Épilogue (Léon)




1 an plus tard.

Une année s'est écoulée depuis les jeux de Paris.

Je ne suis pas reparti immédiatement aux Etats-Unis. Je suis resté quelques temps en France, d'abord pour rejoindre Tom aux épreuves paralympiques, ensuite pour passer du temps avec mes proches à Toulouse, et répondre à d'autres demandes d'interviews. On m'a demandé ce que je comptais faire de l'argent gagné avec mes médailles. J'ai répondu que j'allais faire plaisir à mes proches, sûrement m'acheter un appartement, puis que j'aviserai pour l'avenir.

Évidemment, il m'en reste encore, et j'ai une petite idée sur ce que je pourrai faire d'une des primes que j'ai gardés. Cela fait des mois que j'y pense. Dès mon retour en Arizona, cette idée s'est mise à trotter dans ma tête. Alors que Tom et moi étions séparés par l'océan, et des milliers de kilomètres, je me demandais comment contribuer à notre cause, moi aussi. Comment être utile au monde. Comment œuvrer pour plus d'inclusion dans le sport. Chaque fois que j'avais Tom au téléphone ou en visio, il me racontait les actions qu'il menait et qui semblait lui apporter un grand plaisir.

Tom a vendu sa maison. Dustin est reparti vivre en Californie, lui est resté à Londres où il s'est acheté un appartement. Il a aussi ouvert une petite mercerie, sur Victoria Street. Je n'ai pas encore eu le temps d'aller la visiter, mais je compte bien le faire bientôt.

Très bientôt même.

— Lady and Gentleman, merci d'avoir choisi le vol América Airline comme compagnie. Nous espérons que vous avez effectué un excellent vol, et vous souhaitons la bienvenue en Angleterre.

Je retire ma ceinture et m'extirpe du siège sur lequel je suis assis. Le vol Phoenix – Heathrow a duré plus de huit heures. Le décalage horaire se fait sentir quand je récupère ma valise sur le tapis roulant et effectue les divers contrôles avec mon passeport. La douane me le demande au moins quatre fois (à croire que j'ai changé d'identité entre mon atterrissage et le moment où j'ai récupéré ma valise) et ce n'est qu'après une bonne heure que je parviens enfin dans le hall de l'aéroport.

Mes yeux sont immédiatement attirés par l'homme qui m'attend, sous les panneaux annonçant les arrivées. Il porte des lunettes de soleil sur son front, alors que le ciel londonien annonçait de la pluie à mon départ. Il faisait presque quarante degrés quand j'ai quitté l'Arizona hier, alors atterrir sous la pluie me procure un sentiment très étrange. Heureusement, lorsque mon regard rencontre celui de l'homme qui fait battre mon cœur, le soleil revient m'habiter.

         Tom délaisse le panneau et court vers moi.

         Lorsqu'il parvient à ma hauteur, je laisse tomber ma valise et le saisis au vol. Ici, à Londres, personne ne me connaît. Grâce à mon départ aux Etats-Unis et le temps qui s'est écoulé, je suis redevenu un presque anonyme. Surtout ici, en Angleterre. C'est encore différent en France, mais là, je peux être moi-même. C'est plaisant. Et c'est ce qui me pousse à poser mes mains en coupe sur le visage de Tom Daley, et à venir plaquer mes lèvres contre les siennes.

         D'abord surpris, il finit par me laisser faire, les yeux fermés, profitant de la chaleur de notre baiser, avant de reculer. Ses yeux brillent de plaisir, son doigt glisse sur ma joue.

         — Tu m'as manqué.

         — Toi aussi.

         Nous ne nous sommes revus que trois fois depuis les jeux. D'abord à Paris, en août 2024, une semaine en novembre, cette même année, et deux autres au moins de mars, quand il est venu en Arizona. Le reste du temps, nous nous parlons par écrans interposés. J'avais promis de venir passer une partie de mes vacances d'été à Londres, et lui viendra ensuite à Toulouse, rencontrer mes parents. Ils savent que nous sommes ensemble, mais je n'ai toujours pas eu l'occasion de le leur présenter officiellement.

         — Désolé pour la pluie, j'avais commandé le soleil, mais bon...

         Il pointe le ciel du doigt puis attrape ma main avant m'entraîner vers sa voiture. Une fois à l'intérieur, il se met à pépier, me racontant tout ce qui lui passe par la tête. J'apprends que l'inauguration de sa mercerie s'est bien passée, qu'il a toujours mille projets. Je l'écoute en souriant, ma main posée sur la sienne qui tient le frein à main. Le voir conduire à droite est un peu déstabilisant. J'oublie toujours que les anglais ne font pas les choses comme tout le monde.

Finalement, il s'arrête devant un immeuble au style purement londonien, en brique rouge, qui me rappelle un peu le design new-yorkais. Nous quittons la voiture et grimpons les marches jusqu'à rejoindre son chez lui. Là, il ouvre la porte et me laisse entrer. L'appartement est très bien décoré. Il lui ressemble, avec des pelotes de laine abandonnée partout, ses vêtements éparpillés, ses médailles gagnées lors de ses cinq jeux, exposées dans des vitrines, et ses photos accrochées sur les murs. Il me l'a déjà montré en vidéo, mais c'est autre chose de l'avoir sous les yeux.

