Génétique critique
Empruntant de nouveau l'impressionnant hall où trônait la réception, il sembla judicieux à Romane de prévenir l'employée d'accueil de l'arrivée imminente de leur invitée, afin qu'elle ne subisse pas les mêmes déboires qu'elle un peu plus tôt.
— Bien sûr, mademoiselle Saint-Clair, vous pouvez compter sur moi, obtempéra la réceptionniste embarrassée et visiblement nerveuse.
Puis Charlène et elle franchirent les portes du restaurant « le Dali ».Suivant, le jeune homme qui les amenait jusqu'à leur table, Romane sentit ses pas mal assurés, souhaitant plutôt aller à reculons pour éviter une nouvelle confrontation avec sa tante.
À leur arrivée, Liam se dressa, un sourire un peu crispé et masquant maladroitement son humeur contrariée. Flora quant à elle, leva furtivement les yeux en direction de sa nièce, le visage fermé, impassible. Comme on lui indiqua, Charlène se posa aux côtés de son boss, lui-même voisin de sa mère. Ne restaient que deux places autour de la table ronde, Romane fut invitée à prendre place à la gauche de l'assistante. Le cadre était posé, les cartes distribuées, la soirée s'annonçait tendue...
Bien heureusement, Justine ne tarda pas à faire son apparition, visiblement impressionnée partant de faste. Ses hôtes l'accueillirent chaleureusement mettant de côté leur état d'esprit ténébreux.
— Merci d'avoir accepté notre invitation, commença l'homme de la tablée, affichant un sourire lumineux quasi commercial.
— Euh, c'est moi qui vous remercie de m'accueillir dans un endroit si... prestigieux, exprima Justine éblouie.
— Rien n'est trop, pour vous remercier du dévouement dont vous faites preuve auprès de Rose, affirma Liam respectueusement.
— Vous me flattez mais comme je l'ai dit à mademoiselle Saint-Clair, je ne fais que mon métier et je ne suis pas seule, nous sommes toute une équipe,argumenta l'infirmière en se tournant vers Romane.
— Ne soyez pas modeste,vous avez été exceptionnelle, souffla la jeune femme, qui n'avait plus desserré les dents depuis qu'elle avait pris place.
Les cartes des menus distribuées, chacun exprima ses envies. Romane opta pour une salade composée en entrée et du poisson en plat principal, la légèreté s'imposait face à sa situation nauséeuse.
La discussion tourna autour de Rose, son état actuel, ses soins puis bientôt elle dévia sur l'avenir de Justine.
— Quels sont vos projets pendant ce congé sabbatique ? questionna alors Liam opportuniste.
— Je souhaite utiliser ce temps pour trouver un nouvel emploi où j'aurai la sensation de faire avancer les choses pour des causes qui me tiennent à cœur. Je veux être dans l'action, plus dans la résignation que je ressens depuis quelque temps... dit-elle déterminée. Je refuse de passer ma vie à tenir des mains de personnes qui périclitent, en me disant qu'on ne peut pas faire autrement. Elle marqua un temps pour reprendre de la contenance et poursuivit : cette maladie nous concerne tous ! Des formes précoces interviennent avant soixante ans et dans de rares cas, elle peut même se manifester dès trente ans. On sait depuis les années 90, que trois gènes, au moins, transmettent une forme héréditaire d'Alzheimer, ce qui ne fera qu'amplifier le nombre de patients atteints de démence précoce au fil des générations. Ce n'est pas la conséquence normale du processus de vieillissement, c'est un mal qu'il faut combattre ! ...conclut-elle avec conviction.
— Vous me donnez la sensation d'être personnellement impliquée... tenta Romane, qui ne voulait pas être indiscrète mais qui était interpellée par tant de hargne.
— Oui...effectivement, vous avez raison, concéda-t-elle touchée en plein cœur. Ma maman a été diagnostiquée à 40 ans, je l'ai vécue... J'étais très jeune et elle me la prise... C'était très dur et perfide, car elle ne me reconnaissait plus à la fin, articula-t-elle péniblement. Les derniers temps je ne voulais plus la voir... elle me faisait peur... une larme roula sur sa joue, elle s'en excusa, confuse de s'épancher.
— Je comprends mieux votre combat, acquiesça Charlène compatissante, ébranlée par ce récit.
