passé commun que le présent avait ramené à notre mémoire de la façon la plus inattendue. J'aimais son récit de vie plein d'embuches qui avait forgé sa résilience. J'aimais sa volonté de fer qui le poussait à poursuivre sa quête de soigner ses blessures de guerre. J'aimais ses manières de dire je t'aime sans le dire, comme dans les livres. J'aimais ses chutes, même notre chute finale.
Et tout ça, je l'aime encore.
J'ai la conviction que les gens sont comme lui, le plus souvent : ils ne nous déçoivent pas quand on tombe amoureux de ce qu'ils sont. Quand admire leur histoire, leurs cicatrices, leurs champs d'intérêts, leurs traits de caractère, les détails imparfaits du tableau authentique qui les compose.
Ils le font quand on est charmé par un masque derrière lequel ils dissimulent leur vrai visage, par une image illusoire que l'on se fait d'eux ou encore par ce qu'ils pourraient nous apporter. Quand on est sous le joug d'un voile qui tombe, d'un portrait doré que l'on avait monté soi-même de toutes pièces, d'un potentiel à ce jour inexploité. Quand on aime la stabilité, l'engagement, l'affection. Quand on convoite ces rares et précieux joyaux que l'autre pourrait selon nous nous livrer sur un plateau d'argent.
Parce que dans la vraie vie, les traumatismes ne se reflètent pas seulement dans le reflet des cauchemars, des craintes et des marques. Ils se transposent aussi dans les relations. Ils déterminent si l'on est sécurisant, ambivalent, évitant ou désorganisé*. Ils brisent des liens et des foyers. Ils causent bien plus de dégâts que les sept ans de malheur prophétisés par un miroir cassé. Ils durent parfois toute l'existence de celui qui les porte.
Dans les contes, les anxieux et les fuyants parviennent à agir comme s'ils se sentaient en sécurité lorsqu'une flèche les touche en plein cœur.
Mais dans la réalité moins merveilleuse, maintes fois, c'est une chasse à l'Homme : l'un avance pour poursuivre pendant que l'autre recule pour s'enfuir.
J'en tire donc la conclusion que les gens peuvent sembler décevants aux adeptes de fins heureuses et attendues. Néanmoins, le spectacle a toujours une certaine beauté teintée de poésie aux yeux du lectorat qui sait aussi apprécier les fins ouvertes, circulaires, non résolues ou « coup de théâtre ».
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© 2024 MAHNZA
* Référence aux 4 styles d'attachement décrits dans la Théorie de l'attachement (champ de la psychologie traitant de la relation entre être humains).
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