bonus #2 (200k)

Yo les petits chats ! Me voilà aujourd'hui pour fêter avec vous les 200k de Playtime !! ♥

Ceci n'est pas vraiment un bonus pour celles et ceux qui me suivent depuis le tout début de cette histoire, mais j'ai décidé de vous poster les chapitres que j'avais écrit du point de vue de Babe. Vous avez sûrement dû voir au fil de cette histoire quelques allusions à une histoire qui se serait appelée Open Game et qui était donc Playtime, mais du point de vue de notre cher et tendre Babe. Cette histoire a été dépubliée, tout simplement parce qu'elle ne m'inspirait pas tant que ça :/ Mais c'est vrai que c'est dommage de ne pas les partager avec vous ! Voilà donc ce qui étaient les quatre premiers chapitres de cette histoire, peut-être que vous en apprendrez plus sur notre Babichou ;)

N'hésitez pas à partager vos impressions dessus ! ♥ Soyez indulgent, cela a été écrit il y a presque deux ans :'| (ça remonte, j'étais pas bien quand je lisais *O*)

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Z E R O

Il n'y a qu'une seule chose que je n'ai jamais voulu dans ma vie. C'est tomber amoureux. L'amour, c'est tout un baratin. Ce n'est qu'une arnaque, un trou à merde, une poubelle, ce n'est qu'un mot qui écorche les lèvres.

On dit que c'est ce qu'il y a de plus beau sur Terre, que c'est ce qui peut te rendre immortel, qui fera que ton nom traversera les âges, que ton âme s'épanouira dans l'Infini.

Des conneries. Tout ça c'est des conneries. Moi, la seule chose que m'a apporté l'amour, c'est la perte. La disparition de mon sang, de ma chair, et de mon âme. Parce que oui, il l'a emportée avec lui quand il est parti. C'est ma punition. Ma punition pour la haine que je lui ai toujours démontrée, pour tout ce que je lui ai fait subir, pour ce poids que je représentais pour lui.

C'est l'amour qui l'a fait nous quitter. C'est l'amour qui l'a fait rester dans cette ville.

A peine avais-je mis un pied dans cette ville, j'avais eu envie de vomir. Je la trouvais immonde, répugnante. En réalité, elle me faisait peur. Parce que je sentais que quelque chose allait se passer ici, quelque chose qui me briserait à jamais. Pourtant, on en est finalement parti, de cette ville. Lui, il y est resté à cause de l'amour. Parce qu'il avait enfin trouvé chaussure à son pied, comme il l'a dit à maman et papa. Il nous a laissés, nous, sa famille, partir, sans rien dire, et il est resté près de son amour.

Et putain, ce que c'était bon. On était enfin parti, j'étais rassuré. Je ne me sentais plus oppressé par les senteurs fétides de cette ville, par les visages des passants qui me semblaient plus sombres encore que le mien, par le ciel si gris ou les arbres si vert.

Mais non. J'étais aveugle. C'est arrivé, son amour l'a tué. Parce que s'il n'était pas resté, il ne serait pas mort. La vie n'aurait pas quitté son corps. Il serait encore là, près de moi, et je pourrais enfin lui à dire à quel point je regrette, à quel point je l'aime. Parce qu'il est mon sang.

Alors oui, cette ville m'a brisé, je savais dès le début que c'est ce qu'elle ferait. Je pensais pouvoir y échapper. Et j'ai eu beau essayer, j'y suis finalement toujours retourné, et elle a continué à me détruire.

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U N

Eddie. Eddie. Je ne connais pas de Eddie, et je connais encore moins ce Eddie.

Et pourtant, je dois le retrouver au milieu de cette boîte de nuit. J'ai besoin d'une cigarette. Mais mon paquet est vide. J'espère que ce Eddie est fumeur. S'il ne l'est pas, il me filera bien de quoi m'acheter des clopes, de toute façon. Je ne suis pas inquiet de ce côté là, mais simplement pressé.

