Mercredi Matin : Le Frisson Perpétuel.

Le réveil d'Ace sonna, le forçant à ouvrir les yeux subitement. Il était l'heure de se préparer pour aller au travail. Le jeune homme posa ses pieds sur le carrelage blanc en bâillant. Il était décidément trop tôt. Sa soirée de la veille ne l'a pas aidé à avoir un sommeil réparateur. Il descendit les marches en titubant. Un bon café le réveillerait.

Il salua son grand père et se servit une tasse. C'était amer. Ace n'appréciait pas du tout quand il oubliait d'y mettre du sucre.

Le jeune homme tira la langue, essayant de chasser ce goût désagréable, avant d'en ajouter un morceau dans son café.

Malgré tout, cela ne ruina pas son moral. Il ne ressentait rien du tout de différent à part l'amertume sur sa langue, alors tout allait bien : Il était toujours heureux. Tout était exactement comme d'habitude, alors c'était super.

Ace salua ses frères lorsqu'ils descendirent les marches à leur tour. Luffy traînait des pieds, comme tous les matins. Il s'affala sur le canapé en soupirant qu'il était trop tôt, comme tous les matins. Sabo se servit un bol de céréales, comme tous les matins. Et Garp ouvrit son journal, comme tous les matins.

Tout était normal, tout était comme d'habitude, donc tout allait bien. Cela confirma la pensée d'Ace : il était bel et bien heureux. Il en était sûr.

Après que la famille eût terminé de se préparer, Ava annonça qu'il était l'heure de prendre la pilule. Ace souffla de soulagement. Cela allait lui redonner de l'énergie.

Cependant, quand il avala la gélule, rien ne se passa.

Il s'installa dans le fauteuil et attendit un peu. Ace se dit que ça n'allait pas tarder, qu'il allait bientôt retrouver son énergie. Mais l'heure de partir au travail sonna, et il était toujours aussi épuisé. Ses frères et son grand-père semblaient pourtant être en forme, eux.

Cette matinée là était donc inhabituelle, ce qui donna à Ace une impression étrange.

Sur le chemin du travail, il salua ses voisins comme tous les jours. Ace se dit qu'il ne fallait pas se poser trop de questions. Ça devait être normal. Ça ne pouvait être que normal. Il se força à garder ses habitudes.

"Bonjour, Nami. Je te souhaite une belle journée de travail.

_Bonjour, Ace. Je te souhaite également une belle journée de travail.

_Le gâteau était excellent, ma famille est très reconnaissante de l'effort que vous avez fourni pour le préparer."

Mince, ça lui avait échappé. C'était inhabituel. Ace n'aimait pas du tout ce qu'il venait de dire.

Nami haussa un sourcil. L'étiquette de sa relation avec le jeune homme était "voisins", alors elle se sentit un peu perturbée par cette phrase qui avait un ton un peu trop amical. Mais elle finit par dire :

"J'apprécie ce compliment, cher voisin.

_Belle... Belle journée, chère voisine..., bégaya le garçon."

Il continua sa route après avoir inspiré profondément. Ace devait rester concentré.

Ne pas casser le quotidien.

En entrant dans le bâtiment, il rencontra des collègues avec qui il échangea des banalités.

Arrivé à l'ascenseur, il attendit Marco. Le médecin arriva une minute plus tard que d'habitude, ce qui froissa un peu plus le jeune homme.

Décidément, cette journée était inhabituelle. Il sentit que son estomac lui faisait mal.

Essoufflé, Marco arriva à sa hauteur et dit en montant dans l'ascenseur :

"Salut, Ace.

_Salut, Marco..."

Le ton de l'employé d'usine paraissait encore plus froid que d'habitude, ce qui le perturba encore un peu plus. Il n'avait pas un ton si froid, avec Marco, normalement. Son ton devait être neutre, pas froid. C'était inhabituel, ça ne lui plaisait pas.

Voyant que Ace ne lui demandait pas, le médecin posa la question en premier :

"Comment ça va, aujourd'hui ?"

_Je vais bi..."

Ace s'arrêta. Non, il n'allait pas bien, aujourd'hui. C'était bizarre, aujourd'hui. Alors il dit la vérité, car il avait appris à l'école qu'il ne fallait jamais mentir, que c'était très mal et qu'on pouvait être puni pour cela :

"Je... Je vais bizarrement, aujourd'hui.

_Bizarrement ? Toi aussi ?"

