Pour la première fois, Romane laissa Liam interdit. Devant la surprise suscitée par cet aveu, elle comprit que quelques explications s'imposaient.

— Rose n'a pas pu avoir d'enfant naturellement, mes parents m'ont adoptée quand j'avais trois mois... expliqua-t-elle alors.

— Vous connaissez les antécédents médicaux de vos géniteurs ? Questionna Justine, toujours aussi terre à terre, ce qui ne manqua pas de faire sourire Romane, amusée.

— Rose et Charles les connaissaient peut-être... j'avoue que moi non, remarqua la jeune femme. Je n'ai jamais demandé à avoir accès à mon dossier d'adoption. C'est un sujet que j'ai toujours préféré ignorer, délivra-t-elle d'une voix blanche, peu encline à s'étendre sur le sujet.

— Faites le test quand même alors ! ça ne mange pas de pain, conclut l'infirmière imperturbable.

Justine était restée très naturelle à cette annonce, ce qui n'était pas le cas des autres attablés qui l'observaient comme s'ils ne l'avaient jamais vue, la détaillant soudainement.

— Nous ne sommes pas vraiment cousins alors ? Déduit soudain Liam avec ironie, un sourire ravageur sur le visage.

— Sur le papier nous le sommes mais pas génétiquement parlant, précisa-t-elle, un peu agacée par ce genre de remarque qui pouvait insinuer un doute sur sa légitimité. Elle assumait mal depuis quelque temps que seuls sa parole et un livret de famille ne soient que les garants de son appartenance au foyer des Saint-Clair. Elle se radoucit, consciente qu'elle mettait à jour sa faille et continua sur un ton sirupeux.

— Disons que je suis ta cousine de cœur...admit-elle, les yeux de nouveau captés par le beau visage masculin.

La réponse sembla satisfaire Liam qui porta son breuvage à la bouche, sans décrocher le regard de celui de Romane. De ce langage non verbal, une sensation grisante et pleine de promesse se dégagea.

Flora ne sachant plus trop à quoi s'en tenir, soupira, avant de se recentrer de nouveau sur son assiette.

Quand l'entrée fut desservie,Liam reprit les choses sérieuses, après tout cette soirée était destinée à embaucher l'infirmière.

— Avez-vous avez déjà des pistes pour la suite ? interrogea-t-il.

— À vrai dire, vaguement... mais j'aurai le temps dont je ne dispose pas actuellement pour démarcher des centres de recherches et des associations.

— Et vous pensez qu'il est facile d'accéder aux recherches en cours ? s'intéressa Romane.

— Pas vraiment, à moins de financer celles-ci ou d'y être habilitée, concéda-t-elle lucide. Quand des innovations importantes sont décelées, elles sont jalousement gardées avant d'être présentées à la communauté scientifique, pour être enfin validées. Le secret est très présent dans ce domaine, l'espionnage peut même exister ! Il faut savoir que les nouveaux traitements peuvent rapporter énormément aux laboratoires qui en possèdent les brevets.

L'argent c'est le nerf de la guerre ! s'entendit penser Romane intérieurement. Elle, qui bien que son héritage parental soit passé en soins médicaux, pouvait se féliciter d'y avoir fait face jusqu'à présent.

— Me concernant je compte sur mon expérience de dix ans auprès du malade comme laissez-passer, poursuivit Justine. Mais je peux également participer comme sujet porteur à des protocoles afin d'améliorer les connaissances sur la pathologie ou pour tester une thérapeutique en cours d'expérimentation... avoua Justine, pas trop convaincue quand même.

— Vous êtes prête à servir de cobaye ! Protesta Romane contrariée.

— Je dirai plus simplement que je suis prête à me battre et à donner un véritable sens à ma vie, précisa Justine dans un calme déconcertant.

L'assistance afficha un profond respect face à ce petit bout de femme partie en croisade contre un monstre qui semblait indestructible.

— Le hasard fait très bien les choses... Lança alors Liam, comme on lance une ligne prête à ferrer un gros poisson. Amusé par son effet, il fit durer le plaisir, stoppé par le service du plat principal.

Les quatre femmes attendirent la suite de son propos, incrédules.

