Super combo de flics (1) #3

Mes forces me lâchent, je sens mes doigts glisser à cause de ma transpiration. Je perds espoir quand monsieur se pointe enfin. Il s'assied nonchalamment sur la bordure et me regarde en souriant.

_Mais aide moi ! Tu vois bien que je ne suis pas dans une position confortable !

_Hum, je sais pas...

_Quoi ?

Délicatement, comme s'il prenait plaisir à le faire, il m'ôte un doigt du rebord.

_Ian ! Qu'est-ce que tu fais ?!

Toujours avec son sourire, qui a l'air un peu sadique par rapport à il y a quelques minutes, il m'enlève un deuxième doigt. Je tiens maintenant grâce à la force de mon majeur, mon annulaire et mon auriculaire.

_Arrête ! Je vais tomber !

Son sourire s'élargit, puis il me prend le poignet et, au lieu de me faire grimper comme je le pensais, il me jette dans le vide. Je vais mourir en tombant d'un immeuble, et pire encore, c'est mon coéquipier qui m'aura tuer. 

On dit que lors d'une mort imminente, l'individu voit sa vie défiler devant ses yeux. Et bien, à cet instant précis, je pense que c'est vrai. Mais ce n'est pas ce que moi, je vois. Je vois plutôt tout ce que je vais rater: des enfants fantastiques qui me rendront fière, un mari qui serait au petit soin avec moi et moi qui lui rendrait la pareille, un animal de compagnie, je ne sais pas lequel, qui viendrait combler tout éventuel manque, l'enterrement de mes parents, la réconciliation avec ma sœur, une mort douce, sans douleur et due à l'âge, entourée de toute ma famille ou une mort héroïque, sauvant une personne d'une fusillade ou quelque chose comme ça. Et tout ça est à présent détruit  par la faute de Ian. Des larmes de tristesse et de colère glissent sur mes joues. Au dernier moment, juste avant que ce ne soit trop tard, ce traître me rattrape et me remonte. Folle de rage, je me remets sur mes jambes, essuie rapidement mes joues et crie:

_Mais t'es malade !

_Je t'aurais ramener près de moi de toute façon, dit-il en faisant un clin d'œil.

Je lui donne une gifle et lui dit de se démerder pour rentrer. Je fais demi-tour et repars dans le sens opposé par lequel je suis venue. J'arrive dans le parking et démarre la voiture avant de m'engager sur la route. Mais qu'est-ce qu'il a cherché à faire ou à prouver ? Qu'il est le plus fort ? Le plus menaçant ? Qu'il est supérieur à moi ? Dans tous les cas, il a gagné le jackpot. Je vais aller le dénoncer au chef et Ian disparaîtra de ma vie une bonne fois pour toutes.

Soudain, un bruit de klaxon me sort de mes réflexions. Surprise de voir une voiture à contre-sens foncer vers moi, je donne un brusque coup de volant vers la droite, manquant de peu de percuter une autre voiture. Je me gare à la va-vite sur une place libre et arrête le moteur. Je pose ma tête sur le volant et souffle un bon coup. Je viens d'avoir la peur de ma vie. Hum, rectification: je viens d'avoir la deuxième peur de ma vie. Alors que j'essaie de calmer mon rythme cardiaque, quelqu'un toque à la vitre passagère, me faisant sursauter au passage. Sans que je ne l'ai invité à entrer, Ian s'installe sur son siège et mets ses pieds sur le tableau de bord.

_On va manger ? J'ai faim.

Il est sérieux ? Il veut qu'on aille se taper une bouffe après m'avoir presque tuée ? Cela dit... Il est déjà 14h et... moi aussi, j'ai faim. Je ne lui réponds pas et roule jusqu'au célèbre restaurant de malbouffe de la ville: "Fries Island". Je laisse le véhicule et entre dans l'enseigne sans me soucier de mon futur ex-coéquipier. Je commande un sandwich et vais m'asseoir à une table une fois la nourriture en ma possession. A mon plus grand regret, Ian s'attable en face de moi, accompagné de son burger et de ses frites.

_Lieutenant Iop ? (je relève la tête, étonnée qu'il m'appelle comma ça) Je.... hum... je reconnais que j'ai peut-être été trop loin sur ce coup-là. Donc, je m'excuse.

J'émets un petit rire sarcastique.

_Voyons le bon côté des choses: ça te fera une bonne anecdote à raconter à tes potes et à tes gosses.

Je me lève et me dirige vers la sortie, mon sandwich dans les mains. Lorsque je passe près de lui, il me retient.

_Judy, attends, je-

_Tu as rendu ma journée encore plus pourrie qu'elle ne l'était déjà. On a perdu Camille, je n'aurai pas mes vacances et j'ai failli y laisser ma vie deux fois en l'espace de moins de 24h. Je rentre chez moi.

_Comment ça deux fois ? Judy !

Je sais que ce n'est pas très professionnel mais là, j'en peux plus. Tout ce que je veux, c'est du repos. Ça fait deux mois que je les attends, ces putain de congés ! Je vais sortir du resto quand mon téléphone se mets à sonner. C'est Lise.

_Oui ?

_Salut Judy. J'étais en patrouille quand j'ai intercepté Camille Maryn. Je l'ai ramener au poste. Elle est déjà en salle interrogatoire et n'attend plus que toi.

