Changbin ouvrit les yeux d'un seul coup. Il lui fallut quelques secondes pour se rendre compte qu'il était bien dans sa chambre. Enfin, dans la chambre qu'il partageait avec Minho et Chan. Il tourna la tête pour jeter un oeil dans le lit d'à côté, Minho semblait être seul. Il se redressa et fut pris d'un léger vertige qui l'obligea à poser une main contre son front. Il était humide, ses cheveux s'y étaient collés. Il les repoussa d'un geste las et saisit son téléphone pour consulter l'heure. Il était déjà onze heures. Rien d'étonnant. Il s'était couché assez tard et il n'avait pas trop réussi à dormir après ce qui s'était passé sur la plage.

Il prit son courage à deux mains et décida de se lever. La fatigue le faisait un peu chanceler, mais il s'extirpa de la chambre sans un bruit. Toute la maison semblait encore endormie et Changbin se rendit sur la terrasse pour prendre un peu l'air. Il fut surpris d'y trouver Chan, installé à la table, un grand verre de jus d'orange posé sur celle-ci. Il se redressa aussitôt qu'il eût entendu Changbin arriver et il lui déclara un sourire.

— Comment tu vas ?

— Hm, je suis crevé, dit-il en se frottant les yeux. Mais j'ai vu pire.

D'un petit mouvement de tête, Chan lui indiqua de venir le rejoindre. Changbin ne se fit pas prier et il prit place sur une des chaises en jonc. Il s'y affala lourdement, un soupir lui échappant.

— T'es rentré tard hier ?

— Je sais plus trop. Peut-être trois ou quatre heures.

Chan acquiesça. Un court silence s'installa avant qu'il ne soit brisé.

— Et avec Felix…

Changbin déglutit et son corps tout entier se crispa. La simple évocation du serveur le rendait tout chose et il savait que ce n'était pas bon signe. Cela voulait dire qu'il s'attachait trop à lui. Et il ne le voulait pas. Mais il savait que c'était déjà trop tard. Son corps et son esprit démontraient que Felix avait pris une place dans sa vie, une place plus importante qu'il n'aurait dû.

Comprenant que son ami ne dirait rien sur le sujet, Chan continua :

— Il y a quelque chose entre vous ?

Il se contenta de baisser la tête. Bien sûr qu'il y avait quelque chose ! Quoi, il n'en savait rien, mais ils étaient en train de vivre une histoire tous les deux et ce n'était pas forcément ce dont il avait envie. Il aurait dû tout faire pour l'éviter. Il aurait dû refuser les avances de Felix. Il aurait même dû rester chez lui ! Rien de tout ça ne serait arrivé si seulement ses amis n'avaient pas grossièrement insisté pour qu'il les accompagne tout de même en vacances.

Felix l'avait charmé. Trop rapidement. Il l'avait charmé avec sa voix grave, son sourire ravageur, ainsi qu'avec sa confiance débordante. Il n'avait pas été en mesure d'y résister et il s'en voulait d'être aussi naïf. Comme si cette relation n'était pas vouée à l'échec depuis le départ… C'était pourtant évident.

— Vous êtes ensemble ou pas ?

Changbin fusilla Chan du regard. Il n'aimait pas qu'il insiste de la sorte. Il sentait son cœur s'emballer et ses paumes de mains devenir moites. Et puis, les images de la veille ne faisaient que tourner en boucle dans son esprit. Felix lui avait fait tant de bien ! Il était toujours doux et attentionné avec lui. Il était toujours rassurant. Changbin appréciait qu'il soit si compréhensif et sans aucun tabou. C'était horrible pour lui que de se dire qu'avec Felix, il se sentait terriblement bien, et aimé.

— Non, mais je l'aime bien… marmonna-t-il comme s'il avait honte de se l'avouer tout haut. Et on s'est déjà embrassés…

Un sourire fendit les lèvres de Chan et il posa une main sur l'épaule de son ami.

— C'est bien ! Je suis content pour toi Binnie. Tu as raison de profiter de tes vacances.

Changbin ravala difficilement sa salive, la gorge tellement nouée qu'il en eut mal.

