J'arrive en avance au village olympique. Il n'est que 18h45, mais je veux à tout prix faire du repérage et voir dans quel endroit nous pourrions-nous installer avec Tom. Florent m'a donné deux trois noms, mais j'ai besoin de faire du repérage. S'il n'est pas trop fatigué, j'envisage de lui proposer d'aller dîner ensuite (en tout bien toute honneur, bien entendu).

Je finis par repérer un café-restaurant qui n'a pas l'air trop mal. Je demande une table et j'ai à peine le temps de m'asseoir que mon portable vibre.

Tom :

Je suis arrivé, tu es où ?

Un sourire étire mes lèvres.

J'envoie ma localisation, puis ouvre Instagram en attendant qu'il arrive. Aussitôt, l'application me propose des vidéos et photos de lui (je me demande bien pourquoi, tiens). L'algorithme a visiblement bien compris qu'il me plaisait (enfin, qu'il m'intéressait, c'est tout...). Je passe quelques minutes à observer des vidéos de lui, notamment une interview dans laquelle il annonce vouloir prendre sa retraite après les jeux pour se consacrer à une vie de famille.

Cela me fait mal au cœur à l'idée qu'il n'aura pas cette vie qu'il semblait désirer.

Je suis en train d'écouter une autre interview, où il explique sa passion pour le tricot, si différente de celle de plongeur olympique quand il arrive. Habillé d'un polo et d'un bermuda, Tom Daley porte des lunettes de soleil sur la tête.

Je me lève aussitôt, ne sachant trop si je dois l'embrasser sur les joues (comme on a l'habitude de le faire dans le sud de la France), ou lui serrer la main. Lui se pose moins de questions que moi car une seconde plus tard, ses lèvres se collent contre ma joue, les échauffant fortement.

— Merci d'être venu, souris-je.

— Merci à toi de me l'avoir proposé. Ça va me changer les idées.

Tom s'assoit face à moi et pose ses lunettes sur son nez, faisant disparaître ses iris noisette. Le soleil est encore haut dans le ciel, il nous réchauffe et cela fait du bien après toutes ces journées grises sous la pluie parisienne.

— Tu bois quoi ? demande-t-il.

— Je n'ai pas encore fait mon choix. Peut-être un Perrier Menthe.

— Je vais prendre la même chose.

Nous commandons, et Tom se lance aussitôt dans une conversation anecdotique sur le village olympique. Nous parlons de la pluie, du beau temps, de l'urbanisme, pour finir par dériver sur les autres compétitions et compétiteurs. Cela détend vite l'atmosphère.

— Tu retournes aux États Unis après la cérémonie de clôture ? me demande-t-il en sirotant sa menthe.

— Pas tout de suite, je vais sûrement partir quelques temps à Toulouse chez mes parents. Histoire de couper un peu.

Il hoche la tête, soudain attentif.

— Je comprends, ça fait du bien de prendre du recul.

— Et toi ? enchaîné-je aussitôt.

— Je rentrerai sûrement à Londres après les jeux. J'imagine que Dustin voudra que je fasse mes cartons.

— La maison n'est pas à toi ?

Il secoue la tête.

— On l'a acheté ensemble, mais je ne me vois pas vivre là-bas sans lui. De toute façon, il ne restera sans doute pas en Angleterre. Il vivait à Los Angeles avant de me rencontrer, sa famille est là-bas. On vendra la maison, et j'irai vivre chez ma mère en attendant.

Il débite cela comme si de rien était, mais je sens la fêlure dans sa voix et les sanglots qu'il retient. Le serveur revient et nous demande si nous restons dîner. Je propose à Tom qui accepte aussitôt.

— Au fait, j'ai quelque chose pour toi.

Je fronce les sourcils, étonné. Qu'a-t-il bien pu m'apporter ? Moi, je n'ai rien prévu. Rien d'autre que ce repas informel, durant lequel j'espérais juste apprendre à le connaître davantage.

— Pour moi ? répété-je.

— Oui, tiens.

De sa poche, il extirpe un étui à médaille tricoté.

Mon cœur manque un battement.

Je récupère l'étui, les mains tremblantes, ne sachant que dire face à ce présent que je n'attendais pas.

C'est tellement mignon.

Et évidemment, cela me pousse à me questionner : pourquoi m'a-t-il offert un cadeau ? Y a-t-il quelque chose à interpréter ? Un message qu'il veut me faire passer ?

Si seulement... 

*

Je vous laisse avec une petite photo de Léon que j'ai trouvé trop belle pour terminer! 

J'espère que vous avez apprécié votre lecture.