Plan pour père insistant (partie 1)

S'il y avait bien une chose que Draluc aimait dans la vie, c'était bien être dramatique. Se morfondre sans raison valable. Se rouler sur le sol en tapant du poing. Faire semblant de s'évanouir. Parler. Énormément parler. Avoir de fausses larmes au coin des yeux. Inventer des histoires plus farfelues les unes que les autres. Impliquer ses cousins et cousines dans les histoires farfelues pour les rendre plus crédibles. Draluc n'aimait pas seulement être dramatique, il adorait ça.



Il avait été élevé en étant choyé. Il avait fait vivre un enfer à ses précepteurs. Northdin lui avait fait vivre un enfer. Draluc avait appris depuis son plus jeune âge comment jouer de son côté mignon. Il avait appris à embellir les choses dans son meilleur intérêt. Il avait appris à s'attirer la sympathie des gens. Il avait appris à raconter n'importe quelle histoire sans trembler, quand bien même elle soit complètement ridicule. Draluc pouvait dire et faire n'importe quoi du moment que ça l'amusait.



Mais si cela s'appliquait à lui-même, ça s'appliquait aussi aux autres membres de sa famille. Après tout, s'il était comme ça, ça venait bien de quelque part. Il y avait tout de même certaines personnes qui étaient moins hédonistes, qui voulaient simplement de la tranquillité et ne pas être impliqué dans un quelconque jeu de vie ou de mort. Et parmi ceux-là, Draus.



Le père du plus faible des vampires avait d'excellentes raisons d'être inquiet et dramatique. Son fils disposait d'un corps trop fragile. De sa naissance à sa vie actuelle, sa propre vie s'était remplie d'inquiétude. Il aimait son fils plus que tout au monde et ne voulait certainement pas qu'il lui arrive quoi que ce soit de mal. Comme tout le monde, lorsque Mira donna naissance à leur enfant tant désiré, ils s'attendaient à un enfant fort, un enfant en pleine santé, un enfant qui crierait à pleins poumons.



Absolument personne n'était préparé à ce que le nouveau-né s'effondre en poussière alors que Mira le prit dans ses bras pour la première fois. Les cris de désespoir de Draus avaient résonnés dans tout l'hôpital vampirique, alertant tous les membres du clan du Dragon qui s'étaient précipités. Le patriarche du clan ne pourrait certainement jamais oublier les larmes qui roulaient sans discontinuer sur les joues de son fils tandis que sa femme ne faisait plus aucun geste, pétrifiée, comme si son esprit avait quitté son corps, ne comprenant pas ce qu'il se passait.



Alors que Goshinso se déplaçait rapidement pour arriver à hauteur de sa belle-fille, un évènement auquel aucun membre du clan n'avait jamais assisté se déroula. Les cendres ressemblant étrangement à du sable se rassemblèrent et reconstituèrent peu à peu de petits pieds puis des jambes squelettiques, le ventre, le torse, les bras et enfin un petite tête remplie de fins cheveux aussi noirs que ceux de sa mère. Abasourdis, personne n'osait plus faire le moindre bruit alors que des cris et des pleurs de nouveau-né retentirent dans la pièce, submergeant les personnes présentes.



A ce moment, les médecins et infirmières se précipitèrent pour prendre l'enfant et vérifier que tout allait réellement bien. Après l'incident, quasiment aucun des membres du clan ne voulaient quitter l'hôpital mais Goshinso le leur ordonna afin de laisser un peu de tranquillité aux nouveaux parents qui étaient passés par trop d'émotions à la fois, ayant cru avoir perdu leur enfant.



Les mois suivants, Draus, Mira ainsi que tout le reste de la famille apprirent à connaître l'état de santé très particulier du petit dernier qui pouvait mourir d'à peu près n'importe quoi, notamment d'un courant d'air trop frais lorsque que la fenêtre n'était pas fermée. Mais il ressuscitait instantanément comme si de rien n'était, demandant simplement à fermer cette fenêtre. Son état de santé avait fait basculer Draus qui s'était instantanément mis à surprotéger son fils, ne supportant pas une seule fois de le voir tomber en poussière devant ses yeux.