— Sympa ! commenté-je.

         Quand il referme la porte, je laisse tomber ma valise et reviens immédiatement l'embrasser. Nos mains se cherchent, nos vêtements menacent de tomber trop vite dans la précipitation. Je souffre d'un manque de lui, et de son corps, lorsque je suis éloigné. La distance ne m'aide pas à combler ce désir que je sens grandir chaque fois que mon regard se pose sur lui. Tom n'est pas en reste.

         — Je t'aime, murmure-t-il dans le creux de mon oreille.

         — Je t'aime aussi.

         — Embrasse-moi, Léon.

         — Je ne fais que ça.

         — Fais-moi l'amour.

         Au lieu de calmer mes ardeurs, il me déshabille en premier, puis m'entraîne jusque dans sa chambre. Là, nos corps, privés trop longtemps l'un de l'autre, se cherchent et se trouvent, s'emboîtent, s'aiment. Nous faisons l'amour, nous caressant l'un l'autre, sans cesser de nous embrasser.

         La pluie martèle les carreaux de la fenêtre quand il se tourne vers moi, son corps nu drapé d'une simple couverture en laine. Il caresse mes omoplates, tout en me dévisageant. J'en profite pour lui avouer la surprise que je garde depuis des jours.

         — J'ai deux choses à t'annoncer. Je t'avais promis un cadeau lors des JO, et j'ai un peu tarder. Mais j'ai trouvé maintenant.

         Ses yeux se plissent. Soudain attentif, il attend que je poursuive. Je me redresse et pose ma tête sur ma main :

         — La première, c'est que je compte reverser la prime que l'on m'a donné pour ma première médaille à une association.

         — Oh, vraiment. Et laquelle ?

         Ses lèvres sourient. Je sais qu'il a compris.

         — Celle de ton choix, déclaré-je. Tant qu'elle soutient les sportifs queer.

         Son regard se pare de douceur, il est ému. Je sais que ça lui tient à cœur, il cherche toujours à récolter de l'argent pour faire des dons et œuvrer pour l'inclusion. À ma manière, j'avais aussi envie de participer. Mes doigts viennent caresser sa main alors que je prends une forte inspiration pour lui annoncer ma deuxième surprise.

         — La seconde, c'est que je compte revenir en Europe, définitivement.

         Cette fois, des larmes se mettent à briller dans ses yeux noisette. Je m'empresse d'aller les cueillir, déposant un baiser sur son nez au passage.

         — Tu vas rentrer en France alors ? demande-t-il.

         Je souris.

         — En France. Ou ailleurs.

         — Ailleurs ?

         — J'ai bien envie d'essayer un autre pays. Peut-être l'Irlande ou l'Ecosse.

         Il me donne un coup dans l'épaule et marmonne d'agacement.

         — Ne dis pas n'importe quoi, ce ne sont pas de vrais britanniques.

         — C'est quoi, un vrai britannique ?

         — Moi.

         Il se pointe du doigt. Il est vraiment trop craquant. Mon cœur bat tellement fort quand mes yeux se posent sur lui. Je ne veux plus jamais vivre à autant de kilomètres de distance, mais je ne veux pas non plus m'imposer.

         — Tu as raison, un anglais a conquis mon cœur. Alors...

         — Alors... ?

         — Si tu es d'accord, je pourrai venir vivre ici, à Londres.

         — Chez moi ?

         — Pas forcément, sauf si tu...

         Il ne me laisse pas finir. À la place, il m'embrasse avec frénésie. Son corps bascule au-dessus du mien, il dépose sa tête sur mon torse et je passe ma main dans ses cheveux bruns.

         — Tu peux rester ici autant que tu le veux, Léon.

         — Alors, c'est d'accord ?

         Il relève la tête. Ses yeux pétillent, des larmes coulent.

         — Oui. Oui. Oui, et encore oui.

         Sa bouche se colle à la mienne. Nos lèvres dansent. Nos cœurs battent à l'unisson.

         — Je t'aime tellement, Léon.

         — Je t'aime aussi, Tom.

*

Et voilà ! C'est terminé !

Merci merci merci, d'avoir suivi cette histoire jusqu'ici.

Comme pour « Léon Marchand et la bénévole », j'ai pris un grand plaisir à écrire ce récit, comme à regarder les jeux olympiques.

Les jeux sont terminés, mais je suis contente qu'ils m'aient permis de renouer avec la fanfiction. Et surtout, de passer du temps avec ces athlètes qui m'ont fait rêver.

Cette histoire a un goût particulier. J'adore Léon Marchand, j'adore Tom Daley, et j'ai toujours aimé  des récits MxM, alors voilà. Je me suis fait plaisir, et je les ai trouvés trop mignon.

J'espère que vous les aurez aimés autant que moi.

❤️

Si vous voulez continuer l'aventure olympique, vous pouvez aller lire :
Leon Marchand et la bénévole
(Tome 1 & 2)

Et on se retrouve bientôt pour une nouvelle fanfiction sur les Frere Portal, pour parler de jeux paralympiques et d'une histoire d'amour avec une entraîneuse ;) et une autre bénévole ! 🥰

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