Ace écarquilla les yeux.

"Quoi ? Toi aussi tu te sens bizarre, Marco ?

_Oui, très. Il y a quelque chose de très inhabituel, et ce n'est pas du tout excitant comme le rendez vous au café des amis. C'est nouveau mais mauvais. Nouveau... pas comme le statut de notre relation qui avance. C'est perturbant, c'est mal. Nouveau dans le mauvais sens. Dans le sens bizarre. C'est mauvais, très mauvais. C'est étrange.

_Je suis d'accord ! Peut-être était-ce la pleine lune, cette nuit, non ? J'ai l'impression que j'ai manqué de sommeil.

_Pareil pour moi. Je me sens vraiment... Vraiment bizarre. Mais ce n'était pas la pleine lune, cette nuit.

_Ah... Bon..."

Le jeune homme se racla la gorge.

"Peut-être que c'est une sensation normale quand on a son premier ami de travail, supposa Ace.

_Peut-être ! Je n'y avait pas pensé !

_Ça doit être ça..."

Le garçon essaya comme il put de se persuader qu'il était heureux, que c'était une sensation de bonheur nouvelle, que c'était seulement dût à sa nouvelle étiquette "d'ami", et pas à autre chose.

Ils passèrent un court moment sans rien dire avant qu'Ace ne demande :

"Au fait, tu étais en retard. Je t'ai attendu à l'ascenseur. Normalement tu arrives à cinq heures et vingt-huit minutes, mais là, tu es arrivé à cinq heures et vingt-neuf minutes. Pourquoi ?

_Justement ! C'est ça qui est bizarre ! Figure-toi que je me suis senti très fatigué ce matin, même après avoir pris mon traitement.

_Pareil pour moi !

_Et bien, sur le chemin du travail, je passe devant le parc, tu sais ?

_Oui, j'y vais tous les dimanches.

_Oui, toutes les familles y vont le dimanche. Enfin, bref... Là où je voulais en venir, c'est que plutôt que de continuer ma route comme d'habitude... Et bien..."

Marco marqua une pause, alors Ace demanda :

"«Et bien...» Quoi ?"

Le médecin se pencha et murmura à l'oreille du jeune homme :

"J'ai vu un petit oiseau dans un arbre et je n'ai pas pu m'empêcher de le regarder pendant deux bonne minute.

_Comment ça ?

_J'ai été distrait ! Sur le chemin du travail ! Un mercredi ! Tu te rends compte ?!"

Ace émit un hoquet de surprise et se couvrit la bouche.

"Je m'en veux terriblement, avoua Marco, j'ai failli à une directive citoyenne ! C'est le vendredi soir, avec les amis, ou le dimanche, avec la famille, qu'on peut être distrait ! Pas le mercredi matin ! Surtout pas le mercredi ! Alors quand j'ai repris mes esprits je me suis mis à courir pour ne pas être en retard, mais je suis quand même arrivé trop tard ! Une minute de différence, c'est si perturbant !

_C'est terrible !

_Oui ! Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, mais je sens comme... Des frissons perpétuels dans mon corps.

_Je... Je ressens exactement la même chose ! J'ai l'impression que... Que mon estomac est noué !

_Oui ! C'est totalement ça !"

Quand l'ascenseur s'ouvrit au cinquième étage, Ace ne descendit pas tout de suite. Il passa son pied entre les portes et murmura :

"Il faut qu'on parle de tout ça, je sens que ce n'est pas du tout normal. Tous les midis, je mange à la table numéro 5 de cafétéria B. Tu crois que tu pourrais me rejoindre à midi et trois minutes précises ?"

Marco hésita un instant. Il n'avait pas du tout l'habitude de casser son quotidien. Mais il finit par chuchoter :

"D'accord, je te rejoindrai.

_Bonne journée, Marco.

_Bonne journée, Ace."

Le jeune homme poussa la porte numéro douze, une expression monotone collée au visage. Un carton, on le forme, on met du ruban adhésif, on regarde le registre, on emballe les rations, on compte, on range, on met une étiquette. Jusqu'au carton suivant, on le forme, on met du ruban adhésif... Et ainsi de suite, toute la journée, tous les jours.