Cette vision lui rappelait bien trop celle de l'hôpital où il croyait l'avoir définitivement perdu alors qu'il venait à peine de naître. Le couple n'en avait jamais parlé, ils s'y refusaient. Mais chacun d'eux portaient le blâme. Qu'est-ce qui n'était pas allé ? Pourquoi était-il comme ça ? Était-ce de leur faute ? Les questions allaient et venaient dans leur esprit, ne les partageant jamais, croyant être responsables de l'état de leur fils.



Au fur et à mesure que Draluc grandissait, ça allait de mal en pis. Draus ne le laissait rien faire et Draluc détestait cela plus que tout au monde. Presque autant qu'il détestait Northdin et c'était peu dire. Ses instants de bonheur arrivaient principalement quand il arrivait à faire sortir de ses gonds le vampire de glace. C'était une petite guerre entre eux qui rythmait les journées du plus petit, lui faisant souvent oublier son état de santé.



Mais Draluc savait qu'il était différent. Pas uniquement à cause de son corps dont il pouvait ressentir le moindre grain lorsqu'il s'effondrait. Mais à cause de la façon dont on le traitait. Aucun des autres membres de la famille n'était traité comme ça. Et si lorsqu'il était plus petit, il se sentait heureux d'un traitement de faveur et d'une constante attention, cela l'étouffait de plus en plus. Il ne pouvait rien faire sans la supervision de quelqu'un d'autre, principalement son père.



Il n'avait pas d'amis. C'était évident au simple fait qu'il ne pouvait pas sortir et s'en faire. Il avait à peine l'autorisation d'assister aux grandes fêtes vampiriques dans les autres riches châteaux. A une période, certaines personnes qui avaient appris pour lui avaient essayé de le kidnapper pour faire pression sur le clan du Dragon, sachant à quel point ils étaient tous surprotecteurs envers lui. Cela n'avait évidemment pas marché puisqu'il s'agissait de l'une des rares fois où le monde vampirique entier avait pu voir le patriarche du clan, le plus fort de tous les vampires être énervé.



Plus personne n'avait réessayé de s'approcher de lui, même pendant les fêtes. Ils avaient tous peur que leurs gestes d'amitié soient mal interprétés et que Goshinso se déchaîne une nouvelle fois pour protéger son petit-fils. Ce qui laissait l'enfant encore plus seul qu'il ne l'était déjà. A quelques exceptions près où certaines personnes prenaient leur courage à deux mains et venaient auprès de Draluc pour gagner son amitié. Mais le vampire avait beau être faible, il n'était pas idiot pour autant. Il savait pertinemment que ces gens n'étaient pas là pour sa compagnie mais pour essayer de nouer des liens de confiance avec le si puissant clan du Dragon.



Draluc se jouait d'eux pendant un temps et finissait par les dégager finalement, amusé de les voir si déconfis qu'il sache déjà leurs intentions. Mais si cela était amusant un temps, Draluc n'avait pas réellement d'amis avec qui il pouvait s'amuser et partager autant ses joies que ses peines. Et cela peinait Draus bien qu'il se dise que cela était un mal nécessaire.



Draus n'avait souvent pas conscience du mal qu'il pouvait apporter à Draluc. Il se contentait de faire ce qu'il pensait être bien pour lui sans se poser plus de questions. La solitude de Draluc fut interrompue avec l'arrivée de John. Mais c'était son familier. C'était une relation différente de toutes les autres. Parce qu'un lien entre un vampire et son familier est très particulière et privilégiée.