— Nous allons créer la fondation « Rose Saint-Clair » annonça-t-il crânement. Pour faire avancer la recherche, le développement des traitements et agir contre Alzheimer ! Vous m'avez convaincu, termina-t-il à l'encontre de l'infirmière.

Eh ben ! Rien que ça !poursuivit la petite voix intérieure de Romane.

Cette soudaine lubie laissa les femmes sans voix. Certaines tendant à croire à la plaisanterie, quand d'autres ne mettaient aucunement en doute la véracité de cette proclamation. Malgré tout la confusion régnait.

— Voilà Justine ! vous avez trouvé votre reconversion, mais nous aurons aussi besoin de vous, pour prendre soin de ma tante Rose et nous conseiller, lâcha-t-il, sûr de lui, comme si tout était réglé.

L'infirmière éclata de rire, convaincue que Liam divaguait, mais l'impassibilité ambiante finit par la convaincre de la crédibilité de l'homme, ce qui la laissa pantoise et embarrassée.

En quelques instants, Liam avait mis en action son esprit vif d'homme d'affaires et argumenta sa décision.

— Dans ma famille, on peut dire que nous avons toujours su sentir ce qui était essentiel pour l'avenir... débuta-t-il. Mon arrière-grand-père a créé « la steelworks and Cie », une aciérie. Mon grand-père, William passionné par les débuts de l'aviation, a convaincu son père de participer à la fabrication de fuselage d'avion -ce qui fut capital lors de la Seconde Guerre mondiale - et qui mit notre famille au premier plan, car avant-gardiste pour l'époque. Mon père, Marcus, a diversifié nos activités dans divers domaines, accroissant notre fortune. Moi, je vais participer à la recherche.

En quelques minutes, il avait pensé à tout. Il dévoila le projet de fondation un peu plus en détail. Sa notoriété et ses contacts en Angleterre pourraient les aider à collecter des fonds. Des événements seraient organisés des deux côtés de la Manche afin de la faire connaître. Les yeux brillants de Justine ne cachèrent pas leur intérêt pour ce programme ambitieux. Romane fondait littéralement pour cet homme charismatique, complètement conquise par cette folie douce.

Justine informée de sa fonction première auprès de Rose, fut heureuse de pouvoir continuer sa vocation dans des conditions idéales, tout en participant à la création de la fondation. La chance de sa vie venait de lui sourire, pas question de reculer !

Le dessert arriva, ainsi que le champagne et contre toute attente, c'est Flora qui leva sa coupe. Ses yeux exprimaient de la fierté, elle prononça une phrase que Charlène et Liam traduisirent en cœur en levant leurs coupes, ce que Romane et Justine firent aussi.

— À la fondation Rose Saint-Clair et à nous !

La soirée se termina sur une nouvelle victoire pour l'avenir de Rose. Tout s'organisait autour d'elle pour lui offrir le meilleur dans l'espoir de prolonger sa vie.

Romane épuisée n'avait plus qu'une envie... rentrer chez elle et quand Justine prit congé, elle en fit autant, malgré le sac déposé quelques heures plus tôt dans la chambre de Liam.

Après avoir franchi les portes du restaurant, elle sentit une main lui enlacer la taille pour la retenir.

— Tu ne restes pas avec moi ? Lui demanda un Liam déstabilisé, pour la première fois.

— Et partir en catimini au petit matin, pour ne pas être surprise par Flora ? Non, j'ai passé l'âge des cachotteries... et je ne veux pas jouer la comédie.

— Et tes affaires ? Monte, les reprendre. Tenta-t-il en dernier recours.

— Laisse-les à l'accueil, je passerai les reprendre demain dans la journée.

Elle s'avança et lui déposa un tendre baiser au coin de la bouche. Puis, elle s'éloigna à regret, soulagée d'avoir eu le courage de résister car elle était pleinement consciente qu'en agissant autrement elle s'engageait dans bien des complications...

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Voila ! l'amour OUI

L'amour a tout prix NON,

Romane sait ce qu'elle veut!

 et ce qu'elle veut ce n'est pas une relation clandestine ;)

Merci pour vos lectures et pour vos votes ;)

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A bientôt!

Luce ❤