Jeudi : La Routine Brisée
Au son strident du réveil matin, Ace s'éveilla brusquement. Il tenta de se frotter les yeux pour effacer les derniers lambeaux de sommeil qui les recouvraient encore. Ses paupières lourdes peinèrent à se soulever. Il avait l'impression que la fatigue qui l'avait accablé la veille ne l'avait pas quitté, qu'elle avait même empiré.
Malgré le repos dont il avait profité en début de nuit, Ace s'était réveillé vers trois heures du matin pour retourner se coucher quarante minutes avant la sonnerie du réveil. Pourtant, il était resté éveillé une bonne demie-heure, à ruminer encore et encore ce qui lui arrivait. Dix minutes de sommeil. Dix minutes depuis qu'il avait fermé les yeux. C'était insuffisant.
Lorsqu'il posa ses pieds sur le carrelage blanc, il fut secoué par un frisson. Le froid lui rappela que la nuit avait été fraîche et qu'il aurait préféré rester sous sa couette encore quelques heures. Il soupira en réalisant qu'il devait se lever et se préparer pour aller travailler. Ace avait besoin de son travail pour être utile à la cité et pour se sentir bien dans sa propre peau. Pour être heureux. L'utilité était la voie du bonheur.
Ava rompit le silence de sa voix synthétique en lui demandant si elle devait enregistrer le rendez-vous chez le médecin qu'elle avait programmé la veille. Ace se souvint alors l'étrange chose qui avait fait sortir ce liquide bizarre de ses yeux pour la première fois de sa vie la nuit précédente, ce que Ava avait appelé "pleurer". Cela l'avait chamboulé au plus profond de lui-même. Il ne savait pas encore quoi en penser, mais il se dit qu'il ne devait plus être inutile à la société comme il l'avait été hier. Ace devait prendre sur lui, ces horribles événements qui cassaient son quotidien parfait devaient cesser.
"Non, ne l'enregistre pas. Ça va passer.
_D'accord, Ace, je ne réserve pas de rendez-vous avec le médecin."
En se levant, le jeune homme sentit une douleur sourde dans son dos, probablement due à la fatigue accumulée depuis quelques temps. Il se dirigea vers la salle de bain en se forçant à marcher droit malgré sa souffrance. Il se regarda dans le miroir, ses yeux rougis trahissaient sa nuit agitée. Il prit une profonde inspiration pour se calmer.
Le jeune homme souffla :
"Ava ?
_Oui, Ace ?
_Entre en mode «douche», s'il te plaît.
_Très bien. Je lance le mode «douche» et donc le programme «intimité». Il sera désactivé lorsque je capterai votre présence dans le couloir. Je vous souhaite une bonne douche, Ace. Je quitte à présent la pièce en éteignant tous mes micros et mes capteurs."
Ace entendit immédiatement le flot de la douche et, juste après, un «bip» résonna dans la pièce, annonçant que l'intelligence artificielle avait quitté la salle de bain.
Le garçon retira son pyjama blanc et entra dans la cabine. L'eau chaude fit du bien à ses muscles endoloris.
Pendant qu'il se lavait, il réfléchit à tout ce qui lui était arrivé jusqu'à maintenant. Une journée avait suffit à briser tout ce qu'il connaissait. Il n'avait aucune idée de ce que tout ça signifiait, mais plus il y pensait, plus le jeune homme se disait que ce qui lui arrivait n'était pas dû à une grippe.
Il réalisa alors qu'il devait se concentrer sur son travail et se mettre en mode automatique pour accomplir ses tâches quotidiennes sans faillir, car la fatigue perturbait sa capacité d'analyse et de réflexion. Plus Ace pensait à tout ça, moins il comprenait. L'épuisement était si puissant qu'il n'arrivait plus à gérer les mouvements de son corps et ses pensées en même temps.
Il ne devait pas montrer de signes de faiblesse, car cela pourrait lui valoir des ennuis. S'il n'arrivait pas à se concentrer sur sa tâche aujourd'hui, il allait encore être un poids pour ses collègues et les citoyens, et donc la cité. Le jeune homme ne devait plus faire d'erreur.
Ace s'habilla rapidement après avoir terminé de se sécher et descendit dans le salon.
"Bonjour mon grand, tu te sens mieux ?"
Il salua son grand-père avant de répondre :
"Je suis encore fatigué, mais le médicament de ce matin va m'aider à aller mieux."
Il mentait.
