Super combo de flics (2) #4

Mon téléphone sonne. Je m'en saisis et vois que j'ai reçu un message de Judy. Je soupire de soulagement. Si elle peut utiliser son smartphone, c'est qu'elle va bien. Quoique, ça pourrait être un message d'appel à l'aide. Sans plus attendre, je l'ouvre et le lis: <<Hey ! Je peux pas trop vous expliquer pour le moment mais je ne serais pas là pendant une semaine, je pense. J'ai eu un problème avec ma petite cousine. Promis, vous saurez tout à mon retour. Salut !>>.
Comment ça, avec sa petite cousine ? Mais elle n'habite même pas ici. Comment elle aurait pu s'y rendre sans voiture ni même sans argent ? C'est louche, y'a un truc qui cloche.

Bon déjà, si c'est vraiment ça -on ne sait jamais- Lise et Daniel devrait en avoir reçu un aussi. Je vais à la cafétéria où je retrouve la jeune blonde en train de discuter avec des officiers du quatrième étage.

_Hey, excuse-moi deux secondes. Judy t'as envoyé un message ?

_Judy ? Attends, je regarde, dit-elle en sortant son portable de sa poche. Et effectivement, elle a reçu le même que le mien. Elle relève les yeux vers moi et continue: Je suis rassurée qu'elle n'ait rien.

_Euh... oui, moi aussi. Je te laisse manger, salut.

Elle n'a pas l'air d'avoir remarquer quelque chose. Mais je trouve quand même ça bizarre. Je vais aller voir Daniel. Je le trouve accoudé à son bureau, plongé dans un dossier.

_Dan, excuse-moi de te déranger mais-

_Oui, c'est ça, tu me déranges. Alors dégage et va voir ailleurs si j'y suis. Et je t'ai pas donné l'autorisation de m'appeler par mon prénom et encore moins par mon surnom. Pour toi, c'est monsieur Nancy. Point.

_Yo, soit cool un peu, faut que je te pose une question sérieuse.

_Ok, vas-y, pose-la ta question, dit-il après avoir soufflé et sans relever la tête.

_T'as des nouvelles de Judy ?

_Comment veux-tu que j'ai des nouvelles d'une disparue, hein ?

_Ouais, nan, laisse tomber.

_Ouais, c'est ça.

Quand je suis arrivé au poste hier, je suis directement allé voir le chef pour signaler l'absence du lieutenant Iop. Il m'a rassuré en me disant qu'il avait confiance en Judy et qu'il savait que si elle n'était pas revenue, c'était pour une bonne raison. De plus, il m'a aussi dit qu'on ne peut déclarer une disparition seulement après 48h.
Malgré mes ressentis, j'ai acquiescé et je suis sortit de son bureau. Je suis quand même allé en parler à ses deux collègues et j'ai obtenu la même réponse.

Alors quand Daniel utilise le terme de "disparue" pour parler de Judy, ça me paraît bizarre. Mais je ne peux rien dire parce que je la connais moins bien qu'eux deux. C'est vrai, je ne travaille avec elle que depuis... 2 jours en fait. Si on ne compte pas ses deux semaines de vacances. Oui donc, c'est comme si je ne la connaissais pas. Et pourtant, j'ai l'impression que ça fait des mois qu'on bosse ensemble. C'est peut-être parce que Lise m'a raconté sa vie pendant qu'elle n'était pas là. Bon, dans tous les cas, je vais attendre de voir et faire confiance à ses amis. J'espère juste qu'elle n'a rien.

Le lendemain matin, c'est la cérémonie des remises de promotion. Le chef nous a tous rassemblés dans la salle de réunion de notre étage et a commencé à débiter le discours qu'il nous sort chaque année à cette période.
Je ne me fais pas de faux espoirs, je sais que je ne serais pas promu. Je peux dire merci à tous ces rapports qui ont été fait contre moi durant ces 4 ans. Et puis, c'est pas comme si ça m'intéressais. Je n'ai pas besoin de plus de fric et je me contrefous du titre que je peux avoir.