Tom se penche alors vers moi. "Baby baby, viens boire un verre avec moi !" me crie-t-il alors à l'oreille, si fort que je grimace. Un sourire éclaire mon visage alors que je le vois tituber, s'accrochant à mon bras, et me faire sa petite bouille d'enfant pourri gâté. Parce que c'est bien ce qu'il est, un fils de riches, aux petits pulls en cachemire. Mais Tom a toujours été mon préféré de la bande, parce que parfois, les apparences sont trompeuses, et il est celui, de nous tous, qui correspond le moins à son image. Bien sûr, tous tranchent avec ce qu'ils pensent montrer. Jenny, petite brune en robe blanche, avec ses allures de petites princesses, reste avant tout une vraie droguée. Aron, musclé à souhait, est vraisemblablement un parfait macho, mais sa plus grande peur reste à ce jour les poules, les souris et les araignées. Nora, avec ses piercings et ses cheveux noirs, ses yeux maquillés et son air renfermé, est avant tout la plus gentille de ce groupe. Et Lody, les cheveux courts, ressemblant tellement à un garçon qu'elle ne peut pas entrer dans les toilettes des filles, est si folle amoureuse de Tom qu'elle n'osera sans aucun doute jamais lui dire. J'aime mes amis. J'aime qu'ils s'éloignent de l'étiquette que cette fichue société leur colle.

Moi dans tout ça, j'aime à penser que je suis le plus fou d'entre nous. Je suis celui qui crache sur l'étiquette. Petit protégé, petit gamin au visage attendrissant. Qui vend son corps pour moins qu'un toit où dormir la nuit. Ah, elle est belle la société. Combien de fois j'ai entendu des gens penser qu'on devait me donner le bon dieu sans confession ? Si jamais Dieu savait ce que je faisais de toutes mes nuits, il se retournerait sur son petit nuage blanc et c'est sûrement avec beaucoup de confession qu'il m'enverrait en enfer.

Je regarde Tom se déchainer, donner tout ce qu'il a sur cette musique étourdissante. "Tu sais que je bois pas, mon pote !" je lui réponds en levant les yeux au ciel d'un air malin. Je n'ai fait qu'une seule promesse dans ma vie, et je compte bien la tenir. Même s'il n'est plus là. Il me l'a demandé. Bien sûr, s'il voyait mon comportement maintenant, il me ferait sans aucun doute promettre beaucoup de choses. Mais il n'est plus là. Il n'avait qu'à être resté avec nous. Tom fait une mine boudeuse avant de se mettre à sauter comme un fou, et il est suivi par tout le petit groupe. Je sens mon portable vibrer dans ma poche. Un texto de ce soit disant Eddie. Il est au bar. Je relis rapidement les textos échangés avec une autre de mes connaissances qui aiment mes capacités au lit, et à lui faire oublier sa misérable vie. C'est par lui que j'ai eu vent de ce dénommé Eddie et qui lui a donné mon numéro. Il m'a fait une brève description physique de ce dernier. Blond. Yeux Bleus. Grand. Fin. Pas vraiment mon type. Mais je n'ai jamais été du genre à me plaindre. J'ai envie de fumer.

Sans un mot pour mes amis, je quitte la piste de danse. De toute façon, ils s'amusent très bien sans moi, et ils savent également que j'ai ma propre façon de m'amuser. Me dirigeant vers le bar, je remarque un grand, blond et fin. Mais je ne vois pas la couleur de ses yeux d'ici. Il fait assez jeune, et il a l'air cependant pas mal amoché déjà. Une place se libère alors à côté de lui au bar, et je m'y dirige rapidement. Je jette un petit coup d'œil à mon visage dans le miroir mural qui se trouve derrière le bar, j'ai les joues rouges à cause de la chaleur qu'il fait ici, mes cheveux bruns sont plaqués contre mon front. Je m'accoude alors au bar, tournant le dos à mon reflet. Le type à ma droite est légèrement plus grand que moi, et je dois lever les yeux pour voir les siens. Pas mon type, mais pas un mauvais morceau non plus. Ce qui est un plus. Je lui jette plusieurs regards, histoire de confirmer la couleur de ses yeux, mais j'ai l'impression qu'il fait exprès de rester fixé sur la foule pour ne pas croiser mon regard. Mon client m'a prévenu que ce Eddie était un petit timide. Ses yeux sont vitreux, et bien qu'il soit soûle, et que sa tête suit le mouvement de la musique, il n'a pas l'air à l'aise de se trouver ici. Ses cheveux tombent devant ses yeux en mèches d'or, une perle de sueur descend dans son cou. Et il est en chemise, il doit crever de chaud... Mes coudes sur le bar, je tape la musique du pied. J'aime les timides. J'aime les maladroits. Ce mec gagne des points.

