Prologue
Cette histoire démarre la deuxième semaine des jeux olympiques de Paris. Léon Marchand a déjà remporté ses compétitions.
Bonne lecture 😘
*
Un verre de champagne à la main, je profite de cette première soirée sans la pression de la compétition. Je suis cinq fois médaillé de ces jeux olympiques de Paris et je peine encore à le réaliser. Tout est allé si vite.
J'ai à peine eu le temps de souffler que ça y est, la semaine était passée, les compétitions s'étaient enchaînées, et je me retrouvais avec ces médailles, embarqué dans une spirale infernale de conférences, interviews et invitations à n'en plus finir.
Avant ces jeux, j'étais seulement Léon Marchand, nageur inconnu de mon propre pays, pressenti pour - peut-être - obtenir une ou deux médailles - sûrement de bronze - et revenir dans la cour des grands dans plusieurs années.
Désormais, je suis Léon Marchand, cinq fois médaillé. Quatre fois d'or, une fois de bronze.
C'est renversant. J'ai l'impression de vivre un rêve éveillé, sans parvenir à en sortir.
Ce soir, on m'a invité à une soirée privée entre athlètes. Les sportifs français ne sont pas les seuls présents, d'autres nations ont également été conviées, parmi lesquels je reconnais quelques athlètes américains, croisés lorsque j'étais en Arizona. Je connais aussi plusieurs nageurs avec lesquels j'ai concouru, mais pas forcément échangé.
Mes yeux parcourent la foule.
J'appartiens au même cercle, et pourtant, je me sens parfois en retrait. Comme si je vivais un rêve, comme un jeune premier perdu dans la cour des grands. Tout le monde ne parle que de moi à la radio et à la télévision, et j'ai parfois l'impression qu'il s'agit d'un autre. Un double. Un second Léon Marchand qui aurait réalisé mes propres exploits.
Tout est tellement fou. Tout a été si rapide.
Je porte mon verre à ma bouche et avale les bulles. Cela fait du bien de pouvoir boire du champagne. J'ai pris soin de faire attention à mon alimentation, et de ne boire aucune goutte d'alcool avant et pendant les jeux. Je peux enfin en profiter.
— Tout se passe bien, Léon ? me demande Florent.
Florent, Yohan et Maxime, les trois autres nageurs avec qui j'ai réalisé le 400m en relais, sont également présents. Nous sommes allés ensemble au Club France et maintenant ici. Je hoche la tête, un sourire greffé sur les lèvres.
— Très bien. Et vous ?
— C'est moins vivant qu'au club France, mais c'est sympa quand même, répond Maxime.
— Ma sœur est là-bas, annonce Florent en désignant Laure Manaudou du doigt. Je vais aller la saluer.
— Je t'accompagne, déclare Yohann.
Maxime et moi échangeons un regard amusé. Nous soupçonnons tous les deux Yohann d'avoir des vus sur Laure. Inutile de lui expliquer que le cœur de l'ancienne nageuse est déjà prise, il ne nous écouterait pas.
Nous les regardons s'éloigner. Maxime me parle de ces prochaines vacances et je ne l'écoute que d'une oreille, perdu dans mes pensées.
C'est alors que mes yeux tombent sur un homme, de l'autre côté de la salle.
Il ne doit pas avoir plus d'une trentaine d'année et il est assis sur une chaise en train de faire du tricot. La scène est tellement surréaliste que je manque de recracher mon verre. Maxime fronce les sourcils, puis suis mon regard :
— Il tricote ou je rêve ?
— Non, tu ne rêves pas.
Un homme se poste devant lui, nous masquant le sportif-tricoteur. L'athlète porte un t-shirt estampillé du drapeau de l'Angleterre et lui tend un verre que le tricoteur décline. L'autre engage la conversation, mais je n'entends pas ce qu'ils se disent d'où je suis. Cela a l'air houleux, parce que le premier lève les bras d'un air agacé.
— On devrait peut-être intervenir ?
Je suis le regard de Maxime. Le nageur fixe la scène, ne sachant que faire.
Heureusement, le sportif finit par s'éloigner, m'offrant une vue plongeante sur le tricoteur qui a cessé de tricoter et fixe le vide.
— Son visage me dit quelque chose.
— Je crois que c'est le porte-drapeau de la délégation britannique, répond Maxime.
Impossible de me souvenir de son nom.
— Il n'a pas l'air d'aller bien, commente Maxime.
C'est seulement là que je remarque qu'il pleure. Son tricot à moitié fait et ses aiguilles posées sur ses cuisses, il essuie les larmes qui coulent sur sa joue. À force de l'observer, il doit sûrement sentir le poids de nos regards sur lui, car il finit par relever la tête.
Ses yeux bruns rencontrent les miens. Il essuie sa joue et détourne les yeux.
— Je vais aller voir, déclaré-je.
— T'es sûr ?
— Oui.
Je repose mon verre sur la table et abandonne Maxime. C'est sûrement une connerie. Je devrais me mêler de ce qui me regarde et le laisser tranquille, mais quelque chose m'attire et m'intrigue chez lui. Je traverse la pièce et me retrouve face au sportif.
— You are a problem? demandé-je.
. Par chance, je maîtrise très bien la langue de Shakespeare, puisque je vis aux États Unis.
— Yes, répond-il alors qu'une seconde larme coule sur sa joue.
Je poursuis dans cette langue :
— Desolé. J'étais inquiet.
Je ne sais pas pourquoi je lui dis cela. Nous ne nous connaissons pas. Il va sûrement m'envoyer balader et me demander de me mêler de mes affaires.
À ma grande surprise, il se met à sourire d'un air triste et me répond :
— Pas vraiment, mais c'est gentil de t'en préoccuper.
— Tu veux un peu de compagnie ?
Ça devient vraiment ridicule. Je ne sais même pas qui il est. Le sportif tourne son regard de chaque côté. Il se demande sûrement si je lui fais une farce. Ou alors, il cherche son ami, parti je-ne-sais-où.
— D'accord, accepte-t-il finalement.
*
J'espère que vous avez aimé ce prologue.
Est-ce que cela vous donne envie de connaître la suite?
Pour finir, je vous laisse une photo de Tom (mon nouveau petit chouchou après Léon) en train de tricoter !
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