Ace avait beaucoup de mal à suivre le rythme rapide, ce jour-là. Il était épuisé, il se sentait faible et ses bras lui faisaient mal. Le garçon avait les doigts engourdis, les paupières lourdes et la boule au ventre. Il ne pouvait pas s'empêcher de ruminer cette histoire dans sa tête. Tout était inhabituel, même dans son travail, où il exerçait pourtant toujours les mêmes gestes. Son rythme n'allait pas. Il n'allait pas du tout. Un de ses collègues le lui fit d'ailleurs remarquer :

"Cher collègue, tu es lent, aujourd'hui."

Ace sursauta. C'était encore inhabituel. Un collègue de l'usine lui parlait. Il sentit le frisson perpétuel qu'il éprouvait s'intensifier. Il répondit :

"Oui, je sais, cher collègue. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, aujourd'hui..."

L'ouvrier à ses côtés fronça les sourcils.

"Tu as bien pris ta dose ce matin, rassure-moi...

_Oui, évidemment. Je ne l'oublie jamais. Je fais toujours attention, et Ava ne manque pas de sonner l'heure de la prise. Mais je me suis couché tard hier, car c'était mon anniversaire.

_La pilule aurait dû te redonner de l'énergie."

La discussion allait trop loin pour Ace, c'était vraiment beaucoup trop inhabituel. Il se sentit tout à coup vraiment très mal. Le jeune homme demanda avec une voix tremblante :

"Dans combien de temps est la pause déjeuner ?

_Dans une demie-heure, répondit l'ouvrier."

Ace hocha la tête. À son grand désespoir, l'homme à côté de lui continua de parler :

"Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

_Je crois que je ne me sens pas très bien... J'ai sûrement attrapé froid.

_Tu devrais aller voir un médecin dans le service "soins", dans ce cas. Il ne faut pas que tu propages un mauvais microbe.

_Tu as raison, j'irai à la pause déjeuner."

Ace se sentit soulagé que la conversation se termine. La relation qu'il entretenait avec l'ouvrier voisin portait uniquement l'étiquette "collègue", car lui n'était là que depuis un an. Ça le mettait vraiment très mal à l'aise d'avoir une telle discussion avec un collègue, parce que c'était presque un échange amical. Mais Ace n'appréciait déjà pas beaucoup ce collègue de travail, alors c'était très perturbant pour lui.

Le frisson perpétuel s'intensifia encore un peu, faisant trembler tout son corps. Ace sentait que ses yeux le piquait beaucoup, et la sensation qu'il ressentait lui donnait l'impression qu'il allait s'évanouir.

Enfin, l'Ava de l'usine annonça la pause déjeuner.

Il se précipita immédiatement aux toilettes pour se passer de l'eau sur la figure. Pendant un instant, il se demanda même s'il n'allait pas vomir. Le jeune homme releva la tête pour se regarder dans le miroir.

Ace avait vraiment très mauvaise mine. Il était pâle comme un linge et de grosses cernes creusaient ses traits. Beaucoup des vaisseaux sanguins de ses yeux avaient éclatés, ils étaient tous rouges.

Cette vue le fit sérieusement paniquer. Qu'est-ce qu'il se passait ? C'était vraiment une sensation désagréable, horrible, même.

Il frappa ses joues énergiquement pour se redonner des couleurs et descendit rejoindre Marco à la cafétéria, où ils s'étaient donnés rendez-vous.

Ace déposa son plateau sur la table 5 et attendit deux bonnes minutes. À midi cinq, Marco arriva. Le médecin posa son déjeuner et s'installa en face du garçon, en tremblant de partout.

"Salut, Ace...

_Salut, Marco..."

Le jeune ouvrier voulait vraiment dormir, à cet instant-là. Mais c'était tout bonnement impossible, ça ne se faisait pas du tout. Marco finit par briser le silence :

"Pardonne moi pour le retard, j'ai encore été..."

Il se pencha pour murmurer :

"...Euh... Distrait par une chose futile... Cette fois, c'était un écureuil en bas de l'immeuble... Je suis resté devant la fenêtre à le regarder rassembler des glands dans son arbre..."

Ace écarquilla les yeux et inspira par le nez profondément et bruyamment, sans dire un mot. Marco demanda :

"Toi non plus, ça ne va pas bien ?"

Ace secoua simplement la tête négativement ; Son estomac se mit soudainement à faire des nœuds, le faisant se sentir trop mal pour répondre quelque chose de cohérent.

"Tu crois qu'on est malades ?, demanda Marco."

Ace hocha la tête lentement. Finalement, il parvint à articuler :

"J'ai envie de vomir...