"C'est toi Eddie ?" finis-je par lui demander, ne tenant plus. J'ai vraiment envie de fumer. Je me penche vers lui, criant également pour que mes paroles couvrent le bruit de la musique. J'arbore un sourire de circonstance, que je veux plutôt enthousiaste. Il se tourne vers moi, il est surpris, alors que je suis quasiment sûr à la façon dont son corps a réagi plus tôt, qu'il savait que j'allais lui parler. Je l'interroge du regard alors que j'attends sa réponse. Je ne distingue toujours pas la couleur de ses yeux, à cause de l'obscurité de la salle. Je peux cependant discerner qu'il est lui-même en train de m'observer. C'est vrai que lorsque je me suis vu dans le miroir, j'ai pu clairement voir que mes yeux retranscrivaient facilement le contenu de ma dernière cigarette. C'est sûrement pour ça que j'en veux une nouvelle le plus vite possible. "Euh, non, désolé."

Je fronce les sourcils. Merde. Voilà ce que me dit mon cerveau. Mais c'est pas grave, le vrai Eddie doit se trouver quelque part. Mais cet Eddie là aurait pu être sympa. Et puis il s'excuse, comme si il pensait ne pas avoir le droit d'être ici. "Ah, pardon." crié-je à nouveau, pour être sur qu'il m'entende. Me mordant la lèvre inférieure, je sors mon téléphone portable de ma poche et me détourne. Dommage, maintenant, il me faut le vrai Eddie. C'est quand même plus pratique. Je cherche notre conversation parmi mes textos, et je lui demande où il est, exactement. "Allez, allez !" laissé-je échapper entre mes lèvres, ma patience commençant légèrement à me faire faux bond. "Quoi ? J'ai pas entendu." Surpris, je me tourne vers celui qui n'est pas Eddie qui vient de se pencher vers moi. "Non mais je te parlais pas." lui signalé-je, recevant en même temps un message. Et là, mon cerveau se déconnecte de tout le reste. Je vais enfin fumer, j'ai l'impression d'avoir attendu une éternité pour ça ! Avant d'aller chez Eddie, direction le tabac, pas de discussion. Je lis son texto, il me voit. Oh, je suis reconnaissable à ce point ? Ça me plaît. Je relève les yeux. Oui, c'est vrai, un blond, grand et fin se dirige vers moi. Trop grand. Trop blond. Trop fin. Mais un client parmi tant d'autres. Je m'avance alors vers lui.

"Salut... Babe ?" me dit-il, en baissant les yeux, n'osant pas me regarder en face. Je pose alors ma main sur son bras, et je dépose un léger baiser sur sa joue. "Yep. Est-ce que tu fumes Eddie ?" je lui demande de but en blanc, un petit sourire en coin. Il hoche la tête, timidement. Je passe alors mon bras autour de ses épaules, approchant ma bouche de son oreille. "Toi, je t'aime déjà !" Je le vois rougir face à mes paroles, et je souris. Il est mignon dans le fond. Alors que nous nous éloignions, je ne peux m'empêcher de jeter un petit regard par dessus mon épaule. Le garçon au bar vient de finir un shot, et une fille s'est littéralement jetée à son cou. Elle l'entraîne alors vers la piste de danse, le garçon titube légèrement. Sans doute ce shot est son verre de trop.