Le paternel savait cependant ce qu'il fallait à son fils pour lui remonter le moral. Il l'avait découvert alors qu'il retrouvait enfin sa femme qu'il n'avait pas vu depuis longtemps à cause de son travail. Lorsque Draus avait serré Mira dans ses bras et l'avait embrassé, il ne s'était jamais senti aussi heureux. Il avait l'impression d'être autant amoureux d'elle que la première fois qu'il avait découvert ses sentiments. Elle était son bonheur, sa joie. Celle qui lui redonnait le sourire lorsqu'il se sentait au plus bas.



Et Draus, dans son esprit délirant d'amour et de bonheur procuré par la présence de sa femme bien-aimée eut une idée qu'il trouva personnellement fabuleuse. Draluc, quant à lui, préférait la qualifier de désastreuse. Eh oui, si Draluc était seul avec son familier (bien que Draluc lui certifie qu'il ne se sentait pas seul et qu'être avec John lui suffisait), il suffisait de lui trouver de la compagnie.



C'était donc sur ce postulat de départ que Draus entreprit de jouer les entremetteurs et de trouver enfin une compagne ou un compagnon pour son fils. Draluc avait pâli lorsque son père lui avait annoncé son idée. Et puisqu'il n'avait déjà pas beaucoup de couleurs à la base, il semblait pratiquement fantomatique. Son père ne le voyait même pas, trop heureux de sa trouvaille et souhaitant organiser des rencontres le plus vite possible.



Pour le rassurer, Draus lui avait dit que le mariage n'était qu'en option si cela lui convenait. Mais le but principal était avant tout de lui trouver un petit-ami ou une petite-amie. Étonnamment, Draluc ne semblait pas très partant, ce qui étonna son père. Son fils était seul depuis si longtemps, pourquoi ne voulait-il pas un peu de compagnie ? Complètement entêté, il ignora toutes les réponses qui pouvait lui être fournies.



Le vampire à la peau violette essaya de trouver un peu de soutien du côté de sa mère mais celle-ci était aussi déterminée que son mari. Puisqu'elle ne voyait pas souvent son fils, elle était tout autant inquiète que Draus qui était à ses côtés constamment. Alors une présence avec lui qui pourrait le soutenir dans toutes les situations la ravissait également. Draluc n'était aidé d'aucune part. Et le ballet des rencontres commença inévitablement.



Pour faire plaisir à ses parents, il accepta à contre-cœur les rendez-vous organisés pour lui. Mais cela n'allait jamais. Aucune de ces personnes ne lui convenait. Soit ils n'avaient rien en commun et la conversation était un supplice. Soit ils le regardaient directement, soit rigolaient, soit pâlissaient et repartaient sans demander leur reste.



Même s'il avait un égo énorme, ce dernier type de rendez-vous était celui qui faisait le plus mal. Ces personnes n'essayaient même pas d'apprendre à le connaître, un simple regard sur son physique les faisait fuir. Draluc ne se considérait pas comme repoussant, mais cela lui pinçait tout de même le cœur de voir qu'il y avait des personnes qui n'arrivaient pas à aller au-delà du physique et qui prenaient simplement la poudre d'escampette en le voyant.



Draluc en avait plus qu'assez d'entendre des gens rigoler maladroitement à ce qu'il disait tout en regardant ostensiblement leur montre pour bien faire comprendre qu'ils souhaitaient être partout ailleurs qu'à cet endroit à cet instant. Il décida alors de prendre lui aussi la poudre d'escampette et de partir au Japon. Il prétexta une envie de connaître mieux le pays natal de sa mère. Même s'il savait au fond de lui que ce n'était qu'une excuse et qu'il ne comptait en fait pas sortir de son château.



Être à l'autre bout du monde, cependant, ne semblait pas arrêter la détermination de son père. Cela n'aurait pas dû lui être étonnant. Il continuait de l'appeler quotidiennement. Et si ce n'était que pour prendre des nouvelles et entendre que le niveau 56 sur son nouveau jeu était passé, ça irait encore. C'était franchement fatiguant mais ça allait encore. Mais même à distance, son père était capable de lui poser des questions sur sa vie amoureuse ou plutôt son absence de vie amoureuse.



