Chapitre 17
-... les attraper... attention.. pas les blesser... l'Alpha... trouve la plume.
L'esprit encore embrumé, je ne saisis pas tout ce que je crois entendre.
Suis-je encore endormi ou bien est-ce que ces sons proviennent de la réalité ?
Je me sens quitter au fur et à mesure le monde des rêves tandis que les chuchotements retentissent encore.
-A trois...
Je me retourne, le corps engourdi, vers Maloé qui somnole dans le fauteuil au coin de la pièce. Bastian n'est pas revenu, ce qui veut dire que ce n'est pas lui que j'entends - et de toute évidence, ce n'est pas sa voix. J'enfonce ma tête dans l'oreiller.
Ce n'est probablement rien.
Je ferme les yeux, prête à m'endormir à nouveau, quand la porte s'ouvre brutalement. Je sursaute et me redresse d'un bond. Trois personnes entrent alors dans la chambre. A leurs yeux luisants et aux grondements qu'ils poussent, je comprends de suite que ce sont des métamorphes. Maloé a elle aussi été réveillée par le vacarme et est à présent en position de défense.
-Vous allez nous suivre gentiment sans faire d'histoire si vous ne voulez pas que l'un de vous soit blessé.
Je regarde Maloé. Je ne suis qu'une humaine, je ne suis clairement pas de taille face à un métamorphe, quand à Maloé, c'est peut-être une louve, mais ce n'est pas une combattante.
Autrement dit, si Bastian ne se pointe pas très vite, nous sommes fichus.
La louve montre les crocs envers les métamorphes que je reconnais comme des loups appartenant à la meute de Jasha.
-Vous ne nous emmènerez nul part. gronde t-elle.
Le troisième homme s'avance un peu plus dans la pièce. Maloé le reconnait aussitôt et cesse de gronder.
-S'il te plait, Malo', écoute ce qu'ils te disent.
Maloé baisse les armes. Déjà que ce n'est pas une warrior, il est hors de question qu'elle se batte contre lui, Eliott, son compagnon. Elle n'en a jamais parlé depuis que nous sommes en fuite. Mais je sais que celui-ci est l'amour de sa vie et que la séparation a dû être très dur.
-Eliott, je... murmure Maloé d'une voix faible.
Son compagnon, un métamorphe félin contrairement à ses camarades loups, lui tend la main.
-J'arriverai à convaincre Jasha de te pardonner. Tout rentrera dans l'ordre. Mais il faut que tu nous suives. la supplie t-il.
Maloé me regarde, hésitante. Elle pense la même chose que moi : rien ne rentrera dans l'ordre. Bastian ne redeviendra jamais son bêta, je ne reviendrais pas dans mon monde, et Maloé ne sera sans doute pas pardonner de sa trahison. Malgré tout, la louve a terriblement envie de se blottir dans les bras réconfortants de son compagnon.
-Vas-y. De toute façon, ils vont nous forcer à y aller, que l'on se débatte ou non.
Nous ne sommes pas de taille contre eux.
Maloé ne se le fait pas dire deux fois. Elle accourt vers son compagnon et se jette dans ses bras. Eliott lui rend son étreinte en la serrant fort contre lui. Ses yeux larmoyants se ferment un instant, soulagé de retrouver sa femme après des jours sans nouvelle.
Un loup s'approche et m'attrape par le bras. Je me laisse faire. Cela ne servirait à rien de se débattre, ils sont plus forts, plus rapides, plus agiles. Moi, je ne suis rien, juste une humaine qui s'est cru importante parce qu'elle possédait une plume magique qui au final la consumait à petit feu.
-Fouille la pièce. On doit lui ramener la plume.
Je cligne des yeux.
La plume ?
De toute évidence, Eleanor a retrouvé son âme-soeur et lui a non seulement dit où nous nous trouvions, mais lui a aussi parler du stylo plume magique.
Le métamorphe qui me tient me traîne à l'extérieur, suivi par Eliott qui tient tendrement sa compagne contre lui. Nous arrivons bientôt devant deux véhicules, une Jeep et une camionnette noire. Eliott et Maloé monte dans la première voiture. La louve me lance un dernier regard avant que mon bourreau ne me traine à l'intérieur de la camionnette.