Ace n'avait jamais menti de toute sa vie. Mentir allait à l'encontre des directives de la cité. C'était mauvais.
Mais le garçon était si épuisé qu'il ne se rendit même pas compte qu'il avait troublé son honnêteté sans faille, alors il n'éprouva pas de remord.
Quand il entra dans la cuisine, son petit-frère le prit dans ses bras et le serra très fort, le surprenant un peu.
Ace ébouriffa les cheveux de Luffy en remerciement pour son soutien, avant de saluer son frère jumeau et de se servir une tasse de café.
Encore une fois, il oublia le sucre. Le garçon fit une grimace et pesta :
"Non ! Encore ?!"
Sa voix avait résonné bien plus fort qu'il ne l'aurait voulu. Toute sa famille s'étonna de cela. Sabo demanda :
"Tu te sens bien ? Pourquoi as-tu parlé si fort ?"
Ace se rendit compte de sa bêtise et s'excusa, confus :
"Pardon... Je ne sais pas ce qui m'a pris, c'est sorti tout seul. C'est que c'est la deuxième fois d'affilée, et hier j'ai passé une mauvaise journée après ça, alors...
_Tu crois que c'est ton café sans sucre qui t'as rendu malade ?, se moqua Luffy en ricanant."
Garp, du salon, ne dit pas un mot, se contentant d'ouvrir son journal en fixant son petit-fils.
"Élever la voix ne va pas sucrer ton café, dit sagement son jumeau.
_C'est vrai... Je m'excuse, bredouilla Ace. Ça ne m'est jamais arrivé de crier alors qu'il n'y a pas de bruit autour. Vous êtes juste à côté, vous m'entendez.
_C'est peut-être la grippe, proposa Sabo. Après ton traitement matinal, tu retrouveras ton énergie et ça ira mieux. Le docteur t'as dit que c'était une forme tenace, alors c'est peut-être pour ça.
_Tu as sûrement raison, acquiesça Ace."
Ava annonça l'heure de la pilule.
Le garçon saisit la boîte bleue et en sortit une gélule. Il la fixa un moment, espérant que tout rentre dans l'ordre après l'avoir avalé. Cependant, quand ce fût le cas, il ne se sentit pas mieux. Cela l'inquiéta, alors Ace s'installa dans le canapé, comme tous les matins, et ne prononça pas un mot, pensif.
Les trois frères sortirent de chez eux après que le moment de partir eût été annoncé par Ava. Ace quitta ses frères au carrefour pour se diriger vers son travail. Il était encore plus épuisé qu'hier, mais il devait se forcer à continuer. Il n'avait pas le choix, il devait être utile à la société.
"Bonjour, Ace. Je te souhaite une belle journée de travail."
Le garçon mit du temps à intégrer qu'il était censé répondre, trop épuisé pour penser à autre chose qu'à : «un pied devant, puis l'autre. Tout droit. Toujours tout droit.»
La jeune femme attendit un moment, alors elle fronça les sourcils. Le jeune homme se rattrapa :
"Bonjour, Nami. Je te souhaite également une belle journée de travail. Excuse-moi, j'étais perdu dans mes pensées.
_Ça ne fait rien. Au revoir, Ace."
L'ouvrier fit un geste de la main maladroit à la jeune boulangère. Il resta planté au milieu de la rue quelques secondes avant de se rappeler qu'il devait continuer d'avancer.
En arrivant, il passa les portes en verre du bâtiment et se dirigea machinalement vers l'ascenseur, faisant de son mieux pour éviter de traîner des pieds.
Marco le rejoignit quelques secondes plus tard. De grosses cernes creusaient ses traits.
"Salut, Ace...
_Salut, Marco..."
Ils entrèrent dans l'ascenseur.
Le médecin demanda, tout en pressant les boutons de leurs étages :
"Comment tu te sens ?
_Mal... Très mal.
_Moi aussi, soupira Marco. La pilule rose d'hier ne m'as pas soulagé plus que ça : les effets n'ont pas duré longtemps. Et celle de ce matin ne m'as rien fait du tout.
_Pareil pour moi. Et il s'est passée une chose affreuse, cette nuit.
_Laquelle ?
_Je... Je crois qu'il vaut mieux que je te racontes tout à l'heure. Tu voudrais passer chez moi, ce soir ?
_Ce soir ?"
Le jeune ouvrier hocha la tête.
"J'aimerais beaucoup. Le souci, c'est...