Draluc arrivait la plupart du temps à esquiver les questions ou à recentrer la conversation sur autre chose, notamment en jetant précipitamment le téléphone à John qui devait donc se débrouiller seul. Le vampire était maintenant un expert en esquive de conversation gênante. Talent qu'il avait déjà lorsqu'il vivait encore parmi les membres de son clan mais qui s'était perfectionné depuis qu'il habitait seul et loin de l'œil constamment vigilant de son père.



Il ne faisait pas grand-chose de ses journées à vrai dire. A part jouer aux jeux vidéos, il n'avait plus beaucoup de choses à raconter à son père pour le distraire de sa vie amoureuse. Mais les humains ont toujours été surprenants et se tiennent là où on les attends le moins. Entrez Ronald. Entrez un château qui explose en mille morceaux. Entrez Draluc à Shin-Yokohama. Entrez la colocation chaotique entre un humain chasseur de vampires, un vampire, un tatou, un système de sécurité laser et un poisson rouge vampire.



Depuis qu'il vivait à Shin-Yoko, Draluc avait retrouvé une joie de vivre qu'il n'avait plus connu depuis si longtemps. Chaque nuit était mouvementée et agrémentée de folies que seul cette ville pouvait accomplir. La faune locale d'humains et de vampires qui coexistaient ensemble l'amusait plus que tout. Il avait un nouveau terrain de jeu. Et beaucoup étaient suffisamment naïfs pour croire toutes les histoires invraisemblables qu'il racontait.



L'astuce lorsque l'on raconte une histoire farfelue, c'est d'ajouter des détails réels. Ça renforce l'histoire parce qu'en prouvant ces simples détails, tout le reste de l'histoire semble beaucoup plus crédible. En tant que bon hédoniste, Draluc était aux anges. Il vivait tous les soirs des aventures complètement loufoques et son colocataire le régalait à la maison en étant un parfait abruti mêlé à un enfant qui ne savait pas se débrouiller seul.



Ronald avait même appris à connaître quels détails dans les histoires de Draluc étaient vrais ou faux en rencontrant le clan du Dragon. Il se serait bien passé de tout ce stress mais au fond, ils étaient amusants. Mais seulement un peu. Ils avaient déjà tous suffisamment la grosse tête comme ça. Et Ronald lui-même commençait à s'habituer à partager son espace avec le vampire qui lui faisait les tâches ménagères et un infarctus dès qu'il mettait du céleri dans le repas. Et bien évidemment, le plus mignon de tous les tatous du monde.



Et Ronald avait appris d'autres choses. Notamment l'insistance de Draus sur la vie amoureuse de son fils. Selon les propres explications de Draluc et John, il y avait des périodes où il était plus ou moins insistant mais globalement, il était sacrément chiant. Draus avait relâché la pression pendant un certain temps, trop heureux de voir son fils se faire des amis et vivre pleins d'aventures qui le ravissait. Il n'avait plus vu de sourire aussi grand sur le visage de son fils depuis longtemps et son cœur de père en était trop heureux.



Mais chassez le naturel, il revient au galop. Alors que Draluc et John avaient réellement pris leurs marques dans cet appartement miteux (Draus pouvait entendre Ronald hurler en arrière-plan que c'était tout ce qu'il pouvait se payer et que s'il n'était pas content, il n'avait qu'à reprendre son enfoiré de gamin) et cette ville. Et puisque les deux étaient suffisamment bien installés, Draus avait repris sa quête incessante de trouver un compagnon ou une compagne à son enfant adoré.



Quand les appels à ce sujet se firent de plus en plus insistants et que Draluc était sur le point de craquer, il tourna la tête alors qu'il entendait un rire sonore. Ronald, les larmes aux yeux, les mains sur le ventre, rigolait comme si sa vie en dépendait. Énervé, Draluc maudit le chasseur de ne pas savoir ce que ça faisait d'avoir son père constamment sur son dos à lui demander quatre fois par jour où il en était. Il avait même essayé d'arranger des rencontres avec certaines personnes de la ville. Ce dont il n'avait récolté que des rires et de la pitié de la part des gens de la ville qui le plaignaient d'avoir un père comme ça.