Le discours du supérieur terminé, il va énoncer les noms des bénéficiaires:

_Bien, commençons par le box 1. Le lieutenant Judy Iop n'étant pas encore revenue, sa prime sera remise au lieutenant Daniel Nancy ! Félicitations, mon grand !

Dan se met à sourire comme un gamin sous les applaudissements des autres. Et c'est là que ça fait tilt. Si Judy avait été là, c'est elle qui aurait eu la promotion. Peut-être qu'il savait qu'il était deuxième sur la liste et qu'il a fait quelque chose à ma coéquipière ? Ça m'étonnerait quand même de lui. Pour le moment, je vais mener ma petite enquête dans mon coin avant de dévoiler à tout le monde que j'ai des suspicions sur le promu. Mais avant, il me reste une petite chose à faire.

Environ 15 minutes après la cérémonie, le temps pour eux de se replonger dans leur travail, je vais toquer au bureau du chef.

_Oui, entrez. Oh, Monsieur Krâ, que puis-je faire pour vous ?

_Je viens déclarer une disparition. Celle de Judy.

_Ian... Ça ne fait pas 48h.

_Oh, s'il vous plaît. Ne jouez pas à ça avec moi, vous savez que ça ne marche pas. Ça fera 48h dans 4 heures . Vous pouvez bien le déclarer maintenant, non ?

_4 heures, ça laisse largement le temps au lieutenant de revenir, vous ne croyez pas ?

_Non, je ne crois pas. Écoutez, vous la connaissez bien, même mieux que moi. Est-ce déjà arrivé qu'elle parte comme ça, sans rien dire ? Surtout lors d'une mission.

_Lise m'a dit qu'elle vous avez envoyé un message.

_Oui, mais il y a quelque chose de louche là dedans. Elle dit aller voir sa petite cousine mais elle habite à 100km d'ici. Elle ne les a quand même pas fait à pieds, si ?

_Non, effectivement...

_Je le sens. Je ne sais pas comment expliquer ça mais je sens au fond de moi que quelque chose se trame.

_D'accord. Je ne peux pas la déclarer officiellement disparue car j'ai déjà écrit l'heure à laquelle vous êtes partit dans le rapport. Mais officieusement, elle est disparue. Je présume que vous aller enquêter ?

_Vous présumez bien. Merci, chef.

Je sors de la pièce et me dirige directement vers le bureau de Daniel.

_Hey, tu trouves pas bizarre qu'elle ne soit toujours pas revenue ?

_Mais arrête de t'inquiéter, elle est assez grande pour s'occuper d'elle toute seule. Elle n'a pas besoin d'un deuxième père, alors lâche-la.

_T'as reçu un message d'elle depuis tout à l'heure ?

_Non, j'ai rien reçu. Alors fous moi la paix, compris ?

Bizarre. Elle aurait dû le prévenir. Elle le considère aussi important que Lise, et elle, elle en a reçu un. Je ne sais pas si c'est une bonne idée, mais je vais faire part de mes soupçons à Lise. Elle saura sûrement quoi faire. Mais il faut que j'attende qu'elle revienne.

Aussi étonnant soit-il, elle est d'accord avec moi. Pas sur le fait que Dan soit coupable mais elle trouve vraiment étrange que Iop ne soit pas de retour. Mon enquête peut commencer. Première étape: espionner le lieutenant Daniel Nancy.

(Retour présent)

_Ensuite, j'ai mis une puce GPS sous sa voiture mais ça n'a rien donné. Et le lendemain, alors que monsieur avait un appel apparemment important, je l'ai entendu parler de toi. Donc je me suis caché et l'ai écouté. On pouvait comprendre très clairement qu'il était la cause de ta disparition. Je l'ai enregistré, l'ai montré au sup, qui a lancé une équipe à ses trousses et à ceux de son locuteur. Et quelques jours après, on a eu ta position et on est venu te chercher !

_Je dois avouer que je suis agréablement surprise... Je pensais que ce serait Lise qui remarquerait mon absence la première.