_Ça n'est ni interdit ni contre les directives de bon comportement relationnel de venir chez un ami tant qu'on respecte le couvre feu, remarqua Ace.
_Ce n'est pas ça... j'en ai très envie mais c'est que je suis... épuisé. J'ai déjà du mal à tenir cette conversation avec toi, ma concentration est... Euh... Approximative.
_C'est la même chose pour moi, j'ai même du mal à marcher droit. Mais c'est très important. Je ne sais pas à qui en parler à part toi. Je ne peux pas aller voir le médecin sinon je risque d'être encore envoyé chez moi et je serais inutile, et en plus je vais inquiéter ma famille. Et je ne peux pas non plus en parler à ma famille sinon... Et bien... Euh... Pareil.
_Pourquoi ne pas en parler au déjeuner, comme hier ?
_Je ne veux pas parler de ça en public... Même chuchoter, comme hier, ne suffirait pas à me mettre à l'aise.
_D'accord, comme tu veux. Je vais rentrer chez moi, prévenir ma famille avant, et je te rejoindrai chez toi ensuite...
_Oui, faisons comme ça."
La porte de l'ascenseur s'ouvrit. Ace sortit.
"Bon courage, Marco.
_À toi aussi... Il va nous en falloir.
_Oui..."
L'ascenseur se referma. Ace resta planté devant les portes un moment, se préparant psychologiquement pour sa journée. Il ne devait pas faiblir.
Son unique but était de tenir le rythme habituel, pour ne pas être inutile.
Le jeune homme finit par ouvrir la porte 12 et se mit au travail immédiatement.
Malgré sa douleur dans le dos et sa fatigue, Ace faisait de son mieux pour rester concentré. Il ne voulait pas être inutile.
Ne pas être inutile...
Il répétait cette phrase dans sa tête en boucle.
La nuit agitée qu'il avait passée l'avait profondément perturbé et il savait qu'il devait rentrer dans le moule pour ne pas causer de problème à la cité.
Il pensa qu'en parler à Marco ce soir allait sûrement le soulager d'un poids.
Ace travaillait sur le tapis roulant de l'usine de division des rations lorsqu'un incident se produisit.
Tout à coup, le tapis ralentit et s'arrêta complètement, bloquant toutes les machines en amont. La confusion s'installa parmi les employés, car ils savaient que cela allait perturber toute la chaîne de production, et ils ne savaient pas comment réagir.
Ace savait que si la panne n'était pas résolue rapidement, toute la chaîne serait bloquée. Il devait donc agir vite. Il s'approcha de la machine et inspecta les différentes parties, cherchant la source de la panne. Sa douleur dans le dos était plus forte que jamais, mais il ne pouvait pas se permettre de se concentrer sur sa souffrance en ce moment crucial. Il tenta de chasser ses pensées intrusives dûes à la fatigue et se focalisa sur le plus urgent.
Il remarqua alors qu'un petit sachet de ration s'était coincé dans les rouages, provoquant l'arrêt du tapis roulant. Il tenta de retirer le sachet, mais cela ne suffit pas à résoudre le problème. Ace se sentit alors pris de panique, mais il se ressaisit rapidement en se rappelant les conséquences d'un arrêt prolongé de la chaîne de production. La division 12 ne pouvait pas se permettre d'attendre un technicien, cela pouvait causer trop de retard.
Il fut alors forcé d'improviser et trouva une solution astucieuse : il fit reculer le tapis roulant de quelques centimètres, ce qui débloqua la machine. Cependant, la machine ne se remit pas en route. Le jeune homme observa les rouages et constata qu'une espèce de barre en métal avait été déformée. Il la retira et la tordit un peu pour lui redonner sa forme et la remit à sa place.
Les autres employés regardèrent Ace avec étonnement, n'ayant jamais vu quelqu'un agir de cette manière auparavant.
Après quelques minutes de tension, la machine reprit enfin son travail. Ace soupira de soulagement et retourna à son poste.
Il se sentait différent maintenant, comme s'il avait surmonté un obstacle important. Il avait pris une décision et avait réussi à improviser une solution créative pour résoudre un problème. Ace était satisfait d'avoir résolu la panne, mais il ressentait aussi un certain inconfort d'avoir dû sortir de sa routine habituelle de nouveau, alors qu'il avait fait tant d'efforts pour y revenir.