Et qui dit Draluc énervé, dit Draluc avec un plan exubérant pour se débarrasser de son père. Parce que même si Ronald riait comme une hyène à cet instant présent, la présence du paternel trop inquiet emmerdait souvent le chasseur, même si cela était compensé par le fait que Draluc était encore plus emmerdé que lui. Avec un sourire aux lèvres qui fit instantanément tomber le rire de Ronald, Draluc se rapprocha de lui, bien déterminé à mettre son plan à exécution. Enfoncé dans sa chaise de bureau, Ronald était cloué sur place par un Draluc très déterminé, assis les jambes croisés sur le bord dudit bureau.



« On est d'accord que je suis essentiel à la rédaction des chroniques, n'est-ce pas ? » Draluc commença doucement.


Ronald ne dit rien, le laissant continuer.


« Tes ventes ont explosées depuis que je suis présent dans tes histoires. Fukuma te l'a dit. Il t'a même dit de ne pas m'expulser parce que ce ne serait pas rentable. Et tu ne veux pas décevoir Fukuma, n'est-ce pas ? » Draluc continuait son exposé.


« A quoi tu penses ? » Ronald avait enfin pris la parole, incertain de la suite.


« Si mon père arrive réellement à me trouver quelqu'un avec qui me caser, je risque très fortement de déménager dans un domaine offert par ma famille. Et tu sais ce que ça voudra dire ? » Le ton langoureux, Draluc avait levé sa main pour prendre le menton de Ronald entre deux de ses doigts.


« Ça ... Ça voudra dire quoi ? » Déglutissant lourdement, Ronald réussit tout de même à parler.


« Ça voudra dire que je ne serais plus à tes côtés pour les chasses, pour tout le reste. Ça voudra dire que tu n'auras plus rien à raconter avec moi en second personnage principal. Ça voudra dire que les gens vont s'en lasser parce qu'ils sont là pour notre cohabitation. Ça voudra dire une chute de tes ventes. Et une chute des ventes veut dire Fukuma en colère. »


A la simple mention de son éditeur en colère, Ronald pâlit subitement, paniqué du scénario que venait de lui présenter son colocataire vampire qui le tenait toujours du bout des doigts.


« Et on doit faire quoi pour rectifier ça ??? » Ronald avait parlé précipitamment, souhaitant trouver une solution le plus rapidement possible.



Une pause s'en suivit, laissant mariner le chasseur à deux doigts de lever son poing pour faire parler le vampire. Draluc sentait la peur dans le regard de l'homme en face de lui mais il n'était pas sûr de la réaction qu'il pouvait avoir après lui en avoir parlé. Il pouvait parfaitement refuser, ce qui était son droit. Mais ça ne l'arrangerait pas.



« On doit sortir ensemble. »



A peine les mots avaient quittés la bouche du vampire que l'humain se figea sur place, certain d'avoir mal entendu ou d'être victime d'une hallucination auditive. Draluc était-il sérieux de proposer un plan pareil ? Un peu perdu, le « Quoi ? » de Ronald avait l'air de celui d'un enfant à qui l'on dit subitement que le Père Noël n'existe pas.



« Je parle pas de réellement sortir ensemble, idiot de gorille. Je parle de faire semblant devant mon père. Et potentiellement ma mère. C'est logique quand on y pense. Je veux me débarrasser de mon père et qu'il arrête de se mêler de mes affaires amoureuses et toi, tu veux aussi qu'il me lâche la grappe parce que ça signifie que je resterais ici et que tu auras toujours des trucs à raconter pour ton bouquin. C'est du gagnant-gagnant. »



Les explications de Draluc étaient claires et effectivement logiques. Ils y gagneraient tous les deux s'ils arrivaient réellement à faire croire à Draus qu'ils étaient en couple. Ronald n'avait vraiment pas envie de faire croire qu'il était amoureux de ce vampire rachitique mais si c'était la seule solution, alors il fallait aller avec.