Je suis aussitôt surprise d'y trouver Bastian, le nez ensanglantée et les poignets enchainés. Le métamorphe me fait monter à l'intérieur et me menotte à mon tour, comme si j'étais assez dangereuse pour les battre et m'enfuir. Puis il referme la portière arrière et vient se placer à l'avant, à côté du conducteur.
-Où est Tim ?
-En train de fouiller la chambre, à la recherche de la plume.
-Tu penses que cela peut ressembler à ça ?
Le conducteur montre alors un stylo noir design à son camarade. Je grimace. Ils ont trouvé la plume. Et je ne sais pas ce qu'ils veulent en faire.
-J'envoie un message à Tim pour le prévenir qu'on l'a.
La camionnette démarre et nous quittons le parking de l'hôtel. Je passe les dix premières minutes du trajet à éviter le regard de Bastian. La dernière fois que nous nous sommes parler, ça avait tout d'une dispute. J'ai déclaré à Maloé que j'allais présenter mes excuses, mais je n'en ai pas encore eu le temps, et je ne sais pas si j'ai envie de faire ça dans une camionnette, les mains menottés, avec une radio qui émet une musique de ACDC.
-Je ne pensais pas que tout cela tournerait aussi mal.
Je lève la tête, surprise que Bastian prenne la parole. Bien-sûr, il chuchote pour ne pas que nos ravisseurs nous entendent - un réflexe stupide puisque ce sont des métamorphes.
-J'avais imaginé les choses différemment lorsque je me suis enfui avec toi. m'avoue t-il en soupirant.
Intriguée, je ne peux m'empêcher de le questionner.
-Tu les avais imaginé comment ?
Il sourie.
-Je nous voyais tous les deux, sur les routes, à faire le tour de la France, peut-être même de l'Europe ! On aurait oublier cette histoire de meute avec Jasha, on aurait même pas entendu parler de plume magique, ça aurait été juste toi et moi.
Je sens mes joues chauffer au fur et à mesure qu'il parle.
Juste lui et moi ?
Je suis enfermée dans une camionnette, en route vers le territoire d'un type qui veut ma peau, et je suis en train de rougir comme une adolescente.
-Rien ne se passe comme on l'a prévu. Aujourd'hui, nous voilà sur le chemin de notre exécution. C'est probablement la dernière fois que nous aurons la possibilité de nous parler.
-C'est le moment des confidences ! je lance d'un rire amer.
Bastian fronce les sourcils, en pleine réflexion.
-Tu as raison. C'est ma dernière chance, je n'aurais plus l'occasion de te le dire après ça. Et je ne veux pas mourir sans te l'avoir avouer.
Il grimace en regardant tout autour de lui.
-Je pensais que je te le dirais dans un cadre plus... romantique.
Je manque de m'étouffer avec ma salive.
Romantique !?
Bastian ne prête pas attention à mon expression ahuri et poursuit.
-J'ai pas voulu te le dire tout de suite. Je ne voulais pas t'effrayer. Moi-même je n'ai pas compris comment une telle chose a pu se produire. Malgré tout, c'est arrivé. J'étais plutôt heureux, même si toi, tu ne semblais pas ressentir ce que j'ai réussi à percevoir. Mais tu étais obsédée à l'idée de rentrer chez toi, dans ton monde. Alors je n'ai rien dit.
Il fait une pause, un petit laps de temps suffisant pour que mon cerveau surchauffe par l'incompréhension qu'il cause à ma petite tête. Je ne vois pas vraiment où il veut en venir - enfin si, j'ai peut-être une petite idée, mais j'ai trop peur d'être déçue si ce n'est pas le cas. Impatiente de comprendre, je ne dis rien et le laisse continuer.
-Avant tout, je veux que tu comprennes bien que je n'ai absolument pas choisi cela, ça nous est tombé dessus comme ça, sans que je ne m'y attende.
-Bastian, arrête de divaguer et va droit au but.
Il déglutit. Ses yeux argentés sont ancrés dans les miens. Il inspire, cherche le courage au fond de lui même, prêt à sortir une énormité.
Bon sang, mais qu'est-ce qu'il veut me dire qu'il n'arrive pas à me dire ?!
-Léane, tu es... toi et moi, on est comme qui dirait... nous sommes liés tous les deux. Nous partageons le même destin, depuis toujours - enfin depuis que tu as crée mon monde. Je l'ai su dès que je t'ai vu dans la forêt. Tu es mon âme-soeur. Et je suis la tienne.