— Je pense pas que j'ai raison…

— Pourquoi ?

— J'ai peur de tout ce que ça implique. Je suis pas encore prêt je crois. Et même si c'est juste profiter des vacances, c'est…

— Attends, l'arrêta-t-il. Tu l'aimes bien ou tu l'aimes ?

Cette question était une véritable torture. Il ne pouvait pas répondre à ça, c'était bien trop difficile. Et peut-être que s'il continuait à se voiler la face, la séparation serait moins dure.

— Je suis pas à l'aise avec moi-même pour voir plus loin.

— Vous vous êtes juste embrassés ?

Les poings de Changbin se serrèrent et, après d'interminables secondes, il daigna secouer la tête de gauche à droite. Ses yeux commençait à démanger et à se remplir de larmes. Il était sur le point de craquer tant il se dégoûtait. Il repensait à ce qu'il avait fait avec Felix et il ne comprenait pas comment le jeune homme avait pu aimer lui faire ces choses intimes. Il avait perdu toute estime de lui et il était impensable que quelqu'un l'apprécie, que ce soit physiquement ou mentalement.

— Je suis plus comme avant Chan. Depuis ma rupture, j'ai plus du tout confiance en moi.

Sa voix était tremblante, peinée, et son ami lui frotta le dos pour l'encourager à se confier davantage à lui. Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas réellement écouté. Il s'en voulait un peu d'ailleurs. Avec son travail et sa vie de couple, il avait un peu délaissé son meilleur ami.

— Tu peux me parler, dis-moi tout ce que tu as sur le cœur.

Changbin renifla un bon coup.

— Physiquement, je suis plus le même. Avant j'étais mince et musclé. Je prenais soin de mon corps, comme vous. Et maintenant, regarde moi ! Je me laisse aller et j'ai pris du poids.

— Binnie…

— Comment je peux plaire à quelqu'un alors que je me déteste ?

Chan était profondément choqué par ses propos. Il n'imaginait pas qu'il se détestait à ce point. Il était dur, et entendre la piètre opinion qu'il avait de lui lui brisait le cœur.

— Tu es toujours le même Changbin. Le même que j'ai connu, c'est-à-dire, un gars génial. Et si Felix est capable de voir ça, alors je suis heureux.

— Mais peut-être que…

— Arrête de te dévaloriser et écoute les autres, l'interrompit-il. Tu es le seul à être intransigeant avec toi. On s'en fiche que tu aies pris du poids, que tu aies arrêté le sport… C'est pas ça le plus important.

Malgré la tristesse, Changbin trouva la force de sourire. Il avait beaucoup de chance d'avoir Chan et lui avoir parlé lui avait fait du bien, même si ses problèmes n'allaient pas s'arranger en un claquement de doigts. Cela lui avait redonné un peu de force et d'espoir. Ils parlèrent encore un peu, puis le reste de la maison émergea et Changbin décida qu'il allait partir. Il allait retrouver Felix à son bungalow puisqu'il n'était de service que le soir. Il avait envie de le voir, de lui parler, peut-être même de sortir quelque part avec lui. Il passa rapidement sous la douche, enfila des vêtements et partit en direction de la petite maison du serveur.

Arrivé devant la porte, son cœur se mit à battre la chamade. Il toqua et attendit. Quelques secondes filèrent avant qu'il n'obtienne une réponse. Ce fut un Felix encore tout endormi qui ouvrit, les yeux mi-clos et les cheveux sens dessus dessous.

— Je te dérange ? dit Changbin d'une voix incertaine.

Le serveur grommela et passa une main sur son visage pour la remonter dans ses cheveux qu'il bascula vers l'arrière. Il secoua négativement la tête.

— Je suis juste pas très réveillé. Mais vas-y, entre.

Il se décala de façon à ce que Changbin puisse passer, mais ce dernier hésita.

— Je peux revenir plus tard si tu veux…

Les doigts du serveur se retrouvèrent enroulés autour de son poignet pour le tirer à l'intérieur du bungalow. Il referma la porte et aussitôt, il se blottit contre Changbin. Il lui enserra la taille et posa le front contre son épaule. Cette action le laissa sans voix. Felix avait l'air totalement perdu, et le voir ainsi lui fit presque mal au cœur.