« Mais t'es sûr qu'il va y croire ? Je veux dire, je te tue tout le temps et on passe notre temps à s'engueuler. » Il restait beaucoup de zones d'ombres pour Ronald.


« Il suffit de jouer ça bien. N'oublie pas que je suis un spécialiste pour raconter des bobards. Il suffira de dire que si je suis resté dans cet appartement minable, ne me crie pas dessus, c'était à cause de toi, parce que je t'aimais sans m'en rendre compte. L'idée de le dire à haute voix me déplaît autant que toi mais il faut jouer ça à fond. Et que si on a l'air de se détester, oui évidemment qu'on se déteste pour de vrai, c'est parce que c'est notre manière de communiquer et qu'on sait pas comment faire autrement. Et puis les lectrices sont absolument fans du ennemies to lovers donc il faut faire monter la sauce, n'est-ce pas ? Ça règle donc aussi la façon dont tu nous décris dans tes romans. »


« Merde, t'as vraiment pensé à tout. Depuis combien de temps tu mijotes ça ? » Ronald était abasourdi que Draluc ait pu penser à autant de choses.


« Dix minutes. Mais c'est pas une compétition. Il suffit de trouver un élément de départ, de creuser autour de ça et d'embellir le tout. Question d'expérience. »



Ronald n'aimait pas comment Draluc était phénoménal avec les mots mais en lisant les articles qu'il faisait et comment il l'aidait parfois quand il était coincé dans ses chroniques, Ronald se dit que c'était vraiment une bonne chose qu'il sache aussi bien raconter les choses. Sinon, ce serait bien trop compliqué d'y faire croire à Draus. Mais présenté comme ça, ça avait l'air presque facile.



Le principal problème restait la façon dont ils allaient le présenter à Draus. En dehors du fait que Draus n'était pas si crédule que ça, il fallait le faire de manière naturelle. Et pour ça, rien de mieux que d'impliquer John dans l'histoire. John qui était absolument ravi d'être mêlé à tout ça. Parce qu'il avait beau être un tatou, il voyait bien ce qu'il se passait. Et ces deux idiots pouvaient blâmer la simulation et faire croire qu'ils ne s'aimaient pas, sauf pour le père trop protecteur, John savait que c'était bien évidemment faux.



La première étape était de faire croire lorsque Draus appellerait la prochaine fois que son fils n'était pas disponible sur le moment, trop occupé avec quelque chose d'autre (ce qui serait bien évidemment faux). John prendrait alors la conversation en main en « attendant » que Draluc revienne. Et laisserait malencontreusement échappé que Draluc était en cuisine pour préparer le repas de son anniversaire de couple avec Ronald.



Il était préférable que ce soit John qui s'en occupe. Draus connaissait la proportion de son fils à mentir mais il ne se méfierait jamais de John, la pureté à l'état pur. (Personne n'allait parler du fait que ce soit complètement faux et qu'il avait sûrement plus de connaissances sur le sexe que Ronald lui-même). Le plan fut donc mis à exécution le lendemain-même alors que Draus faisait son appel régulier, réglé comme une horlogerie suisse, toujours à la même heure.



« Nu ? (Allô?)» John répondit comme prévu.


« John ? Draluc n'est pas là ? » Draus n'était pas inquiet, il avait l'habitude d'avoir John en premier si Draluc était le plus loin du téléphone.


« Nu nu nunu nu (Il est dans la cuisine en train de faire à manger.) » Il suivait le plan.


« Oh ! Et que prépare-t'il de bon pour toi ? » Le père était enthousiaste, sachant à quel point son fils aimait cuisiner pour son familier.


« Nunu nu nu nu nunu (Il prépare des mici pour faire goûter à Ronald un plat roumain pour leur anniversaire). » Il laissa l'information passer en douceur.