_Moi aussi... J'ai vraiment très faim mais je crois que je ne pourrais même pas mettre ce sandwich dans ma bouche, avoua le médecin.

_Il faut... Il faut qu'on aille à la section des soins. On ne peut pas... On... On peut pas rester comme ça, bégaya le jeune ouvrier.

_Tu as raison... Seulement... Il y a une chose que je trouve étrange."

Ace releva la tête vers son ami qui chuchota :

"Ce matin, c'était exactement comme tous les matins. Je me lève, je salut mon père et mon frère, je me prépare et ensuite je prend la boîte de gélules bleue... Alors je ne comprends pas ce qui a mal tourné pour que je me sentes si mal..."

L'ouvrier hocha la tête avant de tiquer :

"Tu prends la boîte bleue ?

_Oui, 1,5 grammes, expliqua Marco.

_Moi aussi j'ai ce dosage."

Le médecin balaya Ace du regard.

"Étrange, on a pas vraiment la même taille, toi et moi. Je fais au moins une tête de plus que toi.

_C'est vrai, acquiesça Ace, tu es bien plus grand que moi."

Le médecin demanda :

"C'est quoi ton groupe sanguin ?

_Je suis S.

_Vraiment ? Je suis X, moi... Ça n'a rien à voir... Pourquoi est-ce qu'on prend la même dose ?

_Il y a aussi le poids et une histoire de système immunitaire... Et d'âge.

_J'ai vingt-cinq ans.

_Et moi vingt ans, souffla le garçon."

Marco secoua la tête.

"Mais... Nous n'avons rien à voir, physiquement, toi et moi...

_Non... C'est bien étrange, soupira Ace en s'affalant sur la table, son estomac le faisant totalement oublier l'idée de manger son sandwich.

_Et si... Et si notre dosage n'était pas bon ?"

Le jeune ouvrier se redressa vivement. Il gronda Marco à voix basse :

"Ça va pas, de dire des trucs pareils ?! Des citoyens travaillent très dur pour nous donner nos traitement ! Ils ne peuvent pas se tromper tous les mois de dosage, avec les examens de santé mensuels !"

Le médecin hocha la tête lentement et murmura :

"Tu as raison, je retire ce que j'ai dit. En plus, je ne vois pas pourquoi toi et moi on se sentirait malades seulement maintenant, alors qu'on prend notre traitement rigoureusement depuis toujours.

_C'est vrai... Je ne sais pas ce qu'il nous arrive, mais ça me... Ça... Ça me fait... Comme si... Ça fait..."

Ace n'arrivait décidément pas à poser un mot sur les sensations qu'il éprouvait.

Marco termina sa phrase :

"...peur ?"

Le garçon planta ses yeux dans ceux du médecin.

"C'est... C'est impossible, Marco. La peur est un sentiment qui n'existe plus. Il n'y a que la joie que nous pouvons ressentir.

_Tu as raison... Pourtant, ce que je sens dans mon corps... Ça ressemble à la description de la peur qu'il y a dans le tome 28 de l'histoire du monde antérieur. Tu vois, le chapitre sur les émotions ? J'ai l'impression d'avoir ces symptômes, moi...

_Quels sont les symptômes ? Tu peux me les rappeler ?

_Oui."

Marco récita la définition du livre, qu'il connaissait par cœur :

"La peur était une émotion ressentie en présence ou dans la perspective d'un danger ou d'une menace.

Elle était auparavant un instinct de conservation provoqué par l'analyse du danger et elle permettait au sujet de le fuir ou le combattre.

La peur n'est plus utile dans notre cité car il n'y a aucun danger qui menace les citoyens aujourd'hui.

La peur était une réponse physiologique au stress qui se produit en présence de quelque chose de terrifiant, que ce soit mentalement ou physiquement.

Par extension, le terme pouvait aussi désigner l'appréhension liée à des situations déplaisantes, des animaux ou des objets. On pouvait parler de phobie dans ce genre de cas.

Les symptômes étaient : La fatigue, les troubles du sommeil, les maux de tête, les étourdissements, les vertiges ou l'impression d'évanouissement imminent, les nausées, les palpitations cardiaques ou accélération du rythme cardiaque, la sensation d'étouffement ou d'étranglement, la transpiration excessive, les bouffées de chaleur ou, au contraire, les frissons, la pression sanguine élevée, les tremblements ou secousses musculaires parfois généralisées à tout le corps, les serrements et douleurs à la poitrine le sentiment d'irréalité et de perte de contrôle, les engourdissements ou les picotements, les difficulté à se concentrer, le sentiment d'inquiétude."