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D E U X

Je me faufile jusqu'à la fenêtre sans un bruit, longeant la façade fissurée de la maison. Il n'est qu'à peine six heures du matin, ils doivent donc dormir. Comme d'habitude, et tout comme je l'ai laissée, ma fenêtre est légèrement entrouverte, juste assez pour que j'y passe un doigt et que j'enlève la sécurité. Je me souviens encore parfaitement du jour où nous avons emménagé dans cette maison, et que j'ai fait une crise pour avoir la chambre du rez-de-chaussé. J'ai vraiment bien fait. Lorsque je rentre dans la chambre, j'ai tout aussi froid que dehors, signe que le chauffage n'y a pas été allumé depuis longtemps. Les cartons ne sont même pas ouverts, le lit n'est pas fait, une couette et deux oreillers sont simplement empilés dessus. Il n'y a aucun objet personnel. Normal, je n'ai jamais dormi dans cette chambre, pas une seule fois.

Je me dirige vers l'un des cartons et fouille à l'intérieur, j'enfouis alors deux ou trois t-shirts trouvés à l'intérieur dans mon sac. Je me change, attrapant mon sweat à capuche bordeaux. Il sent la lessive à bas prix, celle qui donne l'impression qu'on l'a simplement passé à la javel. Je l'ai laissé là la dernière fois, et ma mère l'a lavé. Quelle belle intention... Tu parles.

C'est rare que je revienne ici, mais ça m'arrive. Quand il y a un objet laissé dans ces souvenirs, et que je veux me le réapproprier. Quand je n'ai pas eu le temps de passer à la lavomatique et que je dois récupérer des fringues. Ou quand j'ai vraiment très faim, que je n'ai plus une tune et que je n'ai pas de clients sous la main. Comme aujourd'hui, à six heures du matin. J'ouvre doucement la porte de ma chambre et jette un coup d'œil dans le hall d'escalier. Cette maison est vieille et particulièrement pourrie, ce qui fait qu'on ne peut pas se déplacer sans faire grincer une porte, le parquet ou faire vibrer la tuyauterie, je ne sais comment. Et même quand on retient sa respiration et qu'on ne bouge pas, il y a quand même quelque chose qui fait du bruit. J'attends quelques secondes, avant de sortir de ma chambre, et d'aller dans la cuisine. J'ouvre le frigo tout doucement, mais il est quasiment vide... Je m'attaque aux tiroirs, pas plus de succès, cependant je trouve plusieurs boîtes de gâteaux au chocolat. Mon père les adore, je crois. Je fourre tout ce que je peux dans mon sac, déjà pas mal plein, il contient ma vie après tout. Je garde un paquet de cookies que j'ouvre délicatement, et j'en mange deux d'un coup. Des bruits de pas résonnent alors à l'étage, et je me fige net. Merde.

Je ne suis même pas capable de deviner si c'est ma mère ou mon père, je ne connais plus leur façon de marcher. J'ai à peine vu leurs visages en cinq ans de toute façon. Le temps que je réfléchisse à quelle sortie est la plus pratique, les pas sont dans les escaliers. La porte d'entrée est la plus près, j'ai juste à sortir dans le hall, sauf que je vais tomber sur la personne qui descend les escaliers. Rapidement, je tente d'ouvrir la fenêtre de la cuisine, mais elle est bloquée. Saleté de baraque. Je fourre mon sac sur mon dos, attrape le paquet de cookies sur le plan de travail, et je sors en courant dans le hall d'entrée. Je ne regarde même pas la silhouette encore à la moitié des marches, je tire sur la poignée de la porte, mais elle est fermée à clé. Heureusement, la clé est dans la serrure, je la tourne rapidement et sors en courant, sans même regarder dans mon dos. Cependant j'entends la voix de ma mère appeler mon prénom, lointaine. Presque comme un soupire.

