ELEVENTH STAGE

La tête posée contre l'épaule du brun, je regarde les arbres du bois que nous traversons défiler à toute vitesse par la vitre du train. Dans une de mes oreilles, un peu de musique, sortant des écouteurs que je partage avec lui. Relevant les yeux sur lui, j'observe les traits de son visage endormi. Bordel, y a tout qui va sur sa face. D'une main, je viens effleurer ses joues recouvertes d'une légère barbe : il ne s'est pas encore rasé, il le fera sans doute en arrivant.

« Est-ce que t'es en train de me regarder dormir ? »

Je hausse un sourcil. Non, puisque apparemment, il ne dort pas. Sans doute comme je ne réponds pas, il ouvre les yeux, les plantant dans les miens, juste en face de lui. Merde, cramée.

J'ouvre la bouche pour dire quelque chose, sans doute une moquerie à propos de la bave qui coule de son menton quand il dort -qui n'existe pas, mais il n'est pas obligé de le savoir-, mais je n'en ai pas le temps : cette fois, ce sont ses lèvres qu'il plante sur les miennes, sa main m'attirant à lui en se posant sur ma nuque.

Après les avoir d'abord écarquillées, je ferme les yeux, sentant mon cœur jouer une mélodie bien plus rapide que celle de notre musique. Ses lèvres, sa langue, l'odeur de sa peau et de ses cheveux... C'est tout ce que mon corps perçoit, à l'instant-même. Et quand il me serre contre lui de son bras libre, qu'il passe autour de ma taille, je pousse un gémissement involontaire. Cette façon qu'il a de presser mon corps contre le sien.

Finalement, je recule un peu, rouvrant les yeux et les posant sur son regard à la fois endormi et joueur. Et derrière tout ça, je crois même un peu de bonheur : mais ça, son sourire le montre déjà bien assez.

« On était pas censé avoir un premier baiser comme ça. Sans prévenir, dans un train, c'est pas très romantique. »

Heureusement pour nous, le wagon de la vieille rame est presque vide. Eh puis même s'il avait été plein à craquer, je n'en aurais pas eu grand-chose à faire, au fond.

« C'est pas notre premier baiser.

- Notre premier vrai baiser. »

Je vois qu'il est sur le point de se moquer de moi en me demandant en quoi les autres n'étaient pas vrais, mais la mine boudeuse que j'affiche alors semble l'en dissuader.

« Tu le voulais comment, notre premier vrai baiser ? »

J'hésite un peu.

« Plus doux. »

Alors il m'embrasse à nouveau. Et en effet, c'est doux. C'est comme une tasse de chocolat chaud. J'ai pas l'habitude, on m'a jamais embrassée comme ça. Donc c'est ça, les papillons...

« C'est bon ? »

Oh oui, c'est bon. Mais je secoue un peu la tête.

« Plus doux. »

Les yeux à nouveau clos, je ne le vois pas, mais je devine qu'il sourit.

Encore un baiser. Cette fois, c'est la caresse de la soie sur mes lèvres.

« Plus doux. »

Les pétales d'une rose.

« Plus doux... »

La brise d'été.

Plus doux, plus doux, plus doux... Je chante cette litanie qu'il interrompt toujours d'un nouveau baiser. Et finalement, il se contente de frotter un peu son nez contre le mien : je ris comme une gamine, les yeux toujours fermés.

« Oh eh puis merde, je l'entends murmurer. »

Cette fois, ses lèvres s'écrasent contre les miennes, me laissant à peine le temps de respirer avant de poser ses mains sur mes hanches et de me soulever sur ses genoux.

J'oublie complètement ce qu'il y autour de nous, jusqu'à ce qu'une voix nous sorte de notre petit rêve de baisers.

« Excusez-moi, mais mes enfants et moi sommes assis au fond du wagon, est-ce que vous pourriez tenir un peu ? »

Sur ces mots, nous ouvrons les yeux et voyons une mère partir vers le wagon restaurant, un enfant accroché à chaque main derrière elle, l'air outré.

On se regarde alors un instant, avant d'exploser tous les deux de rire.

« Je crois qu'il va falloir attendre d'arriver à l'hôtel... »

Je hoche doucement la tête, remettant quelques mèches rebelles de mes cheveux en place.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top