Friends With Benefits

Sur cette page, ma plume parle d'amitié avec bénéfices. Avec trop de bénéfices.
⚠︎ Attention, contenu mature !

" We said
Let's be friends, but we'll kiss sometimes
[...]
We said
Let's be friends, nobody has to know
That you're always at my place
And you're always in my clothes
Just to cover up your feelings "
— Sammy Rash

On dit qu'on est amis, mais il y a des bénéfices.

Il y a des bénéfices dont la lune et les étoiles sont les seuls témoins. Ceux qui surviennent surtout à la nuit tombée, lorsque l'astre au front d'argent se reflète dans un miroir d'eau encadré d'arbres. Ceux qui sont accompagnés du courant qui s'écoule et du chant des oiseaux qui s'ébattent entre les quenouilles. Ceux qui nous envoient au septième ciel pour former une constellation aussi éblouissante qu'éphémère.

Il y a le goût de tes lèvres qui s'abîment sur les miennes, nos souffles entrecoupés qui s'évanouissent l'un sur l'autre. Il y a tes jointures qui enserrent mon cou délicat, mes phalanges fines qui agrippent tes larges épaules. Il y a ton odeur qui s'insinue dans mes narines, ton goût qui s'infiltre dans ma bouche. Il y a tes dents qui colorent mon épiderme de pigments violacés, ta langue qui retrace les contours frêles de mon anatomie. Il y a nos chairs qui se confondent, nos silhouettes qui s'unissent pour ne faire plus qu'une.

Ce sont les avantages auxquels la société pense quand elle place des gens dans la case d'amis avec bénéfices en pensant clarifier les choses lorsqu'elles lui semblent nébuleuses. Si on s'en tient à cette face, on pourrait dire que c'est ce que l'on est.

Sauf que la vérité, c'est qu'il y a bien plus que ces bénéfices.

Parce qu'il y a deux côtés à une médaille.

Parce que si tes mains marquent mon corps, alors tes yeux empreignent tout autant mon cœur.

Il y a des bénéfices dont plusieurs ont été les spectateurs. Ceux qui se sont dévoilés dès notre rencontre et dont la part de mystère continue d'animer les conversations des curieux. Ceux qui nous ont valu les applaudissements d'un public enivré lors d'un gala. Ceux qui font de nous des complices, des parfaits partenaires de crime.

Il y a notre chimie qui va au-delà du physique. Il y a le naturel de nos premières conversations, qui se sont tissées de fil en aiguille. Il y a deux promesses que l'on se doit de tenir. Il y a nos têtes qui se sont rapprochées au-dessus de nos verres déposés sur le comptoir de ce bar. Il y a ce tatouage imprimé sur ta peau et ce nombre — 94 — qui retranscrivent si bien mon propre talon d'Achille. Il y a nos ombres qui ont dansé ensemble jusqu'à en perdre pied sous la lumière aveuglante des néons.

Il y a nos plumes, l'une poète et l'autre romancière. Il y a nos métaphores, nos assonances et toutes nos autres figures de style. Il y a la magie des illusions et les cartes qui semblent se jouer de nous. Il y a l'argent, le bleu royal et le violet. Il y a les paris perdus et les textes gagnés.

Il y a les gâteaux que l'on prépare, les chocolats chauds que l'on sirote enveloppés par une couverture de nostalgie sur le bord du fleuve en l'absence partielle d'astérismes. Il y a les pastèques que l'on déguste devant un film culte, les fraises et le maïs soufflé que l'on se lance avec pour cible la bouche de l'autre. Il y a la farine dans le thé noir à la place du sucre et les glaçons glissés dans les vêtements. Il y a le muffin avec lequel tu t'empiffres en riant parce que ma partie à ton jeu vidéo a été un four. Il y a quatre barres de cacao placées dans le bon ordre sur la table du salon devant la citrouille et le sapin. Il y a les carottes données à ma jument, le brossage de longs crins noirs auquel tu t'appliques.

Il y a les objets que l'on fait exprès d'oublier encore et encore. Il y a tes chandails sur mon lit et mes vestes sur ta table de chevet.

Il y a l'art de l'autre que l'on admire, les langages que l'on s'apprend. Il y a ton dessin sur mon mur, mon carnet dans ton meuble de chambre et mon crayon dans ton étui. Il y a ma phrase sur ton bandage que toi seul peux comprendre.

Il y a les sciences, les prises de mesure méthodiques. Il y a les formules élaborées en mécanique, les théories exposées sur l'attachement dans notre société moderne. Il y a les partages de points de vue politiques sérieux, les débats ridicules sur la grandeur relative d'une ville.

Il y a les longues promenades en voiture tard le soir vers des destinations qui se définissent en chemin. Il y a les nuits passées l'un contre l'autre, tes vêtements beaucoup trop grands qui m'habillent. Il y a nos prunelles qui se fouillent du regard, nos visages l'un contre l'autre. Il y a les doux larcins volés sur mon front, tes bras qui me pressent sur ton cœur à des moments inopinés pendant quelques secondes de trop. Il y a mes doigts qui se glissent dans tes cheveux fous, le dos de ma main qui caresse ta joue à l'improviste. Il y a les matins jusqu'à passé midi avec toi, les petits déjeuners que l'on se prépare. Il y a les « je n'ai pas envie que tu partes », les minutes que l'on prolonge. Il y a les « tu t'en vas comme ça ? » que tu me lances une fois dehors, mes pas qui font marche arrière sur le bitume. Il y a les baisers que l'on s'échange avant de se quitter, les « fais attention sur la route ».

Il y a les hauteurs que je pourrais atteindre, la menace de l'impact contre le sol qui plane. Il y a ma raison qui tente de garder les pieds sur terre, il y a chaque fibre de mon être qui s'envole malgré une chute presque inévitable.

Et en attendant, il y a beaucoup de bénéfices, beaucoup trop de bénéfices.

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© 2024 MAHNZA

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