_Sérieux ?! Lise, t'es la meilleure ! J'arrive tout de suite ! Ian, ramène ton cul, la partie reprend !

Arrivés dans le bâtiment de la police, je fais un rapide câlin à Lise pour la remercier et je fonce retrouver Camille, Ian sur les talons. Place à l'interrogatoire.

_Bonjour mademoiselle Maryn, je suis le lieutenant Iop et voici l'officier Krâ. Nous vous avons arrêtée pour les vols de plusieurs boutiques de bijoux et pour le braquage de deux banques, tous effectués la nuit dernière. Je vous écoute, qu'avez-vous à dire pour expliquer vos crimes ? 

_Puisque je vous dit que ce n'est pas moi !

_Ce costume est bien à vous, non ?, demandai-je en lui montrant une photo d'une capture d'écran de la vidéo de surveillance. 

_Oui, c'est bien mon ancien costume mais je l'ai actuellement prêté à un ami. 

_A un ami ? Je peux vous demandez son nom, s'il vous plait ?

_Robin McCarter. 

_Pourquoi vous a-t-il emprunter votre costume ? Qu'est-ce qu'il voulait faire avec ?

_Je sais pas. Il m'a juste dit qu'il en avait besoin alors je lui ai passé.

_D'accord. Donc si ce n'est pas vous qui portiez ce déguisement, qu'est-ce que vous faisiez cette nuit de 22h à 7h ? 

_J'étais à Londres. Je rendais visite à une vieille amie, Katy Bride. J'étais à l'hôtel, vous pouvez vérifier, c'était le Royal London Hotel. 

_Hum, est-ce qu'on pourrait avoir l'adresse de votre ami Robin ? 

Après cette entretien, nous plaçons Camille en garde à vue le temps que l'on puisse vérifier son alibi. Puis nous nous mettons en route vers la maison de ce Mr McCarter. J'entre le lieu cherché dans le GPS quand Ian m'arrête. 

_Il n'est pas chez lui. (je lui lance un regard interrogateur) Je le connais, c'est aussi un ami à moi. Tu dois te demander comment je sais qu'il n'est pas chez lui ? Quand on est allé à l'agence de divertissement ce matin, j'y ai vu sa fille et je lui ai demandé des nouvelles de ses parents. Elle m'a dit que son père avait plusieurs sacs remplis d'argent dans son salon et qu'il allait partir pour Los Angeles à 18h, vol A330. 

_Comment elle a pu avoir tous ces détails ? 

_Elle a trouvé le billet d'avion de son père. 

_Eh bah, on n'a plus qu'à aller à l'aéroport, le coffrer et revenir à temps pour que j'ai mes vacances. 

_Et tout ça, en une demi-heure.

_Pourquoi ?

_Parce que dans trente minutes, on peut dire au revoir à Robin. Et à tes vacances, dit-il en me montrant l'horloge digitale du GPS. 

_Merde, il est déjà 17h30 ! Faut qu'on se grouille ! 

Je démarre en trombe et envoie une équipe de flics chez Robin pour qu'ils puissent récolter des preuves de sa culpabilité. J'appelle aussi du renfort pour nous aider à trouver notre voleur dans la grande foule de gens qui partent ou revienne d'un voyage à l'étranger. Nous passons la sécurité sans grande difficulté grâce à nos badges et nous nous lançons dans la recherche de notre homme. Au bout d'une dizaine de minutes, je vois Ian partir en courant vers les embarcations et je m'élance à sa suite. Il se jette sur un grand homme au crâne rasé, le plaque au sol et lui passe les menottes. 

_On le tiens, dit-il avec un grand sourire.

J'en informe Daniel, qui fouille chez lui, et lui me dit qu'ils y ont trouvé le costume de lapin de Camille. Nous ramenons Robin au poste tandis que celui-ci se plaint d'avoir été trahi par Ian, à quoi ce dernier réponds:

_Désolé mec, mais je fais partie de la police maintenant. Y'a plus que la justice qui compte. Mais si tu veux, je peux te passer une sucette fraise et rhubarbe pour te réconforter.

On amène le coupable derrière les barreaux, on rend les bijoux et l'argent volé et je monte voir mon chef.

_Je suis fier de vous Judy, vous avez fait du bon travail, comme toujours ! Et vous avez bien mérité votre repos. On se revoit donc dans deux semaines. Au revoir, lieutenant Iop.

Je sors de son bureau, le sourire aux lèvres, et retrouve Ian qui attendait devant.

_Vous avez fait du bon travail Judy, comme toujours, dit-il en mettant ses mains sur les hanches et en prenant une voix grave, imitant notre supérieur. Allez, tape là.

Il lève sa main à hauteur de mes yeux. J'hésite quelques secondes avant de frapper sa main de ma paume. Nous repartons vers l'entrée, joyeux d'avoir fini cette enquête. Nous nous arrêtons devant ma voiture personnelle. 

_Bon, eh bien, bonnes vacances. Et euh... on est d'accord que l'incident de l'immeuble est oublié, hein ?

_Hum, je sais pas, répondis-je en lui faisant un clin d'œil et en montant dans le véhicule. 

_Tu veux toujours pas goûter mes magnifiques sucettes ?, demande-t-il en en passant une par ma fenêtre.

_Oui, allez, passe la moi, ta sucrerie.

Je la prends, l'ouvre, la mets dans la bouche et démarre le moteur, direction les belles plages d'Hawaï. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top