Ace se rendit compte que son quotidien ne lui avait jamais permis de faire preuve de créativité ou de prendre des décisions importantes. Cette panne avait été un tournant pour lui, car il avait été capable de sortir de sa zone de confort et de prendre des risques. Il se demanda maintenant ce qu'il pourrait accomplir s'il avait la possibilité de faire plus que simplement suivre les règles et les procédures.
Tout en mettant de l'adhésif sur un carton, il chassa cette idée. Ace ne devait pas penser à ces choses là, c'était mal. Sa routine était la plus efficace, et l'efficacité était le seul moyen d'être le plus utile possible.
Ace sentit le regard de son collègue voisin posé sur lui, mais il se força à rester concentré sur son travail. Il devait rester calme, tout irait bien. Il avait juste besoin de trouver une solution à son problème, et ce soir Marco allait l'aider à réfléchir à un moyen de le résoudre.
Oh, comme il avait du mal avec ce collègue...
Ses yeux plantés sur lui, ses yeux qui le jugeaient...
Enfin, non. Ils n'étaient pas plantés fixement sur lui. C'était plutôt un regard en coin qui n'était pas du tout discret.
Un regard de pigeon, un truc du genre.
Mentalement, le jeune homme sourit à cette image. Son collègue en pigeon. C'était drôle.
Ace pensa que son voisin devait peut-être songer à rester à sa place. Il n'était là que depuis un an et il agissait comme s'il savait tout mieux que tout le monde.
Enfin, il n'avait rien dit de spécial, mais son attitude, sa façon de se tenir, ça en disait long. Il n'était pas méchant, mais Ace n'aimait pas sa façon de se tenir.
Ah, ça, non. Il n'appréciait pas vraiment ce Izou.
Ça ne faisait pas longtemps qu'il était là, et pourtant, il avait l'air plus vieux que lui.
D'après les rumeurs, Izou avait demandé à changer d'orientation.
C'était vraiment bizarre. Enfin, c'était rare, surtout.
Apparemment, lui avait eu le choix entre deux divisions, lors de son test.
Cuisinier ou ouvrier.
Ace pensa qu'il était bien étrange de vouloir quitter la cuisine pour venir à l'usine.
Certes, c'était une profession louable, utile. Mais la cuisine devait être plus distrayante que l'usine. Au moins, on voyait du monde, à la cafétéria.
En fait, il ne savait pas vraiment quoi penser de ce Izou. Il n'avait pas l'air méchant, mais il n'avait pas confiance en lui.
Après tout, s'il avait quitté son premier emploi, il devait y avoir une raison.
Un oubli, une erreur professionnelle, peut-être.
Et les erreurs, c'était très mal vu. Il ne fallait pas créer de problème, il ne fallait rien faire de travers. Le bien de la cité en dépendait.
La journée passa lentement : Ace sentait une certaine lourdeur dans son corps, en continue. Il tentait de se concentrer sur son travail, mais il avait du mal à rester focaliser sur sa tâche, ce qui le vida un peu plus de son énergie. Il se sentait comme s'il était dans un brouillard épais, incapable de penser clairement.
Finalement, Ava annonça la fin de la journée. Il sortit vite de l'usine, en se disant que les heures supplémentaires obligatoires pouvaient être rattrapées un autre jour.
Dans l'ascenseur, Marco l'attendait.
"Bonsoir, Ace. Ça a été ?
_Salut. C'était un peu compliqué, aujourd'hui, à vrai dire. Quelque chose ne s'est pas passé comme prévu. Et toi, comment c'était ?
_C'était épuisant. Il ne faut faire aucune erreur, dans mon travail. Il en va du bien être des bébés. Mais... Rester concentré était très dur, avoua le médecin.
_Ça a été pareil pour moi...
_Qu'est ce qui ne s'est pas passé comme prévu ?
_Un problème de machine.
_Oh... Le technicien l'a résolu rapidement ?
_À vrai dire... C'est moi qui a réparé le tapis roulant.
_C'est vrai ? C'est impressionnant ! Ce n'est pas ta spécialité ! Comment tu as fait ?
_Et bah... J'ai improvisé...
_Tu peux être fier de toi.
_Je le suis, mais... En même temps, j'ai l'impression d'avoir fait une bêtise, tu vois ? Je ne suis pas censé sortir de mon quotidien.
_Oui, je comprends. Mais c'est bien que tu aies pu résoudre ce problème, car ça aurait pu faire perdre encore plus de temps à toute ta division.
_C'est vrai... Mais ça me perturbe...
_Oui... Je peux le comprendre."