Je suis choquée. Stupéfaite. Ahurie. Eberluée. Abasourdie.
Lui et moi, liés l'un à l'autre, comme des âmes-soeurs.
Si je m'attendais à ça...
-Comment... Comment !? Comment est-ce que l'on peut être... nous deux, âmes-soeurs ! Nous ne venons pas du même monde ! je m'exclame en m'efforçant d'être la plus silencieuse possible.
Les deux autres métamorphes ne semblent pas nous prêter attention, au contraire, ils discutent tranquillement en oubliant que nous somme là. Aucun d'eux ne se rend compte de l'évènement qui est en train de se produire.
Et c'est tant mieux.
-Je ne sais pas non plus comment cela a pu arriver. Je n'ai pas cessé de me demander. J'ai fini par me dire que c'est quelque chose que tu as écris lorsque tu étais encore dans ton monde qui a eu pour conséquence de nous relier.
-Mais je n'ai jamais...
Non, je n'ai jamais écrit que Bastian était mon âme-soeur ! L'homme - le métamorphe - de ma vie !
En revanche, j'ai bien écrit un petit truc, si futile qu'il est étonnant que je m'en souvienne.
Lentement, je sourie.
-Tu as voulu te lier à moi ? me demande alors Bastian, le visage si impassible que je ne sais pas si cela le ravit ou non.
-Je t'assure que je ne l'ai pas fait délibérément ! Ce n'était qu'une petite phrase, un petit rien, j'écrivais un paragraphe sur toi et quand je suis venue à parler de ton âme-soeur, j'ai écrit une phrase dans le genre : qu'elle était tellement introuvable qu'elle se trouvait peut-être dans un autre monde...
Le silence se fait. Je n'ose pas regarder Bastian dans les yeux. Ce que je suis en train d'apprendre, c'est énorme. Et le pire dans tout ça, c'est que je ne l'apprends que maintenant.
-Pourquoi ne pas me l'avoir dit avant ?
Cette fois, c'est au tour du loup d'esquiver mon regard.
-Tu allais retourner dans ton monde, quoiqu'il arrive. J'avais peur que si je t'avoues tout avant que tu n'y retournes, tu t'arranges une fois là-bas pour défaire ce que tu avais fait.
Il prend une inspiration.
-Je veux à tout prix rester ton âme-soeur, même si un monde doit nous séparer. Ce n'est pas juste un lien qui nous relie, Léane. Après le temps que nous avons passé ensemble, je suis aussi tombé amoureux de toi.
Oh, Bastian...
Si nous n'étions pas menottés dans une camionnette, je me serais jetée volontiers dans ses bras.
-Bastian, si tu me l'avais dit plus tôt... Rien ne me retient dans mon monde. Je suis souvent seule, mes amis ne me parlent plus, ma famille m'a oubliée, et je n'ai même pas d'animal de compagnie. Si vous me l'aviez demandé, j'aurais accepté de rester.
Bastian sourie, le visage radieux, juste un instant.
-Nous sommes arrivés. nous annonce la voix du conducteur alors que le véhicule s'arrête.
Je ne peux pas mourir, pas maintenant, pas après ce que je viens d'apprendre. J'ai besoin de connaitre Bastian, besoin d'expérimenter ce que ça fait d'être l'âme-soeur de quelqu'un, son âme-soeur, j'ai besoin de ressentir ce que ça fait d'être aimé par ce loup, et j'ai envie de l'aimer à mon tour.
Mais aujourd'hui, tout finit, alors que rien n'a encore commencé.
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Bon, ça, qui avait réussi à le prévoir ? XD
J'espère que ça en réjouit certains, moi en tout cas, ça fait un bail que j'ai pas écrit sur un couple d'âme-soeur ! J'espère aussi avoir réussi à vous surprendre.
Je vous préviens de tout de suite, je ne sais absolument pas quand je vais écrire le prochain chapitre - vous me connaissez depuis le temps, j'ai un rythme d'écriture totalement irréguliers ! Pour l'instant, je ne sais pas encore comment va se passer la suite des choses, même si j'en ai une vague idée et si l'inspiration ne se montre pas, je ne vais pas pouvoir écrire avant un moment. ( Roh et puis de toute façon je viens de vous gâter avec deux chapitres en une journée, vous devriez être contents non ? XD )
Au plaisir de vous retrouver !
PicMacBook
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