— Oui d'autant plus que je me suis faite dépister et que je sais déjà que j'en suis atteinte. J'espère qu'elle ne viendra pas trop tôt comme ma mère... confessa-t-elle dépitée.
Un ange passa, que dire pour rassurer quelqu'un quand aucun traitement n'existe encore...
— Je comprends mieux votre projet et il vous honore, émit Liam touché par l'histoire familiale de l'infirmière.
Charlène penchée dans le dos de Liam, continuait à traduire les propos pour Flora une place plus loin. Face aux contorsions de l'assistante, Liam décida de changer de place et il se retrouva voisin de Romane, perturbée par cette nouvelle proximité.
Des serveurs s'avancèrent et les entrées furent servies. Charlène toussota pour susciter l'attention. Elle s'adressa à Justine.
— Flora, enfin madame Laurence, souhaite que je vous pose une question, formula-t-elle, embarrassée de cette demande.
— Oui bien sûr dites-moi.
— Elle voudrait savoir...quelles sont ses probabilités de développer la maladie étant donné que Rose et elle sont de vraies jumelles ?
La question n'était pas anodine, loin de là ! Les regards se tournèrent tous vers l'infirmière, suspendus à ses lèvres, fourchettes immobilisées, attendant le verdict de la femme devenue acolyte malgré elle du mal sournois.
Consciente qu'un loup était levé, Justine prit la mesure de sa réponse. Tout d'abord, elle chercha l'approbation de Liam du regard, il comprit son embarras et bien que sur le vif, il cilla en signe d'assentiment.
— Eh bien, je ne suis pas généticienne... débuta-t-elle. Comme je vous l'ai dit l'hérédité existe...
Puis devant le regard de Flora attentive, elle choisit la franchise.
— Des études ont été menées, en Finlande et aux États-Unis sur les jumeaux et la maladie d'Alzheimer. Pour les vrais jumeaux, monozygotes, le taux de concordance est de... 50%
La nouvelle tomba comme un couperet, un « oh ! » fut lâché par Charlène, hésitante à traduire. À cet instant, Liam comprit clairement que ce combat, commun à Romane et Justine, était également le sien !
— Je tiens à modérer mes propos, précisa Justine, de vrais jumeaux peuvent développer une évolution très différente même en étant à risque, en fonction du mode de vie – ce qui est le cas ici- les traitements suivis peuvent aussi changer la donne. Ce n'est pas une fatalité !
— Ma mère va faire le test ! Déclara Liam désormais éclairé de l'épée de Damoclès qui pesait sur la tête de Flora.
— Votre mère, vous et mademoiselle Saint-Clair êtes concernés par ce test, rectifia alors l'infirmière.
Liam accusa le coup, bien qu'il ne se sente pas malade, il dût bien reconnaître qu'elle était dans le vrai.
— Nous le ferons tous les trois... admit-il à demi-mot.
Dès lors, il sembla judicieux à Romane de rétablir une vérité, qu'elle n'avait pas jugée nécessaire de mettre en avant jusque-là.
— Je n'ai pas besoin de le faire, déclara-t-elle naturellement, alors que chacun commençait son entrée.
— Tu l'as déjà fait ?Questionna Liam.
— Non, je suis la fille adoptive de Rose et Charles...
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Bonjour tout le monde !
Voilà elle l'a dit ! Rose et Charly sont les parents de cœur de Romane.
A travers mon histoire, je vous fais découvrir un mal dont de nombreuses personnes
souffrent ou souffriront, comme vous l'avez compris.
La recherche avance et fait des découvertes ( que j'essaie de vous faire découvrir,
comme je les découvre moi-même)
Face à ce fléau , qui n'est pas une conséquence normale du vieillissement
et qui augment :(
j'ai été très surprise d'apprendre le déremboursement des traitements
symptomatique de la maladie d'Alzheimer au journal télévisé...
Voyez-vous, depuis que j'écris sur ce sujet
il me tient à cœur et si j'étais publié un jour, je demanderai à reverser
une partie pour cette cause...
Sur le site de la fondation Vaincre Alzheimer, des explications sont données,
une pétition lancée....
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Un grand merci pour vos lectures! vos commentaires et vos votes!
Sans vous les histoires n'existent pas !
Merci !!!!!!!!!!!!!!! Luce
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