Je passe ma matinée à la bibliothèque, à faire des recherches pour mon mémoire. Une fois que j'aurai terminé ce master, et il ne me reste qu'à peine deux mois de travail, je pourrai partir. Enfin. Libéré. J'irai vagabonder à travers le monde, comme on l'a toujours fait avant qu'il ne quitte ce monde. Nous ne regardions qu'à peine le panneau qui indiquait le nom d'une ville, et nous restions qu'à peine quelques mois dans cette même ville, avant de trouver domicile dans une nouvelle. C'était si bien, j'aimais cette éphémérité de nos vies, de nos rencontres. Elle me manque, j'ai envie de recommencer comme ça. Quand mes parents ont décidé de revenir vivre ici, tout ça pour rester près de leur fils adoré, et mort, je ne sais pas pourquoi je me suis mis en tête de faire des études. Je croyais moi aussi que j'avais envie de rester près de mon frère. Mais j'ai compris très vite que c'était faux. Mais contre tout attente, ces études m'ont plu. Je n'ai jamais été mauvais à l'école, bien que ce soit ma mère qui m'ait enseigné tout ce que je sais, et que j'ai eu mon BAC en candidat libre de justesse. Mais voilà que je suis titulaire d'une licence en cinéma, et que je reste pour l'instant majeur de ma promotion, prêt à obtenir un master. Quand je trouve quelque chose que j'apprécie, je ne le lâche pas, parce que de toute façon, c'est très rare. Alors j'ai voulu continuer ces études, je les ai aimées dès le début, et j'irai au bout. Et une fois que j'aurai fini, je retournerai à ma première passion. La vie, dans toute sa splendeur. Juste vivre.

Une ombre apparait soudain devant la dizaine de livres ouverts à ma table. Je lève les yeux, Jenny a posé ses mains sur la table et a pris un air revêche. Un sourire étire immédiatement mes lèvres. "Oui, Beauté Fatale ?" lui demandé-je en prenant un air de gentleman, haussant un sourcil ingrat. Elle prend immédiatement une de ces poses de courtisane, la main sous le menton. "Très cher, il est l'heure de bouger ces fesses et de respirer l'air libre !" me répond-t-elle en clignant plusieurs fois les yeux d'une manière très théâtrale. Sans demander mon reste, je me lève et m'étire péniblement, le dos meurtri par ces heures passées à rester assis. Jenny m'aide à ranger les différents livres, puis je l'empoigne par le bras et nous sortant en courant de la bibliothèque, sous les yeux médisants de plusieurs bibliothécaires revêches, à qui je ne manque pas de tirer la langue. Mais c'est ça quand on a un visage d'enfant, et un enthousiaste débordant, personne ne nous résiste.

Nous retrouvons rapidement le reste de la bande, debout au milieu des marches menant vers l'un des bâtiments de l'université. Cependant, un visage inconnu se cache parmi mes amis. Je me penche alors vers cette nouvelle. "Coucou toi ! T'es qui ?" lui dis-je gaiement, tout en commençant à me rouler une cigarette. Dans les critères de la société, je dirais qu'elle est le genre de fille typique à qui on donne un dix sur dix, mais dans le fond, elle doit avoir un caractère à vomir. Ses yeux me parcourent dans un premier temps timidement, comme si elle cherchait à évaluer ma valeur, puis elle me fait un petit sourire en coin, qui, je crois, elle veut ravageur. "Moi c'est Ráhel." me répond-t-elle simplement, coinçant une cigarette entre ses dents, et me jetant un petit regard. Je souris. Je tends alors mon briquet vers elle et lui allume sa cigarette. Elle ne me quitte pas des yeux alors qu'elle tire sur sa cigarette pour que le tabac s'embrase. Elle me fait un petit signe de tête pour me remercier, et je lui souris en retour, me concentrant sur ma cigarette que je finis de rouler et que je coince à mon oreille, en roulant déjà une autre rapidement. La jolie blonde se retourne alors subitement, mais je suis trop absorbé par la rude tâche qui est d'allumer ma cigarette fraichement roulée, alors qu'une bourrasque ne cesse de dévier ma flamme. "Wolf !" s'écrie-t-elle une fois retournée, et j'entends un léger salut provenir sûrement du dénommé Wolf. J'ai envie de dire, 'drôle de prénom' mais je crois que je ne suis pas en mesure de parler...