— Je suis content de te voir, murmura-t-il.

Bien qu'un peu désemparé, Changbin réciproqua l'étreinte. Il ne s'attendait pas à ce que le serveur se comporte de cette manière. Il ressemblait à un petit animal sans défense et il trouvait cela attendrissant.

— Tu m'as manqué…

— Hm, toi aussi Felix.

Il le sentit sourire contre son épaule alors que ses doigts se serrait dans son dos. Comme s'il avait peur de le perdre.

— Tu veux… euh, aller manger quelque part ? proposa finalement Changbin.

Felix se décida à se détacher de lui, malgré l'envie de rester dans ses bras encore longtemps. Il planta son regard dans le sien et hocha la tête, un mince sourire étirant ses lèvres rebondies.

— Je vais me préparer et on peut partir. Fais comme chez toi.

Il tira Changbin dans la pièce principale et lui indiqua le canapé-lit pour qu'il y prenne place. Il ne se fit pas prier et attendit patiemment que le serveur termine de se laver et de s'habiller. Quand Felix ressortit de la salle de bain, un agréable parfum l'accompagnait. Enivrant. Il lui rappelait de bons souvenirs.

— On va où alors ?

— Dans le village d'à côté ?

Il acquiesça et ils se mirent en route. Le trajet fut plutôt silencieux, mais les deux jeunes hommes n'hésitaient pas à se lancer quelques regards et sourires. Une fois arrivés à destination, leur choix se porta sur un petit restaurant qui ne payait pas de mine, juste quelques tables disposées çà et là, la pièce principale donnant vue sur les cuisines où deux femmes plutôt âgées s'affairaient dans tous les sens. Ils commandèrent deux bulgogi et un yacheajeon. Changbin triturait sa nourriture sans pour autant réellement y toucher. Il n'avait encore rien avalé, trop perdu dans ses réflexions. Encore une fois.

— Changbin ?

Le concerné releva la tête, les sourcils affaissés.

— Est-ce que ça va ?

Il poussa un soupir et se redressa contre le dossier de sa chaise. Il était mitigé. Il allait bien et en même temps, il allait mal. Il était avec Felix, tout aurait dû bien se passer, mais il se posait tellement de questions. Sur lui-même, sur ce qu'ils vivaient tous les deux, sur la suite.

— Je suis désolé d'être comme ça alors que je devrais être heureux à côté de toi…

Doucement, la main de Felix se posa sur la sienne. Ce simple contact le rendit brûlant de la tête aux pieds.

— Je te l'ai déjà dit, mais tu peux te confier à moi sans crainte. Je suis pas le genre de gars qui juge.

— Je sais Felix, tu me l'as prouvé et…

Il marqua une pause pour ravaler sa salive.

— Je t'en remercie. Même si je suis pas sûr de moi et que je sais jamais comment gérer la situation avec toi, tu es toujours… super compréhensif.

— Pourquoi je le serais pas ?

— Parce que c'est chiant de devoir l'être parfois… Et personne a envie de s'embêter avec des problèmes qui sont pas les leurs.

Felix remua lentement ses doigts sur sa peau, effectuant de douces caresses. Il dut se retenir de frissonner.

— Mais peut-être que certains ont envie de voir plus loin que ça. Moi je te trouve parfait, et t'es un gars bien. Tu devrais pas être si dur avec toi.

Les paroles de Felix faisaient écho à celles de Chan. Avec lui, il se sentait rassuré, même aimé, et c'était une sensation à la fois étrange et plaisante. Oui, peut-être devait-il profiter. Profiter des derniers jours. Profiter de cet amour qu'il recevait de la part de Felix.

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Bonjour ( ꈍᴗꈍ)
Il ne reste plus que quatre chapitres avant de les quitter 🤧 mais bonne nouvelle, il se pourrait que je prépare une autre fic d'été ! Enfin plutôt la réécriture d'une histoire que certain•es connaissent bien puisque j'ai quasiment débuté avec celle-ci 👀 Peut-être que vous avez une idée ?

À très vite pour la suite 💜