Un petit moment silencieux s'installa avant que Marco ne reprenne :
"Je te rejoins chez toi à quelle heure ?
_Quand tu peux, répondit Ace en haussant les épaules.
_Je suis content de rencontrer ta famille, mais j'espère ne pas être trop fatigué. Je ne veux pas faire d'erreur dans les directives de relation sociales, j'appréhende un peu de ne pas réussir à rester poli.
_Ma famille est ouverte. Elle comprendra. Tu sais, ils savent tous les trois que nous avons été malades, alors ils seront compréhensifs en cas de petite erreur de politesse.
_Oui... Mais... Je ne sais pas. J'ai eu tellement de mal à parler comme il le fallait, aujourd'hui...
_Ne t'inquiètes pas, vraiment. Ils comprendront.
_Ça me rassure, souffla Marco."
Ace sourit tendrement. Les portes s'ouvrirent et ils se dirigèrent dans la rue. Marco annonça, lorsqu'ils arrivèrent à l'intersection :
"Je vais en parler à mon père et mon frère, et je t'inviterai à mon tour un autre soir, Ace.
_C'est gentil de ta part. N'oublie pas de ramener ta pilule.
_Oui, j'y penserai, sourit Marco. À tout à l'heure !
_À tout à l'heure !"
Ace marchait tranquillement dans les rues, laissant son esprit vagabonder après sa journée de travail bien remplie. Il était en train de réfléchir à cette sensation de satisfaction qu'il avait ressentie plus tôt dans la journée après avoir résolu le problème à l'usine de division des rations, et se creusait à la fois les méninges pour savoir comment il allait aborder avec Marco l'événement troublant qu'il avait vécu la nuit dernière. Cela l'inquiétait beaucoup.
Soudain, il aperçut une silhouette étrange au loin. Lorsqu'il s'approcha, il réalisa qu'il s'agissait d'un homme qui semblait être en mauvais état, vêtu d'un uniforme blanc taché de boue.
Comme sa ceinture n'était pas rouge mais blanche, le jeune homme se dit qu'il avait le droit de le regarder, ce n'était pas un rejeté.
Ace était interpellé par la vision de cet individu et s'approcha pour en savoir plus. L'homme commença alors à crier, avec passion et conviction, de la liberté et de la nécessité de briser les chaînes qui les retenaient prisonniers dans cette société.
Il était profondément choqué par ces idées radicales. Il avait toujours suivi les règles et les procédures, et avait toujours pensé que la société dans laquelle il vivait était parfaite, avec un système bien établi pour assurer le bonheur de tous.
Mais les paroles de cet homme l'intriguaient. Pourquoi parler de liberté alors qu'ils étaient déjà libres dans la cité ?
L'étranger s'approcha de lui pour lui parler.
Ace eut un mouvement de recul, alors l'homme s'excusa d'une voix douce :
"Jeune homme, pardonnez-moi, je ne voulais pas vous effrayer."
Le jeune ouvrier le regarda avec méfiance. On lui avait toujours enseigné à se méfier des gens qui semblaient suspects et à ne pas se mêler de choses qui ne le concernaient pas. Mais l'homme avait un regard sincère et Ace était intrigué. L'inconnu s'expliqua :
"Il faut éveiller les consciences, vous comprenez ? Il y a un groupe de rebelles. Je peux vous en dire plus.
_Des rebelles ? Mais enfin... Pourquoi vouloir se rebeller ? Tout va bien, la cité est parfaite, les citoyens sont utiles, et donc heureux, affirma Ace.
_C'est parce que vous n'avez pas encore goûté à la vie ! À la vraie vie ! Vous ne comprenez pas que vous êtes prisonniers de ce système ! Vous êtes apathiques ! Ils vous lavent le cerveau avec cette fichue drogue !
_Drogue ? Quelle drogue ? Vous racontez n'importe quoi.
_Réfléchissez. Vous prenez tous les matins et tous les soirs une pilule, mais vous ne savez même pas de quoi il s'agit vraiment !
_C'est pour notre bien...
_C'est ce qu'ils veulent vous faire croire !"
Alors qu'Ace allait poser une question à cet homme, il fût interrompu par l'arrivée de son frère Sabo.
Son jumeau travaillait dans le service du maintien de l'ordre et était chargé de traquer et d'arrêter les personnes qui troublaient l'équilibre et l'harmonie dans la cité. Ces événements étaient rares, mais ils pouvaient arriver.