Je lève alors les yeux, ayant dompté enfin la flamme de mon briquet. Et alors mon regard tombe sur lui. "Hé mais c'est celui qui n'est pas Eddie !" m'exclamé-je, à la fois surpris et amusé. Je ne m'attendais pas vraiment à revoir ce garçon. C'est drôle. Je tire plusieurs fois sur ma cigarette enfin allumée alors que j'ai l'impression que ça fait une éternité que je n'ai pas profité de ces beautés... Alors que ça ne doit faire qu'à peine deux heures. Mais je savoure le picotement dans ma gorge, et ce bien-être presque physique qui descend dans mes poumons, les enveloppant d'un baume rassurant. Mon téléphone vibre en même temps, et je consulte mes messages, non sans garder un œil sur lui. Il me jauge, apparemment surpris lui aussi de me trouver là. Il a l'air complètement paumé. Il est posté juste à côté de moi, et plus je le fixe, plus il a l'air de se renfrogner. Lorsque Jenny lui demande si nous nous connaissons, je ne dis rien, je suis curieux de voir sa réponse. Il se contente de hausser les épaules, et je suis presque déçu de voir que Jenny n'insiste pas. Je passe ma langue sur mes lèvres tout en penchant la tête sur le côté. Et je me demande s'il serait prêt à payer pour moi, parce que j'ai bien envie d'en croquer un morceau.

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T R O I S

Jenny a élu domicile entre le nouveau venu et Tom, et je tire longuement sur ma cigarette, laissant la fumée s'extirper doucement de ma bouche. Je peux voir que le nouveau venu tousse légèrement, mais ne dit rien. Il n'a pas l'air de fumer, puisqu'il cela fait quand même quelques instants qu'il se trouve au milieu d'un clan de fumeurs et qu'il ne s'en est pas allumé une. Mon téléphone vibre entre mes mains, plusieurs fois, et je réponds aux textos plus distraitement que d'habitude. Je dois avoir au moins trois clients aujourd'hui, et rien que là, Hannah va passer me chercher dans une vingtaine de minutes. Je calcule légèrement le temps dans ma tête, puisqu'il faut quand même que je sois rentré à l'heure pour le cours de cet après-midi... Tant pis, elle sait que le plus souvent, en pleine journée, je fais service rapide... Elle ne dira sûrement rien, du moment que je lui fais ce qui lui plaît.

"Moi c'est Jenny." se présente alors la jolie brune de notre groupe, au nouveau venu. Je lève le nez mine de rien, fredonnant les paroles d'une chanson que j'ai en tête, Nora tapant la mesure en me donnant des petits coups sur l'épaule. "Wolf." se contente-t-il de répondre, après tout, sa copine a crié son nom il y a à peine quelques minutes. Je le vois fixer sa copine pendant plusieurs longues secondes, comme un homme le fait avec sa petite protégée, et je ne peux m'empêcher de me demander s'il y a quelque chose entre eux. Cependant, cette dernière l'ignore totalement, et semble avoir jeté son dévolu sur notre très cher Aron, bourreau des cœurs. Jenny se met alors en tête de faire les présentations de tout le groupe, elle commence par Tom, qui était en train de montrer un truc sur son téléphone à Lody, qui faisait semblant d'être intéressée, sûrement pour lui plaire. Jenny désigne ensuite Aron, Nora, qui s'arrête de me martyriser l'épaule pour le saluer de la main, et finalement Lody. Et voilà mon tour.

"Et notre mascotte, qui est plus âgée que nous tous, mine de rien... Babe." conclue-t-elle en s'approchant de moi et en me pinçant la joue. Je fais alors mine de succomber de bonheur face à son geste, posant une main sur mon cœur. Je peux voir dans le regard du blond qu'il est surpris par mon prénom. J'aime voir la réaction des gens face à mon prénom. Certains sont simplement surpris, comme ce blond, mais d'autres ont des réactions plus intéressantes, ils me posent des questions. Mais j'aime le principe que mon prénom laisse rarement de marbre. Enfin, mon surnom. Mais mon prénom en lui-même provoque les mêmes réactions. Enfin, toute cette question est rapidement mise de côté parce que Jenny se met en tête de bombarder le nouveau de toutes une série d'autres questions. Ça n'a pas l'air de le déranger, moi, ça m'aurait tellement pris la tête. Mais en même temps, ça me permet d'en apprendre plus sur lui, sans avoir à dépenser ma salive. Elle lui demande son âge : dix-neuf ans. D'ailleurs, Jenny en profite pour lui donner mon âge. Je gonfle mes joues comme un enfant prenant un air particulièrement fier, bien que je sois le plus âgé de la bande, ayant vingt-deux ans alors qu'ils en ont tous deux de moins. Mais après, ça continue, elle lui demande quelles études il fait... Ah, je ne comprends pas pourquoi ce besoin de poser ce genre de questions banales quand on rencontre quelqu'un. Franchement, on s'en fout ! Je m'en tape de savoir quelles études il est en train de faire. D'autant plus que lui-même répond avec peu d'entrain.

