Chapitre 3 - Comme un oiseau (Léon)
Tom Daley et Noah Williams ont décroché la médaille d'argent, juste derrière les chinois qui récupèrent l'or. Ce sont les cinquièmes jeux olympiques pour Tom (j'ai eu le temps de faire un tour sur Wikipédia et d'écumer sa biographie). Il comptait visiblement prendre sa retraite après les jeux, et n'est inscrit qu'à deux compétitions : le plongeon synchronisé et le plongeon individuel 10m. J'imagine qu'il n'y a que moi (et Michael Phelps) pour s'inscrire sur cinq courses. La plupart des sportifs n'en font qu'une ou deux.
Je quitte les gradins et décide de rejoindre les athlètes. Florent Manaudou, qui m'a accompagné, tient absolument à féliciter les plongeurs français. Même s'ils ont fini huitième, c'était une belle performance.
— Félicitations.
Pendant que Florent serre la main de nos sportifs, je cherche Tom du regard. Il est à quelques mètres, les épaules recouvertes d'une serviette blanche, et il discute avec une femme qui doit être son entraîneur. J'attends qu'il ait fini et m'avance vers lui. Son coéquipier est en train de se faire interviewer, ce qui me laisse une petite marche de manœuvre avant qu'il rapplique.
— C'était incroyable.
Ses joues se mettent à rougir.
— Merci.
Je le pense vraiment. J'ai toujours été fasciné par les plongeurs, encore plus lors des épreuves de synchronisation. Si on me décrit peut-être comme un poisson - où un requin - dans les bassins, lui est un véritable oiseau.
— Mais on n'a pas eu l'or, déclare-t-il.
— L'argent, c'est bien aussi.
— Dit-il alors qu'il a décroché quatre médailles d'or.
— Ces jeux étaient particuliers, on est dans mon pays. Tu as déjà eu l'or à Tokyo.
Il hoche la tête, puis sourit :
— Tu m'as vu plonger ?
— Bien entendu. Quand a lieu ton autre compétition ?
— Samedi, j'ai le temps. Tu restes jusqu'à la fin des jeux ?
— Oui, jusqu'à la clôture.
Au loin, je vois Noah se rapprocher. Merde ! Je n'ai que quelques secondes encore à passer avec lui. J'aimerais pouvoir prolonger la discussion. Quelque chose m'émeut et m'attire chez ce garçon, j'ai envie d'apprendre à le connaître. Je n'ai rien d'autre à faire cette semaine, à part flâner au village olympique, aller au club France, me reposer et assister aux autres épreuves. Alors autant tenter ma chance...
— Tu voudras aller boire un verre un soir ? Ou un midi ? On peut se retrouver au village olympique.
Ses lèvres s'étirent encore. Mon cœur se remet à battre avec frénésie, comme il n'a jamais battu.
— Avec plaisir.
Son sourire creuse ses deux fossettes. Je le trouve vraiment mignon, avec sa tête d'écolier. Malgré ses huit ans de plus que moi, j'ai l'impression que nous avons le même âge. Il est plus petit que moi, moins élancé, avec un regard doux.
— Je te donne mon numéro. T'as de quoi noter ?
Je m'empresse d'extirper mon portable et prend note de ce qu'il me dit. Évidemment, Noah Williams revient à ce moment-là, nous interrompant dans ce moment intime.
— Tom ! La journaliste voudrait te parler. Qu'est-ce que tu faisais ?
— Rien d'important, j'arrive.
Tom se retourne vers moi, l'air désolé.
— À bientôt, Léon.
Sa main effleure mon bras et il disparaît derrière Noah. Je reste bête, sans bouger, alors que Florent m'appelle pour que je le rejoigne. Je continue de suivre Tom des yeux, espérant qu'il se retourne une dernière fois.
Il finit par le faire.
Son visage se tourne vers moi et il me fait un clin d'œil.
Mon cœur manque un nouveau battement.
— Léon ! Qu'est-ce que tu fous ? m'appelle Florent.
J'inspire. Expire.
Je dois retrouver mon calme. Ne rien laisser paraître.
Tom Daley me plaît, c'est incontestable. Mais je suis Léon Marchand. La nouvelle star des bassins, le chouchou de la France et le « futur gendre parfait » comme l'ont titré les journaux.
Personne ne doit savoir que je suis gay.
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