LAST STAGE

« Josh, arrête, je t'en supplie, je vais être trempée !

- Oh, sweetie, t'aurais pu me dire que cette conversation était PEGI 13 !

- Abruti ! »

J'éclate de rire, serrant mes bras autour de son cou alors que, ses mains sur mes hanches, il embrasse le mien, me faisant tourner sous la pluie battante.

Les touristes courent se mettre à l'abri, tenant leurs sacs ou journaux au-dessus de leur tête pour se protéger, et ce crétin me garde là, ruinant ma coiffure, mon maquillage et ma robe par la même occasion. Oooh je le déteste, je le déteste, je le déteste !

Finalement, il me lâche et, alors que je tente de m'échapper pour courir me réfugier au chaud, il attrape ma main, avec un petit sourire en coin.

« Quoi ?

- Il pleut.

- Oh, vraiment ? Quel sens de l'observation, je-

- Tu veux bien te la fermer, juste une fois dans ta vie ? »

Outrée, je le regarde, les yeux un peu plissés.

« La déclaration d'amour d'Orgueil et Préjugés se fait sous la pluie...

- Tu parles de la première ? Celle où Elizabeth rejette Darcy après qu'il lui ait avoué ses sentiments ? »

Cette fois, c'est lui qui plisse les yeux.

« J'avais pas pensé à ça. Du coup, peut-être que c'était pas une si bonne idée que ça, de l'apprendre par cœur... »

La pluie bat mon visage, le sang bat mes tempes. Qu'est-ce qu'il essaie de faire... ?

« Oh, eh puis merde. Au diable cette déclaration, je suis certain que je peux faire mieux que Jane Austen.

- Je m'avancerais pas trop là-dessus, si j'étais toi...

- Je t'en supplie, tais-toi. »

Je m'exécute et, le constatant, il finit par doucement hocher la tête, comme pour se donner du courage, avant de prendre une inspiration.

Et, sortant une petite clé de la poche de sa veste, il prend mon pendentif entre ses doigts, celui qu'il m'a offert il y a des années. J'écarquille les yeux alors que la clé se glisse dans la serrure de celui-ci ; je n'aurais jamais pensé qu'il s'ouvrait vraiment, je pensais que c'était juste pour l'esthétique de l'objet, qu'il avait trouvé ça au fond d'un tiroir chez sa tante et décidé de me le donner.

« Lis, dit-il en me le tendant. »

A l'intérieur du pendentif désormais ouvert, je vois une petit bout de papier, qui devait être là depuis le début. Depuis trois ans.

Je t'aime.

« ... Alors ? »

Les yeux un peu embués, je les lève vers lui.

« Pourquoi t'as l'air en colère ?

- Trois ans ? Trois ans que tu le sais et que tu ne m'as rien dit ?! Je te le jure, ici et maintenant, je vais te tuer, Joshua !

- Y a trois ans, t'étais en troisième ! J'allais pas sortir avec une troisième !

- Ne te trouve pas d'excuses ! »

Sur ces mots, je tape son torse, l'obligeant à se saisir de mes mains pour m'en empêcher.

« Grrr, je te déteste !

- Moi aussi, pour ce que ça vaut, je te déteste très très fort ! »

Mes derrières ses mots, le petit sourire qu'il arbore malgré ses sourcils froncés me fait deviner que « détester » n'a pas sa signification initiale quand c'est lui qui le prononce.

Il m'attire à lui et pose un baiser sur ma joue.

« Tu m'aimes aussi ? »

Je secoue la tête, avec une moue.

« Je te dirai ça dans trois ans. »

Avec un rire, et alors que j'essaie d'échapper à ses mains serrées autour de mes poignets pour m'empêcher de le frapper plus longtemps, il hoche doucement la tête.

« Ok. En attendant, tu me détestes ? »

Mon regard, jusqu'ici rivé sur le sol pour éviter de croiser le sien, finit par accepter de l'affronter.

Oui.

« Oui. Je te déteste.

- C'est bon à savoir. »

Et il embrasse finalement mes lèvres. Après quelques secondes, je recule un peu le visage.

« Je pense pas qu'on ait fait mieux que Jane Austen, désolée...

- Je ne t'avais pas demandé de te la fermer ?

- Depuis quand je fais ce que tu dis ?

- Tu marques un point. »

Il rit à nouveau. Au milieu des nuages noirs, un rayon doré parvient jusqu'à nous, se déposant sur la place sur laquelle nous nous trouvons et sur son visage. Ses cheveux trempés lui tombent sur le front, les gouttes coulent sur sa peau. Il sent la pluie et le caramel. Je crois que je l'aime.

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