Ace haussa les sourcils. Il écoutait attentivement les explications de son ami. Le jeune homme avait lu ce livre trois ou quatre fois, mais il ne se souvenait plus très bien de la définition exacte de la peur. Les symptômes que Marco décrivait semblaient en effet correspondre. Ace commença à ressentir une certaine inquiétude. Cependant, il soupira seulement ceci :

"Mince, alors... Tu connais ce livre sur le bout des doigts...

_Oui, c'est mon préféré depuis tout petit."

L'ouvrier souffla.

"Ce que je ressens dans mon corps... Je... Je ressens la plupart de ces symptômes, moi aussi, Marco. Tu as raison. Mais ça ne peut pas être de la peur, c'est impossible, la peur a disparue au cours de l'évolution."

Le médecin resta silencieux, réfléchissant à une maladie qui pouvait expliquer ces symptômes. Ce n'était pas du tout sa spécialité, lui s'occupait des nouveaux nés, pas des maladies, alors il avait beaucoup de difficulté à réfléchir à quelque chose de plausible, faisant de son mieux pour se rappeler de sa courte formation sur les troubles de santé. Seulement, la plupart des choses qu'il avait apprises concernaient uniquement les maladies infantiles. Ace finit par soupirer, sortant Marco de sa réflexion :

"Je ne comprends pas... Si nous sommes malades, pourquoi n'avons nous pas de fièvre ? demanda Ace.

_Bonne question, répondit Marco. La fièvre n'est pas un symptôme à toutes les maladies, cependant. Je ne sais pas si nous sommes vraiment malades. Il peut s'agir d'autre chose...

_Peut-être, mais dans ce cas, comment expliquer que nous nous sentions mal, maintenant ?"

Marco réfléchit un moment avant de répondre :

"Je ne sais pas... Peut-être que quelque chose a changé dans notre environnement ? Peut-être que nous sommes exposés à quelque chose qui n'était pas là avant ?

_C'est possible, mais alors quoi ?"

Les deux amis restèrent silencieux un moment, essayant de trouver une réponse à leurs questions.

Marco revint à sa première impression :

"Je pense vraiment que ça a quelque chose à voir avec la pilule. Il y a peut-être eu un problème dans le lot, même s'il est très regrettable de penser à une erreur de la part d'un des citoyens..."

Ace inspira profondément. C'était inconcevable, pour lui. L'erreur ne pouvait pas provenir de quelqu'un d'autre. Il n'arrivait pas à imaginer qu'un citoyen avait pu commettre une erreur et donc avait peut-être mis en péril l'équilibre inébranlable de la cité. La cité était parfaite. Pourtant, il ne voyait pas d'autre explication. Puisque même s'il avait été malade, la pilule aurait dû lui redonner l'énergie nécessaire pour combattre le virus ou le microbe. Il se serait senti mal, mais sûrement pas à ce point.

"La pause va toucher à sa fin, soupira Marco. Nous devrions manger. Peut-être que demain ça ira mieux, il vaut mieux ne pas trop s'en inquiéter. La pilule de ce soir va sûrement nous aider."

Ace acquiesça. Il prit sur lui pour croquer dans son sandwich malgré son estomac noué et sa gorge serrée. Lui et Marco devaient absolument manger, sinon il ne tiendraient pas jusqu'à ce soir.

Le jeune homme arrêta de manger pour avouer à son ami :

"Je ne sais pas quoi penser, Marco. Mais je sais que je ne me sens pas bien."

Le médecin acquiesça.

"Tu penses que tu ne tiendras pas l'après-midi ?"

Ace secoua la tête négativement, sentant ses nausées revenir. Marco souffla :

"Bon... Je suppose que nous sommes forcés de faire quelque chose, dans ce cas. Si tu sens que tu ne pourras pas tenir la fin de ta journée, nous ne pouvons pas rester comme ça. J'avoue que moi-même, j'ai peur de finir par m'évanouir... Nous devrions aller à la section des soins. Peut-être qu'ils pourront nous aider."

Ace et Marco terminèrent leurs sandwichs à contre-cœur. Ils devaient absolument manger. L'ouvrier se leva, suivi de près par le médecin. Ils se dirigèrent vers la sortie de la cantine.

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