« ... » Draus ne dit rien, espérant avoir mal compris.


« Nu nu nu ? (comment va tout le monde?) » John changea rapidement le sujet pour faire croire à une info qui lui avait échappé.


« Ah ! Euh ... Tout va bien chez nous. Nous avons réussi à empêcher papa de nous emmener tous en Sibérie pour se battre contre des phoques dans un remix du Juste Prix » Draus voulait également changer de sujet, il ne voulait pas croire ce qu'il avait entendu.



Alors que la conversation continuait sur des banalités et que le téléphone revint enfin dans les mains de son propriétaire, Draus voulait poser des tas de questions. Il voulait être sûr que John s'était planté. Parce que « leur anniversaire » ne signifiait qu'une seule chose. Il connaissait les dates, ce n'était pas l'anniversaire de son emménagement à Shin-Yokohama. Et il ne voyait rien d'autre à célébrer. Ce n'était pas celui de Ronald. C'était « leur » anniversaire. Ils étaient en couple ?



Draluc continuait de parler comme si de rien n'était, comprenant bien au ton de la voix de son père lorsqu'il répondait qu'il essayait de comprendre et de restituer les morceaux. Mais il n'osait pas encore demandé si cela était vrai ou pas. Un immense sourire d'enfoiré se dessinait sur le visage du faible vampire bien qu'il essayait de ne pas le retranscrire dans sa voix. Ça avançait. Son père se posait des questions et c'était tout à fait bénéfique pour eux.



Le téléphone raccroché, Draluc leva simplement son pouce en l'air, histoire de faire comprendre aux deux autres que Draus avait mordu à l'hameçon. Ronald lâcha un petit cri de victoire. Si le plan de Draluc marchait, il n'aurait pas à s'inquiéter de la vierge de fer de Fukuma, enfin, au moins sur le fait qu'il avait laissé son colocataire déménager. Frissonnant légèrement, l'humain essaya de se reconcentrer, sachant que le prochain point du plan reposait sur lui.



Il allait se taper la plus grosse honte de sa vie. Mais c'était pour la bonne cause. Ronald rougissait rien que de penser à l'idée de ce qu'il devait faire. Draluc avait peut-être d'excellentes idées mais celle-ci pouvait bien être celle qui mettrait fin à sa vie. Ils s'étaient violemment disputés à propos de cela. Ronald avait refusé catégoriquement au début, faisant même semblant de vomir pour suffisamment montré son dégoût de cette « putain de connerie ».







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C'EST SORTI !!!!!!!

Ça fait  des semaines que je galère comme pas permis avec cette histoire. Je l'écrivais petits morceaux par petits morceaux parce que j'avais l'impression que rien n'allait, que rien ne se connectait ensemble de manière logique.

Ce sera découpé en deux parce que lorsque j'ai commencé à écrire, je n'avais strictement aucune idée de la longueur que je voulais et à force d'écrire, je me suis rendue compte que ce serait vachement trop long pour un one-shot et pas assez pour un three-shot, donc entre les deux.


J'ai eu l'idée après avoir lu une fic fake dating sur un autre ship (merthur) et j'ai pensé à quel point ce concept était parfait pour ronadora. Comme je le décris, ils ont en fait une raison logique de faire croire à Draus qu'ils sortent ensemble. Et Draus a une raison logique de vouloir se mêler la vie amoureuse de Draluc.


Le court passage à l'hôpital pour la naissance de Draluc est inspiré par une fic que j'avais lu sur ao3 et qui parle des réactions de Draus à la naissance de Draluc et comment ça aurait pu se passer si Draluc était "mort" à la naissance. C'est bien évidemment mieux fait que moi parce que je ne me suis pas concentrée dessus.


Playlist écriture : - "Make me the hunter"  Makoto Furukawa

- "Cozy crazy party "  TRD


Sinon, comme d'habitude, en espérant que vous avez aimé ^^



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