_Et bien, il faut croire que je tiens à toi que je ne veux bien le montrer, dit-il, souriant.

Un blanc gênant s'installe. Ian vient de me faire une sorte de déclaration de son affectation à mon égard et je ne sais que répondre. Je décide finalement d'ignorer sa remarque et de passer à autre chose.

_Y'a un truc que je comprends pas: quand j'étais là-haut, Dan est venu me voir et m'a dit qu'il allait envoyer ce message à lui et à Lise. Mais finalement, c'est toi et Lise qui l'avaient eu et pas lui; ou alors, il faisait semblant, mais c'est un peu bête puisque ça a éveillé les soupçons. 

_Il est vraiment con s'il s'est gouré de destinataires, dit Ian en riant. 

La conversation retrouve le silence et je le romps encore une fois. 

_Bon, sinon, le chef m'a obligé à prendre une semaine de congé, pour me remettre dit-il. Mais je sais que je n'en ai pas besoin. Je suis forte. C'est pas une semaine enfermée dans une pièce sombre qui va briser mon moral.

_Judy. Tu prends cette semaine de repos. Et tu discutes pas, me dit Lise d'un ton autoritaire.

_Mais je reviens tout juste de vacances ! Je ne veux pas repartir tout de suite.

_Ouais, mais t'as pas le choix.

_Oh ! Avant de rentrer chez toi, tu peux m'amener au tabac-presse, s'il te plaît ? J'ai plus de sucettes, dit-il en se levant, prêt à partir.

_T'en as déjà plus ? Mais qu'est-ce tu en fais ?

_J'en ai beaucoup mangé cette semaine. J'en consomme plus quand je suis stressé ou inquiet. La drogue était mon antidépresseur.

_Ah ouais, je vois. Bon, ok, viens.

Nous nous mettons donc en route vers le St Graal de Ian.

_Au fait, comment tu les as trouvées comment, mes sucettes ?

_Immondes.

_Sérieux ?

_Ouais. J'en ai mangé qu'une et ça me suffit largement, dis-je en riant. Et encore, je l'ai même pas fini.

_Ah ouais ? Moi, ce que j'aime, c'est le goût acide de la rhubarbe qui ce marie très bien avec la douceur de la fraise. Le rendu est si exquis que je pense que j'en aurais mangé même si ça n'avait pas été pour faire passer mes envies.

_Et mais dites donc, c'est que tu serais presque meilleur à décrire une saveur qu'à résoudre des enquêtes, dis-je en riant et en inspectant sa réaction du coin de l'œil.

_Hé !, s'exclame-t-il en me donnant une tape sur l'épaule. Je t'ai sauvé la vie, quand même.

Je me rends alors compte que je ne l'ai pas remercier pour ce qu'il a fait. Je tourne la tête vers lui et lui dit, le plus sincèrement possible:

_Merci, Ian.

Il allait répliquer quelque chose mais en voyant que je suis très sérieuse, il en perd la voix. Le reste du chemin se fait dans un étrange silence. C'est la première fois que je lui montre une marque d'affection sincère. Même si c'est normal de remercier quelqu'un quand il fait quelque chose pour vous, je crois qu'on a tous les deux sentit que ce "merci" voulait dire plus qu'il n'y paraît. À travers ce petit mot, je lui montre toute ma reconnaissance. Je suis contente de l'avoir rencontrer, même si je n'en étais pas très heureuse au début. 

Nous revenons au poste, où je dois déposer mon coéquipier.

_Bon ben, repose toi bien. Si t'as quoique ce soit, tu m'appelles, d'acc ?

_Oui, t'inquiètes pas. Rien ne m'arrivera.

_Promis ?, me demande-t-il le plus sérieusement du monde.

_Oui, promis, répondis-je en souriant.

Il sort de la voiture et j'ai déjà hâte d'être à la semaine prochaine. J'ai toujours adoré mon métier, mais depuis que je connais Ian (c'est-à-dire deux semaines et deux jours), je prends plus de plaisir à venir bosser. Ian est imprévisible et ça rends nos missions plus amusantes.

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