Cependant, je remarque qu'en plus de ne pas paraître particulièrement enthousiasmé par son cursus, il paraît aussi étrangement mal à l'aise. Je n'ai malheureusement pas l'occasion de me poser plus de questions que deux mains se posent sur mes yeux. "Qui c'eeeeest ?!" me demande alors une voix aiguë et nasillarde. Je prends une grande inspiration, avant qu'un grand sourire éclaire mon visage. "Je ne sais paaaaas !" je réponds avec une voix pleine d'innocence. "T'es nul ! C'est moi, voyons !" renchérit la voix. J'ai une soudaine envie de lever les yeux au ciel. Si tu savais le nombre de 'toi' que j'ai dans ma vie, tu jouerais moins les niaises. Cependant, je ne laisse rien paraître. Le seul problème, c'est que je n'ai pas le droit à l'erreur, et franchement, sur le coup, je ne vois pas du tout qui est cette fille. Je me remémore rapidement mon agenda d'aujourd'hui. Ah mais oui, c'est Hannah. "Hannah !" dis-je dans un souffle, commençant à sautiller sur place. J'ai eu chaud. Hannah enlève ses mains de mes yeux, et, toujours dans mon dos, plante un baiser sur ma joue.

La plupart des regards sont tournés vers nous. Rahèl paraît particulièrement perplexe, elle observe Hannah, se demandant sûrement si cette dernière est ma petite amie. Wolf, quant à lui, n'exprime rien, il se contente de regarder la scène. Je vois bien que ses yeux ont observé les réactions des autres, et je crois donc qu'il a calqué l'expression de son visage sur les leurs. Oui, parce que la bande est bien entendu au courant de ma profession, et ça ne leur fait plus rien maintenant. D'ailleurs, je crois que cela ne leur a jamais rien fait. Et tant mieux. C'est sûrement pour cette raison que nous nous sommes bien entendus, parce qu'ils ne se mêlent pas de mes affaires, ils ne posent pas de questions. Hannah me paraît particulièrement enthousiaste aujourd'hui, elle se penche même vers moi pour me murmurer des mots cochons à l'oreille. Alors, sans un mot pour les autres, je fais demi-tour, et Hannah s'agrippe à mon bras.

Le soir, Tom et moi sommes affalés dans le canapé de son salon. Il vit en colocation avec Nora, qui est aux abonnés absentes. Tom tire lourdement sur son joint, avant de laisser s'échapper la fumée d'un air las. Les mains derrière la tête, les pieds posés sur la table basse, je fixe le plafond où plusieurs fissures se croisent. C'est comme regarder les nuages, on cherche à y déceler des formes. Et quand on a fumé, on est particulièrement inventifs. "Un canard." dit Tom en pointant un coin du plafond. Je plisse les yeux alors qu'il me tend le joint et je l'apporte à ma bouche. "Mouais..." je lui réponds, pas vraiment convaincu. On aime bien finir nos journées de cette façon, tranquille, tous les deux. Ce soir, il n'y a pas de soirées de prévu, et je dois voir un client, Bruce. Et celui-là, il va m'avoir dans son lit toute la nuit...