Sabo attrapa l'homme sans hésitation et s'apprêta à l'emmener en détention.
Le rebelle se débattit mais le jeune officier l'électrifia avec son bâton de sécurité. Une fois que l'individu se retrouva au sol, il le menotta et demanda précipitamment à son jumeau :
"Ça va, Ace ?! Il ne t'as pas fait de mal ?
_Euh... Oui, oui, je vais bien...
_Tu es sûr ? Pas trop secoué ?
_Oui... Ça... Ça va.
_Ces gens sont des déviants. Il ne faut pas approcher les individus qui paraissent suspects. Il aurait pu t'arriver malheur !
_Je... Je ne savais pas. Je ne me suis douté de rien... Il n'avait pas de ceinture rouge... Je... Je n'ai pas fait attention...
_Ça se comprend... Ça n'arrive pas souvent. Ce sont des malades et ils n'ont pas conscience de ce qu'ils font, malheureusement. Bon... Tout va bien. Ne crains rien, les officiers du maintien de l'ordre sont là pour protéger les citoyens.
_Merci, Sabo... Je... Enfin... Merci.
_Tu as l'air un peu choqué. Veux-tu que je rentre avec toi ? Il faut juste que j'amène ce déviant au poste.
_Je... Je veux bien, oui."
Cette rencontre avec le rebelle l'avait ébranlé. Il suivit son frère jumeau dans la rue avec une expression figée, les yeux écarquillés.
"La... Lâchez moi ! Je n'ai rien fait de mal !
_Taisez-vous, ordonna l'officier, d'une voix ferme."
Sabo trouva un de ses collègues pour emmener le rebelle au poste. Il ne voulait pas éterniser le temps qu'Ace allait passer dans la rue, voyant que ce dernier était tout pâle et semblait confus.
Une fois que l'individu fut emmené, Sabo posa une main sur l'épaule de son frère.
"Rentrons vite, Ace."
Le jeune ouvrier hocha la tête, et ils reprirent leur route. Quand Ace reprit ses esprits, il demanda :
"Qu'est-ce que... Qu'est-ce qu'il va lui arriver ?
_Il sera libéré ce soir."
Le jeune homme mit un moment pour comprendre ce que Sabo entendait par là.
Son jumeau éclaircit sa lanterne quand il ajouta :
"Ne t'inquiètes pas, tu ne reverras jamais ce déviant. Il sera en paix et libéré de son mal dans l'après, et nous serons encore un peu plus en sécurité."
Évidemment, il comprit finalement que le rebelle finirait pendu au mur Ouest. Il ne sut trop quoi penser à propos de ça.
Ace décida de chasser ces pensées de son esprit et de changer de conversation :
"J'ai... J'ai invité mon ami Marco à passer à la maison, ce soir.
_Ah, vraiment ? C'est super, ça ! On doit se dépêcher, alors. Il faut se préparer à l'accueillir et prévoir une assiette de plus.
_Oui...
_Ne penses plus à ce déviant, Ace. Ça va aller, ne t'inquiètes pas. Tu n'as plus rien à craindre, je suis là pour te protéger. Moi, et tous les autres officiers du maintien de l'ordre.
_Je sais... C'est juste... Choquant.
_Oui, je comprends tout à fait. La première fois que j'ai eu à gérer ça, j'ai été surpris, moi aussi. Mais je t'assures que ça n'arrive vraiment pas souvent. Il ne faut pas trop leur en vouloir, ces gens étaient des citoyens normaux, avant, mais sont devenus fous. J'ai appris que ça pouvait arriver en cas d'oubli prolongé du traitement. Ce serait le premier symptômes de la maladie qui a ravagé le monde d'autrefois.
_Je vois... C'est troublant.
_Oui. C'est pour ça qu'il faut absolument les gérer avant qu'il ne soit trop tard pour eux. S'ils meurent de la maladie, ils ne pourront jamais être libérés et atteindre l'après.
_Oui... Je comprends.
_Si seulement cette maladie n'était pas dans l'air... Tu te rends compte ? Si tu ne prends pas ta gélule pendant deux jours, tu peux en être infecté rien qu'en respirant !
_Heureusement qu'il y a Ava pour nous le rappeler.
_C'est vrai."
Les deux frères rentrèrent chez eux, retrouvant avec plaisir le calme de leur foyer.
(Il y a eu un souci avec ce chapitre, il s'est dépublié tout seul. Du coup, je ne peux plus voir vos anciens commentaires.....)
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