Chapitre 9 - Apprentissage du crochet (Tom)
Le chapitre est un peu court, mais promis, il sera plus long demain ! ;)
*
Deux nouveaux perchistes passent à tour de rôle. Bientôt, on annonce de nouvelles compétitions à venir, un relais. Léon s'est mêlé aux commentaires de Noah et Florent pendant que je termine mon repas tranquillement. Il semble préoccuper par mes dernières paroles, et je ne veux pas le brusquer. Aussi, je ne dis rien. Les athlètes commencent à se mettre en place sur la ligne de départ, en contrebas. Il n'y a aucun athlète britannique, mais un français.
— Les anglais ne sont pas bons en athèle, entend-je Noah expliquer à Florent.
— Les français ! Surtout avec Kevin Mayer qui a déclaré forfait.
Pendant qu'ils débattent sur quelle nation est la meilleure à l'athlétisme, Léon se retourne vers moi. Il tient toujours son pin's arc en ciel dans la main et le fait tourner entre ses doigts.
— Comment tu arrives à garder ton sang-froid face aux journalistes ? demande-t-il, poursuivant la conversation précédente comme si de rien était. Et face aux commentaires des gens sur les réseaux sociaux ? Ou aux critiques.
Ses questions ont l'air de le tourmenter. J'aimerais vraiment pouvoir l'aider.
— C'est toi qui me dis ça ? ris-je. Léon Marchand, le nageur ultra calme, au self power exceptionnel. Tu devrais plutôt me donner ton secret.
J'ajoute un clin d'œil. Cette fois, il devient rouge vif.
Oh oh ! Léon Marchand cacherait-il plus de chose qu'il ne veut le faire croire ?
Il rit. Cela me fait plaisir d'au moins lui remonter le moral.
— Je ne suis pas calme tout le temps.
Au même moment, des applaudissements s'élèvent dans les gradins. Florent et Noah n'arrêtent pas de jacasser. Au moins, mon coéquipier apprécie le français, c'est déjà ça. Je range mon Tupperware, attrape mon aiguille à crocher et reporte mon attention sur Leon.
— Je vais te montrer ma méthode à moi.
Ses yeux descendent vers mon aiguille et la pelote que j'attrape.
— Tu veux essayer ?
Il arque un sourcil, étonné.
— Maintenant ?
— Pourquoi pas ?
Noah se retourne à ce moment-là, ses yeux se plissent en me regardant, puis tombent sur mes mains.
— Tu comptes vraiment faire ça ici ?
— Ça me détend Noah, et Léon veut apprendre.
— À tricoter ? ricane Florent Manaudou, visiblement sceptique.
— À crocheter, précisé-je. Le tricot demande deux aiguilles. Là, je n'en ai qu'une.
Florent a l'air de me prendre pour un ovni. Heureusement, l'annonce du nom des athlètes ramène son attention sur les jeux. Noah nous fixe encore une seconde avant de retourner à la compétition.
J'en profite pour placer l'aiguille et la pelote dans les mains de Léon. Mes mains passent par-dessus les siennes, je tente de lui montrer le point le plus facile.
— Mets ta main comme ça, et celle-ci ici.
Il cherche à m'obéir, les plis de son front marqué par la concentration.
— Comme ça ?
— Parfait. Maintenant, tu passes l'aiguille là, puis tu la retournes là.
Il parvient à enfiler un premier fil, puis un deuxième. Malheureusement, la troisième fois, tout se dénoue. Léon me lance un regard dépité.
— Attends, je te montre.
Je récupère mon aiguille et lui montre en quelques mouvements comment faire. Ses yeux fixent mes doigts avec attention. Quand je veux le lui redonner, il repousse ma main. La sienne est douce.
— Continue, j'aime bien te regarder.
Oh, vraiment ? Il rougit encore (décidément !), et je crois que moi aussi. Nous nous regardons un moment, avant qu'il détourne le regard, l'air gêné. Je me remets à mon œuvre, l'air de rien.
— Tu fais quoi ?
— Un autre étui à médaille, répond-je avec un clin d'œil. Tu m'as dit que tu en avais besoin de cinq.
Une lueur de plaisir s'allume dans son regard. Je suis presque tenté de déposer un baiser sur sa joue, mais je me retiens.
« C'est Léon Marchand » me répèté-je. « Ne fais pas de connerie ». « N'interprète rien ». « Il est gentil, seulement gentil ». « Il n'y aura rien de plus entre vous ».
J'aimerais quand même lui demander si je me fais des films ou s'il est possible d'entrevoir une ouverture, même minuscule. Mais je me souviens de ce qu'il m'a dit juste avant : il veut garder sa vie privée.
Le journaliste n'a pas su le respecter. Mais moi, je le peux. Aussi, je me contente de continuer mon crochet, sans rien dire.
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