"Aron veut se taper la blonde." marmonne Tom en tendant les mains vers le plafond comme s'il essayait de le toucher. Je plisse les yeux et fais des ronds avec la fumée sortant de ma bouche. "Qui ça, le blond là ?" je lui demande, la voix rauque, à peine conscient de ce qu'il me raconte, en réalité. "Mais naaaaaan ! LA blonde, la meuf !" me dit-il comme si j'étais le plus idiot sur cette Terre. Je lui donne une tape sur la tête, tout simplement parce que j'ai mal compris, et qu'en plus, je plane complètement. "C'est vrai qu'Aron se tape pas de mecs." ricané-je piteusement. Tom se tourne vers moi, les yeux quasiment fermés, et il ricane stupidement. Nos rires se mélangent, comme si nous venions de dire la blague la plus drôle de notre vie. Puis, nous nous arrêtons net tous les deux, et nous nous affalons de nouveau dans le canapé. Tom a ses jambes posées sur les miennes, et nos yeux vides fixent le plafond. "Nora est avec Lody... Quand est-ce qu'elles vont finalement se mettre ensemble, ces deux là ?!" râle Tom d'une voix pâteuse, et bien qu'il arbore un air peu concerné, ses yeux fixent avec intensité le plafond. Je fronce les sourcils. Lody, notre petit garçon manqué du groupe, est totalement folle de Tom depuis le premier jour où elle l'a vu et qu'Aron l'a intégrée au groupe. Alors de quoi est-ce que Tom peut bien être en train de me parler ? Je ne suis malheureusement pas assez maître de mon esprit cependant pour penser à ça de manière lucide. "Pourquoi tu râles, mec ? Au moins, on a l'appart' pour nous !" dis-je en donnant une claque sur l'épaule de Tom. Celui-ci ferme les yeux et souffle longuement. "Puis Lody est pas lesbienne..." continué-je piteusement. Mais Tom balaye ma réponse d'un geste vague de la main. J'essaye de me concentrer pour ne pas sortir de connerie et ne pas trahir Lody. Je n'ai strictement aucune idée de ce que pense Tom de Lody, et je ne voudrais pas mettre à mal leur amitié. Mon regard se dirige vers Tom, il a serré ses bras autour de son buste et a gardé les yeux fermés. Il a l'air paisible, comme ça, mais il n'arrête pas de secouer sa jambe sur la mienne, me faisant trembler moi aussi. "Pourquoi tu stresses ?" je lui demande en terminant le joint distraitement. Il hausse les épaules. "Mes parents veulent que j'aille faire mes études en Amérique l'année prochaine." déclare Tom de but en blanc, me faisant manquer de suffoquer à cause de la fumée dans ma bouche. Je toussote pendant de longues secondes avant de me redresser, virant ses jambes des miennes.

"Oh putain, le délire !" est la seule réponse que je trouve à lui donner. Tom est différent de moi. Moi, j'aime ne pas avoir de pied à terre, j'aime l'idée que rien ne m'attache nulle part et que je peux disparaître en l'espace de quelques secondes, presque sans regrets. Mais pas Tom. Tom a toujours vécu ici, il est pote avec Nora et Jenny depuis la maternelle. Il connaît toute sa vie par cœur, et il aime ça. Il aime tout contrôler, tout appréhender afin de ne jamais avoir de mauvaises surprises. La seule chose sur laquelle il se laisse un tant soit peu aller, c'est les filles qu'il met dans son lit. Et, malgré son caractère, s'il n'a jamais eu de relation longue, c'est tout simplement parce qu'il n'a pas encore mis la main sur la fille qui fera chavirer son cœur. Mais je comprends qu'à l'idée de quitter tout ça, tout son petit monde, ses amis, il est complètement paumé. "Qu'est-ce que ça fait, de tout quitter, de tout devoir recommencer dans un endroit nouveau et inconnu ?" me demande-t-il d'une petite voix, gardant les yeux fermés. Merde, c'est pas le genre de discussion qu'il faut avoir quand on est complètement défoncé. "Si tu ne laisses rien derrière toi, c'est facile." je lui réponds après de longues minutes de réflexion. "Mais quand ce n'est pas le cas, qu'il y a quelque chose qui te retient, ça te tue..." finis-je doucement, la voix basse et une souffrance affreuse dans le cœur.

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Et sinon, quelle autre scène vous aimeriez voir du point de vue de Babe ?

Si je suis motivée, peut-être que j'essayerai de la faire, pourquoi pas même un petit mix de ces scènes, mais courtes, juste ce qu'il se serait dit à ce moment là et je les posterai quand ce sera assez long :) c'est qu'ils me manquent tellement *snif* (Enfin si ça vous intéresse !)

J'espère en tout cas que ce petit passage vous aura plu ♥

A bientôt ♥

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