Chapitre 11 - Rupture et rapprochement (Tom)


J'ai fini cinquième. Ce n'était pas vraiment une surprise. Décrocher l'argent en plongeon synchronisé l'était, sachant que je pensais ma carrière terminée. Je savais que je n'étais plus suffisamment au niveau pour obtenir une médaille en individuelle. Ce n'est pas grave. Noah mérite cette médaille de bronze, j'espère qu'il la savourera.

Je m'apprête à m'éloigner pour retourner au vestiaire et me changer quand mon portable vibre. En général, je ne l'emporte pas lors d'une compétition, mais Dustin m'a harcelé de message hier soir pour savoir comment on s'arrangeait pour la maison. Comme si j'avais le temps de gérer ça maintenant, à distance, et que cela ne pouvait pas attendre mon retour à Londres. Agacé par ses appels répétitifs, je finis par décrocher :

— Qu'est-ce que tu me veux ?

Mon ton est virulent. Je ne devrais pas lui parler ainsi, mais je suis à bout. D'abord, il me quitte la veille de ma compétition. Ensuite, il m'assène de reproches, comme si j'étais le seul responsable du délitement de notre couple. Et maintenant...

— Tu pourrais dire bonjour, déjà ? m'agressé-t-il.

— Je te signale qu'on est plus ensemble, répond-je. Tu m'as largué.

— Ça te dispense d'un bonjour, Tom ? Tu as oublié les règles de politesse en arrivant à Paris ?

Je me pince l'arête du nez. Je vais le tuer.

— Bonjour, Noah, soupiré-je. Pourquoi tu m'appelles ?

— Je voulais savoir si je pouvais emporter le frigo. J'ai trouvé un appartement et contacté une agence pour mettre en vente la maison.

Déjà ? Il n'a pas perdu de temps. Je suis encore sous le choc de l'annonce de notre séparation, je pleure en regardant les photos de nous, et tout ce que nous avions construit, et lui a déjà contacté des agents immobiliers. À croire qu'il n'attendait que mon départ pour tout mettre en place.

Projetait-il déjà de me quitter avant que je parte pour les jeux ?

— Tu peux tout garder, je m'en contre fous.

Je me rachèterai un réfrigérateur. Rouge pétant, juste parce que lui n'en voulait pas. Dustin n'aime pas la couleur, il lui préfère la sobriété. Mon ex adorait vivre dans un catalogue IKEA. Notre maison n'avait aucune personnalité et chaque fois que je tentais d'accrocher une photo, ou de fabriquer des petits animaux au crochet pour égayer le salon, il les rangeait dans les tiroirs. Résultat, notre maison n'avait aucune âme. Il peut donc tout emmener.

— Je peux prendre la machine à laver aussi ?

— Prends ce que tu veux Dustin.

Laisse-moi juste mon matelas, histoire que j'ai un endroit où dormir.

— OK.

Un ange passe. Je pense qu'il va raccrocher, mais il reprend alors :

— J'ai regardé ta compétition.

Ah ? Il en a donc encore quelque chose à faire de moi.

— C'était mauvais, m'assène-t-il. Tu aurais mieux fait de t'abstenir de plonger. C'était pas si mal avec Noah, mais là, t'étais pas niveau.

Merci, Dustin. Ça fait plaisir...

— Je dis ça pour toi.

Mais bien sûr...

— Tu dis rien ?

— Qu'est-ce que tu veux que je réponde ? m'agacé-je. J'ai perdu, c'est tout.

— Eh ! Ça va, t'énerves pas.

— Je ne m'énerve pas.

— T'es toujours trop impulsif, Tom.

Bien sûr, c'est moi le problème. Lui est parfait alors que moi, je suis toujours trop ci. Ou trop ça. Pourquoi s'est-il mis en couple avec moi si je suis si horrible ? À l'entendre, je n'ai que des défauts.

— Bon, si tu n'as rien d'autre à me dire, je vais raccrocher, déclaré-je.

Inutile de poursuivre cette conversation stérile qui n'a d'autre but que de m'enfoncer.

— T'es vexé c'est ça ? On ne peut vraiment pas discuter en fait ?! C'est toi qui as choisi de partir à Paris alors que tu m'avais promis d'arrêter la compétition. Et tout ça pour quoi ? Perdre ! Si au moins tu avais remporté le bronze, mais...

— Au revoir, Noah.

Je raccroche. Les mains tremblantes, je n'ai pas le temps de retenir mes larmes qu'elles se mettent à couler. Je ne devrais pas pleurer pour lui, surtout après la façon dont il m'a parlé au téléphone, mais je ne peux pas m'en empêcher. Cela aussi, c'est quelque chose que Noah m'a plusieurs fois reproché.

Il ne supportait pas mon hypersensibilité.

C'est alors que je relève la tête et croise le regard de Léon. Les autres nageurs sont en train de quitter la piscine. Lui me fixe, l'air inquiet. Je lui réponds par un sourire, en cherchant à garder contenance, mais les larmes sur mon visage ne le trompe pas.

Il délaisse ses amis et s'avance vers moi.

Je ne veux pas qu'il me voit ainsi, il va me trouver ridicule. Je tente de trouver un espace de repli.

— Tom, attends !

Léon me rattrape alors que j'entre dans les vestiaires. Sa main s'agrippe à mon poignet, je me retourne vers lui, le visage noyé par mes larmes.

— Qu'est ce qui t'arrive ?

— Rien, affirmé-je.

— C'est la compétition c'est ça ? Je suis désolé pour le plongeon, mais...

— Ce n'est pas ça, le coupé-je. C'est Dustin, juste Dustin et... et...

Et j'explose en sanglot. Sans savoir quoi ajouter. Mon corps est secoué de spasmes, parce que c'est trop. Je suis fatigué des entraînements, de la pression, de ma défaite, de mon histoire avec Dustin qui prend fin, de ses insultes. Je ne sais plus où j'en suis.

Léon continue de tenir mon poignet. Son doigt glisse sur ma peau. Je ne parviens pas à le voir à cause du brouillard formé par mes larmes, mais je sens soudain son torse contre moi. Ses bras m'enserrent et il me ramène contre lui. Un sentiment de chaleur et de protection m'envahît.

— Ça va aller, je suis là, pleure si ça te fait du bien.

J'ai l'impression d'avoir de nouveau quinze ans, la première fois que je me suis fait larguer.

Mais Léon Marchand me tient contre lui et il me caresse le dos. Je suis toujours torse nu, lui vêtu d'un t shirt qui sent bon son parfum. Je me colle un peu plus fort, le corps secoué par mes pleurs, pendant qu'il me caresse doucement les cheveux.

— Ça va aller Tom.

Il dépose un baiser sur mon front. Un baiser tout doux. Je ne réfléchis pas, me blottis plus fort contre son torse. Au moins, avec lui, je ne me sens pas si nul que ça...

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